47e ANNÉE. 21 Juillet 1887. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Un grand scandale. S Nouvelles Militaires. l\° 57. Jeudi, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Y près, le 20 Juillet 1887. D'après le eompte-rendu (l'une des séances du Conseil Provincial, publié par le Journal d'Ypres M. le Gouverneur aurait dit que M. Iweins lui a écrit pour lui dénoncer l'état de délabrement dans lequel se trouve le Palais de Justice de cette ville, et ce propos, il l'avait félicité de la façon dont il défend les in térêts de son canton. Il nous paraît que M. le Gouverneur s'est trompé, et qu'il aurait dû exprimer sa satisfac tion de l'empressement que met habituellement M. Iweins défendre les intérêts de la Province quand ces intérêts sont plus ou moins en oppo sition avec ceux de la ville. Qui ne se rappelle que M. Iweins a poussé la Députation Permanente intenter un procès la ville d'Ypres, la suite du débordement de l'Yperlée en 1880? Une poursuite, la veille des élections communales, aux fins de voir condam ner la ville payer 100,000 fr. de dommages- intérêts la Province, eut mis un joli atout dans le jeu des cléricaux. Cette intrigue échoua; il était trop évident que la ville n'avait fait qu'user de son droit, et ue si des dégâts avaient été occasionnés par le ébordement de l'Yperlée ils devaient être attribués la négligence de la Députation Per manente qui ne se soucie pas plus du curage de l'Yperlée sur le territoire des communes traver sées par ce cours d'eau que de la prospérité des écoles officielles. Cette fois, il s'agit du Palais de Justice M. le Conseiller Provincial ignore-t-il donc quels sont les devoirs de l'Etat et de la Province? Voudrait-il mettre charge de la ville les obli gations qui incombent 1 autorité supérieure La ville d'Ypres est propriétaire du bâtiment servant de Palais de Justice; la Province en est locataire depuis longtemps le bail est expiré depuis longtemps aussi il est ques tion de la construction d'un nouveau Palais de Justice. Et en attendant qu'une solution inter vienne, on voudrait imposer la ville des dépenses d'appropriation et de réparation qui absorberaient pendant un long terme le prix du loyer Heureusement que nos édiles sont moins naïfs que ce prétendu défenseur des intérêts du 0001011 La majorité qui domine, écrase la nation et sert de piédestal au triste ministère qui prétend régenter le pays et qui est lui-même sous la dépendance de deux hommes, cette majorité serait-il si difficile de s'en débarrasser Aucunement. Qu'est-ce que le nombre sans la qualité Or, si l'on pesait les votes, au lieu de les compter, on pourrait espérer être bientôt déli vré du joug clérical. Les cléricaux le savent si bien qu'ils jouent le jeu de la démocratie et le leur en même temps, en la poussant réclamer de toutes les façons le suffrage universel, qui doit, grâce l'ignorance, leur assurer ainsi, pour longtemps encore, la majorité du corps électoral et la continuation du pouvoir dont ils font un si noble usage. On a vu ces jours der niers, dans la question du service personnel, combien la gauche pourrait regagner en force, en puissance et en influence, si elle était unie. Malheureusement, cette union sera peut être rompue propos de la revanche que l'on prend sur fa Constitution, de l'échec subi sur le ser vice personnel. Mais que l'entente des libéraux se fasse dans le pays, et l'on verra bientôt le Parlement régénéré et le libéralisme occuper le pouvoir, Ta place de ceux qui en font un si détestable usage. Le jour même où la France célébrait le 98e anniversaire de la prise de la Bastille et rappe lait, par de brillantes fêtes nationales, l'heure héroïque où elle avait fait justice de tout un système de privilèges et d'iniquités, la Belgique faisait, elle aussi son 14 Juillet, sous l'égiue de M. Woeste l'archange d'Alost. L'impression produite en Europe sera lamen table on se demandera ce qu'est devenu ce peuple qui jadis attestait chaque occasion et avec tant d'énergie sa ferme volonté de main tenir son indépendance. Situation de plus en plus dangereuse et trou blée l'intérieur, déconsidération l'extérieur, telles seront les conséquences de la maladresse insigne, pour ne pas dire de l'irréparable faute que la majorité noire a commise Jeudi dernier. Mais qu'importe La Belgique a fait son 14 Juillet clérical. Woeste 1", le vrai roi des Belges de par la volonté de Nos Seigneurs les évêques, est satisfait. Que pouvons-nous désirer de plus? 11 Etoile belge raconte en ces termes une affaire qui produit un véritable scandale Bruxelles. C'est sous l'impression d'un sentiment dou loureux que nous nous décidons écrire ces lignes. Certes, nous eussions pu garder le silen ce, mais dans les temps troublés où nous vivons, il importe, plus que jamais, que la presse mon tre qu'aucune considération ne l'arrete lorsqu'il s'agit de flétrir le vice, les turpitudes, d'où uils viennent, dussent-ils s'abriter sous la robe 'un magistrat. A quoi bon d'ailleurs se taire ici? Aujourd'hui, demain, la discrétion ne serait plus de mise. Les faits seront publics, commentés, dénaturés, ag gravés peut-etre. Ne vaut-il pas mieux, dès lors, prendre les devants, exposer les faits, tels qu'ils sont, dans leur déplorable réalité, dire la vérité? Donc, Jeudi, devait comparaître devant la cour lanciers, ment du conseil de guerre, ie condamnant pour désertion. Au moment même où il vint s'asseoir sur le banc des prévenus, le soldat fit remettre un pli au président de la cour. Celui-ci ayant pris con naissance de la lettre, la passa l'auditeur mili taire qui demanda et obtint la remise de l'affaire une date ultérieure. Dans cette lettre le 6oldat affirmait que s'il avait déserté, il avait été poussé, excité le faire par une personne avec laquelle il a eu, pendant plusieurs années, des relations inavouables. Les camarades du soldat avaient remarqué Sue celui-ci avait toujours le gousset bien garni; est joli garçon, il avait des allures étranges On jasait et d'aucuns avaient fait devant lui des allusions très-directes. Le soldat s'émut, il alla trouver... son protecteur, lui exposa la situation et exprima ses craintes de voir tout découvert. C'est alors que c'est toujours le soldat qui l'affirme la personne lui conseilla de déserter, de fuir et pour l'aider accomplir cette fuite, elle lui donna de l'argent. Cette personne, le soldat la nomme. Elle appartient l'ordre judiciaire et occupe dans la magistrature debout, une position éle vée. L'accusation était formelle dirigée contre un civil, l'autorité militaire dut se dessaisir. La lettre fut remise au parquet du procureur- général de la cour d'appel. A huit heures du soir, l'avocat-général M. Van Maldeghem, se rendit la prison de Saint-Gilles et fit subir au soldat un interrogatoire qui dura près de trois heures. Le soldat persista dans ses déclarations et, pour les appuyer, entra dans des détails très-pré cis. Il fit, notamment, nne description détaillée de l'habitation du magistrat. Telles sont les grandes lignes de cette déplo rable affaire. Le soldat dit-il la vérité Nous nous refusons encore le croire. C'est M. Van Maldeghem qui est chargé de l'instruction. On connaît l'intégrité de cet avo cat-général. On sait qu'il ne connaît qu'une chose son devoir, et que pour accomplir sa tâche il ne recule devant rien, quelque pénible qu'elle puisse être. Que les consciences se rassurent donc si le soldat n'est qu'un immonde calomniateur, il aura la peine que mérite son action infâme s'il a dit vrai, si ce magistrat a traîné sa robe dans la boue, il sera puni et chassé de la magistrature qu'il aurait jamais déshonorée. Les allégations de Y Etoile étaient exactes le Moniteur de Dimanche contient un arrêté royal, révoquant de ses fonctions M. Demaret, substitut du procureur-général près la Cour d'appel de Bruxelles. L'arrêté ne publie pas les motifs de cette ré vocation. C'est égal, justice publique et rapide a été faite il faut s'en féliciter. M. Demaret avait le péché originel c'était un clérical de la plus noire eau. Sa nomination a Nos adversaires ont le mauvais œil. Les journaux de Liège annoncent qu'à la re vue du 21 Juillet, qui aura lieu en cette ville comme dans les principales garnisons, l'oc casion de l'anniversaire de l'inauguration du LE PROGRES vires acqu1rit edndo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marctié aux Herbes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1