No 1,147. Jeudi,
31 Décembre 1885.
J O V i\ A L I) Y V II E S E T il E L A El 11 O N il i S S E !H E A T
45e ANNÉE
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Il n'y a rien de concluant, el même de brutal,
comme'les chiffres. Or, ce sont eux encore qui con
damnent la proposition des députés de Nivelles,pour
l'établissement de droits sur le bétail étranger. La
statistique démontre que, depuis trois ans, les im
portations de viandes n'ont pas augmenté; aucun fait
ne s'est produit qui recommande cette mesure el
pousse les protectionnistes frapper le consomma
teur et ruiner l'industrie.Car l'effet immédiat d une
alimentation moins substantielle ou plus coûteuse
doit atteindre le travail national.Si l'ouvrier se prive
de viande, sa santé en souffre, il travaille moins el
mal. S'il en consomme un prix plus élevé, son
salaire doit hausser. De toute manière, c'est donc
rendre la lutte avec l'étranger difficile pour les pro
duits manufacturés.
Maintenant,puisque rien ne les y obligeait,puisque
les importations de bétail n'ont pas augmenté, pour
quoi la proposition nivelloise?
Parce que, sous nos maîtres, tout doit rétrogra
der; parce que, tout ce qui est humain, fraternel,
doit disparaître; parce que l'on veut nous ramener
aux temps où chaque Etat, chaque province, chaque
ville était entourée d'une muraille de chine; nous
imposer les doueeurs des prohibitions douanières
des octrois, des droits de portes, de barrières et des
impôts de mouture et d'abattage, pour l'abolition
desquels nos pères se sont battus en 1830.
Un ministère clérical n'arrive jamais au pouvoir
sans être escorté de tous ces engins moyen-âge, el si
le Diable prête vie, celui qui nous gouverne, ces
douceurs nous sont promises.
Nous verrons toutes ces vieilleries reprendre un
•nouveau lustre. Et encore, si le cultivateur, au nom
duquel on veut faire une loi de famine, devait en
profiter! mais il ne lui en reviendra pas un centime.
Le gouvernement touchera quelques millions d'im
pôts de plus, et puis, le tour joué, il viendra se
vanter d'avoir rétabli l'équilibre dans les finances
de l'Etat, en affamant les contribuables.
Et après la \iande, le pain.
Ce n'est pas plus difficile que cela.
Les 700 sont dépassés et de beaucoup. A côté
d'arrêtés royaux qui accordent plus de quatre-vingt
mille francs de subsides une demi douzaine d'é
glises, le Moniteur en public d'autres autorisant
CENT SOIXANTE DIX conseils communaux aug
menter leurs impôts.
Depuis le premier janvier HUIT CENT QUINZE
COMMUNES ont obtenu semblable autorisation.
Nos maîtres ont le droit d'être fiers de leur poli
tique financière.
La loi maudite Binche.
La petite ville de Binche, qui possède une popu
lation de près de 10,000 habitants, vient d'être vic
time d'un nouvel attentat contre l'instruction du
peuple.
Binche possède depuis plusieurs années un jardin
d'enfants communal fréquenté pav plus de trois cents
élèves.
L'enseignement y est donné, d'après la méthode
Frœbel, par six institutrices diplômées.
Dans un de ses derniers numéros le Journal Frœ
bel citait comme modèle le Jardin d'enfants de Bin
che, tant cette institution était bien organisée et ha
bilement dirigée.
Les cléricaux qui,depuis le mois d'Octobre 1884,
se sont emparés de la majorité au conseil communal
l'aide de la corruption la plus effrénée, semblent
avoir juré de détruire complètement l'enseignement
public Binche.
Déjà ils ont supprimé aux écoles communales
quatre instituteurs sur huit et ont désorganisé com
plètement ces écoles en plaçant leur tête un rénégat
politique non diplômé.
Ce vole inique, qui a surpris el indigné fout le
monde, a été suivi de trois autres, par lesquels ont
été adoptés
1° L'école des petits-frères, illustrée en 1881 par
un frère Edouard, auquel un tribunal a eu la bar
barie d'appliquer dix ans de travaux forcés;
2° Le couvent du Sacré-Cœur, dont une seule
institutrice sur six est diplômée;
3" L'asile Sainte Philomène, où trois religieuses
françaises apprennent les prières aux enfants.
Aucune économie n'est faite sur ce budget: ce
seront les Sœurs qui toucheront désormais les trai
tements, voilà tout ce qu'il y a de changé.
Tous les instituteurs et toutes les institutrices des
écoles primaires subissent une nouvelle réduction de
traitement.
Il va sans dire que celte décision du conseil com
munal binchois sera approuvée en haut lieu. M.
Thonissen en sera quitte pour verser un nouveau
torrent de larmes, mais il signera l'arrêté de des
truction.
Aussi l'indignation est générale Binche et les
cléricaux s'en apercevront bien aux prochaines élec
tions.
L'union.
Voici la volée de bois vert bien méritée que la
Nation inflige la Réforme
Pour la Réformequi s'est constituée le frère in
quisiteur de la presse libérale el qui décerne, ou
refuse, ses bons de civisme avec un sérieux
imperturbable, nous sommes un journal qui se
proclame hautement révisionniste et progressiste
mais qui a le tort de passer parfois la plume des
sous-ordres de l'Union libérale
Nous sommes désolé de contrarier cette bonne et
aimable Réforme dans la majesté de ses arrêts, mais
nous avons l'habitude, la Nationde faire nos ar
ticles nous-mêmes et de ne passer la plume per
sonne... qu'aux rédacteurs qui ont bien voulu se
joindre nous.
Nous nous proclamons, au surplus, hautement
révisionnistes, parce que nous le sommes, nous
lavons prouvé, et non moins hautement progres
sistes, parce que nous croyons l'être...
Seulement, nous ne sommes ni des radicaux, ni
des intransigeants, et jamais nous ne consentirons
subordonner 1 intérêt du parti libéral tout entier aux
intérêts de la fraction de ce parti laquelle nous
appartenons.
Si c'est là notre crime, nous le confessons sans
rougir et nous reconnaissons mériter, cet égard,
les verges de notre terrible confrère.
La Réforme ne veut pas entendre parler des pro
positions d'accord que l'Union libérale a formulées
cependant, la Réforme déclare, elle aussi haute
ment que l'Union du parti libéral doit se réaliser.
Mais comment?
C'est ce que la Réforme ne nous dit pas. Elle
nous promet, toutefois, d'y revenir.
Qu'elle y revienne donc.el le plutôt sera le mieux.
Car si nous savons admirablement ce dont l'organe
quotidien de la démocratie libérale ne veut pas,nous
sommes infiniment moins bien informé au sujet de
ce que veut la Réforme.
Notre excellent ami .M. Féron, qui est un avocat
distingué, sait mieux que nous que lorsqu'on re
cherche l'accord entre parties adverses, c'est l'aide
de concessions mutuelles qu'on s'ingénie ramener
la bonne entente.
Quand on rappelle les gens en conciliation, on
les prie de fornr uler leur petit programme de con
cessions...
Et bien, il s'est trouvé un groupe de libéraux
pour convier les intransigeants entrer en concilia
tion ces libéraux ont dit quelles concessions ils
étaient portés.
L'organe quotidien des radicaux intransigeants
déclare que ses patrons ne veulent pas entendre par
ler de ces concessions-là. Soit! mais alors, que la
Réforme déballe son tour.qu'elle étale nos regards
éblouis el charmés le stock des concessions idéales
qu'elle lient en magasin et qu'elle cache tous les
gens avec une discrétion farouche.
11 ne suffit pas de dire que l'on veut l'union,il faut
aussi prouver qu'on la désire.
A quel prix la Réforme consentirait-elle faire la
paix avec les libéraux qui ne sont pas absolument de
son bord el qu'elle paraît assez portée traiter com
me des malfaiteurs de la pire espèce?
Quelles conditions veut-elle mettre sou Embras
sons-nous Folleville?
Quelles concessions, en un mot, la Réforme
estime t-elle qu'il soit possible ses amis de faire
aux libéraux, qui sont bien encore quelques uns,
voyons? dont les tendances et les aspirations
diffèrent des tendances et des aspirations des amis
de la Réforme?
On dit la Réforme Voici comment nous vous
proposons de faire l'union. La Réforme répond
LE PROGR
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vjnES acquhiit eundo