No 1,112. Dimanche,
45e ANNÉE.
30 Août 1885
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y P R ES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les réiiégais.
Une distrihulioo de prix.
LE
ROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires âcQUÎÏÛT EUNDO.
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Ypres, le 29 Août 1885.
Le Journal répète tout propos et hors de
tout propos que nous comptons force rené
gats dans nos rangs.
Non, Journal, nous n'en comptons pas un.
Lorsqu'un homme que vous avez, sans son
aveu,élevé depuis sa plus tendre enfance dans
vos doctrines, auquel pendant des années vous
avez ressassé vos principes et vos dogmes,
quitte votre camp.pour se joindre nous, il ne
commet pas une lâcheté. Il revient tout sim
plement parmi ceux qui défondent ces princi
pes de liberté et de libre examen qui sont
gravés naturellement dans la conscience de
tout être humain, et que le parti prêtre a pris
tâche de détruire pour faire revivre ces
temps heureux du moyen-âge.
Vous vous irritez de ce que ces hommes for
més par vous, vous combattent; de ce qu'ils
sont la tête de notre parti dans cette lutte
que nous avons engagée pour l'enseignement.
C'est tout simple: mieux que personne ils
connaissent le but de l'éducation catholique,
et ils savent que si cette éducation était appli
quée notre jeunesse entière, elle amènerait
fatalement la ruine morale et matérielle du
pays.
Eh effet, quel est le but de cette éducation
que soutiennent et glorifient les Jacobs, les
Thonissen, les Surmont et tutti quanti
C'est, et personne ne nous contredira Sur ce
point, de former avant tout des catholiques
fervents et pratiquants, c'est-à-dire des hom
mes aveuglément soumis l'épiscopat et aux
prêtres, courbant leur raison devant un soi-
disant droit divin, et qui n'auront plus d'au
tre maître que de Pape et d'autre objectif que
celui que M. Surmont faisait naguère con
naître en ces termes Nous voulons restau
rer la société sur de nouvelles bases. Ces
bases on les connaît C'est, d'après le Bien
public le règne social de Jésus-Christ, (lisez
des moines).
Pour atteindre ce but, on humilie l'enfant,
on cherche le mettre toujours et partout,dans
la famille et hors de la famille, sous une sur
veillance permanente; on lui interdit toute
lecture et toute relation sympathique, lui lais
sant pour unique amusement les sermons des
bons Pères,ou les ouvrages expurgés ad usum
juventutis.
A des enfants qui sont nés bons et géné
reux mais vifs et enthousiastes, on prêche
l'humilité, la sagesse, la confession, la péni
tence, le repentir. Au jeune homme qu'agitent
parfois des pensées d'ambition et qui rêve un
bel avenir, on répète depuis le matin jusqu'au
soir, l'homme doit s'abaisser et s'humilier. A
l'adolescent dont l'intelligence travaille et qui
demande des livres pour étancher sa soif de
savoir, on montre l'Index qui jette l'anathè-
nie la science; on lui recommande le saint
sacrifice de la messe comme le spectacle le plus
salutaire l intelligence, et on lui donne lire
le cathéchisme qui est la plus nécessaire et
la plus utile de toutes les sciences
Nous le demandons tous ceux qui ont subi
cette éducation oppressive, soit dans leur fa
mille, isoit dans un établissement d'instruc
tion: cette inquisition du prêtre, ces visites
domiciliaires ne vous révoltaient-elles pas
Ne sentiez-vous pas comme un étouff'ement
et ne pleuriez vous pas des larmes de rage en
voyant partout cette paitte cléricale, dans vos
lettres d'amour, dans vos confidences d'amis et
dans ces pages où vous retraciez les aspira
tions de votre âme et vos rêves d'avenir
Etonnez-vous après cela que des hommes au
carctère vivace, indomptable, qui ont pu ré
sister cette tyrannie religieuse, que ces hom
mes, disons-nous, vous dénoncent partout et
toujours et soutiennent contre vous une guerre
mort et sans merci.
Oui, nous le sentons et nous le comprenons
avec un des plus grands .penseurs "des temps
modernes: Ceux qui luttent trouvent dans
cette agitation féconde une félicité, et je di-
rai même une béatitude qui les épanouit.
Qu'importe Mirabeau d'avoir été abaissé
par la noblesse; qu'importe Lamennais
d'avoir été abaissé par la papauté! il arrive
un moment où ces fronts abaissés se relè-
vent, et où leur destinée qu'aucune puissan-
ce humaine ne pouvait arrêter dans-'leur
splendide déploiement, s'affirme dans la vic-
toire de leur conscience. Après les jours
d'humiliation et de tristesse, ils ont leurs
iours de triomphe et d'épanouissement: ne
les plaignons pas. Le monde les a contem-
plés et le monde a tressailli leurs accents.
Ils ont nourri et éclairé le monde, et ils
meurent, leur œuvre accompli œuvre hu-
maine et féconde.
Malheureusement ces hommes sont rares
la masse subit et garde l'empreinte du milieu
détestable dans lequel elle a vécu. Chez ceux-là
toute énergie, tout courage sont brisés ils sen
tent en eux la voix de la conscience crier et
protester,mais ils restent là rêveurs et inactifs!
et beaucoup vont même, dans leur coupable
indifférence, jusqu'à confier leur enfants aux
maîtres que dans leur for intérieur, ils doi
vent maudire.
Les lâches
Mais il y en a d'autres que nous devons
clouer au poteau d'infamie: ce sont ces indi
vidus qui, après avoir professé nos principes
de liberté et de tolérance, mettent, par inté
rêt, leur raison et leurs talents au service de
la cause papaline. Le Journal semble ignorer
que cette catégorie est assez nombreuse. Qu'il
nous permette de lui rappeler que le parti ca
tholique a constamment eu pour chefs de file,
des rénégats et des traîtres depuis les deux
Nothomb jusqu'à Woeste et Beernaert. Qu'il
se rappelle aussi qu'il a eu pour organisateur
Ypres un certain M.Spillebout qui était na-
guères libre-penseur, voire même athée.... et
qui l'est peut-être encore. L. -
Quand donc prendront fin ces allaques main
armée, ces vols, ces assassinats, qui désolent notre
pays de Flandre, demandait dernièrement le
Nieuwsblad.
Que les gens de la campagne y sohgent et veil-
lent. Des gens suspects rôdent de tous côtés, on en
trouve même pendant le jour le long des chaussées
et on peut les reconnaître bien vile.
Ce sont des jeunes gens pour la plupart. Des
gamins élevés dans ces écoles, érigées par les li-
béraux dans toutes les localités, et où jamais il
n était question ni de Dieu, ni de ses commande-
menls.
Si les libéraux étaient restés au pouvoir encore
quelques années, nous aurions vu se produire
toute une génération de voleurs, d'incendiaires et
d'assassins.
Voleurs Incendiaires Assassins Nous avions
encore en tète ces basses injures vomies par l'organe
des prêtres et de MM. Surmont, Struye et Colaerl,
en entrant Jeudi dans la grande salle des Halles,'
pour assister la distribution des prix aux élèves
de l'école dirigée avec tant d'intelligence que de tact
par Mlle Vanderhaegen.
Est-il besoin de le dire! La vue de ces ravissants
bébés du jardin Frœbel et des gracieuses fillettes de
l'école primaire supérieure, a bien vite chassé ce
cauchemar, mes chers enfants,
Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N'ont point mal fait encore.
Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange
Téte sacrée enfant aux cheveux blonds! Bel ange
A l'auréole d'or