On y parle de la grandeur de l'Eglise et du
dévouement des fldeles, mais pour exposer aus
sitôt la détresse du Pape et la nécessité de lui
venir en aide par des aumônes, des dons, des
offrandes et tout ce qu'il vous plaira, pourvu
que cela rapporte de beaux écus sonnants.
Ah les écus, quelle douce saveur quand
ils ont la foi pour véhicule dans les caisses pa
pales.
Les écus I il n'y a que ça
Le legs Pyssonier.
Voici ce qu'écrit ce sujet le correspondant
bruxellois du Précurseur
Le gouvernement a été appelé se prononcer
sur une disposition testamentaire dont il n'existe
pas, je pense, beaucoup d'exemples. Un M. Pys
sonier a légué l'universalité de ses biens aux
hospices civils de Bruxelles. Il demande qu'une
plaque portant son nom soit incrustée dans la
façade de l'hôpital Saint-Jean, au Boulevard du
Jardin Botanique. La préoccupation de ces pla
ques joue assez souvent un rôle dans les libéra
lités recueillies par les hospices. Ce qui prouve
que la vanité humaine n'a pas jusqu'ici abdiqué
ses droits. De ce côté il n'y a rien de nouveau.
Voici la clause exceptionnelle. Le testateur s'ex
prime en ces termes Je désire formellement
qu'après la mort de ma sœur le revenu de ma
succession soit consacré exclusivement tâcher
de découvrir les personnes qui pourraient être
la victime d'erreurs judiciaires au point de vue
pénal je désire que tous les cas signalés soient
examines avec un soin très-scrupuleux, et que
pour le cas où, judicieusement, l'erreur soit en
core réparable, tous les moyens de droits ou de
grâce soient mis immédiatement en action.
Si l'erreur venait se découvrir seulement
après que les peines ont été subies, je désire que
le possible soit fait pour la réhabilitation de ces
malheureux et, en attendant, pour le soulage
ment matériel de leur existence.
Le Conseil général des hospices de Bruxelles
sollicite l'autorisation d'accepter la libéralité de
M. Pyssonier le conseil communal de Bruxel
les a émis un avis favorable. L'affaire se compli
que d'un second testament dans lequel, après
avoir reproduit l'institution faite en faveur des
hospices, le testateur a écrit en marge Si la
fabrique de l'église Saint-Pierre Ypres peut
hériter, elle héritera de préférence aux hospices
civils de Bruxelles et meme X..., mais elle de
vra se conformer toutes les rentes viagères,
aux legs particuliers et mon suprême désir de
soulager, de secourir les victimes des erreurs ju
diciaires.
Il y a d'abord examiner si cette clause vaut
institution au profit de la fabrique. Quand bien
même cela serait, la fabrique doit être écartée
pour une raison péremptoire, c'est que la fonda
tion n'a aucunement en vue les besoins du culte;
dès lors la fabrique est sans compétence.
Mais alors se pose la question de savoir si les
hospices leur tour ont compétence. Le conseil
général des hospices de Bruxelles réunit les pou
voirs et les attributions du bureau de bienfai
sance et des hospices les deux services publics,
celui des secours domicile et celui des secours
dan6 des établissements spéciaux sont concentrés
dans les mains d'une seule administration cela
existe dans quelques villes du pays, notamment,
je pense, Louvain cet état ae choses remonte
aux premiers jours delà domination française.
Quoique réunis sous le rapport de l'administra
tion les deux services n'en restent pas moins dis
tincts. Le principe en matière de fondations c'est
que la libéralité va l'établissement préposé au
service public que le testateur a voulu favoriser.
Quel est le service public qui a dans ses attribu
tions la recherche der erreurs judiciaires et qui
est chargé de venir en aide aux victimes de ces
erreurs. Dans l'état, actuel de la législation ce
service n'est pas organisé. Il n'existe pas. Le tes
tateur yprois n'a pas restreint les avantages de
sa libéralité aux habitants d'une localité déter
minée ce ne sont ni les habitants d'Ypres ni
ceux de Bruxelles, victimes d'erreurs judiciai
res, qu'il a voulu plus spécialement favoriser il
vise toutes les victimes d'erreurs judiciaires, en
quelque localité du pays qu'elles habitent l'é
tablissement avantagé doit s'occuper de décou
vrir les victimes des erreurs signalées, examiner
chaque cas avec soin scrupuleux, poursuivre ju
diciairement la réparation des erreurs, si c'est
Ïiossible si les peines ont été subies, demander
a réhabilitation. Les hospices et les bureaux de
bienfaisance ne sont pas outillés pour se livrer
des travaux de ce genre ces travaux ne rentrent
pas dans leur mission. Les victimes d'erreurs
judiciaires peuvent ne pas être des indigents.
Qui sait si le testateur lui-même n'a pas été im
pliqué dans quelque mystérieuse affaire, et si ce
n'est pas le souvenir de ses déboires qui l'aura
porté consacrer ses biens l'œuvre des victi
mes des erreurs judiciaires.
Si cette hypothèse est vraie ce que j'ignore
absolument il est bien certain que le testateur
ne pouvait être rangé dans la catégorie des indi
gents.
Il est donc difficile d'admettre qu'il s'agisse
d'un service dépendant de celui de la bienfai
sance. Riche ou pauvre, tout le monde peut être
victime d'une erreur judiciaire.
Pour attribuer compétence au Conseil général
des hospices, le Collège échevinal de Bruxelles
dit dans son rapport au Conseil communal que
la libéralité faite par M. Pyssonier constitue une
fondation spéciale qui doit être envisagée com
me ayant été faite une certaine catégorie de
malheureux.
On,donne ici au mot malheureux, un sens qu'il
n'a pas dans le langage administratif. L'homme
victime d'une erreur judiciaire est un malheu
reux dans le sens moral du mot son honneur,
sa considération sont atteints, il peut être privé
de sa liberté son âme est en proie de cruelles
souffrances la condamnation qui le frappe peut
avoir des conséquences matérielles déplorables
c'est pour lui la honte et peut-être la ruine.Mais
il se peut aussi que le préjudice que la victime
éprouve soit de l'ordre purement moral et elle
ne se trouve pas alors dans les conditions vou
lues pour être secourue par le bureau de bien
faisance. La victime quoique malheureuse n'est
pas indigente.
Le collège échevinal a un autre moyen. Le
legs, dit-il, devra en toute hypothèse être attri
bué l'administration charitable en raison de la
clause par laquelle le testateur l'institue sa lé
gataire purement et simplement, en ordre sub
sidiaire.
Dans ce cas, le but du testateur ne serait pas
rempli. Les revenus de son legs serviraient ve
nir en aide aux pauvres, non pas même aux
pauvres en générai,mais aux pauvres de la ville
ae Bruxelles; ce qui assurément n'était pas dans
sa pensée.
Sa volonté est trop clairement exprimée pour
qu'il puisse être question d'une attribution pure
et simple aux pauvres de Bruxelles. Ce qu il a
voulu, c'est la recherche des erreurs judiciaires,
et la réparation du préjudice subi par les victi
mes de ces erreurs.
Il y a là un but d'intérêt général. Il y a utilité
publique ce que les erreurs de la justice soient
réparées. C'est tellement vrai que le législateur
est parfois intervenu. Ainsi, une pension a été
accordée Geens et Ronné,qui avaient été inno
cemment condamnés. Le représentant de cet in
térêt général, c'est l'Etat; lui seul a compétence
dans F espèce; tandis que les établissements pu
blics n'ont qu'une compétence limitée aux ob
jets pour lesquels ils ont une délégation spéciale,
l'Etat a dans ses attributions tout ce qui touche
l'intérêt public. S'il a pour mission ae réparer
les erreurs judiciaires, rien n'empêche les parti
culiers de lui fournir le moyen d'exercer plus
aisément sa mission. J*estime donc, quant moi,
que le legs de M. Pyssonier ne doit revenir ni
la fabrique de l'église Pierre Ypres, ni au
conseil général des hospices de Bruxelles, mais
qu'il doit être recueilli au nom de l'Etat par le
ministre de la justice. A moins que le gouverne
ment ne décide qu'il n'y a jamais eu d'erreurs
judiciaires, qu'if n'y en aura jamais, et qu'y en
eut-il, il n'est pas de l'intérêt public de venir en
aide aux victimes et de réparer dans la mesure
du possible le mal qui leur a été fait. Auquel
cas le legs ne sera recueilli par personne et la
succession ira aux héritiers du testateur.
On nous écrit de Watou
Une des familles les plus honorables et les
S lus estimées de la commune de Watou vient
'être douloureusement éprouvée par là perte
d'un de seB membres.
M. Richard Bouwet, âgé d'environ 16 ans, fils
de notre concitoyen, M. Remi Bouwet-Blavoet,
négociant et entrepreneur, dût, par suite d'in
disposition subite et grave, interrompre ses étu
des au Collège Communal d'Ypres, où il était
un des plus brillants élèves de 3e latine.
Arrivé chez lui le mal s'aggrave et en peu de
temps inspire les plus viYes inquiétudes.
Malgré toutes les ressources de la science,
maigre les soins les plus dévoués de ses parents
et de ses amis, la maladie résiste et enfin triom
phe malheureusement de tous les efforts tentés
pour la combattre.
Vendredi, 24 Décembre, le bruit se répandit
que M. Richard Bouwet avait succombé, 4
heures de relevée, la maladie qui le minait de-
uis quelque temps, maladie que le regretté
éfunt avait supportée avec un courage et une
résignation que 1 on rencontre rarement.
Bouwet, quoique jeune, joignait la franchise
de son cœur et la loyauté de son caractère fine
sincère affabilité qui le faisait aimer et estimer
de tous ceux qui le connaissaient aussi deiiil
lus général et plus sincère ne s'est jamais vu
ans la commune qu'à la nouvelle de la mort
prématurée de ce bon fils, cet excellent frère, ce
sincère ami.
L'enterrement du jeune Bouwet a eu lieu en
cette commune,le Mardi 28 Décembre, 10 heu
res du matin.
A la levée du corps on pouvait déjà voir
qu'une foule considérable était accourue pour
rendre un dernier hommage au regretté défunt
et pour montrer leurs témoignages ae sympathie
la famille Bouwet en général.
Toutes les familles de Watou étaient large
ment représentées, car l'église était comble et
f>lus de mille personnes se sont présentées
'offrande.
Le Collège Communal d'Ypres s'est fait repré
senter cette triste cérémonie par une députa-
tion composée de plusieurs professeurs et quinze
élèves.
Quatre discours ont été prononcés sur cette
tombe trop tôt ouverte le lr par M. Kilsdonk,
professeur au Collège Communal d'Ypres, au
nom du corps professoral, le 2e par M. François
Ver Eecke, élève au dit Collège, au nom de ses
condisciples, le 3e par M. Georges Van Eecke,
élève au pensionnat de Grammont, au nom de
ses anciens condisciples de l'École Communale
de Watou, et le 4e par M. Ernest Buyssens,sous-
instituteur Watou, au nom des jeunes gens,
amis du défunt.
Les quatre discours ont été écoutés avec un
pieux recueillement et dans le silence le plus ab
solu, silence absolu n'est pas le mot, car ce
silence était chaque instant interrompu par
des explosions de sanglots, les scènes étaient par
moment vraiment navrantes, sans parler de la
famille et des Dames, on voyait là les hommes
u'on aurait dit les plus endurcis verser d'abon-
antes larmes, larmes d'un sincère regret, d'une
vive douleur.
Sept couronnes mortuaires ont été déposées
sur la tombe, parmi lesquelles on remarquait,
outre celles de la famille, deux grandes couron
nes; l'une blanche offerte par les amis de Watou,
l'autre violette offerte par ses condisciples du
Collège d'Ypres.
La famille perd en lui un fils modèle, un frère
dévoué et la commune de Watou un futur con
citoyen qui, par son bon cœur et son caractère
ouvert et loyal se serait attiré la sympathie et
la considération de tous.
Nouvelles locales.
M. Beyaert, imprimeur Bruges, vient d'en
voyer tous les fonctionnaires de la province de
la Flandre Occidentale, une circulaire leur an
nonçant qu'il allait mettre en vente, un prix
défiant toute concurrence, des exemplaires d une
lithographie de Van Loo, reproduisant les au
gustes et suaves traits de l'ineffable Mazette,
gouverneur de notre province.
Nos lecteurs ont sans doute quelque souve
nance de l'époque laquelle M. le Chevalier
Ruzette était notre concitoyen, et ne sont pas
sans savoir que notre commissaire d'arrondisse
ment d'alors eut, dans les rangs les plus bas
comme les plus élevés de la société de notre ville,
un succès que légitimaient, défaut d'autres
qualités, sa prestance et son beau langage.