N° 87. Jeudi,
47e ANNÉE.
5 Novembre 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
Le programme clérical.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
La question de Bulgarie est agitée de nouveau.
L'empereur de Russie voudrait en finir d'un
coup, mais seulement après son retour, dix fois
ajourné, Saint-Pétersbourg. La prudence l'en
gagera peut-être patienter. Des avertissements
lui arrivent d'un peu partout.
L'un des organes du chancelier de Bismarck,
la Gazette de Cologne, écrit qu'une guerre euro
péenne étant sur le point d'éclater, le Czar aura
sauvegarder des intérêts autrement considéra
bles que ceux qui sont compromis par l'attitude
du prince Ferdinand. Aussi, on attend avec im-
{latience, avec anxiété même, la confirmation de
a rumeur d'après laquelle Alexandre III passe
rait par Berlin, afin de se rencontrer avec son
vénérable grand-oncle.
Nous n'attachons qu'une médiocre importance
l'assertion que le prince élu de Bulgarie aurait
failli périr sous les coups d'un assassin. On peut
s'attendre, cependant, du jour au lendemain,
un acte de désespoir de la part d'un des nom
breux adversaires du gouvernement, que le mi
nistère Stambouloff traque avec une rigueur
extrême.
On assure encore qu'un conflit aurait éclaté
entre le prince et le chef du conseil. La situation
doit être extrêmement tendue pour que de pa
reilles rumeurs puissent s'accréditer.
L'entente de l'Italie avec l'Allemagne et l'Au
triche n'eBt pas contestable. Les paroles que M.
Crispi vient de prononcer Turin ne peuvent
laisser aucune illusion cet égard. Il est donc
craindre que l'Angleterre n'ait donné satisfac
tion sur les questions du canal de Suez et des
îles Sous-le-\ ent la France que pour couvrir
l'évolution qu'elle accomplit, en ce moment,
vers la quadruple alliance. Le chancelier de
l'empire allemand a donné au cabinet anglais la
formule dont il pourra se servir son tour pour
justifier son ralliement au parti du plus fort. Le
marquis de Salisbury pourra répéter le mot
d'adieu du prince de Bismarck M. Crispi, après
l'entrevue de Friederichsruhe Nous avons
assuré la paix, nous avons rendu un service
l'Europe.
Aussi les journaux anglais louent sans réserve,
comme les journaux italiens, le discours de M.
Crispi. Il n en est pas de même pourtant, parmi
ces derniers, de Y Osservatore romano, organe offi
ciel du Vatican, qui nie que l'église jouisse d'une
vraie liberté en Italie. Ce journal ajoute que la
peur de paraître farouche l'église sert de pré
texte au gouvernement pour la tenir esclave. Le
Moniteur de Rome estime, de son côté, que le prin
cipal caractère du discours est une réserve em
barrassée sur la question romaine. Nous ne
disons pas non. Mais on serait embarrassé
moins.
Les élections communales qui viennent d'a
voir lieu nous ont permis de préjuger le pro-
framme des cléricaux pour les élections de
uin 1888.
Les cafards savent que la religion est usée et
que le truc des intérêts matériels est usé jus
qu'à la corde, c'est pourquoi ils proposent quel
que chose de neuf, de luisant, de bon teint.
Ils demandent que les candidats du cléri
calisme partent en guerre en criant A bas
lencasernement général! vive larmee régio
nale et nationale En termes moins élégants,
cela veut dire maintien du remplacement.
Ils réclament aussi la réduction du temps de
service et l'exonération de la caserne pour ceux
qui savent se loger et s'équiper leurs frais.
Un joli programme soumettre aux élec
teurs
Nous ne parlons pas de la réduction du temps
de service, la question n'étant pas suffisamment
étudiée. On la résoudrait de suite si l'on réali
sait le système de la nation armée. Avec le
contingent actuel, il n'est pas prudent de pren
dre une décision la légère. Ce que nous pou
vons dire c'est que loin de réduire le temps de
service, les cléricaux l'ont porté de 8 13 ans.
Arrivons de suite l'exonération de la ca
serne, une mesure tellement réactionnaire que
si quelque jour elle devait recevoir un commen
cement d'exécution, elle serait de nature
soulever les colères populaires. Depuis plus
d'un demi-siècle, le libéralisme s'est efforcé
d'amener le pays l'égalité des classes, la dis
parition des privilèges, l'abolition des injus
tices sociales. Si ces efforts n'ont pas toujours
été couronnés de succès, il a obtenu toutefois
des résultats qui ne sont pas dédaigner et
dont la nation lui a su gré.
Elle ferait un pas en arrière et son recul se
rait pileux, si elle allait accepter ce nouveau
trompe-l'œil du programme clérical.
Que deviendraient les fils des ouvriers, tous
les pauvres diables qui tombent au sort, si
deux catégories se partageaient l'armée, l'une
échappant la caserne et aux quotidiennes
corvées grâce de beaux écus sonnants, l'au
tre contrainte au service de la caserne et
tous ses ennuis? Ils verraient leur sort devenir
chaque jour plus dur; on délaisserait tout le
programme d'améliorations apporter l'hy
giène des établissements militaires et l'alimen
tation au lieu de progresser deviendrait plus
mauvaise.
A quoi bon se gêner pour les enfants du
peuple?
Laissons donc les catholiques, ces ennemis
irréconciliables de la classe ouvrière partir en
guerre avec leur programme, l'unique, le vrai
il servira mieux les abattre. Au point de vue
militaire, l'exonération de la caserne n'est pas
moins calamiteuse; dans le cas de prise d'ar
mes subite, elle réduirait les effectifs un
chiffre ridicule et empêcherait toute concen
tration rapide. Elle nuirait beaucoup une
mobilisation de l'armée.
Le vrai programme est donc bien choisi il
est aussi anti-national que réactionnaire et s'il
triomphait il mènerait le pays la révolution
ou l'annexion.
L'Ami de l'Ordre a publié, propos de la
nomination de M. Lejeune, un article caracté
ristique, nous nous reprocherions de ne point le
reproduire
On trouvera que le Journal de Bruxelles fait
un singulier compliment la droite, ou du moins
aux amis qu il peut avoir dans la droite, et
même au ministère Beernaert. Aucun de nos
n amis de la Chambre n'aurait, dit-il, voulu ac-
cepter le portefeuille de la justice en privant
le gouvernement du Roi du concours d'un
homme de la valeur de M. Lejeune.
ji Le talent d'avocat de M. Lejeune, personne
ne le conteste les feuilles libérales elles-mêmes
le reconnaissent et le proclament. Mais n'y a-t-il
point, parmi les membres de la droite, des hom
mes qui ont donné des preuves de grande valeur,
et comme éloquence, et comme science, et com
me travail, et comme caractère
n Et si le gouvernement du Roi ne pouvait
pas être privé du concours d'un homme de la
valeur de M. Lejeune, comment se fait-il qu'il
s'en est passé pendant trois ans Est-ce que le
ministère Beernaert serait resté jusque mainte
nant sans un homme de valeur
Et hypothèse injurieuse, mais logique
ment déduite de l'observation du Journal de
Bruxelles si cela était, comment M. Beernaert
aurait-il tant tardé voir que son ministère ne
comprenait pas un seul homme de valeur
Le Journal de Bruxelles aura été une fois de
plus maladroit pour ses amis du gouverne
ment et de la droite. C'est sa manière de recon
naître les amabilités qu'ils ont pour lui.
Le Journal de Bruxelles
répondu.
n a pas encore
Nos transits vont bien sous notre administra
tion cléricale. On connaît la perte essuyée par le
Trésor la suite de la décision de l'office alle
mand qui a transféré la voie de Flessingue le
transit postal pour l'Allemagne du Nord qui
s'effectuait précédemment par la voie d'Ostende.
On sait que le transit pour l'Allemagne du Sud
est aussi sur le point de nous échapper, l'office
allemand s"1 étant déjà entendu avec l'office an
glais, pour que cette correspondance ne passe
plus par la Belgique.
Yoici maintenant le transit des télégrammes
d'Allemagne vers l'Angleterre et au delà qui est
également menacé. Depuis trois ans, les travaux
ne cessent pas sur les lignes télégraphiques de
l'Est, d'où un retard notable dans l'échangé des
correspondances. Les offices allemand et anglais,
fatigues de ces incessantes entraves, acheminent
déjà une grande partie de leurs dépêches par la
Hollande qui fait tous ses efforts pour nous enle
ver ce transit.
Or, nous percevons une taxe pour ce transit
qui emprunte nos lignes. Si la situation se pro
longe quelque peu, elle nous sera enlevée par la
Hollande et nous serons privés ainsi d'un revenu
annuel d'environ 900,000 francs.
Si l'on additionnait ce que la brillante admi
nistration du R. P. Boom nous a fait perdre jus
qu'ici, on serait vraiment effrayé de ce qu'a fait
et de ce que peut faire encore dans ce sens le
ministère de la prospérité nationale.
mm?
LE PROGRES
vires acqdirit ecndo.
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Idem. Pour le restant du paysV» 7-00.
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Marché aux Herbes.
Ypbes, le 3 Novembre 1887.
n Le Journal de Bruxelles semble vouloir insi
nuer qu'il n'y en a pas.