documents allemands et français -, de telle sorte
qu'il ne faut point s'attendre une solution
avant demain.
Mrae Schnaebelé a pu avoir une entrevue avec
son mari la prison de Metz elle a communiqué
avec lui travers deux grilles séparées par un
couloir, en présence d'un agent allemand, qui
avait pour consigne d'empêcher toute allusion
l'incident de Pagny.
Ypbes, le 27 Avril 1887.
Grandeur et décadence.
Le correspondant bruxellois du Journal de
Liègeconstate comme nous qu il y a du décou
ragement dans les paroles que M. Jacobs a pro
noncées au banquet d'Ypres.
L'ex-ministre voit non sans chagrin la dislo
cation de la majorité le jour n'est pas éloigné,
d'après lui, où cette majorité, si considérable
aujourd'hui, sera réduite sa plus simple ex-
firession. Quelles sont en effet, dit notre con-
rère, les forces respectives des partis la
Chambre La Chambre compte cent et trente-
huit membres. Au lendemain des élections de
Juin 1884, la majorité s'élevait quatre-vingt
dix-neuf membres, l'opposition était réduite
au chiffre de trente-neuf membres, soit un
écart de soixante-deux. C'est la majorité la
Blus formidable qui ait jamais existé. Depuis,
Bouvier, qui avait échappé au naufrage de
1884, est mort; il a été remplacé par M. Ensch,
libéral; la lutte a été ardente; toutes les forces
gouvernementales ont été mises en œuvre pour
amener l'arrondissement de V^irton la politi
que cléricale les électeurs ont tenu bon les
libéraux ont conservé le siège dont ils sont en
possession depuis quinze ou vingt ans. Un clé
rical de la députation de Bruxelles étant venu
mourir, les cléricaux ont engagé la lutte sur le
nom du général Jacmart l'honorable bourg
mestre de Bruxelles a été élu puis est venue
l'élection pour le remplacement du meurtrier
Vandersmissen les cléricaux n'ont plus lutté
M. Guillery a été élu, n'ayant pour concurrent
3ue le socialiste Anseele. L'arrondissement
'Ostende, que le cyclone de 1884 avait atteint
comme beaucoup d'autres, nous est revenu par
l'élection de M. le chevalier de Stuers.
Six voix ont été déplacées les libéraux sont
au nombre de quaranl-deux les forces cléri
cales sont fortes de quatre-vingt-seize mem
bres. Mais nous avons des élections dans le
Brabant fan prochain. Il y a quatre sièges
gagner Nivelles et quatorze Bruxelles.
Nous pouvons conquérir ces dix-huit sièges.
Pour Nivelles la victoire est certaine pour au
tant qu'il puisse y avoir une certitude en poli
tique pour Bruxelles, le succès dépendra de
la façon dont l'élection sera conduite. Depuis
le mois de Juillet 1884, les libéraux l'ont con
stamment emporté Bruxelles. La partie est
loin d'être perdue si elle est conduite avec pru
dence et fermeté. Dix-huit voix de déplacées
réduisent la majorité soixante-dix-huit voix
et porteraient le nombre des membres de l'op
position soixante. Il n'y aurait plus qu'un
écart de dix-huit voix. En quatre ans, en sup
posant que nous ne l'emportions qu'à Bruxelles
et Nivelles, les cléricaux auraient perdu vingt-
et-un sièges, d'où un déplacement ae quarante-
deux voix. Voilà l'éventualité prévue par M.
Jacobs il demande que, si elle se réalise, les
cléricaux conservent le pouvoir. Us le conser
veront s'ils le peuvent, c'est évident ils ne sont
fias de ceux qui s'en vont volontairement; mais
e pourront-ils Le gouvernement parlemen
taire est surtout un gouvernement d'opinion
des élections favorables l'opinion libérale
Bruxelles et Nivelles, ce serait le réveil de
l'opinion publique, le pays reprenant posses
sion de lui-même, échappant aux étreintes des
mystifications dont il a été l'objet en 1884.
stincts démocratiques, et, au besoin, pour les
combattre, selon les exigences du moment.
On n'a pas oublié le temps où Pie IX, épris
de la démocratie, lui faisait dire, par le père
Ventura, qu'il la baptiserait et ferait une reine
de cette héroïne sauvage. Plus tard il ne fut
plus question de sa conversion.
Au banquet d'Ypres, entre la poire et le fro
mage, M. Woeste a joué aussi de cet instru
ment populaire, et les auditeurs ont applaudi
la sérénade.
L'avenir, a-t-il dit, recèle dans ses flancs
des surprises qui sait si le suffrage univer-
sel n'est pas plus approché de nous que les
apparences ne l'indiquent Les masses alors
auraient voix prépondérante. Il faut que ce
jour-là les masses soient avec nous 1
Pétrissons donc Içs. masses notre image et
notre ressemblance, pour n'être pas pris au
dépourvu, le jour des surprises, et si la sur
prise tourne contre nous, notez bien que nous
n'avons rien promis que nous avons parlé
d'une manière dubitative et n'avons pris aucun
engagement.
L'invention n'est pas nouvelle, on n'a pas
oublié ce mot d'un député flamand J'adore
la Constitution, mais j'adore aussi l'Encyclique
qui la condamne.
Si jamais je viole le pacte fondamental, ce
sera par surprise.
Singulière surprise laquelle on se prépare
en pétrissant les masses.
Enfin, la démocratie échouant, le ministre
de demain aurait la ressource de lui dire
Qu'elle s'en aille
La lutte ne sera pas longue Audenarde,
mais elle sera intéressante. Quelle que soit l'in
dignation de l'opinion publique, il est possible
que les menées cléricales réussissent et que l'in
nocent M. De Malander aille s'asseoir sur la ba
sane parlementaire, où personne ne sera flatté
de l'avoir pour voisin mais la protestation de
la conscience publique indignée aura du reten
tissement, et le candidat libéral pourra dire
Et si de l'obtenir, je n'emporte le prix,
Puis viendra une seconde élection. A moins
que le drame de Renaix n'ait un épilogue etque
M. De Volder ne consente rentrer la Cham
bre par la porte d'où il sort.
Ce serait drôle.
Quoi qu'il en soit, notre rôle est tout tracé
lutter partout et toujours et ne pas oublier
qu'avec plusieurs échécs on peut faire un suc-
cès. «^qji
Le Moniteur, reprenant ses anciennes allu
res, était farci d'arrêtés annulant des décisions
Brises par les Députations permanentes du
rabant et du Hainaut. Histoire de mettre plus
de beurre dans les épinards cléricaux qui re
commencent pousser.
L'article 47 de la Constitution ressemble
beaucoup au sabre de M. Joseph Prudhomme,
nos maîtres s'en servent pour flatter les in
A Audenarde.
Les libéraux de l'arrondissement d'Audenarde
ont décidément fait choix d'un candidat défi
nitif.
M. Camille Liefmans, avocat, sera opposé au
sieur De Malander.
Nous félicitons nos amis de là-bas, d'affronter
la bataille électorale. Grâce eux peut-être
n'aurons-nous pas la honte de voir siéger sur
les bancs du Parlement un individu flétri par
la justice de son pays et protégé par tout un
parti politique.
A la Chambre.
Rentrée de la Chambre. Les vacances de Pâ
ques ont l'air d'avoir fait du bien la santé des
représentants de la nation belge.
Chose extraordinaire, dès deux heures et de
mie, la Chambre est en nombre. Dès le début,
M. De Lantsheere notifie la démission de M. De-
volder, et M. le ministre de la justice dépose un
projet de loi interprétant l'article 131 de la loi
communale, et ayant pour but de résoudre un
différend qui a surgi entre le gouvernement et
l'administration communale d'Anvers au sujet
des frais du parquet de simple police.
Il rappelle qu'il y a deux ans, la Chambre a
rejeté par 59 voix contre 43 les droits sur les
bestiaux, qui étaient de moitié moins élevés que
ceux qu'on propose aujourd'hui. Après une nou
velle étude approfondie des faits, M. Beernaert
déclare qu'il doit rester encore fidèle au régime
de liberté absolue. Le projet de loi n'est justifié
ni par la situation du pays, ni par les expérien
ces faites l'étranger. Sans profiter l'agricul
ture, il pourrait nuire aux intérêts généraux du
pays.
La situation de l'agriculture est pénible et
digne d'intérêt, mais des droits d'entrée ne se
raient pas efficaces. Au contraire, il faut dé
velopper la consommation. Les prix des bestiaux
ont baissé, mais depuis 1874, il en est de même
pour tous les produits. En France, le relèvement
considérable des droits d'entrée n'a pas diminué
sensiblement l'importation des bestiaux. En
Belgique, l'importation des bestiaux étrangers
ne peut faire de tort nos producteurs, puisque
le nombre des bestiaux indigènes va toujours en
augmentant.
Il ne faut point craindre l'importation des
bêtes américaines. En 1885, l'Amerique nous a
envoyé 250 bêtes cornes, et en 1886, pas une
Le transport coûte cent francs par bœuf, et la
mortalité est effrayante. Cette importation est
donc impossible. Les propositions de M. Dumont
ne relèveront pas le prix du bétail. En France,
la hausse attendue par les protectionnistes ne
s'est pas produite probablement parce que la
consommation a été moins forte. Les prix ont
même baissé, Paris, mais la consommation, qui
était en 1882 de 78 kil. 1/2 par habitant, est
tombée en 1884 69 kil. 1/2.
L'éleveur de bestiaux a intérêt faire hausser
les prix, mais le cultivateur, le laitier, ont inté
rêt acheter des vaches bon marché. Leurs in
térêts ne sont pas identiques. Dans un pays de
petite culture comme le nôtre, le paysan n élève
pas les bestiaux, il a intérêt les acheter
faits.
La création d'un droit de ce genre nécessite
rait des mesures de douane vexatoires pour les
éleveurs habitant nos frontières et onéreuses
pour le trésor.
En ce qui concerne le droit sur les chevaux,
nos traités de commerce nous obligent ne pas
le mettre en pratique avant six ans, et d'ailleurs
nous exportons beaucoup plus de chevaux que
nous n'en importons.
En ce qui concerne les bêtes bovines, un droit
par tête favorisera le bétail gras, qui ne payera
pas plus que le bétail maigre. Ce sera le petit
cultivateur qui sera le plus atteint. Proposez au
moins des droits snr le poids M. Beernaert ter
mine en conseillant la Chambre de ne pas vo
ter le projet des députés nivellois.
Nous avons relevé dans le discours de M. Beer
naert ces jolies phrases, qui ont fait rire La
Belgique est le premier pays du monde au point
de vue du cochon de lait, et Le lapin belge
ne craint pas la concurrence.
Nous épargnons nos lecteurs les plaisanteries
faciles dont nous pourrions embellir ces fières
déclarations.
M. Beernaert a été joliment arrangé. M.
d'Hoogvorst lui a répondu
Le grand ministre ne s'attendait sans doute
pas rencontrer tout de suite un adversaire de
cett6 envergure. Heureusement, M. Jacobs est
venu le réconforter en lui serrant cordialement
la main.
Le ministre d'aujourd'hui et le ministre de
demain qui est aussi celui d'hier ont gri
macé tous les deux un charmant sourire, et en ne
se regardant pas dans le blanc des yeux.
t Qui sait» ce mot dit tout, ne cherchez point l'empreinte,
D'un coupable désir où j'exprime une crainte.
J'aurais au moins l'honneur de l'avoir entrepris.
-
M. Beernaert prend ensuite la parole sur le
projet d'établir des droits d'entrée sur les che
vaux, les bestiaux et les viandes de boucherie.