56. Dimanche,
47e ANNÉE.
17 Juillet 1887.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Yprès, le 16 Juillet 1887.
Rejet du service personnel.
Le service personnel est rejeté.
En pouvait-il être autrement après les piteu
ses déclarations de M. Beernaert
Ce vote n'aura surpris personne, sinon quel
ques naïfs qui espéraient encore, au tout dernier
moment, sur un bon mouvement de la droite.
Ah bien oui A part trois ou quatre ré
calcitrants, tous ces grands conservateurs,
obéissant la voix de M. Woeste, ont donné,
tête baissée, dans la faute la plus grave que le
parti conservateur ait jamais commise depuis
cinquante ans.
La majorité, égarée par l'homme funeste
qu'elle a accepté pour chef, n'a voulu voir dans
cette question au service personnel qu'une
affaire électorale..
Elle a craint que, le service personnel étant
vu de mauvais œil par les électeurs censitaires,
sa situation dans les Chambres ne fût sérieuse
ment compromise par un vote favorable cette
réforme impopulaire.
Entre la crainte de perdre le pouvoir et celle
de compromettre la sécurité du pays, elle ne
pouvait pas hésiter: elle a rejeté le service per
sonnel.
Ah le parti socialiste va avoir beau jeu, et
M. Woeste lui a fait la partie belle
S'il y avait au monde une iniquité criante,
c'était bien celle du remplacement. Aussi,
l'avait-il assez exploitée dans ses journaux,dans
ses meetings et quelle déconvenue pour lui si
jamais la bourgeoisie, l'infâme bourgeoisie
l'avait fait disparaître
Heureusement, M. Woeste veillait, et grâce
ce prévoyant conservateur, l'iniquité va
subsister, d'autant plus odieuse, d'autant plus
criante qu'elle aura été solennellement consacrée
par lé vote d'une Chambre bourgeoise et censi
taire.
Si le Peuple ne donne pas une sérénade M.
Woeste, c'est un ingrat.
Quant au ministère, son attitude dans toute
cette discussion a été plus misérable encore que
celle de la droite.
La droite a repoussé le service personnel dans
un intérêt électoral, et cet intérêt s'explique
encore jusqu'à un certain point.
Le ministère,lui, s'est abstenu de le défendre,
dans un intérêt purement personnel, par crainte
de trop se compromettre aux yeux de la majo
rité, qui tient son sort entre ses mains.
Quand on voit qu'il eût suffi d'un déplacement
de quatre voix pour faire adopter le principe
du service personnel, on reste convaincu qu'en
posant carrément la question de confiance, le
ministère eût emporté le vote, haut la main.
Mais il eût dû pour cela se résigner faire le
sacrifice de ses portefeuilles dans un avenir pro
chain et, plutôt que de s'exposer cette fâcheuse
éventualité, il a accepté de bonne grâce le
misérable rôle qu'on lui a vu jouer dans toute
cette discussion, subissant sans mot dire tous
les sarcasmes de M. Woeste et jusqu'aux nasar-
des de M. Goomans.
En somme, une grande réforme, une réfor
me qui eût été l'honneur, et peut-être la sauve
garde du pays, vient d'échouer la Chambre.
Mais M. Woeste est satisfait C'est une
compensation.
A la sortie des tribunes, les officiers parais
sent consternés. Un familier de la Cour dit
l'un deux Le Roi sera très-affecté. Et l'of
ficier, un conservateur, répond Il reste la
dissolution des Chambres.
Socialisme et anarchisme.
Un travail fort remarquable fait, juste
titre, un grand bruit dans le monde politique.
C'est une étude sur le socialisme et l'anar-
chisme en Europe et en Amérique, qui vient de
paraître chez l'éditeur Wilhelmi de Berlin.
Quand un Allemand se mêle de semblables
études, on peut être sûr qu'il le fera le plus
consciencieusement du monde, et qu'il ne
puisera ses renseignements qu'aux sources les
plus autorisées.
C'est par ces qualités que se fait surtout
remarquer l'étude dont nous parlons. Son au
teur, qui a gardé l'anonyme, veut mettre le
monde civilisé en garde contre la trop grande
confiance que l'on montre, selon lui, vis-à-vis
des menées anarchistes et socialistes.
11 fait voir, par des chiffres irréfutables,
combien ces deux partis gagnent du terrain
dans les élections, malgré toutes les lois res
trictives qu'on leur a opposées. Il montre les
ressources financières relativement considé
rables dont ils disposent. Il indique le déve
loppement incroyable que prend partout leur
presse et l'autorité qu'elle gagne.
C'est grâce la rivalité des chefs de ces
partis, que la société doit d'avoir évité jusqu'à
présent de plus grands malheurs mais que l'on
y prenne garde, l'organisation, qui se corse de
plus en plus, aura finalement raison de ces
rivalités, au bénéfice du but général poursuivi.
Ce sont les socialistes allemands, dit-il, qui
se font le plus remarquer parieur persévérance,
leur abnégation, leur empressement même
consentir aux sacrifices les plus durs et les plus
répétés.
11 y a heureusement se féliciter de l'ex
trême vigilance des autorités allemandes, dit
l'auteur, et des rivalités signalées plus haut,
sinon, de grands malheurs auraient déjà été
déplorer.
Mais nous ne pouvons suivre l'auteur dans
ses recherches sur l'anarchie et le socialisme
dans les différents pays du monde. Constatons
seulement, qu'il fait I honneur notre pays de
lui consacrer ce sujet une sérieuse attention.
D'après lui, si on laisse se perpétuer les
iniquités sociales consacrées par la Constitution
belgeil est aisé de prévoir que dans ce pays le
socialisme aura rapidement raison du gouver
nement. A moins que celui-ci, dit-il, n'entre
énergiquement et résolûment dans une voie
plus rationnelle.
La Belgique, ajoute-t-il, ce prétendu pays
de liberté et d'égalité, voit se perpétuer chez
elle ce quei l'on est en droit d'appeler aujour
d'hui des monstruosités.
Voyez-y la situation des enfants et des fem
mes dans les mines et manufactures et l'infé
riorité de l'ouvrier tous les points de vue.
L'homme du peuple y est seul astreint au
service militaire, lequel est d'autant plus pénible
pour lui qu'il consiste réprimer des grèves
organisées par ses frères, des ouvriers mal
heureux comme lui.
L'instruction obligatoire et gratuite n'a jamais
pu être votée dans ce pays qui prétend marcher
la tête de la civilisation, etc., etc.
Et l'on s'étonne que les socialistes y trouvent
de nombreux et zélés adhérents
Ce qui est plus étonnant, c'est qu'un pareil
état de choses ait pu se perpétuer aussi long
temps sans amener un cataclysme.
Il n'est que temps vraiment de faire dispa
raître ces inégalités flagrantes qui donnent
trop raison aux socialistes.
Que M. Woeste et ses amis se le tiennent
pour dit.
Qu'ils lisent d'ailleurs le travail remarquable
dont nous leur parlons plus haut, et ils en se
ront convaincus. [Nouvelles du Jour).
Les officiers de l'armée aspirant au diplôme
d'adjoint detat-major ne devront plus suivre,
désormais, les cours de l'école de guerre.
Il leur suffira de pouvoir répondre aux ques
tions qui leur seront posées sur un programme
d'études que vient d'élaborer le département de
la guerre.
Ce programme, examiné dans ses grandes
lignes, comprend la géométrie descriptive, la
chimie et la physique, l'hygiène, l'hippologie,
la topographie, l'histoire générale, la géogra
phie physique, la géographie physique de la
Belgique, l'artillerie, la fortification, les prin
cipes et les applications de la fortification mo
derne, les sapes, les mines, les fortifications de
campagne les communications militaires
l'attaque et la défense des places, la défense
des états, l'art de la guerre, l'histoire des prin
cipales campagnes la tactique le service
d'etat-major, le droit des gens, la justice et
l'administration militaire.
Programme étendu, on le voit I
Le barreau de la Cour d'appel de Bruxelles a
procédé, Mardi, l'élection de son bâtonnier
et au renouvellement annuel du Conseil de
discipline. M. De Lantsheere a été élu bâton
nier par 123 voix sur 192 votants.
LE PROGRES
VIRES ACQCIR1T EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
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Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
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