Maintenant que la partie non-officielle du Moniteur est supprimée, on pourrait croire 3ue la partie officielle est imprimée avec plus e célérité et d'exactitude. On se tromperait, et de beaucoup. Les arrêtes qui épandent la manne budgé taire sur ces Messieurs du clergé, continuent, cela va sans dire, paraître avec la plus grande régularité il y en avait encore peu prés cinq colonnes dans le numéro d'avant-hier mais pour le reste, on procède la manière des ca rabiniers d'Offenbach. C'est ainsi, par exemple, que les Annales Parlementaires nous ont ap porté seulement le 16 Février la fin du compte- rendu de la sêhnce tenue par le Sénat le 9 Février. 11 serait difficile de se hâter... plus lentement. La Belgique militaire apprécie dans les ter mes les plus sévères la conduite de la majorité de la Chambre qui, par son vote d'il y a huit jours, a décidé que fa discussion du droit sur les bestiaux passerait avant la discussion du service personnel. Voici comment elle s'expri me Ne dirait-on pas que le parti clérical cher che justifier cette appréciation de Michelet dans son Histoire de la Révolution française La Belgique est un pays hétérogène qui ne sut jamais s'unir et se défendre. L'Angleterre et la neutralité belge. La Gazette universelle de Munich, ancienne Gazette dAugsbourgdans un article sur la neutralité belge, n'admet pas du tout l'inter— Îrétation donnée par le Standard au traité de 839, mais elle arrive la conclusion que, s'il fallait l'accepter, mieux vaudrait la formelle annulation de ce traité et le rétablissement de la Belgique dans les mêmes conditions que les autres pays indépendants Le Journal de Bruxelles fait suivre ces lignes des commentaires que voici Le pays ne demanderait pas mieux que de partager la conviction du Journal de Bruxel les-, pour peu qu'elle soit fondée ou justifiée. Une déclaration gouvernementale ce sujet, si elle pouvait se produire, serait la bienvenue. Le Times et le Standard.» Le Timesson tour, approuve hautement les mesures de défense prises ou annoncées par la Belgique. Une neutralité ainsi protégée, dit- il, a beaucoup de chances d'être respectée. Le Standard s'exprime dans le même sens. Dans tous les cas, ajoute le Timesil n'est ni politique, ni digne de la part de l'une ou de l'autre des puissances garantes de répudier d'avance leurs obligations envers la Belgique, obligations inscrites dans une solennelle con vention internationale. Tout ce qu'on peut dire actuellement, c'est que la Belgique et la Suisse, en s'apprêtant défendre leurs territoires en cas d'invasion, diminuent considérablement les probabilités d'un pareil malheur. On ne croit les petits Etats prêts faire des sacrifices jour se défendre que du jour où ils donnent la jreuve de cette disposition, et c'est ce que la Belgique vient de faire. Quant au bruit d'après lequel la Russie au rait garanti l'indépendance de la Belgique, il est simplement destiné sans doute faire com prendre l'Allemagne que la Russie n'obser vera une attitude de bienveillante neutralité, en cas de guerre franco-allemande, que si le gouvernement allemand la désintéresse. La frontière franco-allemande. Le correspondant allemand du Précurseur écrivait il y a quinze jours La Eisen Zeitungfeuille spécialiste, confirme implicitement cette appréciation en publiant l'information que voici Certains journaux tirent argument de cette effroyable force de destruction pour établir la complète inutilité des fortifications. Il y a lieu cependant de faire remarquer que les effets des obus mélinite qui sont si terribles ne peuvent se produire que si des laiteries réussissaient s'éta blir portée. C'est un journal français qui en fai sait la remarque il y a quelques jours en rappor tant les expériences faites sur le fort de la Malmaison. Il s'agit de s'avoir, comme le dit Y Etoilequi s'occupe également de la question, si les nouveaux ouvrages construire pour résis ter aux nouveaux moyens d'attaque ne pourront pas être conçus de façon empêcher l'établisse ment portée des batteries la mélinite ou autres matières. Or, nous sommes persuadés qu'un ingénieur aussi illustre que le général Brialmont, soucieux autant de conserver sa ré putation que de bien défendre son pays, n'entre prendrait pas des travaux qui pussent si facile ment qu'on le dit sauter entre ses mains. Les batteries de défenseavec ou sans coupole, elles seront tout établies, et l'on peut être certain qu'elles verront clair et porteront loin, sans compter qu'elles aussi auront leurs engins ex plosifs au contraire les batteries d'attaque de vront venir de loin et auront chercher les moyens de s'établir portée des autres, et ce sera toujours là pour les batteries d'attaque une cause évidente d'infériorité. Les fortifications de la Meuse. La demande de renseignements complémen taires formulée laChambre par M.Frère-Orban a amené une communication de M. le ministre de la guerre. L'honorable général Pontus a d'abord expli qué le laconisme de l'exposé des motifs par son intention de fournir des renseignements plus dé taillés la section centrale, qui d'ailleurs n'est pas encore constituée. Il a donné lecture d'une note exposant en sub stance les points que voici Les travaux projetés sur la Meuse sont néces sités par les progrès de l'artillerie. A Liège, la citadelle et la Chartreuse seront démolies et remplacées par 6 forts et 6 fortins. Forts et fortins seront de petites dimensions. Une compagnie d'infanterie suffira la défense de chaque fort; un peloton pour chaque fortin ceci indépendamment de 1 artillerie, bien en tendu. Ces forts seront situés une assez grande dis tance de la ville, 7 8 kilomètres. Le ministre du reste indiquera sur plans les situations exac tes, en section centrale. A Namur, on ne démolit pas, on renforce les ouvrages existants: la citadelle et 3 lunettes, auxquelles on ajoute 3 forts 6 kilomètres de la ville, ouvrages qui seront complétés par des re doutes. Ces travaux seront compléter, en temps de guerre, par des fortifications passagères. Coût de chaque fort 2 millions. De chaque fortin 1 million. Les projets ont été étudiés avec le plus grand soin par le lieutenant général Brialmont dont la compétence fait autorité dans le monde entier. C'est dire qu'ils seront la hauteur de toutes les exigences de la tactique. C'est par cet hommage l'éminent ingénieur militaire, que M. le ministre de la guerre a ter miné la lecture de sa note. Vérité cléricale. M. le sénateur Emile d'Oultremont, dans la séance du 11 Février a prononcé un discours dont nous extrayons ce passage Dans l'arrondissement d'Ath existe le vil lage de Bouvignies qui a mis au traitement d'attente une institutrice communale. Or, au lieu de 600 francs, montant de ses anciens ap pointements, elle en touche aujourd'hui 1,200 Aussi le fils du bourgmestre s'est-il empressé d'épouser cette rentière [Rires droite). Or, dit l'Echo de la Dendre, le fils de l'hono rable bourgmestre de Bouvignies, M. M. Francqué, est âgé aujourd'hui d'environ six ans Se marier cet âge, voilà un gaillard qui promét. Les petits employés. Une véritable exaspération contre le gou vernement de la prospérité nationale règne dans les rangs des petits employés. Non seule ment aucune des belles promesses électorales de 1884 n'a été tenue; mais jamais, sous aucun ministère, ces modestes fonctionnaires n'ont été traités de la sorte. Le Moniteur des em ployés accuse formellement Fontanarose-Beer- naert de faire des économies sur le pain des serviteurs de l'Etat. Voici son article Le chef du cabinet, M. Beernaert, viole les lois de l'équité et de la justice en nous pri vant d'un avancement mérité par un labeur pénible et continu, par un dévouement au bien Ce vote scandaleux, le mot n'est pas trop fort, qui nous couvre de honte aux yeux de l'étranger, a consterné l'ar mée et toute la partie saine du pays. Le cœur nous man que pour caractériser comme elle le mérite la conduite de la majorité. Qu'importe l'indépendance de la Belgique Les grands propriétaires seront satisfaits. Que les charges militaires continuent peser unique ment sur le peuple, que le recrutement de notre armée reste défectueux en tombant sur les prolétaires seuls, qu'est-ce que cela peut faire aux égoïstes de nos Cham bres Quant aux amis de notre liberté, de notre indépendance, il ne leur reste plus qu'à se résigner en se disant triste ment qu'à Bvzance les délégués de la nation se querel laient aussi pendant que l'ennemi était aux portes. M. le comte d'Oultremont a voté, lui-même, contre la mise l'ordre du jour de son projet En France, au contraire, et presque au même moment, la Chambre des députés votait, la presque unanimité, 86 millions pour la réfection de l'armement. En Allemagne, le Reichstag n'a refusé ni un homme, ni un marc M. de Bismarck. Ce qui est en question, c'est le septennat. En Belgique, on dispute l'armée ses éléments les plus nécessaires. Les exemples de patriotisme qui nous vien nent de l'étranger sont sans effet sur notre tempérament. Pauvre Belgique La Belgique, dit le journal allemand, aurait du moins ainsi sa complète liberté d'action politique. Sa neutralité lui impose des devoirs qui n'ont comme contre-partie que le droit platonique d'invoquer la protection des cinq grandes puissances. On se souvient que l'été dernier, lors- que quelques journaux belges et hollandais proposèrent une alliance défensive belge-hollandaise, on répliqua bien vile que c'était une combinaison illégale, la Belgique, en qualité de pays-neutre, ne pouvant conclure d'alliances. Ainsi on tire du traité de 1839 un argument important contre la Belgique. Mais lorsqu'on invoque ce traité en sa faveur, toutes les puissances garantes font valoir quelque prétexte pour ne pas l'appliquer. De tout cela la Belgique n'a rien tirer qu'un enseigne ment, c'est de se soucier du traité de 1839 aussi peu que les puissances garantes. C'est assurément un phénomène regrettable de notre époque qu'on ait cesser de respecter les traités, qu'on considère les conventions comme une affaire de forme et qu'on ne regarde plus les signatures apposées au bas d'un traité comme obligatoires. Mais le proverbe dit Il faut hurler avec les loups Si la Belgique acquiert la certitude qu'elle n'a attendre de personne une protection pour sa neutralité, elle ne se souciera plus du traité de 1839, et elle cherchera les alliances profita bles son indépendance nationale là où elle les trouvera. Heureusement la certitude dont parle la Gazette uni verselle n'existe pas. Il n'est nullement établi que la Bel gique doive faire en vain appel la protection des puissances garantes. En ce qui concerne notamment l'An gleterre, ce ne sont jusqu'à présent que des articles de journaux qui ont constaté l'inclination de celte puissance se désintéresser de la défense de la neutralité belge. Nous sommes persuadés que le gouvernement britannique n'est point disposé s'approprier les idées émises par ces journaux. a OQO-fr-» Somme toute, mulatis mutandis, loin qu'il soit démon tré que la pénétration de l'armée allemande en France par la frontière commune aux deux pays serait impossible, il n'est pas même certain qu'elle serait beaucoup plus difficile qu'en 1870, au point de vue, bien entendu, des forteres ses. A Commerdorf, sur la place de tir, ont été entrepris des essais de destruction avec les mortiers nouvellement construits et de nouvelles matières explosibles, contre un fort qui représentait exactement les forts d'arrêt que la France a placés sur ses chemins de fer. On réussit, grâce ces nouveaux moyens de destruc tion, faire disparaître souffler totalement du sol tout le fort d'arrêt, et cela en quarante-huit heures de temps.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 2