47e, ANNÉE. 5 Juin 1887. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Tout pour moi, rien pour toi. Chronique militaire. l\° 44. Dimanche, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Les personnes qui prendront un abon nement au PROGRÈS partir du l1' Juillet prochain, recevront le journal gratuitement jusqu'à cette époque. Y près, le 4 Juin 1887. Le vote des droits sur le bétail n'est pas seu lement inhumain il constitue un mauvais exemple. L'Etat, en protégeant l'agriculture, a créé un précédent dangereux. Tous ceux qui souffriront d'une crise momentanée trouveront, qu'eux aussi, ils ont le droit de s'endormir sur l'oreiller de la protection, sous la garde du Dieu-Etat. On comprendrait celte mesure s'il y avait chez nous excès de production du bétail, mais il nous manque M. le ministre de l'agricul ture en est convenu le nécessaire pour notre alimentation. N'est-il donc pas inconcevable que l'on ferme l'accès du marché belge ceux qui viennent combler le déficit Protéger la culture aux dépens de l'industrie, c'est paralyser, rejeter dans l'indolence et la routine, les cultivateurs qui devraient travail ler eux-mêmes courageusementpar des méthodes perfectionnées augmenter le ren dement de la terre. C'est aussi créer une rivalité entre les ruraux et les citadins. Si la discussion de la loi de famine a exas péré les grévistes wallons, que sera-ce mainte nant que le Sénat, un peu rassuré, a voté cette loi. Encouragée par ce premier succèsla majorité frappera bientôt, les céréales étrangè res de droits l'entrée. C'est ainsi que l'on sera parvenu faire cette chose odieuse et injuste, ae transporter sur les uns, par des mesures lé gislatives, les souffrances des autres. Il faudra bien un jour remettre chaque chose sa place et permettre ceux qui n'ont pas as sez, d'acheter ce qui leur manque ceux qui ont trop. Dorénavant le bétail payera son entrée en Belgique des droits plus élevés que partout ail leurs, la France et l'Allemagne exceptées. En tenant compte des aggravations du projet pri mitif, de la prohibition qui frappe les viandes dépecées, nous pouvons dire que pour la pro tection du bétail et de la viande indigènes, nous marchons la tète des nations. Cela doit être une grande satisfaction pour nos réactionnaires, pour les partisans des privilèges, pour les amis ae l'ancien régime, du bon vieux temps. Voici les pays où les bestiaux peuvent entrer en franchise: l'Angleterre, la Hollande, le Da- nemarck, la Suède et la Norwège'et la Russie. Le Portugal prélève un droit de fr. 1 ,90 par bœuf. La Suisse5. L'Autriche-Hongrie. 10. L'Espagne. 13.80 L'Italie15.- La Grèce 15. L'Allemagne 37.50 La France. 38. En Belgique le droit sera en moyenne de 30 35 francs par bœuf (5 centimes par kilog.) La viande fraîche paie en France 12 fr. par 100 k., en Belgique elle payera 15 et 30 fr. Le blé est encore libre l'entrée en Belgique, en Angleterre, en Hollande, au Danemarck, en Suède et en Russie. En Suisse et en Norwège il paie un droit de 30 centimes par 100 kilog. L'exemple du partage de Montgommery est scrupuleusement suivi par nos bons amis les clé ricaux. Depuis les fonctions de garde champêtre jusqu'à celles de gouverneur, en passant par tous les degrés de l'échelle administrative hié rarchique, pas un échelon qui ne soit occupé par leurs créatures. Quant aux fonctions élec tives, on triture, on pétrit si bien la pâte élec torale que l'on en exclut tous les libéraux, dût-on aller chercher les candidats chez ceux que la justice a frappés. Met-on une question, une œuvre d'art au concours, on trie si bien les jurés que le succès est assuré d'avance l'ar tiste bien pensant. Veut-on savoir comment un journal justifiait dernièrement les actes révoltants de partialité par lesquels on écarte des fonctions publiques, tout ce que le pays compte de citoyens hon nêtes et instruits C'était propos d'une nomi nation des fonctions bien rétribuées L'équilibre entre les deux opinions l On ne )eut se moquer plus agréablement de son pu- jlic. Il ne reste plus de libéraux en place que es inamovibles La mort se chargera d'en débarrasser nos adversaires, qui ont le regret de devoir les laisser en place. On dit que le pouvoir despotique rend fou celui qui l'exerce. Les cléricaux gouvernent sans partage et sans contrôle. Dans de telles conditions on ne peut être juste. Quand faire de la générosité nous n'en voulons pas plus que de l'équilibre jamais impossible entre ceux qui mettent tout d'un côté et rien de l'autre. Chaque fois qu'une catastrophe frappe nos populations ouvrières, quand le grisou les firend la gorge et les étrangle, laissant leurs àmilles en proie la misère, la Presse est la première leur venir en aide. Habile faire vibrer toutes les fibres du cœur, toutes les cor des de l'esprit, elle prend les uns par le senti ment, les autres par le plaisir et parvient souvent réunir ainsi des sommes importantes et soulager bien des infortunes. Mais les évé nements devenant fréquents et des plus meur triers, on s'est demandé s'il fallait qu'ils fissent un nombre considérable de victimes pour que la pitié s'émeuve et que les bourses s'ouvrent, et si le pêcheur qui meurt dans un naufrage, le couvreur qui tombe d'un toit, ne laissent pas aussi des femmes et des enfants dans l'in fortune et l'on en est arrivé croire que l'on ferait bien de concentrer toutes les générosités dans une Caisse générale pour venir en aide aux victimes daccidents graves du travail na tional. Cette idée germait dans les esprits. C'était l'Association de la Presse belge qu'il apparte nait d'en proclamer l'utilité par ses cents voix et de la faire réussir, c'est ce qu'elle vient de faire en fondant dans une œuvre collective ce qui n'était jusqu'à présent que le fait de jour naux isolés. Samedi, une nombreuse assemblée a eu lieu Bruxelles, sous la présidence de M. Goe- maere, du Précurseuroù l'Association na tionale a été constituée. Les statuts que nous avons publiés ont été approuvés l'unanimité et on a élu les mem bres du Conseil général qu'on a choisis parmi des notabilités et les directeurs des journaux les plus répandus. Le Conseil général a élu président M. Guil- lery, ancien président de la Chambre et vice- présidents MM. le général de Moor et le comte Eugène de Grunne, M. Devos a été élu scérétaire-général et A. Havenith, trésorier. Les secrétaires-adjoints et le comité perma nent seront désignés ultérieurement. M. Montefiore a fait un don de 5000 fr. M. Hallaux a promis dix mille francs au nom d'un anonyme. M. le bourgmestre Buis a versé Sa medi 558 francs au nom de la Société Bruxel les-Attractions. La Société constituée par l'initiative de la Presse, prospérera, nous l'espérons, et cette puissance quon appelait le quatrième pouvoir, saura prouver que si elle porte la lumière dans les esprits, elle sait aussi porter des consola- lions a ceux que le sort a frappés. Les débats parlementaires, les révélations de la presse ont mis au jour les nombreuses défectuosités de notre système militaire, et notamment le désarroi complet de notre maté riel d'artillerie. Le pays apprendra avec une légitime satis faction que le gouvernement s'est enfin ému de la situation lamentable qui a été signalée, et qu'il s'est décidé faire des sacrifices dans l'in térêt de la défense nationale On repeint neuf l'hôtel du ministre de la guerre. Nous apprenons par les journaux de Londres que l'Angleterre expédiera matin et soir, par tir de ce jour, par le nouveau service de paquebots organise par le gouvernement hol landais entre Flessingue et Queenborough, toutes les correspondances pour le Nord de l'Allemagne et les autres parties de l'Europe pour lesquelles la voie de Flessingue présentera un avantage au point de vue de la célérité. C'est là, pour la Belgique, une conséquence déplorable de la désorganisation persistante du LE PROGRES VIRES ACQUIR1T EDWDO. ABONNKMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Il est bon que nos amis ne laissent échapper aucune des occasions qui se présentent de réparer l'injustice libé rale. Quand l'équilibre entre les deux opinions sera par tout rétabli, nous pourrons songer faire de la générosité; mais d'ici là, il suffît d'être juste.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1