LU JOURNÉE DU 16 OCTOBRE. Nous disions dans un de nos derniers numé ros Nous ne sommes pas encore complètement uiùrs pour la crétinisation, fut-elle même avec Dieu. Les électeurs ont largement ratifié ces paro les. Nos maîtres voulaient cléricaliser nos écoles, supprimer nos instituteurs qu'ils s'en aillent, disait maître Woeste qu'ils s'en aillent, répé tait Monsieur Fraeys le clergé allait exer cer sur l'instruction de nos enfants une sur veillance bienveillante. Notre Collège com munal maintenait la bonne réputation, ce qui gênait horriblement les suppôts du temple saint il avait même osé survivre l'ukase du grand Jacobs, qui supprimait l'Athénée. C'était plus qu'il ne fallait pour le condamner, et il devait disparaître. La gestion de la ville était déplorable. Les pauvres étaient opprimés. La Charité chré tienne, tolérante et impartiale, allait balayer ces abus et rétablir le règne de l'équité. Et s'ils luttaient, nos piliers d'Eglise, c'était d'un cœur léger ils tenaient le triomphe nous sommes absolument sûrs de la victoire et voilà pourquoi nous pouvons être extraordinairement calmes. Et puis, qui eût pu résister l'honneur de pouvoir voter pour un Sénateur et Baron, des représentants, de beaux hommes, comme M. Fraeys, des sauveurs de l'ordre social comme le spirituel M. Iweins. Et cependant, ces mécréants d'électeurs n'ont point partagé l'enthousiasme de ces fortes tètes. Ils ont signifié nettement ces grands hommes qu'ils entendaient garder leurs ecoles, que la gestion de nos affaires communales n'avait rien gagner de tous ces pieux fabri- ciens et marguilliers et que l'Hôtel—de—Ville n'appartiendrait ni maintenant, ni jamais, aux prêtres et aux moines, fût-ce même par per sonne interposée. Et c'est nous qui chantons victoire nous avons le droit de nous flatter disons-le bien haut de la journée du 16 Octobre. Notre ma jorité de 1884 est maintenue. Dimanche prochain, le candidat libéral pas sera une majorité, telle que de longtemps l'honorable représentant M. Colaert n'aura le désir de rentrer en lutte. Les ovations faites au sympathique colonel Parsy, dans la soirée de dimanche, en sont un sûr garant. Nos élections communales. Il y a donc ballottage Dimanche prochain entre M. Parsy et M. Colaert le premier a ob tenu 704 voix, le second 680 soit donc une majorité de 24 voix en faveur du libéral. Notons que vingt-six bulletins libéraux ont été an nulés, parce que l'électeur avait tamponné dans le cercle surmontant la colonne libérale. Ceux- ci, dûment avertis de leur méprise, déposeront des bulletins valables ce qui nous rendra au minimum une majorité de 40 50 voix. Et ne négligeons pas les bulletins libéraux panachés et incomplets. Voyons, Mons Colaert, un bon mouvement. Vous avez été de fort bonne composition en vous posant comme victime au 16 Octobre. Jouerez-vous, une fois de plus, le rôle du a guillotiné par persuation?» Comme le disait spirituellement le Baron deux fois bon c'est une fois bête. Et propos du Sénateur Baron Surmont, n'est-il pas remarquable qu'à chaque élection, il arrive toujours bon dernier On n'est vrai ment pas plus sympathique auprès de son propre parti. Et c'est merveille de voir l'enthou siasme que provoque chaque fois la candida ture de cet homme providentiel. Ce n'est vraiment pas la peine d'être au-dessus de la vile roture pour échouer aussi piteusement auprès des gens bien pensants. Décidément le respect des choses saintes s'en va, et ce n'est fias encore le Baron qui arrêtera la dégringo- ade. Ne nous en affligeons pas I La corruption cléricale. Il ne suffit plus aux cléricaux de corrompre les petits électeurs domicile, on va jusqu'à leur glisser de l'argent dans les mains au moment où ils entrent dans l'enceinte réservée aux électeurs. Le sieur L n'est pas adroit, ni D non plus. Allons MM. les cléricaux, cela va bien, continuez sur ce ton, nous vous ferons votre compte. Si vous croyez que tous ces gens que vous avez tentés ne se révoltent pas contre vos honteux agissements, vous vous trompez gros sièrement, ce sont eux-mêmes qui vous dénon cent, sans parler des faits constatés par des témoins des plus honorables, aux abords des bureaux. Et dire que malgré cela, le cléricalisme est battu. Faut-il que le population Yproise ait l'âme robuste Le clou de M. Iweins. Nous avons ri des chiffres de M. Iweins, pré sentant la première réunion catholique un gain de 166 électeurs cléricaux, par suite de décès, radiations et départs. Nous en avons ri parce que cela prête rire, comme tout ce qui est ridicule. Dans la seconde réunion, M. Iweins revenant sur cette assertion contestée par nous, a tenu déclarer que les chiffres étaient de la plus abso lue exactitude et qu'il nous déliait de les contes ter. Bien, puisqu'il en est ainsi, acceptons-les. Mais raisonnons les arguments de M. Iweins en main. Donc une avance de 166 voix cléricales avant les élections. Le 16 Octobre nous donne une ma jorité de 60 voix. Nous avons donc rattrapé entre le j our où MIweins a fait son calcul et le jour de l'élection ces 166 voix et 60 voix qui sont venues s'ajouter aux 166 qu'il tenait en ré serve, total 226 voix. Pas mal Ce n'est pas nous qui le disons, c'est M. Iweins qui nous l'apprend. Merci, M. Iweins pour ce clou. Les prédictions du Journal d'Ypres. 11 n'y a rien de tel que la logique cléricale et il est intéressant d'en extraire le suc. Oyez. Au commencement de la période électorale, le Jour nal d'Ypres pour remonter le moral de ses lec teurs faisait voir la progression descendante suivie par les libéraux dans les trois dernières élections communales. Il y a neuf ans, disait-il, les libéraux l'emportaient 300 voix de maj orité; il y a six ans, 150 voix, il y a trois ans 60 voix, donc en suivant cette marche, ils passeront dans la minorité avec un déficit considérable. Ce calcul de progression pouvait faire bon effet sur un tableau de professeur de mathéma tique pure, mais en politique on ne travaille pas sur un tableau noir. Aussi nous fîmes observer au hardi calculateur, que ces chiffres étaient de la haute fantaisie qui n'avait rien de commun avec la réalité subjective et que les faits en viendraient bientôt démontrer toute l'inanité. Nous ajoutions que le raisonnement du Journal allait un jour tourner contre lui-même et que nous nous réservions de lui en faire avaler toutes les conséquences. Ainsi nous disions quand il y aura un revire ment, ce qui ne peut manquer de se produire, admettez-vous que prenant le chiffre nouveau, nous le grossissions pour la suite notre avan tage dans la proportion ascendante, comme vous avez fait pour vous quand tablant sur nos 300, 150 et 60 voix, vous nous faisiez cascader dans le vide Ce serait cependant notre droit et votre logique nous y conduit. Aussi êtes-vous obligé de tirer de nos chiffres vos propres conclusions et de dire: les libéraux avaient 60 voix de majorité aux élections de 1884 selon notre professeur d'arithmétique, ils n'en pouvaient obtenir en 1887 que 30, or ils en ont 60 plus 26 qui ont été annulés et qui tous provenaient de libéraux (qui se sont trompés une fois et qui, ils l'ont déclaré, ne se tromperont plus), total réel 86 voix de ma jorité. Si on ajoute ces 86 voix aux 30 qu'ils ont regagnés pour arriver aux 60 qu'ils ont obtenus cela fait qu'en réalité, toujours selon l'arithmé tique du Journal, il y a eu 86 - j- 30 116. Voilà donc 116 voix acquises depuis les der- nières élections de 1884, ce qui fait prévoir pour 1890 une majorité de 232. Hein, Journal, pas mal, n'est-ce pas L'Élection du 16 Octobre. Grande animation Samedi soir l'Association libérale réunie une dernière fois avant la grande bataille. Discours très-applaudi de M. Cornette qui s'acquitte du rôle parfois difficile de Prési dent avec un incontestable talent et un entrain du diable. Aussi les applaudissements éclatent tout instant, soulignant longuement les passages tantôt humoristiques tantôt pathétiques et vrai ment éloquents do l'allocution présidentielle. M. Cornette a encore touché en passant aux chiffres ou plutôt au clou de M. Iwems. Ce pauvre clou a eu joliment souffrir et bien des gens se disaient en riant qu'il ne tient plus, mais plus du tout. Le scrutin du lendemain l'a suffisamment prouvé. A l'issue de la séance, des groupes nombreux se rendent la gare pour recevoir les amis ve nant de 30, 40 et 50 lieues pour prendre part la lutte. Presque tous des libéraux On les accueille gaîment, joyeusement, et on fait fête aux ou vriers, électeurs capacitaires, qui Tourcoing et Roubaix, ont été l'objet des odieuses tentati ves de corruption qu'une affiche a dénoncées le jour même l'indignation de toute la population. Décidément les cléricaux ont fait là un coup de maître Encore quelques tentatives de ce genre là et il n'y aura bientôt plus un seul capa- citaire du côté de M. le Baron. La soirée de Samedi a été très-animée. Des groupes de libéraux circulent, surveillant les manœuvres de la dernière heure des hommes du Cercle Noir. Rue de Lille, ils rencontrent vers 111/2 h. un vicaire suivi d'un xavérien glissant sous les por tes des maisons les circulaires signées Surmont, Colaert et Struye et relatives la loi sur l'ivresse. D'autres tonsurés portent droite et gauche des cartes de visite portant Baron Surmont de Volsberghe, sénateur. Une dernière visite de politesse et une dernière sollicitation On hausse les épaules et on passe Dans les petits cabarets, des émissaires du K.K.,toujours les mêmes, toujours arrogants, toujours sûrs de la victoire s essaient comme en 1884, au rôle de tripoteure. Par-ci par-là on les met dehors en leur don nant conseil d'aller payer leurs dettes avec l'ar gent qu'ils dépensent bêtement au cabaret. A une heure du matin, des jeunes gardes ca tholiques, armés de gourdins et conduits par des marchands de chiffons, parcourent encore la ville d'un air menaçant, se faisant ouvrir quel ques caboulots où ils se font servir des pintes de bière ou des grandes gouttes de schnick que le chef delà bande paie au comptoir, en ayant bien soin d'ajouter que c'est en vue de l'élection du lendemain. Enfin il se lève le grand jour qui devait être {iour les cléricaux un jour de gloire, et pour nous e jour de l'écrasement. Dans les églises, les offices du matin sont expé diés au triple galop pour permettre prêtres i et fidèles de se rendre au scrutin. Le lté missa est, dit Y Étoile belge, n'a jamais été dit avec plus de conviction. Aussi dès 8 1/2 heures, les électeurs se rendent déjà nombreux vers les Halles où siègent les quatre bureaux. Au bureau principal, trois fils Baus, coiffés d'un chapeau haute forme, (sinistre présage) se promènent triomphalement, distribuant force îfc Suivent les noms des six autres candidats

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 2