N° 20. Dimanche, 47e ANNÉE. 15 Mars 1887. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI Et LE DIMANCHE. Revue politique. La Flandre libérale trace en ces termes le ta bleau de la situation actuelle de la Bulgarie Le gouvernement bulgare vient d'appliquer dans la principauté un régime de terreur bien caractérisé et fait montre d'une cruauté qui lui aliénera les sympathies qui lui étaient restées. Il paraît que les personnes arrêtées la suite de l'insurrection de Silistrie, jetées en prison, ont reçu toute la nuit des coups de knout. L'ancien régent, M. KaravelofF, aurait même été plus maltraité que les autres, et serait presque mourant. Si ces traitements continuent, ils ne tarderont pas succomber tous. Les officiers ont "Un langage très-violent ils" disent qu'ils échar- Seront tous les détenus et ils se livrent en fait e véritables actes de sauvagerie. A Sofia, plus de cinquante personnes, parmi lesquelles des notabilités politiques et d'anciens ministres, sont menacées d'une mort terrible la plupart ont été arrêtées sur de simples soup çons. Le major Popoff, commandant la place de Sofia et M. Radoslavoff font surtout remarquer par leur cruauté on asfeure que le procureur militaire Panitza a frappé lui-même des détenus. L'ordre paraît être rétabli presque partout, mais Sofia les arrestations continuent. A Roustchouk, 13 officiers ont été blessés. A Sofia, on désarme la police qui parait suspec te. Les prisons sont remplies de détenus politi ques. 87 sont actuellement sous les verrous. On les laisse mahquer de tout Cinq officiers sont morts sous le bâton. La régence expulse de Sofia tous ceux qu'elle considère comme hostiles. Des soulèvements ont éclaté de divers côtés en pro vince, et pendant la nuit de Samedi Dimanche des détachements de troupes et des munitions sont sortis de la ville. C'est l'anarchie en plein, comme on voit. Le Parlement allemand a voté le projet rela tif au septennat par 223 voix contre 48 et 83 ab stentions. 1 Ypres, le 12 Mars 1887. Le droit d'entrée sur le bétail. Le projet de loi sur le bétail et les viandes est plus gros de conséquences qu'il n'en a l'air. Dans la pensée de ses auteurs, ce n'est qu'un début, une entrée en matière. S'il passe, il ouvrira la voie toutes les ma nigances protectionnistes. Après l'impôt sur le bétail et les viandes, viendra l'impôt sur le blé et le grain. Puis arrivera l'époque des augmentations de tous ces impôts de consommation. En résumé, la Belgique passera par la même filière protectionniste que la France. Chez nos voisins du midi, on a commencé par imposer le blé d'un droit d'entrée de 3 fr., on en réclame maintenant un de cinq et de sept francs. On avait taxé les bœufs d'un droit de 25 fr., les vaches de 12 fr., les protectionnistes pro- osent actuellement de porter ces droits 60 et 0 fr. El ces exigences acceptées, ils ne seront pas encore satisfaits. Mis en appétit, ils réclameront des élévations de droits jusqu'à la fermeture des douanes aux produits de l'agriculture en attendant l'application du système aux produits de l'industrie. C'est pourquoi, si l'on est convaincu des effets pernicieux de la protection, il est absolument nécessaire que l'on résiste de toutes ses forces l'introduction du système, proposée par le banc de Nivelles, et il faut faire une résistance désespérée la première loi Dumont. Nous apprenons, dit la Nation, que bon nom bre de représentants de la gauche ne voteront les crédits pour les fortifications de la Meuse qu'à la condition expresse que les effectifs de 1 armée de campagne soient élevés en propor tion du nouveau plan de défense. Ces membres estiment que les opérations actives doivent pou voir être confiées 100,000 hommes et que les lignes d'Anvers et de la Meuse doivent être dé fendues par des troupes supplémentaires. Ils sont aussi d'avis que l'élargissement de notre recrutement devra être demandé au service personnel obligatoire. Dans ces conditions et si le cabinet persiste ne point s'attacher faire triompher ce prin cipe, il éprouvera un échec quant la Meuse. Le service personnel. On écrit de Bruxelles au Précurseur M. Woeste va raconter partout que le service personnel ne passera pas et qu'il ne saurait pas ser parce qu'il n'y a pas de projet acceptable. Cette absence de tout projet acceptable fait la joie de M. Woeste et il en est convaincu lui assure le triomphe. Pas de projet, pas de vote dit-il. Il serait facile de déjouer ces calculs ou bien en votant le principe du service personnel, quitte en régler l'application ultérieurement ou bien en invitant ceux qui seraient capa bles de rédiger un projet semblable se mettre immédiatement l'œuvre. Comme le service personnel est appliqué pres que partout, il ne serait pas difficile, croyons- nous, de trouver des textes pouvant servir, avec plus ou moins de changements, pour la Belgique. M. Beernaert demande le service personnel et les forteresses. S'il s'aperçoit qu'il a besoin de conclure un marché avec M. Woeste, il lâchera provisoirement le service personnel pour se contenter des forteresses. Reste savoir si M. Woeste accepterait cette convention, car son idée est d'affaiblir l'armée comme il a déjà contribué affaiblir l'instruc tion publique. Il faut qu'en Belgique il n'y ait de puissant que l'Eglise. Alors seulement M. Woeste sera content. Il a été question, nous assure-t-on, de nom mer M. le lieutenant-général Brialmont com missaire du Roi pour défendre la Chambre ses projets de fortifications de la Meuse, comme feu le général Renard fut chargé, en 1858, de soutenir avec le général Berten, ministre de la fuerre, le premier projet d'agrandissement 'Anvers au Nord, lequel, on s'en souvient, fut rejeté par la Chambre. M. Brialmont n'a pas consenti soutenir ses projets côté du ministre de la guerre actuel, mais il a été décidé qu'il les exposera lui-même et les défendra dans les sections. M. le lieutenant-général Vander Smissen sera aussi entendu dans les sections. La discussion portera, d'après nos renseigne ments, sur l'étendue des fortifications de Liège et de Namur et sur le nombre d'hommes qu'il faudrait pour les défendre. [Etoilej. Lettre agricole. PARIS, 5 Mars. Comme vous le savez par vos autres correspon dances, c'est le relèvement du tarif douanier des céréales qui tient toujours la corde au Parlement et dans notre monde agricole. Toutes les séances ont été remplies par la lutte qui se poursuit en tre les deux camps opposés. De part et d'autre on a fait donner les grosses pièces, M. Maurice Rouvier et M. Méline, favorisés tous deux du prestige que donne le titre d'ancien ministre. Chose bien remarquable, dans ce gros duel où sont en jeu les intérêts vitaux de notre économie rurale, tout le monde aura pris la parole sauf les véritables intéressés, c'est-à-dire les agriculteurs de profession, ceux qui par conséquent peuvent le mieux dire où le bât les blesse. Parcourez les noms des principaux orateurs, vous y rencon trerez deslettrés, des poètes, des hommes du monde recherchés pour leur aimable entrain jouer la comédie de salon, des journalistes d'in finiment d'esprit, quelques propriétaires fonciers qui ne s'occupent guère d'agriculture que pour toucher leurs fermages, et des avocats, surtout des avocats, plaidant la cause agricole comme ils plaideraient le mur mitoyen ou quelque autre procès plus ou moins sensationnel. Tous sont sans doute des avocats de talent, pleins d'éloquence convaincue quelques-uns même jouissent d'une autorité incontestable et connaissent l'art d'ébranler les convictions les plus fermes. Aussi le résultat n'est-il douteux pour personne, et pas plus tard qu'hier l'un de nos députés les plus sympathiques, bien que par tisan déclaré du relèvement des droits, me di sait, non sans une nuance d'ironie, que nous serions battus, ce qui est parfaitement certain, il faut bien l'avouer. Je me trompe, cependant, quand je dis que pas un agriculteur député n'avait élevé la voix pendant ce débat si grave. Il y en a eu un, M. Lesage. de sa profession cultivateur, fermier, comme il le dit lui-même au début de sa trop courte allocution, Dun-sur-Auron, départe ment du Cher. Si tout ce que prétendent les partisans des droits est vrai, M. Lesage, qui est du métier, qui travaille lui-même sa ferme, qui est au milieu d'ouvriers ruraux, devra nécessairement se joindre eux, et confirmer leurs dires. Or c'est tout le contraire qui a lieu. Oui, M. Lesage déclare catégoriquement que la mesure proposée n'améliorera en rien la situa tion de la masse des cultivateurs, de ceux qu'il appelle les vrais cultivateursparce qu'ils culti vent vraiment leurs terreB. LE PROGRES TIRES ACQDIRIT EUWRO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1