électiojT^^d^ostende
11 AVRIL.
Comme nous n'avons pu obtenir des ren
seignements détaillés et exacts au sujet du pro
cède employé, il nous est impossible d'émettre
ce sujet une opinion absolue. Il nous semble
toutefois que le procédé suivi est bon. Il est vrai
que la peinture du Dragon a beaucoup souffert
déjà, mais nous croyons que sa détérioration a
été occasionnée par la circonstance que la pein
ture a été exécutée quelques mois peine après
qu'une grande partie de la muraille sur laquelle
elle a été appliquée, eut été maçonnée en vue de
fermer une porte existant anciennement en cet
endroit. L'humidité de la maçonnerie nouvelle
devait être fatale toute peinture, quelqu'eût
été le procédé employé, et il eût par conséquent
été prudent d'attendre plusieurs années avant de
procéder la décoration picturale de cette mu
raille. La preuve que la détérioration n'est pas
le fait du procédé, c'est que le tableau du Franc-
Marché, peint sur une maçonnerie ancienne, n'a
pas souffert. Victor de STUERS.
Bruxelles, le 29 Mars 1887.
Monsieur Vanheule, Bourgmestre de la ville
d'Ypres.
M'étant rendu le 16 Mars Ypres sur votre
invitation, je m'y suis rencontré avec M. de
Stuers, Directeur des Beaux-Arts de Hollande.
Vous nous avez demandé de faire un rapport sur
les peintures exécutées par Monsieur Delbeke
aux Halles.
Monsieur de Stuers ayant dû se rendre direc
tement en Hollande, nous n'avons pas eu l'oc
casion de nous entendre,et il vient de m'envoyer
le rapport qu'il a fait, me laissant libre si je ne
l'approuve pas entièrement d'en faire un sépa
rément. Tout en reconnaissant la grande
compétence de Monsieur de Stuers, je me sépare
de lui, sur des questions de détails, mais qui ont
une grande importance sur l'ensemble que l'on
peut exiger d'une peinture fresque.
Ma première impression en voyant les pein
tures de Monsieur Delbeke a été qu'elles font
admirablement corps avec l'édifice, et qu'elles"
surprennent comme celui-ci par un aspect fran
chement original et inattendu. Elles dénotent
une vive imagination et sont au point de vue dé
coratif et au point de vue de la couleur d'une
distinction rare. Ces hautes qualités qui s'affir
ment énergiquement dans l'œuvre de Monsieur
Delbeke empêchent presque de descendre un
examen minutieux des détails, tant elles vous
absorbent.
a Si, cependant, entrant dans un examen,
quelques détails n'ont pas la correction que
certains critiques désireraient, je ne saurais en
faire un grief, car ils sont si complètement en
harmonie avec l'âge de l'édifice qu ils semblent
avoir été savamment voulus.
a Je ne puis partager l'opinion de M. de Stuers
dans son appréciation du second panneau repré
sentant le Magistrat d'Ypres ouvrant la porte
de la ville des marchands étrangers. Mon
sieur de Stuers trouve cette composition moins
serrée et critique la perspective assez profonde,
qui d'après lui rentre plutôt dans les idées mo
dernes et s'éloigne des principes admis au
Moyen-Age.
n 11 n'y a pas de règles qui donnent la mesure
exacte de la quantité de perspective que l'on
peut employer dans la peinture des édifices du
Moyen-Age et je ne vois pas que la perspective
dans ce panneau soit outrée au point de faire
songer une percée dans le mur.
n II est évident que la peinture murale doit
être subordonnée avant tout l'ensemble de
l'édifice. Mais si l'on voulait raisonner cet .art
au point de vue purement rationnel et logique, il
faudrait commencer par supprimer les sujets,
car il est impossible d'exprimer des scènes com
pliquées sans l'intervention de plans différents,
par conséquent sans perspective et, il n'est
pas logique du moment où l'on admet deux
filans de ne pas en admettre davantage, mais si
'on en admet plusieurs, que devient cette pre
mière convention qui dans la peinture des per
sonnages n'admet qu'un seul plan, par l'usage
de tons plats sans secours d'ombres nt de mo
delé
n Ce n'est donc pas avec la logique pure que
l'on arriverait la solution du problème, mie
conduirait plutôt n'admettre plus que des fri
ses de personnages au même plan, et se déta
chant sur un fond plat sans air.
Ce n'est pas ce que l'on désire aux Halles
d'Ypres. Je trouve qu'à cet égard une certaine
latitude doit être laissée l'artiste, et il n'y a
pas craindre que Monsieur Delbeke heurte le
goût sous ce rapport. Du reste, en restreignant
ses moyens d'action il y aurait craindre de la
monotonie dans l'aspect des autres tableaux qu'il
aurait faire.
Quant la solidité de la peinture, je n'ai au
cun doute émettre. L'accident survenu au ta
bleau du Dragon était inévitable quelqu'eût été
le genre de peinture adopté, aucune peinture
ne pouvant résister sur un mûr humide.
Avant de retoucher cette peinture, il serait
prudent d'attendre que le mûr fût bien sec.
En résumé, Monsieur le Bourgmestre, pour
répondre la confiance que vous avez eue en
moi en me demandant mon avis sur les peintures
de Monsieur Delbeke, je me fais un cas de con
science de vous dire qu'il serait très-désirable
que la suite du travail lui fût confiée et que s'il
continue dans la voie des spécimens que j ai vus,
son travail honorera certainement ceux qui l'au
ront encouragé.
Veuillez agréer, Monsieur le Bourgmestre,
l'assurance de ma haute considération.
Alfred CLUYSENAER.
En voilà assez. Nous avons hâte, et nous
le disons avec bonheur, de rendre hommage
l'unanimité et la puissance d'expression de tous
ces rapports. Il y a entre eux concordance par
faite quant au fond. Après cela le doute n'est
plus permis et la conclusion en ressort claire et
nette.
Avant de donner lecture de ces derniers docu
ments, M. le Bourgmestre, dans la séance du 2
Avril dr, avait communiqué au Conseil, une let
tre du Ministre annonçant que la Commission
des Monuments a approuvé les esquisses des
panneaux en projet par M. Delbeke, et que ce
haut fonctionnaire se ralliait aux conclusions de
ce Collège.
Là-dessus eut lieu le vote du Conseil. On sait
le reste. Tout est bien qui finit bien, mais pour
un vote non escamoté en voilà un vote non es
camoté
Nous en félicitons le Conseil. Ce vote lui fera
honneur. Déjà la nouvelle s'en est répandue
dans le monde des arts et plusieurs lettres de
félicitations témoignent du bon accueil qu'elle
y a reçu.
Nous donnons un extrait d'une de ces lettres
qu'on a bien voulu nous communiquer, et elles
sont toutes dans ce ton
Je vous remercie de l'attention que vous
avez eue de m'envoyer le résultat de la séance
du Conseil communal concernant la peinture
Delbeke. Je vous félicite sincèrement et je m'en
réjouis pour la ville d'Ypres et l'artiste con
sciencieux. Ce vote deviendra un vote histori
que. L'histoire en parlera
Signé (R
Appel aux Libéraux.
Les libéraux de l'arrondissement d'Ostende,
ui sont en voyage ou qui ont changé de rési-
ence, sont instamment priés de répondre
l'appel que leur fait l'Association Libérale de
cette ville, en venant prendre part au scrutin
de Lundi prochain Avril.
La désinvolture avec laquelle les cléricaux
traitent leurs hommes, l'obéissance passive
qu'ils leurs imposent ont quelque chose de ser-
vile, qui répugne la dignité et amoindrit con
sidérablement les instruments dont ils se ser
vent.
Ainsi, un Bourgmestre est condamné pour
avoir pratiqué le système du pistolet sur la
gorge, envers un industriel qui défendait la
propriété d'invention, constatée par un brevet
en règle ce Bourgmestre, obligé de donner sa
démission, est gracié. Il lui faut un mandat
parlementaire. Un bon vieillard, M. Magher-
man, est sommé de se retirer et de désigner
comme son successeur M. De Malander. 11 obéit
et donne sa démission de représentant. Mais
l'opinion publique s'émeut de ces tripotages,
dont elle ne veut pas être la complice. On craint
un échec, un libéral pourrait passer et l'ex-
Bourgmestre rester sur le carreau. Que faire.
Rien de plus simple. Le bon vieillard, reve
nant sur sa décision, et ayant tout coup re
couvré ses forces, va redemander aux électeurs
de lui rendre le siège qu'il avait abondonné.
Obéiront-ils Nous en doutons. Si dociles
qu'ils soient ils ne se prêteront pas ce jeu.
Une victoire libérale serait une bonne leçon
infligée ceux qui se moquent ainsi de la jus
tice et des électeurs. Jde Bruges.)
Documents parlementaires.
Voici le texte du projet de loi que M. le mi
nistre de la justice a déposé sur le bureau de
la Chambre des représentants dans la séance
du 1r Avril et qui a pour but la simplification
de la procédure et la réduction des frais de la
procédure en expulsion des locataires de mai
sons ou appartements d'un faible loyer
B. Les garanties de durée qu'offre le procédé
employé.
Monsieur,
Monsieur,
Article premier. Lorsque le montant du loyer n'excède
pas 150 fr. par an dans les communes de moins de 5,000
habitants, et 300 fr. dans les autres communes, le juge de
paix statue sur les demandes en expulsion de locataire par
une ordonnance mise au bas de l'exploit original de ci-
talion.
L'ordonnance est délivrée la partie demanderesse.
En cas de rejet de la demande, elle est déposée au
greffe.
L'ordonnance d'expulsion détermine le délai endéans
lequel les lieux devront être vidés. Ce délai ne peut dé
passer 15 jours partir de la date de l'ordonnance, et de
celle de sa signification quand le droit d'opposition a été
réservé.
Art. 2. L'ordonnance est exécutoire sur minute sans signi
fication préalable. Elle n'est pas susceptible d'opposition.
Toutefois, lorsque la copie de la citation n'a pas été re
mise au défendeur personnellement, ou une personne
habitant avec lui, le juge de paix peut, en prononçant
l'expulsion, réserver la partie condamnée par défaut le
droit de former opposition l'ordonnance dans un délai
maximum de 3 jours partir de la signification qui en
sera faite par l'huissier de la justice de paix ou tel autre
ce commis.
Art. 3. L'opposition est signifiée conformément l'art.
20 du code de procédure civile.
Le juge de paix statue par une ordonnance mise au bas
de la copie ou de l'original de l'exploit d'opposition.
Lorsqu'elle déboute le défendeur, elle est délivrée au
demandeur et est exécutoire sans signification préalable.
Elle est déposée au greffe dans le cas où l'opposition est
admise.
Art. 4. L'ordonnance prononçant l'expulsion et celle de
débouté d'opposition sont exécutoires par provision nonob
stant appel et sans caution.
Art. 5. L'expulsion peut être opérée soit par un huis
sier, soit par un gendarme, soit par un commissaire ou
agent de police ou par un garde-champêtre.
Le procès-verbal qui en est rédigé fait mention de la
personne laquelle il a été laissé copie tant du dit pro
cès-verbal que de l'ordonnance d'expulsion, si elle n'a pas
été signifiée, et, le cas échéant, de celle de débouté d'op
position.
Il est alloué l'agent instrumentant dans les villes de
Ie classe 4 francs,
Partout ailleurs 3 francs.
Il est, en outre, accordé l'agent, lorsqu'il est obligé
de se transporter deux kilomètres au plus de sa rési
dence, une indemnité de voyage fixée 25 centimes par
kilomètre parcouru tant en allant qu'en revenant.
Art. 6. La procuration de la partie représentée par un
mandataire peut être donnée en marge de l'original ou de
la copie de l'exploit.
Art. 7. L'exploit d'opposition, le procès-verbal d'expul
sion et les copies sont exempts du timbre.
Les deux actes ainsi que la procuration du défendeur et
les ordonnances sont exempts de l'enregistrement.
Le défendeur n'est pas astreint au payement du salaire
de l'huissier pour l'exploit d'opposition, sauf recouvre
ment sur la partie adverse si elle succombe.