Récapitulons les beautés du régime tracas-
sier que nos cléricaux réactionnaires veulent
ressusciter
Inscription forcée du bétail.
Contrôle permanent dans les étables.
Surveillance de toutes les transactions com
merciales.
Et confiscation éventuelle du bétail.
Comme bouquet, le retour des anciennes
vexations engendrera nécessairement, fatale
ment le retour des haines qui existaient jadis
entre les employés du fisc et les campagnards,
haines qui s'etaient complètement et heureuse
ment apaisées sous le système de la liberté.
Service personnel.
La campagne des Associations catholiques
contre le service personnel démasque tous ces
faux amis du peuple, et démontre nettement ce
?[ue veulent les cléricaux. Dans leur égoïste ef-
royable et leur esprit révolutionnaire si
profondément enraciné, ils. établissent des dis
tinctions inouïes entre les enfants des riches et
les enfants des pauvres.
Ils ne paraissent rien avoir appris! Par l'édu
cation religieuse qu'ils ont reçue, ils s'imaginent
vivre encore sous l'ancien régime, avant la ré
volution française, l'époque sacrée pour eux
de l'inégalité des classes. Ils supposent que tous
hommes ne sont point faits oe la pâte com
mune.
N'est-ce pas l'Association catholique de
Bruxelles qu'on s'écriait On veut nous enle
ver nos fils l'âge le plus dangereux, l'âge où
leur caractère se forme,où ils commencent ré
fléchir, où ils choisissent une position Et
ces purs cléricaux, de protester avec indigna
tion, contre l'audace d'un tel projet.
Quant aux fils des ouvriers, des pauvres dia
bles, trop misérables pour se payer un rempla
çant, leur sort importe peu 1
Ce sont gens de peu, gens de rien; dès leur
enfance ils ont souffert, qu'ils continuent souf
frir devenus des hommes. N'est-ce pas leur
destinée? Nous n'en avons cure...
Voilà de beaux raisonnements appelés
mettre fin aux dissensions sociales I
Ils ne savent donc pas, ces imprudents, en
quel temps ils vivent ils oublient ou veulent
oublier tous les faits récents ils ne tiennent
compte des progrès du socialisme; ils ne songent
pas l'avenir sombre qu'ils préparent par leur
entêtement réactionnaire ces fils qu'ils per
dent en voulant les sauver.
Souvent, ils se sont proclamés les seuls, les
vrais amis du peuple; ils nont jamais été que
ses ennemis. Quand ils paient c'est avec des
mots, jamais avec des réformes
Ils pouvaient recommencer leur évolution et
racheter une partie du passé, en faisant dis
paraître une première flagrante inégalité ils
ont repoussé l'occasion qui leur était offerte de
se montrer justes.
Quelques-uns d'entre eux, effrayés par une
responsabilité aussi lourde, ont élevé la voix
en faveur de l'abolition du remplacement; leur
voix a été couverte par les clameurs égoïstes
de l'immense majorité.
C'est fini Le projet d'Oultremont condamné
par les officines où se tripotent la politique
cléricale, avortera misérablement lors de la
discussion générale il n'y a plus d'illusions
se faire. Et de par la volonté du parti conser
vateur, la déplorable distinction entre les
enfants des riches et les enfants des pauvres
subsistera, creusant une ligne de démarcation
là où la prudence la plus simple demandait un
rapprochement.
Jamais la réaction n'aura commis faute plus
lourde.
Nous commenterons avec justice et fermeté
le vote qu'émettront nos députés en cette
circonstance.
Le port de salut.
Pour juger les plaies qui rongent notre so
ciété, il suffit de regarder et d'entendre ce qui
se révèle devant la commission d'enquête du
travail.
Que de duplicité et de rapacité, d'un côté,
et que de misère, de souffrance et d'abjection,
de l'autre
Si tout ce qui se raconte est fondé on peut
se demander où sont la probité dans le com
merce, l'humanité dans l'industrie?
La plupart des denrées sont falsifiées le
chinaclaye se trouve dans le pain de l'ouvrier;
sous prétexte de liqueur, on lut sert du poison.
Et dans l'industrie que ne voit-on pas se
demande ce propos le très-catholique Cour
rier de Bruxelles. La vie de l'homme ne pèse
plus dans la balance de l'avidité industrielle.
Au fond des bures, dans les grandes mines, il
n'est qu'un instrument dont Findustrie se sert;
qu'elle use, qu'elle plie, qu'elle brise et dont
elle rejette les inutiles morceaux.
Après ces lignes pathétiques, auxquelles une
récente catastrophe donne tant d'apropos, le
Courrier de Bruxelles fait quelques réflexions
d'une haute philosophie, selon son habitude
puis, avec une bonté dame toute chrétienne, il
indique le remède au mal dont souffre la so
ciété.
a Pour nous, dit-il, nous ne voyons le salut
que dans le catholicisme. C'est dans ce port que
la Société trouvera la paix et la sécurité qu'elle
cherche.
N'est-ce pas le Christ qui a brisé les chaînes
de l'esclave et en a fait un homme libre
N'est-ce pas lui qui a dissipé les ténèbres
de l'ignorance et de la barbarie dans laquelle
s'ébattait la société
N'est-ce pas lui qui a dit aux hommes
Vous êtes tous frères qui commande au ri
che de donner et au pauvre de supporter la
misère avec courage, parce que ses souffrances
lui procureront l'impérissable richesse.
Nous admettons volontiers que le Christ a
fait et dit tout cela, comme les Evangiles le
rapportent.
Mais de cette belle doctrine le catholicisme
moderne n'a tenu aucun compte.
N'est-ce pas une mauvaise plaisanterie, de
soutenir que le catholicisme est le port de salut
pour l'ouvrier malheureux
Mais, selon l'esprit du catholicisme, et selon
sa pratique constante l'ouvrier est un esclave,
une bêle de somme quelconque, qui n'a d'autre
volonté que celle de son curé.
Au lieu de dissiper les ténèbres de l'igno
rance qui l'entourent, et de l'éclairer, le catho
licisme ou plutôt le cléricalisme d'aujour
d'hui combat ceux qui veulent l'instruire et en
faire un homme libre, connaissant ses droits et
ses obligations.
Quant l'égalité entre les hommes, elle
n'existe pas dans le catholicisme.
C'est là que l'on fait des distinctions decastes,
si l'on peut ainsi dire, c'est là que l'on spécule
sur la vanité humaine.
Aux yeux de notre clergé, celui qui a de l'or
est tout, tandis que le pauvre diable n'est riemf
Aussi, voyez les prêtres l'œuvre comme
ils savent exploiter le genre humain.
Ils ont, la disposition des fidèles, des mes
ses de troisième, deuxième et première classe.
La première classe est destinée ceux qui
sont très-riches, ceux qui doivent se payer
une route vers le ciel, coups de pièces de cent
sous.
Quant ceux qui ne se paient que des mes
ses de troisième classe, c'est le menu fretin au
quel le catholicisme retire ses faveurs et ses
grâces.
C'est ainsi qu'ils entendent l'égalité et la fra
ternité.
Il n'y a pas d'hommes qui se jettent plat
ventre devant la richesse, comme les membres
du clergé.
Après cela, si les ouvriers veulent voir dans
la pensée du Courrier de Bruxelles, un remède
aux maux dont ils souffrent, c'est qu'ils ne sont
pas difficiles.
La Flandre libérale caractérise ainsi la con
duite de notre Premier dans la question mili
taire
Un ministre peut manquer de talent, d'élo-
uence, mais ce qu'il doit avoir avant tout c'est
e la bonne foi, de la conscience, de la dignité;
ce dont les ministres libéraux n'ont jamais
manqué.
Nous le demandons, comment tomberait ja
mais un cabinet dont le chef plie avec l'élasti
cité du caoutchouc, souffle alternativement le
chaud et le froid, affirme et nie, et n'a qu'un
souci la conservation de son portefeuille.
La mission de faire cesser ces palinodies in
combe au corps électoral.
Espérons qu'il n'y faillira pas.
Cachez vos valeurs la guerre doit être im
minente. On vient de donner au département
de la guerre les ordres les plus sévères pour
interdire aux profanes l'entrée des bureaux.
Des caporaux, vrais cerbères, sont postés dans
le corridor pour arrêter tous les visiteurs et les
conduire dans un parloir où ils sont gardés
vue.
Parloirs dans les casernes, parloir au minis
tère, partout parloir et mystère. Le général
Pontus doit avoir un plan,comme Benedeck.
M. le colonel Crousse a adressé la Gazette
de Liège une lettre pour protester contre d'o
dieuses attaques dirigées contre l'armée par
de l'administration des douanes le jugeront bon, ceux de
ces animaux qui ne seraient point dans ses élables.
L'administration fera dresser, sans frais pour le culti
vateur, mais non sans vexation pour lui, un inventaire des
dits bestiaux comprenant le signalement particulier de
ceux-ci et les marques dislinctives pouvant déterminer
leur identité. C'est ce qu'on appelait jadis la formalité de
l'inventaire, et il n'est aucun fermier qui n'ait protesté
contre les vexations sans nombre auxquelles donnait lieu
cette formalité
A ceci venait s'ajouter autre chose encore les posses
seurs ou détenteurs de bestiaux voyaient suspendre pour
eux la garantie constitutionnelle de l'inviolabilité du do
micile. Ils étaient soumis, en tout temps, la visite des
employés du fisc venant faire, même dans leurs étables,
le recensement et la vérification de leurs bestiaux. Bien
plus, ces cultivateurs devaient, sous peine de devoir payer
des amendes très-élevées (80 francs par tête de bétail
manquant) déclarer endéans les 24 heures, au bureau de
l'administration ou la maison communale, toute muta
tion par suite de vente, de cession, d'échange, d'abattage
ou de tout transfert qui se serait opéré dans ses étables
afin qu'il en soit fait mention l'inventaire du cultivateur.
A la moindre vente, il devait se hâter d'avertir l'autorité";
sinon gare l'amende. On comprend combien ce système
devait favoriser le commerce du bétail.
Ce n'est pas tout ces vexations n'étaient pas les plus
considérables.- Dès que le régime des droits d'entrée est
établi, le cultivateur ne peut plus envoyer librement son
bétail un marché. Celui-ci ne peut même circuler, dans
le territoire du rayon de la douane, sans que le conducteur
ne soit muni de l'inventaire ou d'un acquit caution levé
par le cultivateur au bureau de la douane
Comme toute celte paperasserie, nécessaire quand on
veut prélever un droit d'entrée sur le bétail étranger, est
de nature faciliter les transactions du cultivateur Et
cependant il doit se soumettre, il doit être en règle et
nanti des pièces ou si non gare la confiscation Car c'est
encore un des jolis résultats de la proposition de M. Du-
mont que de devoir autoriser le fisc saisir et confisquer
le bétail dont l'existence légale n'est pas justifiée par un
acquit caution ou un inventaire régulier.
III
M. Beemaert a officiellement annoncé la section cen
trale qu'il ne présenterait pas de projet de loi sur le service
personnel. Ainsi se vérifie une fois de plus l'appréciation
de M. Frère accusant le chef du cabinet de ruser avec le
Roi, avec la Chambre et avec le pays, sur cette question
qui touche aux intérêts de l'ordre le plus élevé. M. Beer-
naert s'était solennellement engagé tenter au moins de
la résoudre. A mesure que cette réalisation semble plus
facile, il recule. La Chambre a voté le principe du service
personnel. Cela ne compte pas. Une section de la commis
sion du travail vient de l'adopter son tour. Cela ne
compte pas non plus. Qu'est-ce dire, sinon que l'enga
gement de M. Beernaert était pris avec l'arrière pensée de
ne pas le tenir