N° 1,126. Dimanche, 45" a^ée. 18 Octobre 1885. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D* ÏPUKS ET DE L'ARRONDISSEMENT. Discours du trône. Indépendants et réactionnaires. La garde civique. LE PROGRÈS PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acquirit eu.ndo. Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Agence Havas (Publicité), 89, Marché-aux-ÏIerbes, Bruxelles et chez ses correspondants: Pour la France l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour 1 Allemagne» l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stuttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et C°, 30, Cornhill, E G et 3, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande chez NygU et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethinghill et G*, 38, Park Row-New-York. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif ht ;udiciïrire d'Ypres, fr. 6-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-2o. Idem. Pour le restant du pays. 7-Ou. Insertions Judiciaires: la ligne un franc. Ypres, 17 Octobre 1885. Le Journal de Bruges, après avoir consulté la statistique officielle renseignée dans l'An- nuaire statistique, reconnaît qu'il est malheu reusement exact que notre opinion a été loin de faire tout ce qu'il taillait pour accroître le nombre de son effet électoral. Le Journal attribue cet état de choses l'apathie trop grande de nos amis politiques; qu'il nous permette de lui dire que cet état de choses provient surtout de l'impossibilité où nous nous trouvons de former des capacitaires dans les campagnes. Nous défions de prouver le contraire et ce n'est pas en se mettant le doigt dans l'œil qu'oïl peut voir clair et apprécier la véritable situation. Voici les chiffres donnés par XAnnuaire: Le Ilainaut et la province de Liège, qui sont les citadelles du libéralisme, ont eu au premier examen d'Octobre 1883, l'un 8,384, l'autre 8,265 récipien daires, et 6,011 et 6,317 admis. Au second examen ces chiffres descendaient 1,292 et 1,102 récipien daires, 851 et 734 admis. Pour une population de 1,011,273 et 693,252 habitants, c'est une propor tion très faible. On remarquera même que le Hainaul a des nombres presque identiques ceux de la pro vince de Liège, d'un tiers environ moins populeuse. Si l'on passe dans les provinces acquises au cléricalisme, tout autre est la situation.Le Limbourg ne compte que 214,875 habitants et il avait, en Octobre 1883 et en Avril 1884 respectivement 3,069 et 487 récipiendaires, dont 1,867 et 207 admis. La Flandre Occidentale a 708,896 habitants, et le nombre de ses récipiendaires, aux dates préci tées, était de 10,114 et 1,323: le nombre des admis de 6,768 et 646. La statistique dans les cantons est encore plus significative. A Bruges, 1,053 électeurs nouveaux ont été inscrits après avoir subi l'examen, Moris on n'en a inscrit que 181, Liège que 641. Deux villes, comptant ensemble 165,000 habitants ont donc moins d'électeurs capacitaires qu'une ville de 45,000 âmes. La première est cléricale, les deux secondes libérales. On trouvera même que Mons est dislancé sous ce rapport par des chefs-lieux de can ton comme Conlich, Eeckeren, Duffel, Thourout, Menin, Mouscron, Rousbrugghe, Messines, Pas- schendaele, Loochristy, Hoorebeeke, qui possèdent 279, 248, 188, 267, 225, 185, 205, 219, 225 et 195 électeurs capacitaires, et que Liège compte moins de ces électeurs que Malines, Louvain et Na- mur, Bruges distance même Bruxelles, qui n'a que 987 électeurs capacitaires. Dans un même ressort judiciaire, ce sont les cantons cléricaux qui l'emportent toujours quant au nombre de capacitaires inscrits sur' les listes. Soignies en a 351 et Dour 69; D.dhem en a 328 <t Seraing 268. Il n'y aura pas de discours du trône l'ouver ture de la prochaine session. Cette phrase sèche est du Journal de Bruxelles. Elle cache nombre de désillusions et d'amertumes. Nous savons, de bonne soqrce, dit la Nation, que le cabinet voulait une lois de plus compromettre la Couronne et l'associer ses criminels projets. Le Roi a résisté et signifié aux collègues de M. Beernaert sa résolution formel lë de ne pas servir de bouclier la politique ministérielle. La réponse du souverain a été envoyée, Vendredi dernier, au chef du cabinet. Elle a motivé le conseil des ministres tenu Samedi, qui a tant intrigué une partie de la presse. Maintenant, que voulait-oif mettre dans la haran gue royale De quel danger sommes-nous encore menacés? S'agit-il d'une nouvelle réforme électorale, d'une loi sur les inhumations ou d'une loi sur les bourses? Nous l'ignorons... Mais, en présence de cet incident, la concentration des forces libérales devient de plus en plus nécessaire pour résister aux témérités de la politique cléricale. Les réactionnaires en France ont joué le rôle hy pocrite des indépendants en Belgique. Dans leurs rangs vous trouvez des bonapartistes, des orléanistes, des légitimistes Oubliant leurs an ciennes divisions ces tartuffes de la politique ont mis leur drapeau en poche et se sont coalisés pour abat tre la République Telle est l'alliance que les cléri caux et les soi-disants indépendants ont faite en Belgique pour renverser le ministère libéral. En France, comme en Belgique, s'ils avaient ex- j posé franchement leur programme, s'ils avaient fait une profession de foi, ils auraient été battus. Mais il est bien plus facile de tromper le corps électoral en se couvrant d'un masque ou d'un déguisement quelconque, que de se présenter lui loyalement, le visage découvert. A Bruxelles, les indépendants se défendaient d'être alliés aux cléricaux, c'était une injure que cette sup position! Non; ils voulaient aller siéger la Chambre pour le bien du pays en général et de la ville de Bruxelles en particulier. Ils ne se laisseraient inspirer que par des senti ments de justice et d'équité, sans faire aucune dis tinction entre les partis. Ils se posaient en média teurs et en redresseurs d'abus. La discorde était dans les rangs des libéraux, la crise industrielle sévissait les contribuables affolés ont cru que l'avènement des indépendants au pouvoir ait peut-être le commencement d'une ère de pros périté et d'abondance et, sans réfléchir plus long temps, sans peser toutes les conséquences de l'acte qu'ils allaient poser, ils ont mis la tête du pays le plus exécrable des gouvernements Ah! si lés Français avaient daigné jeter un regard attentif sur ce qui se passait chez les bons belges actuellement, ils se seraient bien gardés d'accorder leurs suffrages aux réactionnaires, menteurs et hy pocrites comme les indépendants belges Quoi! C'est un gouvernement analogue que par nos votes irréfléchis, nous donnerions la France, un gouvernement bassement haineux, ennemi de l'instruction et soumis au clergé comme l'esclave son maître, se seraient-ils écriés, et, l'indignation dans le cœur, ils auraient, du poids le leurs votes, écrasé pour toujours la réaction. Espérons que ces échecs successifs serviront de leçon aux libéraux des deux pays. La garde civique de Termonde vient d'être dis soute par arrêté royal, pour être réorganisée. Ce fait, auquel on n'avait pas donné d'abord grande attention, l'arrêté ayant paru au Moniteur sans considérants; prend, par les explications qui sont fournies maintenant, une importance toute particulière. Celte dissolution est une manœuvre politique. Le but est cyniquement avoué par les journaux du ministère. Le corps des officiers du bataillon de Termonde se composait aux trois quarts de libéraux. Cela déplai sait aux sacristains de l'endroit. Ils ont signalé le fait la cléricale Députation permanente d'Anvers, qui a immédiatement découvert que, pour faire élire des libéraux, on ne composait pas suffisamment les compagnies de gardes du même quartier. Proposition de dissolution. Dissolution. En deux temps et trois mouvements, le tour a été exécuté. Nous serions curieux de connaître l'enquête qui a motivé la proposition de la Députation permanente et la prompte décision du gouvernement. Peut être un membre de la gauche aura-t-il l'idée de la deman der, dès la rentrée des Chambres, au gouvernement. Mais il ne faut pas trop compter sur les libéraux de la Chambre, qui ont pour principe de se taire et de laisser faire. En attendant, on va réorganiser la garde civique de Termonde de telle façon que tous les grades appartiendront aux cléricaux et, cette fois, les libéraux auront beau crier, la Députation se bouche ra les oreilles.

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Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 1