tards que peuvent subir les réformes les plus simples et les plus légitimes. Ce monopole, que rien ne justifie, est ins crit dans l'article 4 du code de procédure civile emprunté la législation française, article abroge en France depuis près de 50 ans. Le projet de loi de lorganisation judiciaire pré senté en 1864 le supprimait et accordait tous les huissiers d un même canton une compétence et des droits égaux, mais le titre a été réservé. Si bien qne l'abus a persisté. La section centrale, rapporteur M. de Burlet, a approuvé la réforme proposée, ainsi que le droit donné aux huissiers de nommer eux- mêmes leur syndic. La séance de la Chambre. Après avoir mis plus de quinze jours s'occu per des crédits civils, la Chambre a pu enfin aborder hier la discussion des crédits militaires. M. Beernaert a voulu ouvrir le débat, afin de bien poser la question qui pourrait être pour lui la question de cabinet. Il s est attaché, dans un discours qui a duré plus de deux heures, déve lopper l'exposé des motifs du projet de fortifica tions de la Meuse et réfuter les objections que M. Frère-Orban y a faites directement ou indi rectement. Après avoir démontré pour la Belgique la né cessité d'une neutralité armée, M. Beernaert, s'appuyant sur l'opinion de toutes les autorités militaires, a cherché prouver que le pays serait incapable de se défendre, s'il n'empêchait l'en vahisseur, français ou allemand, 1 accès de l'im portante voie stratégique de la Meuse. Sa démonstration ne contientguère d'argument nouveau. C'est une compilation assez habile de tous les arguments que les ingénieurs militaires ont produits depuis plusieurs années afin d'obte nir la création de forts Liège et Namur. Le frand ministre a cherché surtout mettre MM. rère-Orban et le général Chazal en contradiction avec eux-mêmes. Il n'a cependant pas expliqué bien clairement comment il se fait que le gouvernement n'ait pas consulté le général Chazal, celui qui a fait adop ter par les Chambres le système défensif actuel de la Belgique. Au commencement de la séance, MM deMacar et Somzé ont tenté un dernier effort en faveur de la construction du chemin de fer direct de Bruxelles Mayence. M. Beernaert a persisté dans son opposition la création de cette ligne. M. Devolder a déposé un projet de loi fixant les vacances judiciaires du lrAoût au lr Octobre. Cela fera peut-être plaisir aux magistrats et aux avocats, mais il est douteux que cela passionne les justiciables. Enfin, la fin de la séance, des députés ont réclamé, un peu tard, la discussion très pro chaine des projets de loi intéressant la classe ouvrière. Nous verrons ce qu'il en adviendra. L'or et l'argent. Sait-on combien on peut estimer la masse monétaire totale existant actuellement dans le monde A soixante-dix milliards Voilà un chiffre faire rêver un peu les gens qui n'ont rien dans leur poche. Au commencement du dix-neuvième siècle, l'Amérique produisait 225 millions par an, en or et en argent. Le Mexique, lui seul, four nissait la moitié de cette somme. Depuis 1848, il se produit environ un milliard d'or et d'ar gent sur toute la surface de la terre. L'Europe entière, au moment de la décou verte de Amérique, n'avait pas plus d'un mil liard de numéraire en circulation, or ou argent monnayés.Aujourd'hui,c'estau moins soixante- six fois plus, et les mines versent, en outre, un milliard chaque année, alors que, cette épo que, elles produisaient peine quelques mil lions par an. Jusqu'en 1848, c'était l'argent dont le chiffre d'extraction prédominait, puis l'or a de beau coup dépasse l'argent. Actuellement, il y a peu près une produc tion égale d'or et d'argent. Les pays qui sont aujourd'hui les grands producteurs de l'or sont d'abord l'Australie, puis la Californie, puis la Sibérie. Quant l'argent, ce sont surtout, maintenant, les Etats-Unis qui le fournissent. L'Etat de Ne vada, lui seul produit au moins la moitié de tout l'argent qui s'extrait du globe. Les Etats-Unis, disait le président Lin coln, seront un jour le trésor du globe. Lettre agricole. Le sic vos non vobisfurtis aratra boves du résigné Virgile est en train de se vérifier une fois de plus, ce qui prouve que depuis 1900 ans l'homme est absolument resté le même. Nos cultivateurs apprennent, leurs dépens, que tous leurs efforts pour alléger leiir situation au moyen du dernier relèvement des tarifs ont abouti, non pas aug menter leurs profits, mais augmenter ceux des intermédiaires. Au 19 Mars dernier, le quintal de blé était coté fr. 22-35 Paris, et fr. 21-50 Nancy. A la suite du relèvement voté cetté époque par nos législateurs aussi avisés qu'éclairés, les cours ont atteint le 21 Mai courant 26 fr. Paris, fr. 26-50 Nancy. D'où une hausse de fr. 3-65 sur la pre mière place, de 5 fr. sur la seconde, soit un bé néfice de 16-30 p. c. dans un cas, de 23-25 dans l'autre. Dans quelles poches ces bénéfices sont-ils allés se nicher Pas dans celles des cultivateurs, ce qu'il paraît, par la bonne raison que presque tous ont vidé leurs greniers avant le vote de la loi protectrice. Ce sont les détenteurs actuels auxquels ils ont vendu tout ce qu'ils avaient qui profitent de cette aubaine, et qui profitent aussi ae cette hausse artificielle sur les énormes quan tités de blé achetées l'étranger et introduites en France en prévision du relèvement annoncé, plus de 6 millions de quintaux métr. contre 3 millions pendant la même période de l'année précédente. Nos cultivateurs et ceux qui ont parlé en leur nom auront donc travaillé, non pas pour eux- mêmes, ni pour le consommateur auquel on avait promis que le pain ne renchérirait pas, mais pour le commerçant et surtout pour le spé culateur. Us se répandent en objurgations, et se livrent des conjectures de toutes sortes. L'un d'eux, et non des derniers venus, demande par exemple quelle influence occulte nous devons cette hausse subite et continue qui se manifeste depuis le 19 Mars. Il soupçonne le commerce réuni la finance de spéculer sur une marchan dise que le cultivateur ne possède plus. D'autres, ce qu'il paraît, croyant des plans tout fait machiavéliques, prétendent qu'il faut voir dans cette hausse un coup monté par les libre-échangistes Ceux-ci, altérés de ven geance pour n'avoir pas réussi empêcher l'élé vation du droit, chercheraient (je cite textuel- ment) ameuter la population contre ce droit qui serait la cause de tout le mal Vous voyez quel désarroi il y a partout, même chez les ruraux que le calme et le grand air de la campagne devraient cependant maintenir en sang-froia et surtout en Don sens. Rendre les partisans de la liberté des échanges responsa bles des déceptions de la culture, leur attribuer des menées ténébreuses comme celles-là, c'est une véritable trouvaille. Le concours agricole de Melun dont il a été question la semaine dernière tire sa fin. Bien qu'un certain nombre d'animaux inscrits aient mit défaut, il n'en a pas moins tenu tout ce qu'il promettait comme qualité dans les différentes catégories des espèces bovine, ovine et porcine. La race normande était représentée par de très-beaux spécimens, surtout en vaches laitiè res. La plupart des vaches plein rendement étaient des animaux de choix, achetés en Nor mandie par des nourrisseurs ou des fermiers de Seine-et-Marne qui vendent le lait directement Paris. Il est regrettable qu'elles ne fassent pas souche pour la plupart, et que l'on ne se sert de leur fécondité que pour entretenir leurs facultés laitières, car les veaux qu'elles produisent, ou bien sont engraissés et vendus jeunes, ou bien sont issus de pères sans valeur spéciale appréci able, ce qui rend très-problématiques les aptitu des qu'ils pourraient révéler une fois arrivés l'âge adulte. Sur 20 exposants de cette catégorie, un seul appartenait au département de la Man che les autres appartenaient tous des locali tés éloignées de la Normandie, et 12,notamment, résidaient aux environs de Paris, en Seine, Seine-et-Marne et Seine-et-Oise. Les animaux de race flamande étaient plus nombreux encore que ceux de la précédente, et, mon avis, supérieurs par l'uniformité et par la finesse. Tous appartenaient plutôt des éleveurs qu'à des commerçants ou des industriels. Les premières récompenses ont été attribuées pour les taureaux MM. Dannoot, de Killem; Edmond Duriez, Bourbourg-Campagne pour les femel les MM. Boisleux, Lattre-Saint-Quentin Omaere, Hazebrouck de Noyelles, Blan- decques Ardaens, Pitgam, et Cousin, Mons- en-Barœil. Tous vrais Flamands, comme vous voyez. Que la race flamande soit, comme le veulent les uns, une race véritable, ne devant rien per sonne, ou qu'elle soit, selon d'autres, une variété de la race des Pays-Bas, les animaux qui lui appartiennent m'ont semblé admirables de con formation, et admirablement marqués pour la production du lait. On prétend que les vaches capables de rendre 4,000 litres de lait par an ne sont pas rares, et qu'en moyenne générale leur rendement annuel n'est pas inférieur 3,800 litres. Si, cette abondance, on ajoute que le lait des flamandes est plus riche la fois en beurre et en caséine que celui des vaches hollan daises, 4-22 p. c. de 1 un contre 3-84, et 3-15 de l'autre contre 2-05, on ne conçoit pas que les {iremières ne soient pas préférées aux secondes 'étranger et que les Italiens, par exemple, cher chent importer dans lès plames du Pô des lai tières frisonnes au lieu des laitières flamandes. De même aux Etats-Unis et au Canada dont je vous ai signalé les achats Amsterdam il a quel que temps. Si les éleveurs flamands, des deux côtés de la frontière, se concertaient, s'associaient, se syn- dicaient pour faire l'étranger de la propagande frais communs en faveur de leur excellente race bovine, qu'il leur serait bien facile de ren dre encore meilleure qu'elle n'est, si surtout ils se décidaient établir un herdbooh sérieux, capa ble de donner des garanties de pureté d'origine et de constance dans la transmission des qualités, il me semble qu'il ne leur faudrait pas beaucoup de temps pour s'ouvrir des débouchés capables de compenser bien des pertes sur d'autres fran ches delà production agricole. A propos des vaches laitières envoyées dans les concours, on discute fréquemment les classe ments des jurys pour les récompenses. Sur quoi se fondentles juges pour apprécier le mérite des sujets au double point de vue de la quantité et de la qualité du lait Chez nous, on en est en core juger les animaux vue de nez et au ma niement, ce qui, dans beaucoup de cas, est d'autant plus insuffisant que dans les rangs du jury se glissent des individus dénués de toute compétence, d'une nullité absolue. De là des ré criminations de la part de ceux qui se croient lésés, et diminution du prestige et de l'autorité du tribunal. Le même inconvénient se présente d'ailleurs également en Angleterre et aux Etats- Unis, car les plaintes y sont presque aussi fré quentes que chez nous. En Allemagne, où l'on a souffert des mêmes inconvénients, on s'est efforcé de les faire dispar raître en instituant des examens méthodiques. Ainsi, au concours internationnal des animaux domestiques qui a eu lieu Hambourg en 1883, et auquel j'ai eu l'occasion d'assister, les jurés avaient reçu des instructions d'après lesquelles chaque vache concurrente devait être traite pendant deux jours pleins, pesée deux reprises et la quantité de lait obtenue rapportée une unité de poids vif fixé 500 kil. Le chiffre plus ou moins fort de ce rapport devait marquer le rang du sujet. Cette méthode n'a pas donné, au point de vue de l'équité, les résultats que l'on en espérait on parvenait se rendre un compte approximatif du mérite relatif des laitières sous le rapport de la quantité, mais non sous celui de la qualité de leur lait qui varie avec l'âge, le temps écoulé depuis la parturition, le nombre de veaux produits. Ces imperfections, on espère les faire dispa raître au prochain concours qui doit avoir lieu Francfort-sur-le-Mein, par l'essai d'une mé-

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 2