No 1,125. Jeudi,
45e AIMÉE
15 Octobre 1885.
6 FRANCS PAR N'A.
JOURNAL D'YPRES ET 1>E L'A RHO K D1SSEMEN T.
La guerre scolaire.
Les économies communales.
LE PROGRÈS
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQMRIT EUMO.
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Ypres, 14 Octobre 1885.
Nous regrettons vivement que l'Etoile con
sidère comme sujet caution, ce que nous
avons affirmé au sujet des électeurs capaci-
taires.Eh bien! Nous maintenons nos affirma
tions et c'est précisément, parce que les jour
naux de Bruxelles n'ont aucune idée de ce qui
se passe dans les Flandres, que nous sommes
en dissidence avec eux sur la question de la
révision
La Patrie de Bruges se réjouit naturelle
ment de l'incrédulité de son confrère de Bru
xelles et il nous demande qui est cet on qui
défend aux instituteurs communaux de for
mer des capacitaires?Mais parbleu la réponse
est simple, l'administration communale agis
sant par ordre du curé qui l'a fait élire.
Encore une fois nous garantissons qu'il n'y
a aucune exagération dans les faits que nous
avons rapportés et nous maintenons, que la
plupart des instituteurs communaux n'ose
raient pas préparer l'examen de capacitaire,
par ce qu'ils savent, qu'ils seraient mis la
portion congrue.
Si nos confrères des grandes villes venaient
habiter quelque temps parmi nous, ils auraient
d'autres chats fouetter que l'art. 47.
Dans son numéro de Dimanche dernier, le
pieux Journal d Ypres rappelant une phra
se du Progrès où il est dit que l'aumône
dégrade l'ouvrier s'est empressé de l'ac
cueillir dans ses colonnes sous la rubrique
Extrait du bêtisier du Progrès Nous ne
savons si le rédacteur du Journal qui cepen
dant ne doit pas être un ignorant, a voulu
s'adresser au Progrès ou l'éminent écono
miste de l'Université de Liège» M. Emile de
Laveleye.qui certes n'a pas de leçon recevoir
du petit écrivassier de la rue au Beurre.Voici,
en effet, ce que le savant professeur écrit dans
ses Eléments d'Economie politique, Ch. VI,
livre III, page 165. L'analyse économique a
démontré que l'aumône prélève sur le tra-
vail de quoi entretenir l'oisiveté indigente
Elle diminue la responsabilité et la dignité;
affaiblit le stimulant de l'activité et ainsi
entretient la misère. Deux institutions l'ont
bien prouvé les distributions de vivres
faites chaque jour par les couvents sous
l'ancien régime et la loi des pauvres eu
Angleterre, encore en vigueur aujourd'hui.
Il y aura toujours des infortunes volontai-
res secourir; mais ce n'est pas l'aumône
qui améliorera définitivement le sort du plus
grand nombre.
Pieux journal, vos lecteurs dont vous devez
sans aucun doute avoir une haute idée, ont
pu répéter avec vousle Progrès a dit une
bêtise Quant nous,le crachat que vous nous
vouliez lancer, vous retombe avec force sur
le nez.
Nous trouvons dans la Reforme un frap
pant exemple de la façon dont MM. les curés
parviennent supprimer les écoles commu
nales sans l'intervention daucun arrêté royal-.
La commune de Wytschaete, (Flandre oc
cidentale), 3,500 habitants, il y avait dit la
Réforme, en 1879, une école communale de
garçons et une école adoptée de filles, celle-ci
tenue par des religieuses, dans un bâtiment
communal. Cette écolè de filles ne fut aban
donnée par les religieuses qu'en Mai de l'an
née 1882, et, partir de cette époque, il y eut
Wytschaete trois écoles 1° l'école commu
nale de garçons qui devint mixte; 2° une école
libre ou catholique de garçons 3" une école
libre de filles tenue par des nonnettes.
A la suite de la loi désorganisatrice de
1884, les deux écoles catholiques furent adop
tées par le conseil communal, sur les instan
ces du curé.
»La commune de Wytschaete possédait dès
lors une école communale mixte et deux écoles
adoptées.
L'école communale gênait M. le curé et il
trouva le moyen de la supprimer,sans recours
au roi. Pour cela, le conseil communal de
Wytschaete, par délibération du 14 Janvier
1885, créa une école communale de filles et
nomma institutrices les deux religieuses te
nant l'école adoptée de filles. La loi,disaient
les conseillers pléricaux, nous permet la créa
tion d'autant d'écoles que nous trouvons bon
d'avoir et, comme conséquence, nous donne le
pouvoir de supprimer toute école sous la ré
serve d'en maintenir une. Or, il y a deux
écoles communales une de garçons, une de
filles.
Le 26 Août 1885, le conseil communal de
Wytschaete trou va que deux écoles communa
les c'était trop, décida d'en supprimer une.Les
conseillers communaux passèrent alors au
presbytère et demandèrent M. le curé quelle
école il convenait de maintenir La réponse
ne dut être ni douteuse ni défavorable aux
nonnettes, car les conseillers cléricaux déci
dèrent de supprimer l'ancienne école commu
nale, la tête de laquelle se trouve un ancien
instituteur honoré et respecté par tous ceux
qui ne sont pas la dévotion du curé.
Ordre fut donné l'instituteur de laisser
l'école fermée partir du lr Octobre.
Et c'est ainsi que l'école communale de
Wytschaete est suppriméejsans arrêté royal.
La mesure prise par l'administration de
Wytschaete est évidemment illégale des re
cours ont été adressés la députation perma
nente, M. Thonissen et au roi, personne n'a
répondu et maintenant Wytschaete n'a plus
en réalité d'école communale.
Les effets de la politique cléricale en matière
d'enseignement commencement se faire assez
rudement sentir. Nous ne parlons pas des
effets de cette politique, au point de vue du
conflit religieux «.C'est là une question vidée
et-jugée depuis qu'on a vu la majorité parle
mentaire cléricale sanctionner le principe
même de l'école neûtre, et les communes les
plus inféodées au clergé refuser d'inscrire la
religion au programme de l'école.
C'est du côté financier de cette politique que
nous entendons parler.
La question financière, c'était là le grand
grief invoqué par nos adversaires sous l'ancien
cabinet libéral, c'était lui qu'ils exploitaient
lé plus habilement contre le régime de la loi
de 1879.
Les gaspillages scolaires furent pendant
des années le thème le plus rebattu de la presse
cléricale et de l'opposition parlementaire. Des
économies, des économies! il en fallait, elles