Documents parlementaires.
Le rapport l'ait au nom de la section centrale
par M.de Mérode expose les conséquences désas
treuses de l'ivrognerie qui est, comme il dit,
profondément entrée dans nos mœurs. Il
rappelle son influence sur la criminalité, la
•folie, la démoralisation et l'abâtardissement de
la race. L'on a constaté l'autopsie dans les hô
pitaux de la capital 80 p. c. de cerveaux d'ou
vriers alcoolisés. La Belgique est après la Bavière
le pays où l'on boit proportionnellement le plus
de oière, et après la Russie et le Danemarck
celui où l'on boit proportionnellement le plus de
spiritueux.
Mle docteur Petithan a affirmé qu'il y a en
Belgique 100,000 personnes buvant un demi-litre
de genièvre par jour 50,000 en buvant un litre,
et ses confrères des centres industriels lui ont
affirmé qu'il était en dessous de la vérité. Les
alcoolisés forment de beaucoup la plus grande
partie de la population de nos asiles d'aliénés.
Le rapport analyse les législations de l'Angle
terre, de la France, de l'Autriche, de la Hol
lande, de la Suède et de la Norvège qui nous ont
précédés dans la répression de l'alcoolisme. C'est
surtout de la loi hollandaise et de la loi fran
çaise, faites pour des populations dont les mœurs
se rapprochent le plus des nôtres, que s'est
inspiré le gouvernement.
La section centrale a examiné d'abord s'il
faut réglementer la matière législativement et
d'une manière générale ou bien autoriser les
communes la réglementer elles-mêmes. La
majorité s'est ralliée au premier moyen, parce
qu il lui a paru présenter plus de garanties et
parce qu'il s'agit d'une question d'intérêt géné
ral qui sort du domaine de la loi communale. Le
gouvernement aussi a adopté cette manière de
voir.
Quant au vœu émis de fondre le projet de loi
avec un projet contenant des mesures préventi
ves de 1 abus des boissons alcooliques, le gou
vernement est d'avis qu'il n'y a pas de motifs
de rattacher l'un l'autre.
La section centrale dit que la falsification des
alcools doit être spécialement réprimée et ap
prouve l'idée de la non-recevabilité de l'action en
"payement des consommations faites au cabaretElle
rend hommage au ministre de la Guerre qui
a interdit la vente des spiritueux dans les caser
nes. Elle signale l'attention du gouvernement,
en se déclarant incompétente pour l'examiner en
détail, la question de la collocation des individus
atteints d'alcoolisme chronique dans des établisse
ments spéciaux.
Passant la discussion des articles, la section
centrale est d'avis que l'ivresse, pour être punie,
doit être scandaleuse, et qu'il est utile d'établir
une gradation de peines d'après les circonstances
dans lesquelles elle se produit. Elle maintient
les dispositions qui ont pour but de punir les
buveurs d'habitude.
Elle veut que les cabaretiers et débitants de
boissons soient responsables de la vente de bois
sons alcooliques par leurs préposés des personnes
manifestement ivres.
Elle restreint l'interdiction de vendre des
boissons aux mineurs de moins de 16 ans, au cas
où ceux-ci ne sont pas sous la surveillance d'une
autre personne.
Elle ne fait pas d'observation l'article punis
sant quiconque aura fait boire un mineur jus
qu'à 1 ivresse manifesteet demande qu'il y
ait eu intention d'enivrer autrui pour l'amende
appliquer lorsque l'ivresse a causé une incapa
cité de travail ou la mort.
A l'article 11, elle demande addition d'un pa
ragraphe interdisant de colporter ou de servir
des boissons enivrantes toute vente aux enchè
res ayant lieu en plein air.
Quant aux dettes de cabaret, dont l'action en
payement n'est pas recevable, elle ne veut pas
considérer comme telles le prix de la bière acne-
tée au cabaret pour être consommée ailleurs et
de la nourriture consommée ou non au cabaret.
Telles sont ses principales observations.
La séance de la Chambre.
Continuation de la discussion des crédits mili
taires. Une trentaine de membres dans l'hémi
cycle les tribunes moitié vides.
C'est M. le général l'ontus qui se lève dès
l'ouverture de la séance. On prête une oreille
attentive, mais, malgré toute la bonne volonté
qu'on y met, on n'entend pas un traître mot de
1 exorde de l'orateur. Il lit quelques petits pa
piers d'une voix tremblotante qui se perd dans
sa moustache. De temps en temps il avale une
gorgée d'eau sucrée, mais la voix n'arrive pas
plus claire.
A force d'attention, nous finissons par saisir le
fil de son discours. Il lui faut démontrer que le
nouveau système n'est pas incompatible avec
celui de 1859, et il s'y emploie assez habilement
en rappelant l'opinion des généraux qui ont con
tribué l'érection des fortifications d Anvers.
Il s'agit aussi de prouver que les forts proje
tés ne distrairont pas de l'armée active des for
ces nombreuses. Réponses obligées M. Houzeau
et M. Frère-Orban. Ici, M. le général Pontus
affirme qu'en tout état de cause, l'armée se com
posera toujours de 180,000 hommes effectifs.
Il s'offre faire l'expérience d'une mobilisa
tion afin de prouver l'exactitude de son affirma
tion et, comme M. Scoumanne le convie le
faire, toute la droite pousse des cris, proteste.
En résumé, M. le ministre de la Guerre, en
lisant laborieusement et d'une façon inintelli
gible son long discours, n'a fait que reproduire,
en les amoindrissant, les arguments que M.
Beernaert avait suffisamment indiqués au début
de la discussion.
Après l'orgeat de M. Pontus, la Chambre a eu
le plaisir de déguster le vin pétillant du pays,
versé pleins bords par M. Joseph Warnant,
fort en verve. Le député de Huy a protesté vi
vement contre le maintien projeté de la citadelle
de sa ville natale, une vieille bicoque en ruines,
qui ne tiendrait pas une demi-heure sous le feu
du canon et dont tous les ministres de la Guerre
depuis 1870 n'ont pas voulu, même pour en faire
une caserne ce qui n'est pas peu dire.
La Chambre continuera aujourd'hui la dis
cussion. Il y a encore une demi-douzaine d'ora
teurs inscrits.
Elle a décidé, sur la proposition de M. Devol-
der, de mettre en tête ae 1 ordre du jour, immé
diatement après les crédits militaires, la loi sur
le concordat préventif.
H
nouvelles locales.
Parmi ceux qui ont voté la loi de famine, nous
comptons le Sénateur et les députés de l'arron
dissement d'Ypres.
C'est une honte pour notre ville et notre ar
rondissement; aussi il est espérer que les élec
teurs en tiendront bonne note, et ne se laisseront
S lus dorénavant séduire par les belles promesses
es cléricaux qui, après avoir, en 1884promis
monts et merveillescherchent maintenant
ruiner la bourgeoisie et affamer la classe ou
vrière pour engraisser les gros propriétaires....
Puisque les leçons que vous avez reçues ces
derniers jours ne vous suffisent pas encore
allez-y, mes amis, allez-y Vous ouvrirez peut-
être les yeux, quand il sera trop tard; car, celui
qui sème des vents, récoltera des tempêtes
Anseele Ypres.
Enfin, la ville d'Ypres a eu l'insigne honneur
de recevoir la visite du grand citoyen Anseele.
Cette visite avait été annoncée par les journaux.
Partout avaient été placardées des affiches invi
tant les socialistes de la Province assister au
meeting. Une propagande active avait été orga
nisée en France, dans les centres industriels de
la frontière où travaillent beaucoup de Flamands
pour que le Dimanche, 5 Juin, ils vinssent en
tendre cette voix populaire et crier avec leurs
frères et amis
Vive le suffrage universel
Vive la république
Un cabaret situé en face de la maison des alié
nés avait été choisi pour la réunion (l'idée n'était
pas mauvaise) et dès 6 heures du matin un im
mense drapeau rouge, tout neuf, flottait la
fenêtre.
De temps autre, on vît quelques personnages
se glisser furtivement dans le local... et vers 10
heures le sauveur du peuple arriva, ayant sa
droite le crieur du Vooruit, et sa gauche un
individu portant une veste en toile bleue et un
bonnet rouge. Une vingtaine d'ouvriers descen
dus du train d'Armeiitières suivaient distance.
Anseele était inconnu chez nous, et la vue de
cette figure du dernier commun comme tout le
reste du personnage, des doutes s'élevèrent, et
on S1' demandait si c'était bien là l'apôtre du
socialisme ou un petit reporter du Vooruit
Beaucoup s'étaient imaginé un homme la phy
sionomie distinguée, l'extérieur convenable,
un tribun la tete altière aussi quelle désillu
sion et quels éclats de rire et ma foi, Anseele ne
pouvait être mieux placé qu'entre les deux qui
lui servaient de commissionnaires et avec les
quels on pouvait facilement le confondre.
A onze heures eut lieu la séance du comité le
meeting était fixé 3 heures. De nombreux cu
rieux ont stationné l'après-midi devant le dra
peau un certain nombre sont entrés au cabaret
et l'heure fixée, environ 150 personnes rem
plissaient les salles du cabaret.
Anseele a parlé longuement des avantages du
suffrage universel lequel doit assurer dans un
temps donné le partage plus juste des biens, et
on ajoute que, pour démontrer son entier désin
téressement, il aurait rappelé en termes émus
que si actuellement il jouit d'un traitement
d'environ 5,000 fr. payé par la caisse sociale,
d'un bénéfice dans l'exploitation des boulange
ries et des boutiques économiques, il est décidé,
quand son sac sera rempli, mettre ses précep
tes en pratique et partager le tout avec ses
frères et amis.
Inutile de dire que ce passage a dû être chau
dement applaudi. On raconte même que deux
ouvriers, revenus du Hainaut et plongés dans la
misère par suite de la grève, se sont jetés dans
les bras de l'orateur et ont embrassé en pleurant
sa main si remplie de promesses
Cependant la foule stationnant devant le dra
peau ne faisait que grossir des murmures écla
tèrent de plus en plus bruyants, et la présence
de la police semblait devenir plus nécessaire
pour protéger ce pauvre drapeau, que pour em
pêcher les excès auxquels se livrent souvent les
malheureux égarés par les sophismes de ces soi-
disant défenseurs des droits du peuple.
Après la séance, vers 5 heures, Anseele et
compagnie ont quitté le local pour se rendre
la gare. Poursuivis par de nombreux gamins et
curieux, ils ont pris le pas de course. Malheu
reusement pour eux, ils ont dû y attendre près
de 15 minutes, ce qui a permis au public de con
templer son aise ces grands régénérateurs de la
société. L'heure sonna enfin et ce fut pour eux
une délivrance. Anseele se lança le premier,
comme un fuyard, dans le train. Le sifflet de la
locomotive annonça le départ et fut en même
temps le signal d'une stridante bordée de sifflets
de la foule, devenue joyeuse devant cet immense
fiasco. On ne voyait plus le train qu'on entendait
encore l'écho répercutant les éclats de rire.
Il ne suffit plus notre Révérend ministre des
chemins de fer d'être le père des petits em
ployés. Il veut aussi être un père pour tous les
voyageurs indistinctement. Voici en effet quels
seront, d'ici quelques semaines, les agréments
réservés aux personnes qui, même sans la moin
dre intention de fraude, s'aventureront avec des
billets irréguliers dans les wagons de notre rail-
way national
1 A partir du lr Août prochain, les voyageurs
qui auront pris place dans les trains sans billet,
avec des billets sans valeur ou avec des billets
insuffisants seront astreints au paiement, en sus
du prix normal ou du supplément de prix de
transport normal, d'une surtaxe fixe et uniforme
de fr. 2-00.
Lorsque l'irrégularité sera constatée en cours
de route, cette surtaxe sera perçue par le per
sonnel des trains et le prix de transport normal
devra être payé au guichet de la première sta
tion d'arrêt du train.
A cette station,le vovageur devra se pourvoir
de deux billets ou de deux suppléments, selon
le cas, l'un, pour le parcours effectué, et l'autre,
pour le parcours restant effectuer.
mesubes
destinées a béprimeh l'ivresse publique.
rapport de la section centrale.