La bagarre entre militaires et socialistes qui a
eu lieu Slardi soir au Volkspark Vooruit, Gand,
ne présente pas le caractère de gravité qu'on lui
avait d'abord attribué. Le bruit courait en ville
que l'armée se battait au Jardin d'été du Vooruit
et que tout y était démoli.
Voici, paraît-il, l'origine de la lutte Diman
che soir, au quartier du Kattenberg, dans un
des nombreux estaminets où se trouvaient des
soldat8,on avait joué la Marseillaise la demande
de quelques socialistes. Les soldats réclamèrent,
paraît-il, la Brabançonne, qu'on refusa de leur
exécuter. De là, une violente querelle au cours
de laquelle un soldat de la ligne reçut un coup
de couteau.
On raconte encore que la rixe aurait commencé
parce que des socialistes avaient voulu forcer un
fantassin chanter la Marseillaise et que celui-ci
aurait refusé. Le bruit de la mort du soldat
blessé s'est répandu. Mardi et a énormément con
tribué l'effervescence qui s'est produite le soir.
Vers six heures du soir, une bande de deux
cents soldats de la ligne s'est dirigée vers le lo
cal du Vooruit, en criant et en chantant. En les
voyant arriver, les quelques socialistes qui sta
tionnaient ont pris la fuite il y en avait même
en train de travailler sur la toiture du kiosque
qui se sont rapidement laisser glisser le long des
colonnes.
Alors commença un véritable bombardement
de la guinguette, les pierres pleuvaient sur les
gloriettes et les soldats se dirigèrent par un
petit chemin situé gauche du local et appelé
ruelle de l'Aigle. Une simple haie sert là de clô
ture au Volkspark, les fantassins la détruisirent
presque complètement et se précipitèrent dans
le jardin.
Ace moment déjà, la foule des promeneurs
du Parc de la Citadelle accourait et entourait le
Vooruit un major d'infanterie arriva, accompa
gné de M. Van Duyse, auditeur militaire. Ces
messieurs tachèrent d'arrêter quelques fauteurs,
mais ceux-ci prirent la fuite et poursuivirent les
socialistes. En passant devant les maisons où ils
s'étaient réfugiés ils brisèrent encore des car
reaux.
Une quinzaine de gendarmes cheval ne tar
dèrent pas arriver sur les lieux.
M. Lippens, bourgmestre de Gand, s'y rendit
également, ainsi que tout le personnel de la
police du quartier, sous les ordres de MDuquenne
et le parquet. Après l'arrivée de la force publi
que. rien ne vint plus troubler le calme.
Dans la soirée, les soldats sont encore allés
assaillir coups de pierre la succursale du Voor-
uit, située rue Saint-Amand, dans l'estaminet
f Gretry. L'attaque a été très-violente, car tous
les carreaux de cet établissement sont brisés, et
le sol est encore jonché de briques et de pavés.
Le Vooruitqui vient de paraître avec l'entête
Soldaten furie te Gent (la Furie militaire
j Gand), accuse les officiers d'avoir organisé la
bagarre de Mardi soir. C'est là une calomnie que
je ne signale qu'à titre de curiosité. Le même
article se termine par les paroles suivantes
Si les soldats ont agi par haine contre les so-
cialistes, qu'ils viennent Dimanche y prendre
notre drapeau, quand nous serons au Parc.
S'ils ont agi stupidement et sur l'instigation
de leurs officiers, nous les plaignons et nous
demandons que ceux-ci aient le courage de
I venir eux-memes.
Divers soldats ont en causant Mardi soir mani
festé leur exaspération ils disaient qu'ils vou
laient venger leur camarade blessé dont le
Vooruit lui-même avait annoncé le décès. Au
jourd'hui les casernes sont fermées et il est pro
bable que les troupes y resteront consignées
pendant quelques jours encore.
INCENDIE DE LA FILATURE MAZUREL
A ROUBAIX.
nouvelles diverses.
Le prochain mariage de M. Silvain Lebbe, qu'on dit
décidé quitter également la ville pour aller se fixer
l'étranger, créerait une troisième vacature.
Déjà on commence discuter le nom des différents
candidats que MM. les curés proposeront ou plutôt im
poseront, au mois d'Octobre prochain, au corps élec
toral de la ville de Poperinghe.
D'après nous, Monsieur Baeckeroot, Félix, fils
du défunt conseiller, semblerait tout désigné pour être
un de ces candidats. En toute logique cet honorable
citoyen, comme commandant des Pompiers, a sa place
marquée l'Hôtel-de-Ville ses capacités et son dé
vouement aux intérêts de la ville sont connus et il de
vrait être appelé réunir tous les suffrages du grand
Sanhédrin catholique.
Nous apprenons néanmoins que parmi les pointus il
s'en trouve un qui, jaloux de la sympathie dont le chef
des Pompiers jouit dans notre ville, a juré de n'épar
gner aucune intrigue pour ABSOLUMENTE SE-
CRETO faire échec cette candidature.
Quant aux deux autres sièges, on dit qu'ils seront
très-disputés. Dans une prochaine correspondance nous
ferons connaître nos lecteurs quels sont les candidats
dont le nom a déjà été prononcé au K.K.
A propos de M. Van Renynghe, Achille, nous ap
prenons que, malgré qu'il ait quitté la ville de Pope
ringhe depuis plus de deux ans pour aller s'établir
Lille, il continue toujours faire parti de notre conseil
communal, où il ne siège jamais.
Nous serions très-désireux de recevoir quelques mots
d'explication ce sujet. Nous aimerions surtout de
savoir comment Monsieur Van Reninghe a pu conser
ver son DOMICILE RÉEL Poperinghe, comme
l'exige l'art. 7 de la loi communale, alors qu'il est allé
s'établir Lille, SANS ESPRIT DE RETOUR puis
qu'il s'y trouve inscrit parmi les patentés comme
fabricant de papier. A
0<><><>§§<><c><><>
Il y a un an cette époque, nous avions enregistrer
une série de grands sinistres.
Il y a 8 jours peine, nous assistions encore au déso
lant spectacle de la destruction par le feu d'un établisse
ment industriel, et voici qu'un nouveau malheur du même
genre vient d'impressionner la population roubaisienne par
sa soudaineté et ses conséquences. La filature de coton de
MM. Mazurel fils, rue Jacquart, a été, Mercredi, en quel
ques heures, entièrement détruite par les flammes.
Cette filature est l'une des plus importantes, sinon la
plus importante de Roubaix. Elle compte, nous dit-on,
quarante mille broches et occupe cinq six cents ouvriers.
L'incendie s'est déclaré quelques minutes après midi,
aux métiers filer portant les numéros 7 et 8, placés au
deuxième étage la cause est inconnue.
Les avertisseurs, ayant fonctionné aussitôt, les pompiers
arrivent en peu de temps.
Déjà, midi et demi, le feu gagne le bâtiment avec une
rapidité inouïe.
De l'avis de beaucoup de personnes, jamais on n'avait
vu, Roubaix, un incendie se propager aussi rapidement.
On comprend que tous les efforts doivent tendre pré
server les bâtiments voisins, car déjà la filature est enve
loppée dans des tourbillons de fumée noire.
1 A une heure tout est en flammes du côté de Ip rue
d'Alma, de la route de Tourcoing et des rues avoisinantes
on tire l'eau des bouches de la Lys mais le bâtiment s'ef-
fondre tout coup avec un fracas épouvantable. Il est
I une heure vingt.
On a pu heureusement sauver les livres, qu'on a trans
portés en lieu sûr.
C'est un triste tableau que l'étroite rue Jacquart en ce
moment elle est couverte de débris de murailles.
Les personnes qui habitent les petites maisons faisant
face la filature sont en proie une terreur folle: Au mo
ment où le bâtiment s'écroule une panique se produit
c'est un sauve-qui-peut général. On s'efforce de sauver les
meubles.
Cette panique était du reste bien justifiée. Les débris
du mur effondré avaient presque défoncé les façades des
maisons, comprises entre les rues Wallon et de la Barbe
d'Or, pour la plupart occupées par des ménages ouvriers.
Plusieurs d'entr'elles menacent ruines surtout celles por
tant les numéros 80 et 82 et on est obligé de les étayer.
Un peu plus tardces mêmes maisons après avoir
échappé au feu, sont menacées d'inondations: le service
de la voirie intervient pour ouvrir dans les aqueducs une
issue la grande quantité d'eau qui séjournait dans la
rue, arrêtée par les décombres comme par un barrage.
Le feu s'étend d'autres établissements.
La chute des murailles a aussi communiqué le feu un
bâtiment immédiatement voisin de la filature, la prépara
tion du tissage Dillies, Vauverts et Stoltz.
On pompe outrance sur ce bâtiment, mais deux
heures il est complètement brûlé. Le zinc qui fond dégage
une fumée jaunâtre et des flammes multicolores. Tout ne
forme qu'une fournaise C'est un tableau magnifique et
terrible tout la fois.
L'un des pignons de la filature incendiée tombe bientôt
avec fracas et va défoncer une partie du tissage de M.
Auguste Florin. Il en résultera probablement des dégâts
importants on prétend qu'un grand nombre de métiers
sont détériorés.
Quant l'établissement de M. Scamps, il n'a pas été
j atteint et n'aura probablement que des avaries par l'eau.
Le chiffre des assurances s'élève 1,800,000 francs,
pour la filature Mazurel. De toute la filature il ne reste que
des décombres.
Il est cependant impossible d'évaluer, quant présent,
les pertes, qui doivent être énormes, tant pour la filature
Mazurel que pour les autres établissements.
Plusieurs pompiers sous la direction de M. G. Pennel,
lieutenant-ingénieur, sont occupés sauvegarder un coin
des bureaux donnant rue Jacquart où se trouve le coffre-
fort. Après bien des efforts, on arrive le dégager et le
retirer du foyer. On le transporte chez M. Paul Mazurel.
Les accidents.
On signale jusqu'à présent trois accidents un jeune
garçon d'une douzaine d'années a eu le pied écrasé par la
chute des débris le sergent-major Braquet a eu deux
doigts de la main gauche abîmés le sapeur Augustin De-
graeve de la 4* section, s'est trouvé tout-à-coup asphyxié,
et on a eu peine lui faire reprendre connaissance. Après
avoir reçu les premiers soins de M. Denis, chirurgien-
major, il a été transporté son domicile.
La pompe de l'établissement Holden était une heure
et quelques minutes sur le théâtre de l'incendie Les
pompes Amédée Prouvost et Ternynck, étaient arrivées
également. Les pompiers de Tourcoing ont répondu avec
empressement l'appel qui leur a été fait et sous la con
duite de leur commandant et de plusieurs officiers ont
amené une pompe vapeur et une pompe métallique.
L'affluence était énorme, l'incendie se voyant de très
loin, avait attiré un nombre considérable de curieux, que
la police a beaucoup de peine faire ranger.
A noter la présence de M. Julien Lagache, de MM. les
adjoints, et de beaucoup de conseillers municipaux.
Le service d'ordre était fait par les soins de M. le Com
missaire central, de MM. les Commissaires d'arrondisse
ment et par la gendarmerie.
On empêche, avec raison, de circuler aux abords des
bâtiments incendiés, plusieurs murs menaçant ruine.
Un réseau téléphonique entier a été détruit vingt-deux
fils ont été coupés.
On a arrêté, hier matin, deux jeunes ouvriers de la fa
brique Mazurel fils ils sont accusés d'être les auteurs du
terrible incendie qui a dévoré l'importante filature de
coton Mazurel.
Un crime épouvantable a été commis dans les environs
de Burgos (Espagne). Deux jeunes gens avaient empoisonné
leur mère et avaient ensuite brûlé son cadavre, qu'ils en
terrèrent dans la cour de la maison. Ce crime, commis, il
y a deux mois, vient seulement d'être découvert.
On mande d'Orléansville (Algérie):
Un ouvrier carrier, le nommé Pegnado, a assassiné sa
maîtresse, la veuve Servant. Au moment de son arresta
tion, l'assassin a tiré sur les agents et les gendarmes; il
a fait ensuite sauter la maison qu'il habitait. Six gendar
mes ont été blessés, dont quatre grièvement le commis
saire de police a été contusionné. Une personne, habitant
une maison voisine, a été blessée gravement. L'assassin a
été retiré vivant des décombres.
A propos du sang-froid montré par les acteurs de
l'Opéra-Comique le soir de l'incendie, rappelons un sou
venir de ce genre.
A Londres, en 186S, une salle toute entière fut sauvée
par le sang-froid d'un acteur.
Le spectacle était près de finir et l'on en était la der
nière scène de la pantomime représentée. Le clown Ravella
aperçut tout coup, au-dessus du lustre de la salle, des
flammes s'échappant du plafond. Il continua ses farces
tout en se retirant dans les coulisses et fit baisser le ri
deau.
Les spectateurs se retirèrent sans désordre, ainsi qHe
les acteurs contenus par le directeur et Ravella. Quelques
heures après le théâtre était en cendres
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