N° 55. Jeudi,
47e ANNÉE.
28 Avril 1887
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Dans la nuit du 25 courant, est décédé Ypres, âgé de 73 ans, Monsieur HENRI CARTON, ancien Commissaire d'Arrondissement,
Président de l'Association Libérale, de l'Association Agricole, de l'Atelier d'apprentissage et de la Société la Concorde.
Cette mort est une grande perte pour le Parti Libéral dont, depuis quarante ans, le regretté défunt était le leader et le chef
légitimement considéré.
Dernier descendant mâle d'une famille considérable et vraiment patricienne; fils d'un père qui avait, lui aussi, rendu de grands
services sa ville natale en possession d'une grande fortune dont il savait faire un noble usage jouissant d'une popularité de bon
aloi; ayant acquis, durant une longue carrière, une grande expérience des hommes et des choses doué de qualités personnelles re
marquables, Monsieur HENRI CARTON laissera un vide qu'il sera difficile de combler.
En politique, Monsieur CARTON se rattachait, et par l'âge et par les traditions de famille, au libéralisme de la vieille école, celui
de 1830 et de 1846. Homme de progrès assurément, il estimait que les conquêtes dans l'ordre des libertés publiques et des garanties
sociales, ne se peuvent maintenir qu'à la condition de répondre des besoins généraux, de satisfaire aux aspirations du plus grand
nombre et d'être entrées dans les idées avant de se traduire en faits.
Aussi, l'expérience de la vie aidant, étail-il devenu d'une grande circonspection en matière d'innovations, se disant, et non sans
motifs, que trop souvent, en politique comme en autres choses, les hommes sont disposés lâcher la proie pour l'ombre.
Ce n'est du reste pas la politique locale seule que se bornaient son activité et les soins de son existence bien occupée.
Comme Président de l'Association Agricole qu'il avait créée, et qui était son œuvre de prédilection, Monsieur CARTON a rendu de
grands services l'agriculture dans l'arrondissement. Esprit pratique là comme ailleurs, il prêchait d'exemple en expérimentant pour
son propre compte, aidant de ses conseils et de son expérience tous ceux qui s'adressaient lui.
Si. comme Président, il était l'honneur, il était aussi la peine et chacun doit se rappeler l'ardeur qu'il mettait organiser
ces remarquables expositions et présider toutes ces fêtes agricoles et tous ces concours que nous avons eus dans notre ville. Son
dévouement allait, on peut le dire, jusqu'à compromettre sa santé, et personne n'ignore que c'est au cours de la dernière exposition
que, malade déjà, il a reçu le coup qui l'a achevé.
A l'Atelier d'apprentissage et la Société la Concorde son activité et son dévouement étaient les mêmes.
D'une grande rondeur de caractère, simple et bon, on peut dire de Monsieur CARTON qu'il n'a jamais eu d'autre ambition que
celle d'être le premier bourgeois de sa ville natale qu'il aimait d'un vif et profond amour.
De tels hommes sont rares en tout temps et on ne peut que déplorer leur perte. Aussi le défunt est-il vivement regretté par tous
ceux que la passion politique n'a pas complètement envahis.
Ses funérailles sont fixées au Jeudi 28, 10 heures.
LE PROGRES
VIRES ACQUIR1T EUM»0.
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Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
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Marché aux Herbes.
Cette fois encore, on en sera quitte pour la
peur. L'affaire de Pagny-sur-Moselle n'amènera
pas de contiit entre la France et l'Allemagne
mais les incertitudes et les dangers de la situa
tion auront été une fois de plus mis en évidence
par cet incident inattendu. Voilà où nous en
sommes, s'écrie le Times c'est une paix armée
où les forces de deux Etats se touchent un
rien fait que les fusils partent tout seuls et que
la guerre éclate sans qu'on sache souvent com
ment elle a commencé. L'affaire va s'arran
ger -, mais cela ne dissipera point le malaise qui
pèse sur l'Europe, et M. John Lemoinne pour
rait rééditer son mot d'il y a quelques mois
L'allumette est par terre il suffira de la botte
d'un soldat pour l'enflammer.
Il résulte des déclarations faites par le chargé
d'affaires de l'ambassade d'Allemagne au minis-
ue, s'il
tre des affaires étrangères de France, qi
est bien établi qu'il y a eu violation cfe terri
toire, le prince de Bismarck fera immédiatement
mettre en liberté M. Schnaebelé, sans tenir
compte d'aucune autre considération au point
de vue allemand.
la
c'est- sur le territoire français que
de M. Schnaebelé a eu lieu. La presse officieuse
de Berlin soutient le contraire. Voici ce que dit
la Gazette de l'A llemagne du Nord
Nous apprenons de la source la plus sûre
qu'il est établi par l'audition des témoins que
1 arrestation du commissaire de police Schnae
belé a eu lieu sur le territoire allemand. Lui-
même aussi ne le conteste pas. Selon des infor
mations prises sur place, l'arrestation devait
avoir lieu sur la réquisition du procureur d'Etat
et du juge d'instruction dès que Schnaebelé se
ferait rencontrer sur le territoire allemand.
Schnaebelé terrassa l'agent de police allemand
qui l'arrêta et essaya de fuir vers la frontière,
mais il fut rattrape de ce côté-ci de la frontière
et conduit en lieu de sûreté.
L'accusation contre lui vise la participation
des agissements de haute trahison dans les pays
d'empire, avec abus de sa position officielle pour
les seconder. L'arrestation ne fut ordonnée judi
ciairement que lorsque des preuves concluantes
de la culpabilité de l'accusé furent acquises.
Un courrier de cabinet est parti Samedi pour
Berlia, porteur de l'enquête faite par les autori
tés françaises sur le point spécial de la violation
du territoire. Il a dû remettre cette enquête
Dimanche soir M. de Bismarck. On peut bien
compter deux jours pour la comparaison des