6 FRANCS PAR AN.
Logique cléricale.
Alphonse XII.
1.138, Oiraanclio,
iv awiéi
20 OH llllliv 1885
LE PROGRES
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Donc les Blauwe Koussen ont cacaphoné
cuivres que veux-tu, Dimanche dernier, la
messe de 11 1/2 heures, en l'église de St-Mar-
tin.
Le Journal d'Y près qui avait déjà publié le
programme du concert., a donné ensuite un
compte-rendu enthousiaste de cette fête musi
cale. Le boa scribe, trop payé en vérité pour
pareille besogne, proclame que les plus mal
veillants dans l'auditoire ont dû être ravis
l'audition des sons stridents et tympanisants
sortant des instruments chers son cœur.
Constatons, en passant, que le scribe qua
lifie de malveillants tous ceux qui ne se pâ
ment point devant les charivaris de la fanfare
cléricale. Nous l'avons déjà dit, et nous le ré
pétons: nous ne demanderions pas mieux que
de pouvoir décerner des éloges la musique
faite par les fanfares, tout cléricale qu'elle
soit; mais enfin, la louer serait mentir et nous
tenons le mensonge pour un gros péché que
nous ne voulons point commettre, n'étant
point jésuites.
Mais il y a autre chose.
A nojtre avis, le Journal d'Ypres semble
faire assez bon marché du respeet qu'il doit au
lieu saint et aux cérémonies du culte. Il parle
de l'exécution de sa fanfare absolument- com
me si celle-ci n'avait pas joué dans l'église, et
l'on voit, en lisant entre les lignes, que ce bon
catholique se souciait fort peu du saint Sacri
fice qui se célébrait au, milieu de ce tapage.
La messe et le prêtre officiant disparaissent
complètement dans ce tintamarre, et 1 on voit
tout'de suite ce qu'au fond le clérical pense des
Saints Mystères delà Sainte Religion.... Ro
maine....
Le Journal d Y près oublie sans doute on
ne peut pas penser tout qu'il a jadis fort
approuvé la suppression des messes militaires
et qu'il était absolument de l'avis du clergé
quiavec raisontenait ces concerts peur
trop profanes et peu faits pour éveiller clans
les âmes des sentiments de recueillement et de
piété. Le bon Journal a même publié, il n'y a
pas longtemps, un bref du Pape défendant
d'une manière absolue toute musique profane
dans les églises! Et le bon apôtre renchérissait
encore, par ses commentaires, sur les paroles
sévôrqs de l'autorité religieuse condamnant un
abus qu'elle qualifiait d'intolérable!!
Mais les temps sont changés
Aujourd'hui les Ouverture fantastique
et les Ouverture de la Bohémienne sont
devenus des chants sacrés et fort propres
éveiller la piété des fidèles auditeurs, condi
tion qu'ils soient exécutés, exécutés c'est le
mot, par une fanfare cléricale.
Les harmonies militaires qui jadis faisaient
de la bonne musique et pas de politique, furent
chassées de.l'Eglise: aujourd'hui on y appelle
les Fanfares Catholiques pour la raison
contraire.
Voilà, mes frères, la logique cléricale!
Nous lisons dans l'Etoile Belge:
Dans noire numéro de Dimanche, nous avons
parlé en des termes quelque peu voilés, des exploits
d'un nouveau père scherreweg. Un journal clérical
insinue que celte histoire est inventée par nous dans
l'unique but de nuire la religion catholique.
Cette feuille a été mal avisée en faisant cette insi
nuation et aurait mieux fait de se renseigner, au
préalable la nonciature, par exemple, qui a été
mise au courant de cette affaire et en connaît tous
les détails.
Mais puisque le pieux confrère n'a pas pris celle
précaution et qu'il s'est plu lancer contre nous une
accusation aussi perfide, nous nous croyons obligés
de suppléer son ignorance, de préciser davantage,
de mettre, comme I on dit vulgairement, les points
sur les i.
La plupart de nos lecteurs ont remarqué,sans
doute, en passant chaussée de Wavre, près la rue
du Viaduc, une construction en briques rouges,
d'aspect sombre: c'est la chapelle et lé couvent des
frères de l'adoratiou perpétuelle.
Le supérieur du couvent, le père Temière est
d'origine française. H est bien fait de sa personne,
aimable, séduisant, très persuasif et joint ces qua
lités mondaines une grande force de caractère, une
volonté que rien n'arrête. Il est la coqueluche des
dévotes ixelloises et, dans beaucoup de maisons, le
portrait du père Temière fait le plus bel ornement
de l'oratoire de ces dames.
Le père Temière va donc beaucoup dans le monde
où l'on prie, mais il recherche de préférence l°s mai
sons où il y a quelque poule croquer au nom du
Seigneur.
Il se montrait particulièrement assidu chez la fa
mille laquelle nous avons fait allusion Dimanche
dernier, et dans laquelle, comme nous l'avons dit,
avait été élevée la demoiselle L..., alliée plusieurs
autres familles des plus honorables, fort estimées, et
très connues.
Mademoiselle L.... est âgée de 50 ans, petite,
bryne, accorle, très spirituelle, accomplissait régu
lièrement ses devoirs religieux,elle n'était pas bigote
et on ne s'était jamais aperçu qu'elle eût des dispo
sitions mystiques tendant au point de faire aux pieds
des autels le snerifiee rte sa fnrtiine.
Car sa forlune se trouve sérieusement compro
mise parles Scherreweg du père Temière. Cette
forlune est évaluée un million et les sommes re
mises par Mlle L... au susdit père s'élèvent déjà
470,000 francs.
Pour pouvoir remeltre celle somme en beaux der
niers comptants, il a fallu réaliser des valeurs mo
bilières qui représentaient une valeur nominale de
700,000 fr., mais qui, raison delà crise et des
conditions précipitées dans lesquelles la réalisation
a dù être laiteont subi une dépréciation de
230,000 francs.
Le père Temière ne tint aucun compte des remon
trances qui lui furent faites, ni des engagements
d'honneur qu'il avait pris; il était maître de la place
et voulut drainer Je reste du capital. C'est ainsi que
l'entrée de la maison habitée par Mme L... lui ayant
été interdite, il trouva moyen de détourner celle-ci
et la décida fuir une maison si peu hospitalière
pour les trères de l'adoration perpétuelle.
Mlle L.a quitté ses anciens amis sans les pré
venir et n'a plus donné de ses nouvelles.
Nous disions plus haut que le couvent que dirige
le père Temière a l'aspect lugubre; il n'en est pas de
même l'intérieur. Là, tout est riant. Le luxe et le
confortable de I ameublement n'ont rien envier
l'ameublement des hôtels les plus aristocratiques.
A côté du couvent et communiquant avec celui-ci,
le père Temière a construit, tout récemment, peut-
être avec l'argent de Mlle L... un petit édifice, fort
élégant, une véritable bonbonnière, où rien n'a été
épargné pour donner toutes les illusions de la vie
mondaine aux pécheresses lassées et leur prouver
qu'il fait de leurs largesses un usage utile.
Le roi d'Espagne, qui vient de mourir, était né
Madrid le 28 Novembre 1857, fils de l'ex-reine Isa
belle et de don François d'Assise. Il n'avait donc que
H ans lorsque sa mère fut chassée d'Espagne par la
révolution de 1868.
Ses partisans réussirent se procurer quelque
argent.Des journaux espagnols furent achetés. Deux
millions furent habilement distribués, et un coup
d'Etal militaire, dirigé par le général Pavla, ren
versa, le 30 Décembre 1874, la république pour y
substituer la monarchie.
Le fils d'Isabelle était proclamé.
Si les choses suivent leur cours régulier au point
de vue de la succession et des traditions monarchi
ques,on proclamera comme reine d'Espagne la jeune
princesse dona Maria de las Mercedès, une enfant
de cinq ans. La reine Marie-Christine serait régente
en attendant la majorité de l'enfant.
Mais il y a aussi Don Carlos et les partisans de
la république, qu'en adviendra-t-il?