On se rappelle en quelles circonstances a été ajourné le débat sur la proposition relative aux indignités parlementaires déposée par M. Bara. M. Bara venait de perdre la vieille parente dont la vie s'était associée la sienne, qui depuis son établissement Bruxelles avait été sa compagne de tous les jours, qui, au ministère et dans la petite maison de la rue de Bériot, tenait son ménage de garçon, qu'il a pleuré comme une mère... Le jour même où devait avoir lieu la discus sion, il la mettait au cercueil, pour la ramener Tournai où l'enterrement avait lieu le lende main il avait demandé un congéd'une semaine. C'était un Samedi et le Mardi suivant, M. De Malander déclarait fièrement la Chambre qu'il acceptait la remise la session prochaine, voulant discuter en présence de M. Bara. Or, voici ce que nous lisons dans le numéro du 11 Août du Renaisien, l'organe du parti clérical de Renaix, et le soutien de M. De Malander Il est bon, pour l'édification publique,de citer ces choses-là. Réorganisation de la garde civique. Nous avons annoncé l'autre jour que M. le co lonel Allard venait de publier en brochure ses propositions tendant réorganiser la garde civique. Au moment où le gouvernement et les Cham bres semblent s'entendre pour désorganiser com plètement la défense du pays tandis que tout tend faire craindre que nous ne soyons la veille d'être envahis, lorsqu'on voit condam ner le service personnel et compromettre notre armement par d'inexcusables préférences pour un type étranger, il est assez singulier de ren contrer un citoyen qui s'occupe sincèrement, sé rieusement de réorganiser la garde civique. Et cette originalité suffirait expliquer que nous serons attiré une seconde fois parler ici de la brochure de M. le colonel Allard. Les Chambres ayant rejeté le service person nel, et le général Pontus ayant déclaré officiel lement son intention de mobiliser la garde civi que, il était assez naturel, du reste, que l'on songeât réorganiser celle-ci. Dans l'état où elle est maintenant, malgré la bonne volonté des gardes et le zèle des officiers, la garde civique ne pourrait prendre une part efficace la défense du pays, en tant que troupe mobilisée. Le général Pontus, qui ne pouvait ignorer cela, avait tout l'air de luire une mau vaise plaisanterie en parlant de mobiliser la garde civique si toutefois on pouvait admettre un seul instant qu'un ministre de la guerre eût la fantaisie de plaisanter quand il s'agit de l'existence même du pays. Et en effet, M. Thonissen l'homme tout faire du cabinet avait été invité présenter un projet de réorganisation de la garde civique. Une commission devait être constituée pour exa miner divers avant-projets dont le ministre avait reçu communication. De ce nombre était le projet de M. le colonel Allard. Au moment où les personnes désignées pour faire partie de cette commission allaient se réu nir, M. Thonissen leur fit connaître qu'il lui était impossible de saisir de cette question une com mission, de crainte de blesser son parti mais, le ministre annonçait son intention de conserver tous les projets dont il avait été saisi et de s'en servir pour confectionner une réor- ganisation lui, dans des conditions quisatis- feraient son parti. Chacun, naturellement, se retira. Le projet de M. Allard ayant été seul publié, c'est de ce projet-là que nous allons dire deux mots. Les bases de l'organisation actuelle de la garde civique sont bonnes et démocratiques l'auteur a bien fait de les conserver en les modifiant dans les conditions que voici Le service cessant non 50 ans, mais 40 ans Suppression de la garde civique non active seulement, la garde resterait organisée en deux bans, le premier seul mobilisable en temps de guerre Un contingent minimum de gardes civiques se rait imposé aux communes L'organisation sérieuse de l'instruction mili taire, en ne limitant pas le nombre ni la durée des exercices d'une façon absolue et en organi sant les préliminaires d'un service mixte avec l'armée et des périodes de camp ou des manœu vres en terrains variés Renforcer l'autorité des officiers: 1° en exi geant un examen préalable; 2° en ne permettant pas de nomination de fantaisie, en dehors de la filière hiérarchique 3° en supprimant les élec tions quinquennales et 4° en abandonnant au Roi la nomination des officiers supérieurs, ce qui est constitutionnel. Le projet du colonel Allard propose d'organi ser fortement la discipline en lui donnant une sanction le service permanent qu'il réclame de la garde procurerait un moyen de coercition tout trouvé par la condamnation des jours de garde supplémentaires; les conseils de discipline se raient réorganisés et une cour d'appel de disci pline serait créée pour juger les officiers. Le projet s'occupe aussi de la transformation des écoles de tir et réclame le renforcement des corps de cavalerie pour faire le service d'éclai- reurs. Il centralise autant que possible la direc tion de la garde civique par province et supprime l'inspection générale, qui a toujours coûte très cher au pays sans avoir jamais rendu de services sensibles. Voilà les principales lignes du projet de M. Allard. Nous les retrouverons probablement in diquées ou reproduites dans le projet que M. Thonissen doit présenter la session prochaine si toutefois, la session prochaine, nous re trouvons encore M. Thonissen et ses projets... de projet. Le stortbier Un brasseur écrit Y Escaut pour attirer son attention sur une coutume com merciale qui devrait disparaître ou être prohibée par une loi, car elle est aussi contraire 1 hygiène publique qu'aux intérêts bien entendus d'une grande industrie la brasserie, de l'obligation néfaste dans laquelle se trouvent les brasseurs de reprendre aux cabaretiers les fonds des ton neaux et les ramassis ou restants des verres de bière servis dans leurs établissements. Ces ré sidus, que l'on désigne sous le nom de stortbier ou stort, sont ce que l'on peut considérer comme une lèpre tant pour le brasseur que pour le con sommateur. Une bière saine, sans mélanges, dans la com position de laquelle il n'entre que l'extrait des céréales et du houblon, renferme, sous forme liquide et par conséquent facilement assimilable par l'organisme, une forte dose d'éléments toni ques et nutritifs de tout premier ordre. Une bonne bière est plus fortifiante que le vin. Elle est donc recommandâble tous égards, comme reconstituant des forces physiques de l'homme. 11 en est tout autrement si une bière saine, le brasseur se voit obligé d'ajouter du stort, véri table résidu qui ne devrait aller qu'au ruisseau. Le stort rendu au brasseur est mis tout bonne ment dans le magasin où il redevient clair par un repos suffisant ou par collage et il est ultérieure ment mélangé avec de la bière fraîchement fabriquée pour être rendu de nouveau la con sommation chez le cabaretier. Je n'insiste pas sur ce que cette pratique a de répugnant j'appellerai seulement votre sérieuse attention sur ce qu'elle a de contraire l'hygiène. Tout le monde sait que les premiers verres de bière tirés la pompe par les cabaretiers sont versés dans le tonneau stort. Il est connu encore que les tuyaux qui amènent la bière du tonneau vers cette pompe sont en plomb. Or, les bières contiennent le plus souvent des acides acide lactique, acétique, carbonique. Ces acides se combinent au plomb et forment des sels de plomb les deux premiers très solubles dont l'effet toxique est des plus préjudiciables la santé. Les sels de plomb sont des clarifiants par excel lence, aussi les bières de ramenant deviennent vite clairs et propres au recoupage des bières jeunes. Une telle pratique ne doit-elle pas être con damnée comme nuisible et interdite par la loi Il est étonnant que la société de médecine ne se soit pas encore occupée de cette importante question d'hygiène publique. nouvelles locales. On nous prie de porter la connaissance du Eublic les mesures prises par l'Administration oinmunale en vue de la distribution des prix aux élèves de l'école primaire dirigée par Mlle Van der Haegen. Les parents sont priés d'amener leurs enfants deux heureshV Hôtel-de- Ville. Les parents seront ensuite conduits la salle des fêtes par le local des archives. Le public sera admis dans la salle des fêtes partir de 2 1/2 h. (entrée côté du Marché-Bas.) Nous recevons d'un membre de l'Harmonie des Sapeurs-Pompiers la lettre ci-dessous La musique des Sapeurs-Pompiers a fait Di- n manche dernier une charmante excursion Roubaix où avait lieu un grand festival inter- national pour sociétés d'Harmonie, de Fanfares et de Chant d'ensemble. L'accueil qui lui a été fait tant par la Muni cipalité que par la population roubaisienne a été on ne peut plus cordial et plus sympathique et a produit chez tous nos musiciens, la meil leure impression. Une foule considérable et enthousiaste parmi laquelle bon nombre d'Yprois établis àRoubaix stationnait sur la Grand'Place lorsque notre vaillante Harmonie, sous l'habile direction de M. Wittebroodt, a exécuté la Marche aux Jlam- beaux, de Meyerbeeret une Fantaisie sur Guillaume Tell. Des applaudissements nourris et des bis répé- tés ont éclaté diverses reprises mais le grand nombre de Sociétés inscrites ne permettait pas de prolonger l'audition et le public a bien dû céder devant l'inflexibilité de MM. les Com- missaires de la fête. Ces derniers ont été d'ailleurs notre égard d'une affabilité charmante et se sont mis notre disposition avec une bonne grâce et une cor- v dialité sans égale. Tous nos remercîments ces Messieurs que r> nous comptons bien revoir notre festival du 28 Août. Le Concours de jeu de boules du Dimanche, 14 Août dernier, organisé, avec l'intervention de l'Administration Communale de cette ville, par la Société établie l'estaminet den Voerman, hors la porte de Dixmude, a pleinement réussi et a réuni environ 300 amateurs. Les deux médailles ont été remportées par la Société les Vrais A mis ayant son siège àl'esta- minet la Station qui y était représentée par vingt-quatre membres. Il y avait foule, Lundi dernier, hors la porte de Lille, l'occasion des fêtes et réjouissances publiques, organisées par le Cercle la Frater nelle. Le soleil des gueux s'était mis de la partie et a brillamment contribué la réussite de ces festi vités. Au Concours au jeu de quiHes, il y avait plus de 100 inscrits et le carrousel a également réuni un très-grand nombre de concurrents. Nous lisons dans le Courrier d'Ostende, du 14 c': A Ypres. La demi-batterie d'artillerie d'Ostende. Nos artilleurs ont fait Dimanche dernier une excursion dont ils conserveront longtemps un heureux souvenir. C'est hier Mardi qu'est venue devant la Chambre la pro position de loi de M. Bara. Ce dernier sentant le terrain se dérober sous lui a saisi au vol un prétexte pour esquiver la discussion.... Ainsi donc, M. Bara, c'est entendu. Votre truc est mis nu, car nous ne sommes point dupe de votre prétexte spécieux... Et pour clore l'incident nous dirons carrément: Bara a reculé devant la discussion des événements de Renaix, il a reculé devant M. De Malander, c'est une lâcheté inutile, car en sa présence et malgré lui la lumière sera faite et elle le serait déjà sans une reculade bien digne d'un tel apôtre.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 2