1,128. Dimanche, 25 Octobre 1885. 6 FRANCS PAR AN. JODR.UL D'Y 1* RfiS ET DE L'ARRONDIS 8 E ill E N T La prospérité publique. 45e ANNÉE. LE PROGR PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACOUIlIlT EU.N'DO. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays. 7.00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue fle Dixmude, 39. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne un franc. Ypres, 24 Octobre 1885. Plusieurs journaux se demandent pourquoi les arrêtés royaux qui suppriment plus de cent cinquante écoles communales tardent si long- temps de paraître. Le fait est qu'en présence de la pression in croyable qu'exerce le clergé, on peut s'étonner que ces mesures tardent être mises exécu tion. Mais si nos renseignements sont exacts, M. Thonissen veut, avant de statuer définiti vement, réunir de nouveaux éléments pour prouver la légitimité la suppression de ces écoles communales. Or, savez-vous l'aide de quelles machinations odieuses et nous pou vons dire supercheries, on procède pour réu- 1 nir ces nouveaux éléments un fonc tionnaire arrive l'improviste vers, les dix heures du matin la maison communale, il fait convoquer par le garde-champêtre tous les pères de famille qui réclament le maintien de l'école communale et l'enquêteur est souvent déjà parti que le garde-champêtre convoque encore toujours; aussi fort peu de pères de fa mille se présentent,comme on pense bien, les uns sont l'ouvrage, d'autres sont en voyage et on conclut de leur absence qu'ils ne main tiennent pas leur opposition la suppression de l'école communale. Nous engageons nos amis partout où on a recours des procédés aussi frauduleux,les dénoncer directement M.le Ministre del'In- struction Publique et en informer en même temps la Chambre des Représentants, dès qu'elle sera convoquée. Ce seront des éléments précieux pour servir de base une discussion sérifiiisft. Nous lisons dans le Précurseur La prospérité publique devient effrayante sous le gouvernement actuel. On n'ignore pas toutes les bel les promesses qui ont été faites pour séduire le pays. Si le commerce n'allait pas bien, si l'industrie ralen tissait, si chacun voyait ses ressources diminuer, la faute en était l'administration libérale. C'était elle qui, par sa manière de gouverner, était cause de tout le mal. Un changement de majorité, surtout un changement au profit des cléricaux, et tout allait se transformer. Le malaise allait cesser. On devait commencer par faire remise aux contribuables d'une forte partie de leurs impôts. Le reste serait venu de lui-même. La bienfaisante protection du gouverne ment des prêtres devait assurer partout l'abondance et la richesse. Un petit détail révélé aux actes officiels permet 'apprécier ce que valaient ces promesses. Pendant la semaine du 5 au 11 Octobre de celte année, le chemin de fer a utilisé 3,168 wagons eu moins pour le transport des marchandises que pen- daul la semaine correspondante de l'année dernière. 11 y a eu une légère augmentation sur le transport des houilles; mais pour les autres marchandises la diminution est considérable; sans la légère reprise qu'il y a eu pour les charbons, le nombre des wa gons en moins effectés au transport des marchan dises autres que le charbon et autres combustibles est de 4,347. On peut juger par là de l'état du com merce et de l'industrie. Et 1 agriculture donc, c'est elle qui est dans une 1 brillante situation. On a fait un ministère spécial pour la sauver.Le grand ministre s'y est d'abord consacré. On l'a vu travailler au relèvement de l'agriculture. C'est un député de Nivelles, qui a eu le bonheur de contempler le grand ministre dans cet exercice de cabinet. Puis nous avons en un second sauveur ou souve- teur dans la personne du chevalier de Moreau. Le grand ministre n'avait pu donner l'agriculture que de belles paroles et de douces sympathies.C'est ça qui faisait l'affaire des paysans. Avec le chevalier de Moreau ils ont eu la promesse de 1 installation du restaurant végétalieu Londres l'enseigne de la Carotte cléricale ei les ingénieurs-agronomes, conférenciers ambulants chargés d'apprendre leur métier aux cultivateurs qui en savent plus long dans leur petit doigt que tout les agents de M. de Moreau réunLs. Le résultat de ces mirifique inventions n'a pas tardé se produire. Les cultivateurs se plaignaient du bas prix du blé. Ils prétendaient qu'ils ne pouvaient plus faire hon neur leurs obligations, faute de ressources suffi santes. S'ils ne sont pas aujourd'hui heureux et satisfaits, c'est que vraiment ils manquent de gra titude. Voici encore des chiffres En Septembre 1883 le blé était 22 francs les 100 kilogrammes: en 1884, après l'avènement des cléricaux, il est des cendu 19, et le voici aujourd'hui 17 malgré le corps des ingénieurs brevetés, malgré les belles cir culaires sur l'horizontalité du plan des échanges, malgré la promesse de l'établissement d'un restau rant légumes Londres, malgré la création d'un ministère spécial chargé de veiller aux intérêts de l'agriculture. On devait favoriser l'agriculture d'une part en lui accordant des avantages de toute nature, d'autre part au dégrevant les contribuabl-s. Les impôtè al laient être réduits dans des proportions considéra bles. Pénsez-donc:. si les impôts constituaient pour les contribuables une lourde charge, la faute n'en était-elle pas aux libéraux C'étaient eux qui par leur mauvaise gestion des deniers publics avaient amené celte situation lamentable. Les cléricaux y mellraient bon ordre. Or, non seulement ils n'ont pas réduit d'un cen time les impôts existant sous l'ancienne administra tion, mais ils ont pris des mesures pour que ces impôts rapportent davantage; bien plus, ils ont, sous prétexte de réduction des dépenses scolaires, gardé le produit des impôts et mis charge des con tribuables cinq ou six millions de charges nouvelles. A l'heure qu'il est, il n'est pas une commune si grande ou si petite qu'elle soit qui ne soit aux prises avec de graves difficultés financières. Les subsides de l'Etat ont été réduits de cinq six mil- lious. Mais quelque rigueur qu'on ait mis dans l'é tablissement des budgets scolaires, ceux-ci n'ont pu être que très faiblement réduits. Et là où on a mis l'enseignement clérical sous forme d'écoles adoptées la charge des contribuables, les budgets ont été consédérablemenl augmentés. Les communes étaient déjà dans la gêne. Du jour au lendemain on leur supprime cinq six millions de ressources, et elles voient en même temps leurs dépenses augmenter. Quelle est la conséquence évidente? C'est que pour équilibrer leur budget les communes doivent s'im poser. Elles doivent créer des ressources autrement qu'en décrétant des impôts nouveaux! Les dépenses, loin d'être diminuées sont augmentées et les recettes sont réduites. Le déficit ne peut être comblé que par l'impôt.-C'est fatal. Les communes attendent encore. Mais l'exercice s ecoule, les ressources ne viennent pas la fin de l'année lorsque le compte de l'exercice se fera, elles se trouveront en présent d'un état de choses déplo rable. Là où on voudra rétp':lir l'ordre dans les fi nances communales, il faudra recourir l'impôt. C'est aussi certain que deux et deux font quatre. Plus on attendra et plus les choses empireront. Il n'y qu'un remède cette situation abominable. C'est de fermer toutes les écoles, de jeter les enfants sur la rue, de les laisser vagabonder; on en arrivera là; cela nous rappellera le bon vieux temps si cher aux cléricaux. Mais si tout le monde souffre, si chacun est atteint dans sos intérêts, si le malaise est général, il est une catégorie; de personnages qui se frottent les mains et se félicitent de la situation actuelle. Ce sont les prêtres! A eux, rien ne manque. A eux les faveurs, eux le budget Il ne se passe plus de jours mainte nant sans que le Moniteur ne leur octrqie quelque avantage pécuniaire. Lisez-le attentivement. C'est du plus haut intérêt. Ainsi on pouvait lire dans un des derniers numéros l'analyse d'un arrêté royal qui alloue au curé de Virelles une indemnité de 600 fr. pour dire deux messes le Dimanche. Un autre curé recevait dans le même numéro pour le même objet une indemnité de 200 francs. 600 francs d'un côté, 200 francs de l'autre. La double messe coûte trois fois plus Virelles que dans l'autre commune.

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Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 1