N° 55. Jeudi,
47e ANNÉE.
14 Juillet 1887.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypreb, le 13 Juillet 1887.
Avons-nous
encore un gouvernement
Après la séance de Mardi la Chambre il est
permis d'en douter.
Jamais grande question patriotique ne fut
introduite si piteusement, discutée si miséra
blement.
Pas une pensée élevée, nette, vraiment gou
vernementale; pas une parole forte, courageuse,
convaincue 1
Le gouvernement tattonne, semble supplier
la Chambre de faire quelque chose de bon sa
place, et s'il lève un moment la tète, c'est pour
se dérober l'instant d'après.
Pauvres ministres Nous les plaignons sin
cèrement, forcés qu'ils sont, par une majorité
sans patriotisme, de prendre une attitude de
suppliants auprès de leurs amis et auprès de
l'opposition pour plaider la cause du principe
le plus juste, le plus moral, le plus fécond le
principe du service personnel.
Principe aussi le plus économique, si on veut
bien l'appliquer convenablement.
Nous ne referons pas ici une démonstration
faite tant de fois déjà.
Après avoir longtemps combattu avec éner
gie en faveur de l'introduction du service per
sonnel dans l'armée, nous attendions sans
nouvel effort la Chambre l'œuvre. Les con
victions devaient, en effet, être faites.
La séance de Mardi nous fait craindre que
tout ne soit recommencer.
Devant tfn gouvernement qu'on pourrait éti
queter Néant, et une Chambre sans virilité
patriotique, nous déclarons qu'autant vaudrait
supprimer l'armée que s'abaisser des discus
sions byzantines sur son avenir et l'avenir du
pays.
L'heure des responsabilités a sonné et nous
espérons que celle des représailles viendra.
Tant pis pour les coupables!
Les promesses cléricales appréciées
par ud Sénateur catholique.
Nous croyons devoir publier, sans commen
taire, les paroles prononcées par M. le Sénateur
clérical baron de Coninckde Merckem dans la
séance du 23 Juin dernier pour flétrir les pali
nodies de ses amis politiques.
Parlant des projets d'augmentation des char
ges militaires, M. de Coninck s'est exprimé
comme suit
Plus loin M. de Coninck a été plus explicite
encore
Un adversaire politique n'aurait pu stigmati
ser en termes plus durs la pitoyable attitude du
grand parti de la moralité politique.
Nous lisons dans XAvenir des Flandres
L'inauguration du Monument
Rreydel et De Coninc.
Au moment où paraissent ces lignes, le peu
ple flamand acclame ses deux héros favoris, en
es couvrant de couronnes et en chantant en
chœur les mélodies populaires Vlaanderende
Richard Hol et Théodore Van Riiswijck, ainsi
que Het lied der Vlamingen. par Pierre Benoit,
paroles d'Em. Hiel.
E
Si l'on en iuge par l'enthousiasme qui a régné
Lundi en ville, surtout le soir la Grand'-
Place jamais on n'aura vu Bruges, disons
en Belgique, une fête aussi vraiment populaire.
Et dire qu'elle se produit non seulement en
dehors de toute ingérence officielle et sans l'om
bre d'un subside, mais que les organisateurs,
c'est-à-dire la véritable BREYDEt-COMMIS-
SIE a eu lutler contre les taquineries des pou
voirs publics, qui ont tout mis en œuvre pour
amoindrir cette manifestation populaire.
Ainsi, on pourra se convaincre de ce que la
conduite de 1 administration cléricale de Bruges
a de mesquin, disons de dégoûtant, lorsque
nous dirons que Vendredi, au moment où la
Patrie soutenait que la politique était étrangère
aux fêtes du M Juillet et du 15 Août, on
voyait nos Tartuffes de l'hôtel-de—ville publier
une affiche ici et au dehors annonçant la
visite du Roi et le grand cortège pour le 15
Août et disant que l'affiche de ces fêtes parai-
trait le 15 Juillet.
Or, l'affiche officielle paraissant Vendredi
prochain, 15 Juillet, on se demande quelle né
cessité il y avait de faire cette publicité antici
pée, et si du 15 Juillet au 15 Août il n'y avait
pas un temps plus que suffisant pour donner
connaissance de tous les détails de la fête, dé
tails publiés depuis longtemps par la plupart
des journaux.
N'est-ce pas là une véritable taquinerie?
Jamais nous n'avons vu la Grand'Place aussi
animée que Lundi soir. Tous nos établissements
publics ainsi que leurs trottoirs étaient envahis.
Et sur la place une nuée de monde.
Sur un kiosque improvisé, YAssociation mu
sicale, conduite par M. Hinderyck, s'est faite
entendre de 8 1/2 heures 14 heures du soir.
A 10 heures, lorsque l'orchestre a fait enten
dre les premiers accords de Vlaanderen, la
foule immense a entonné ce chant populaire.
L'apparition de Pierre Benoit, montant sur
l'estrade, pour diriger lui-même l'exécution du
Lied der Vlamingen, a été le signal d'acclama
tions enthousiastes, qui n'ont pas discontinué
de la soirée.
Après le concert, la foule s'est portée au Cer
cle, où elle a encore chanté les airs populaires
et acclamé avec le plus vif enthousiasme l'émi-
nent compositeur Peter Benoit, qui s'était em
pressé d'accourir cette fête patriotique.
D'après ces prémisses, on peut se faire une
idée ae l'enthousiasme qui se produira aujour
d'hui
Scandale ecclésiastique.
On lit dans le Courrier d'Ostende
Les auxiliaires des postes.
Qu'est-ce que l'auxiliaire postier
C'est
commis
men d'aamission, de qui l'on exige ico mciiieo
connaissances, le même cautionnement, le même
travail, la même responsabilité que du commis.
Mais alors, dira-t-on, quelle différence y a-t-il
entre le commis et l'auxiliaire
Une différence énorme c'est qu'on donne aux
commis de quoi vivre, tandis que l'administra
tion laisse les auxiliaires mourir de faim.
LE PROGRÈS
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Marché aux Herbes.
On ne vous les présente pas aujourd'hui, parce que vous
les trouveriez par trop exorbitantes et que le corps électo
ral trouverait trop forte la dose des exigences militaires.
Ces braves électeurs doivent, du reste, être convaincus
aujourd'hui qu'on n'apprécie les dépenses militaires que
quand on est au pouvoir. Dans l'opposition on les combat
avec acharnement.
M. Vanden Bemden... Très-bien
M. le baron de Coninck de Merckem. Si le projet
avait été présenté par l'honorable M. Graux, il est fort
probable que l'honorable M. Beernaert l'eût trouvé abomi
nable.
M. Graux. C'est même certain (Rires gauche).
Dans ces derniers temps, a-t-il dit, le parti catholique
était la seule digue opposée aux prétentions militaristes
notre principale préoccupation était les intérêts religieux
et moraux du pays et non la réserve, le service personnel
et les forteresses.
Nous avons changé tout cela Aujourd'hui, des intérêts
du culte et des programmes antimilitaristes, on ne s'en
souvient qu'à la veille des élections et quand nous sommes
dans F opposition.
la
la
se
la
la
Dimanche soir, la rue Longue a été mise en émoi par
un fait vraiment scandaleux.
Du train de 7 heures descendait un prêtre attendu
gare par une donzelle (de l'espèce dont notre ville a
fortune d'en posséder beaucoup en ce moment). Sans
soucier le moins du monde des regards curieux de
foule, ils prirent bras dessus bras dessous la rue de ta
Chapelle qu'ils traversèrent dans toute sa longeur et se
rendirent, sans autre forme de procès, directement l'ap
partement qu'habite, au bout de la rue Longue, l'amie des
curés.
Les voisins, en voyant arriver ce Saint-Esprit accom
pagnant la Vierge, ne purent retenir leur indignation et
n'eurent rien de plus pressé que d'aller trouver leurs amis
et connaissances qui étaient en nombre la foire, deux
pas de là.
En moins de dix minutes, il y eût au moins trois cents
personnes sous les fenêtres de l'iiéroïne...
Aussi quand notre tonsuré parut sur le seuil de la
porte, (trois quarts d'heure après son entrée) une formida
ble huée l'accueillit!... Sans avoir l'air incommodé le
moins du monde, notre jésuite jeta sur la foule un regard
narquois et s'en alla tout son aise...
Mais voyant que l'on ne le lâchait pas et qu'il était suivi
de toute la bande, notre individu prit le pas de course et
Hla au triple galop par la foire, l'Avenue Léopold et le
Parc, et se réfugia dans un couvent de petits frères situé
aux environs du Parc Léopold
Si on nous avait raconté cette histoire, nous ne l'aurions
pas cru, mais nous l'avons vue... de nos yeux vue nous
avons été du nombre de ceux qui, courant derrière ce dis
ciple de Loyola, l'avons vu entrer au monastère!...
Il est parti le lendemain Lundi matin, vers 6 1/2 heu
res. Deux petits frères, dont l'un portait son sac de
voyage, l'ont accompagné jusqu'à la station
Et dire que ces gens prétendent ne pas seconder les
sales exploits de leurs collègues...
C'est certainement le vœu de chasteté dont parle le
catéchisme!