N° 6. Dimanche,
25 Janvier 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'œuvre criminelle du parti
clérical.
47e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 22 Janvier 1887.
Le Précurseur observe aujourd'hui que la
Belgique est la seule nation en Europe qui n'ait
point l'instruction obligatoire.
Mais, non-seulement elle se sépare, sous ce
rapport, de tous les pays civilisés, elle a de plus
le déshonneur de posséder un gouvernement
assez oublieux de ses devoirs pour faire la
guerre aux écoles publiques.
Nous avons sous les yeux la statistique offi
cielle dressée par les soins de M. Thonissen,
des ravages de la loi maudite.
En trois mois nos adversaires, ou plutôt nos
ennemis et les ennemis du pays ont détruit 836
écoles communales, fréquentées par 14,394 élèves.
En tout, 1,778 écoles publiques détruites, fré
quentées par plus de trente-six mille élèves.
Yoilà l'œuvre criminelle du gouvernement
clérical et de son parti.
Et quel moment ont-ils accompli ces des
tructions sauvages
C'est quand les statistiques gouvernementales
faisaient l'Etat une obligation plus impérieuse
que jamais de veiller l'éducation des masses.
En effet le rapport triennal qui vient d'être
publié sur l'enseignement primaire et dont les
renseignements s'arrêtent l'arrivée des cléri
caux au pouvoir en 1884 donne les chiffres sui
vants sur le degré d'instruction des jeunes gens
appelés au tirage au sort pour le service mili
taire en 1882, 83 et 84.
Sur les 154,830 inscrits, 23,694 ne savaient
ni lire, ni écrire
4,678 savaient lire seulement.
72,866 savaient lire et écrire.
50,592 possédaient une culture plus com
plète.
Sur le nombre de 72 mille, renseignés com
me sachant lire et écrire, combien en est-il
dont l'instruction laissait énormément dési
rer? On le sait aujourd'hui, après les examens
auxquels les miliciens ont été soumis par les
soins de la Commission d'enquête scolaire.
Bref, un tiers des miliciens pouvait être con
sidéré comme possédant les éléments d'une
bonne instruction primaire.
Et c'est lorsque ce pénible état de choses
était constaté, lorsqu'il imposait aux gouver
nants le devoir de redoubler d'efforts pour la
propagation de l'enseignement et même d'éta
blir le régime de l'obligation de l'éeolage pour
en finir avec une ignorance des plus dange
reuses, c'est ce moment-là que les cléricaux,
revenus au pouvoir, se ruèrent sur les écoles,
comme les barbares sur l'empire romain, et se
mirent les saccager et les détruire en vrais
vandales
Le souvenir de ces forfaits injustifiables et
inexpiables devrait être toujours présent
l'esprit de tous les libéraux dignes de ce nom,
et les animer contre leurs ennemis pour la plus
prochaine et la plus implacable des revanches.
On nous écrit de Bruxelles
Attendez-vous du nouveau, un change
ment vue, dont les grands maîtres de nos pe
tits maîtres ont .-donné le signal. La question
militaire se dressant comme un écueil sur le
quel la barque de Saint-Pierre, pourrait en se
heurtant, se faire de fortes avaries, lors de la
prochaine tempête électorale, les pilotes se
raient résolus autoriser les députés de la
droite voter la réforme réclamée.
On ne doit pas chercher loin la cause de ce
revirement subit, qui se serait produit après
l'entretien que le ministre de la guerre a eu
récemment avec le Roi. Ce revirement c'est
l'épée de Damoclès, de la dissolution suspendue
sur le Parlement. Or, si forte que soit la majo
rité, elle pourrait se fondre au feu patriotique
qui agite le pays en présence des éventualités
qu'il prévoit, si les menaces de guerre deve
naient une réalité.
Le langage que tient notre endroit les jour
naux étrangers qui commentent l'attitude du
gouvernement aurait aussi beaucoup d'influen
ce sur le ministère qui, en fin de compte, ne
cherche, ne veut qu'une chose rester au pou
voir au prix même de toutes les palinodies.
On sait quelle mesure inouïe les frocards
liégeois sont parvenus faire prendre contre
M. te colonel Crousse, qui avait relevé si verte
ment les outrages lancés aux officiers de l'ar
mée par les rédacteurs-sacristains de la Gazette
de Liège.
M. Crousse a été puni de huit jours d'arrêts.
L'Indépendance annonce que l'honorable of
ficier demande sa mise la retraite.
C'est là une protestation évidente contre la
punition qui lui a été infligée.
La devise des officiers de l'armée sera désor
mais de se laisser traiter, sans sourciller, de
voleurs par les amis des jésuites et des
petits-frères.
Le départ de M. Jacobs pour Constantinople
est annoncé comme devant avoir lieu le mois
prochain, en pleine session parlementaire. Et
quelle session
On sait que M. l'administrateur de sociétés
Victor Jacobs, député d'Anvers en ses moments
Êerdus, va servir d'arbitre M. le baron de
iirsch dans un différend, gros de millions, qui
a surgi entre le dit spéculateur et le gouverne
ment turc.
On sait aussi que M. Bara, comme le rappe
lait hier la Gazettea refusé de s'occuper de ce
litige doré sur toutes les coutures, estimant
sans doute que l'heure est mal choisie, quand
on a l'honneur d'être député, pour déserter le
Parlement...
Jadis, alors que les purs de l'époque re
prochaient amèrement aux députés français de
toucher 25 francs par jour, le représentant
Baudin se faisait tuer sur une barricade pour
montrer comment on meurt pour 25 francs.
Aujourd'hui, M. Jacobs tient nous faire
voir comment on s'absente pour... plus de 25
francs.
L'Echo de Namur essaye de démontrer que
le Conseil communal de Ciergnon n'est pour
rien dans la mort de l'instituteur Dethise.
11 est mort n'en parlons plus.
Telle est, en somme, l'opinion du journal
catholique un vrai sentiment chrétien.
Puis il profite de l'occasion pour reproduire
cette assertion qu'en 1879, une foule crinstitu-
teurs croyants ont été mis sur le pavé par le
gouvernement libéral.
Et l'Echo de Namur sait que cela n'est pas
vrai. Ces instituteurs se sont refusés rester
en fonctions sur l'ordre ou les conseils du
clergé, qui leur promettait de riches compen
sations.
Mais un mignon mensonge ne répugne ja
mais aux organes du Saint-Esprit.
Le correspondant bruxellois du Journal de
Liège raconte, en ces termes, uu incident qui
se serait produit la Cour lors de la réception
du jour de l'An
Le rapport sur le budget du ministère de la
justice vient d'être distribué. Il s'occupe sur
tout des vices qui ont été constatés dans l'orga
nisation des justices de paix. La section cen
trale estime qu'en vue de sauvegarder la dignité
des juges de paix, il conviendrait d'opérer la
conversion des émoluments perçus par les ju
ges et les greffiers en droits au profit du trésor.
Elle estime encore que la connaissance des af
faires commerciales devrait être déférée aux
juges de paix, si celles-ci ne dépassent pas 300
francs.
Le rapport signale les événements qui ont
eu un retentissement douloureux et profond
et qui ont démontré que les juges de paix les
LE PROGRES
VIRES ACQUIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'-édiUAur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France etjle Belgique s'adresser A l'Agence Bavas, Bruxelles, 8»,
MarcfnTàïïx Herbes.
Plus 191 écoles gardiennes, fréquentées par
5,963 enfants.
Plus 771 écoles d'adultes, fréquentées par 15,434.
=-$-=
Il n'est pas trop tard, je pense, pour vous mander un
détail inédit et d'ailleurs absolument authentique de la
réception royale du jour de l'an.
Pendant le défilé des hauts fonctionnaires du départe
ment de l'intérieur et de ce qui reste de l'instruction pu
blique, le Roi avisa M. Beco.
Monsieur le secrétaire, lui dit-il avec ce fin sourire
que vous connaissez, c'est une matière bien délicate que
celle de l'enseignement. On ne saurait la traiter avec trop
de prudence. Il y a bien des aspérités qu'il faut s'appliquer
adoucir
Aussitôt M. Thonissen d'intervenir et de faire mine de
se mêler la conversation. Mais le Roi, toujours souriant
de la manière la plus aimable, l'arrêta aussitôt.
Je connais, mon cher ministre, lui dit-il, le rôle im
portant que joue M. Beco dans votre département, et c'est
pourquoi j'ai jugé nécessaire de lui faire part directement
de mes observations.
Inutile d'ajouter que ce petit épisode a été remarqué des
assistants, mais, comme ils n'étaient pas nombreux, il a
fallu quelque temps pour que le fait fût connu.