74. Dimanche, 47e ANNÉE 18 Septembre 1887. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. L'Église est immuable. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypees, le 17 Septembre 1887. C'était en 1884. Une assemblée brillante se trouvait réunie au K. K. yprois toutes les fortes tètes du parti de Dieu et on sait s'il en manque étaient là M. Spillebout faisait défaut toutefois, retenu chez lui par un examen de conscience. On ve nait d'acclamer les bourgmestre, échevins et conseillers communaux de la ville d'Ypres ré générée M. Meersseman, que venait de rendre illustre la savante histoire du Collège Episeopal et les biographies, tracées de main de maître, de Stock, J3ril (œil d'Argus) etc.; puis M. iweins qui avait failli devenir députe MM. Colaert et Struye (Eugène) qui l'étaient pour tout de bon. M. le Baron (l) Surmont de Volsberghese leva, salué par les chaleureux applaudissements de cette assembléed'élite. 11 rappela les événements douloureux (oh oui, glissons) du 7 Septembre; les dépenses exorbitantes, ruineuses et dispen dieuses de nos établissements, la fameuse pancarte l'effet superbe protesta de son dévouement aux employés de l'Hôtel-de-Ville, aux ouvriers les instituteurs sous le régime clérical auront une position plus honorée et plus enviable que sous la lui maudite de 79 et quant au collège et aux écoles officielles nous n'en ferons pas davantage il y a l'opi- nion des adversaires respecter. Il n'est jamais entré dans l'intention d'aucun de nous de priver un grand nombre de nos conci- toyens des moyens de donner leurs enfants une instruction et une éducation leur con- venance. Il parlait d'or, le Baron(l); et depuis trois ans, moins que d'être d'une mauvaise foi absolue, nous devons avouer que pas une, mais pas une de ces promesses n'a été violée, môme en intention, ce qui serait déjà un péché. Continuons. Les autres orateurs ne furent ni moins convaincus, ni moins honnêtes. Le R. P. Struye avait trois griefs et il était l'écho de la voix du peuple. Mons Colaert n'était pas un étranger, et s'il avait été impuissant la Cham bre jusqu'à la veille des élections aussitôt les élections finies (favorables aux représentants de Dieu, bien entendu) le commerce et l'industrie n'auraient qu'à se féliciter de son génie et de son influence. Autant en emporte le vent Ce qui éveillait surtout cette verve, toujours spirituelle et loyale, des suppôts de l'Eglise, cétait, devons-nous le dire, la question des écoles. Ce n'est pas que l'Eglise n'aime pas le peuplemon Dieu, au Congrès de Liège on aurait voulu voir ériger une statue la Mère éternelle avec cette inscription l'amie du peuple mais du moment que les jeunes filles savent faire de la dentelle et balayer les trot toirs des chères sœurs que les enfants savent réciter la litanie de St-Labre et au besoin ser vir la messe, il nous semble que le desideratum d'une instruction saine et religieuse s'arrête là. Mais il y a mieux encore 1 s'écriait M. Surmont, (la grâce divine se faisait admira- blement sentir), on a inventé du nouveau 1 Une école ménagère Les grands résultats que cette institution est appelée produire sont, parait-il, phénoménaux. On y formera des cuisinières on y apprendra éplucher des pommes de terre, que sais-je? Ce qu'il est entré là d'ustensiles de tous genres, c'est incroyable. Et toutes ces fortes têtes de rire C'était trop ridicule aussi, de vouloir donner des jeunes filles les connaissances nécessaires pour la tenue du ménage d'un ouvrier. Au lieu de s'en tenir au chapelet, enseigner le tricotage, le raccom modage des vêtements, le rapiéçage, la confec tion d objets de lingerie, l'entretien des appar tements, les principes de l'alimentation: c'était par trop grotesque, en vérité, et on ne pouvait que l'accueillir par un sourire de commisération et de mépris. Ne riez pas, Messieurs,etc.», disait l'orateur, toujours grave, lui. Et ma foi il avait eu ra rement pressentiment aussi juste le 19 Mai 1885, M. le comte d'Oultremont un enfant chéri de l'Eglise vantait la Chambre les bienfaits des écoles ménagères, citait comme modèle une école de Jemelle, dirigée par les chères sœurs, et demandait la création d'éta blissements analogues dans le Borinage, le pays deCharleroi, etc. C'était fini de rire tout au moins le comp te-rendu de la Chambre ne parle pas de souri res de pitié, qui seraient partis des bancs de nos trois honorables. Au reste, auraient-ils daigné se déranger ce jour-là Mais voici qui est mieux le Moniteur du 14 Septembre dernier établit officiellement ren seignement de l'économie domestique et des tra vaux de ménage dans les écoles primaires et les écoles dadultes pour filles. La nécessité d'associer l'école la famille dans l'œuvre de l'éducation domestique est aujourd'hui généralement reconnue. Il est indispensable de faire aimer et pratiquer les travaux de ménage. L'institutrice fera des leçons intuitives démonstratives, pratiques en face des objets. Ceneserapas seulementdans la salle d'ecole, mais aussi, dans le mesure du possible, la cuisine, la table de manger, la chambre coucher, au jardin, qu'elle montrera et ex- pliquera la chose.» Et voyez donc le programme il est identi que celui qui est en vigueur notre école communale de jeunes filles depuis 1884. Nous trouvons même dans le programme officiel, signé de M. Thonissen 3° Eplucher des légumes 4° Peler des pommes de terre, etc. tout ce qui avait tant amusé le spirituel Baron et sa société de gens d'esprit. Elle serait citer toute entière, la circulaire de ce ministre de Dieu, et nous y reviendrons un jour. Elle montrerait toute la mauvaise foi des attaques de ces piliers d'Eglise el com bien cette Eglise immuable doit faire de con cessions, dans le domaine de l'instruction comme partout ailleurs, un déplorable malheur des temps. L'administration communale d'Ypres disait M. Vanheule, au 16 Octobre 1884 est peut-être la première qui ait organisé pa- reille école dans notre pays, et s'il plait M. Surmont de lui en faire un grief, l'adminis- tration, elle, appréciant autrement les besoins et les bienfaits de l'instruction et de l'éduca- lion des filles, s'en fait un titre de gloire. (Applaudissements). Et c'est l'exécuteur de la loi bénie de 1884, le doux M. Thonissen qui donne ces applaudissements une sanction officielle En vérité, Messieurs, je vous le dis, c'est fini de rire. L. nouvelles locales. Les élections approchent et on se demande où est le toupet du Journal d'Ypres d'il y a trois ans, d'il y a six ans et de tout temps la veille de la i lutte Lèvent a-t-il changé, le terrain se dérobe-t- il, quel est ce silence chez ces stentors de la blague On en dit tant et tant d'un côté, on se cade nasse si hermétiquement l'avaloire de l'autre, que cela devient intéressant, et, qu'à force de prudence, le parti clérical, autrefois si fort en f...., ne paraît plus qu'un chétif estropié se guin- ant sur ses maigres guibolles. Ah oui, il a beau se trémousser, dans ses insi- Snifiances, le petit Monsieur du Journal, la voix evient rauque, le verbiage insipide et la lame ne coupe plus. Usée la ficelle. Il dit nos conseillers en mouvement perpé tuel; il les dit pris d'une peur bleue. Peur bleue! jamais, et le Journal le sait bien. Aussi ne ma- nœuvre-t-il comme cela que pour cacher ses pe tites tribulations intérieures. Mais le public ne s'y trompe plus, ce n'est plus que lazzis, cla- bauderies et gogenarderies et la confiance sur toute la ligne. Ah! s'il pouvait faire croire seulement une victoire cléricale, ce serait déjà un demi-triom phe Mais non, on n'y croit plus du tout ces prédictions. Assez de ces hâbleries; on s'y laisse prendre une fois, mais deux c'est trop et tout ce que nos bons amis les cléricaux ont de mieux faire c'est de rentrer dans leur modeste coque d'où ils n'auraient jamais dû sortir pour le plus grand bonheur de leurs trop naïfs tapageurs. Nous le disons avec conviction et d'après les dernières données de ceux qui sont du bâtiment, notre situation est bonne, excellente ceux qui se sont laissé prendre, il y trois ans, la glue clé ricale, savent ce que valent ces belles promesses dont on les a enguirlandés ils connaissent au juste tout ce faux miroitage et l'apprentissage est complet. Qu'ils viennent Messieurs les cléricaux et leur compte est fait d'avance. Nous en répondons. Vous étiez-vous déjà doutés de notre profonde immoralité Rien n'est plus vrai cependant, et LE PROGRES vibes acqdirit eunro. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif el judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1