N° 89. Jeudi, 47e ANNÉE. 10 Novembre 1887. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Libéraux et Catholiques. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypbes, le 9 Novembre 1887. Kien n'égale l'aplomb avec lequel la presse cléricale affirme des choses qui ne sont pas. Aujourd'hui, sous prétexte de mettre en relief la gestion du cabinet Beernaert, l'Escaut écrit ceci C'est exactement le contraire, dit le Précur seurqui est vrai. Les documents officiels éta blissent que depuis 1840, toutes les gestions libérales se sont clôturées en boni et toutes les gestions cléricales en mali. 11 n'y a eu d'excep tion que pour l'administration libérale de 1878, mais il ne faut pas oublier dans quelles circon stances le cabinet libéral était arrivé aux affai res. Dans son discours de Saint-Nicolas de Juin 1882, M. Malou a avoué qu'en quittant le pou voir, il avait laissé un déficit de 3 millions et demi. L'événement a prouvé que M. Malou n'avouait que la moitié de la vérité. Et ce que ce ministre avait complètement passé sous silence, c'est qu'il avait légué ses successeurs des engagements écrasants auxquels il n'avait pas pourvu. Le déficit Malou s'élevait exactement 5,646,000 francs et les engagements pris par lui s'élevaient 270,000,000. Or, M. Malou, en arrivant au pouvoir, avait trouvé un boni de 13 millions, fruit des économies de l'administra tion libérale de 1858 1869, et il n'avait laissé que 700,000 fr. de ressources pour tous ses en gagements Tout cela est officiel. On a reproché au cabinet de 1878 les impôts qu'il a dû lever pour faire face aux engagements eM. Malou. En réalité il a agi honnêtement, a préféré ce système celui des emprunts ont les catholiques ont tant abusé. Veut-on encore des chiffres En voici Le capital nominal delà dette qui, en douze ans de gestion libérale, ne s'était accru que de 62 millions, avait augmenté en 1874, après 4 annéesde domination cléricale, de 282 millionsl Le budget libéral de 1869 s'élevait en dépen ses 172,239,000 francs. Le budget clérical de 1878 s'élevait en dé penses 265,894,000 francs. Mais il y a plus les cléricaux ont emprunté: Le 23 Février 1871 fr. 77,613,000 Le 27 juillet 1871 51,000,000 Le 29 Avril 1873 .230,000,000 Le 27 Mai 1876 .185,000,000 ce qui donne ensemble le total de 543,613,000 francs Voilà pourquoi le cabinet libéral n'a pas voulu recourir un emprunt. Il a consulté les intérêts du pays avant tout. M. Malou, lui, n'au rait pas hésité faire un emprunt de 200,000 1 millions, quitte grever la Belgique pendant des siècles. Qu'est-ce que cela lui faisait Nous avons dit que jamais en Belgique cabi net clérical n'a clôturé en équilibre, et que les cabinets libéraux, au contraire, n'ont jamais laissé que des excédants. Voici les chiffres officiels De 1840 1847, administration cléricale. Déficit 36,448,629 francs. De 1848 1854, administration libérale. Excédant 38,584,910 francs. De 1855 1857, administration cléricale. Déficit 3,059,698 francs. De 1858 1869, administration libérale. Excédant 34,803,555 francs. Les chiffres que nous venons de produire ont été sanctionnés par la Cour des comptes. Ils figurent dans l'exposé de la situation du Trésor en 1874 exposé qui porte la signature de M. Malou. Enfin nous savons combien a été désastreux le résultat de la gestion cléricale de 1869 1878. On voit que les journaux cléricaux avec leur audace habituelle, ont écrit juste le contraire de la vérité et c'est ce que nous tenions dé montrer. Nos lecteurs verront une fois de plus ce que vaut la parole des catholiques. L'argent des contribuables. Au lendemain d'élections favorables au libé ralisme une rage sourde saisit la gent cléricale et la fait s'ingénier trouver une vengeance. Pauvre d'imagination elle ne voit que dans la duplicité ou la cruauté lâche les moyens de sa tisfaire sa rancune. Elle qui ne veut pas de la revision, elle songe un remaniement du corps électoral qui favori serait ses créatures. Elle qui protège l'enseignement des Mainbo- de, Fierlefin et autres profanateurs de l'enfance, elle demande, au nom des contribuables, la suppres sion des traitements d'attente. Si les contribuables paient, sans le savoir, des traitements d'attente, ils les paient de mal heureux soldats sacrifiés pour avoir obéis leurs généraux et aux lois soumises la signature royale. L'Etat, qui fait payer les traitements d'attente aux contribuables, pouvait se dispen ser de supprimer une dizaine d'Ecoles normales, puisque, après ce massacre, il adoptait cinquante Ecoles normales privées. L'Etat peut encore se dispenser de payer les traitements d'attente en confiant ses victimes les emplois vacants, au lieu de les remplacer par des instituteurs sans diplôme et sans capacité. Si tous les contribuables paient quelques cen times pour les traitements d'attente, il en est un bon nombre qui paient des francs pour un culte qu'ils ne professent pas, pour des ministres qui n'ont pas leur confiance, et pour les indemnités de députés que leur vote avait rejeté. La guerre sauvage faite l'enseignement pri maire et rien qu'à l'enseignement primaire, parce que les instituteurs sont faibles, isolés et faciles réduire merci rappelle les procédés inquisitoriaux qui ont toujours accompagné la domination cléricale. On n'ose plus brûler les populations protesteraient mais on affame, et les populations ne protestent plus. Est-ce dire qu'elles se laissent aller aux solli citations cléricales et qu'elles se taisent parce sable, a été mal conduite et le discrédit qui n'au rait dû atteindre que les chefs malhabiles, a frappé tout le corps enseignant. On n'a pas su faire comprendre que c'est l'école, mais l'école bien entendue, qui doit communiquer cette impulsion qui fait la prospérité d'un pays, c'est l'école qui doit former l'homme d'initiative et de science, et c'est l'initiative et la science qui font le commerce et l'industrie. La Belgique est entrée dans une ère de déca dence. La lutte barbare contre l'enseignement a paralysé la pensée nationale qui commençait germer les écrivains ont laissé tomber leur flume, les éditeurs ont perdu courage devant indifférence grandissante, les membres de l'en seignement sentent s'éteindre le feu sacré, un sombre découragement perce partout. Tous les intérêts personnels sont atteints par notre régime déprimant, les méfiances sont générales, les affaires se ralentissent, l'industrie souffre. Comme dans tous les pays que l'épuisement continu démoralise, la Belgique prend peur elle craint au dedans la révolte de ceux qui voient leurs moyens d'existence s'affaiblir elle appréhende qu'au dehors surgissent des tenta tions que doivent éveiller l'affolement et la fai blesse. Et l'argent des contribuables, les soldes des administrations en bénéfice, s'engouffrent au département de la guerre. Si l'argent ne ren tre pas, il sort abondamment et épuise toutes les réserves. Le moment est bien choisi. Après avoir dé pouillé l'instituteur de sa place, il faut le dé pouiller de l'indemnité qu'on a dû payer pour ne pas être renvoyé du pouvoir. Alors que l'Etat s'est engagé payer le traitement d'attente jus qu'à ce que LUI-MÊME ait pourvu au placement de ceux qu'il jetait dans la misère, les journaux cléricaux et les tortionnaires du XIXe siècle le poussent faillir ses engagements. La signa ture du ministre est prête, celle du Roi le sera bientôt. Et les bons contribuables que l'on prétend défendre ne verront pas leurs impôts diminuer d'un centime, pas plus qu'ils ne verront l'argent pris dans la poche des victimes du pouvoir ser vir l'amélioration des services publics; le vire ment sera pour la prêtraille et c est tout ce que demande la presse noire. LE PROGRES VIRES ACQUIRIT EUNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. out ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Chaque fois que les libéraux régnaient en maîtres aux ministères, les gaspillages et les impôts étaient l'or dre du jour jamais nous n'avons vu un ministère libé ral quitter le pouvoir avec un boni. Malgré les lourdes charges qu'ils imposaient nos contribuables, il se pro duisait toujours un déficit celui-ci devait être attribué aux folles dépenses qui surpassaient notablement le mon tant de ces impôts déjà si onéreux. Au nom des contribuables Mais montrez donc aux contribuables l'argent le leur qui passe aux églises, l'enseignement privé ainsi nom mé parce qu'il est privé de science, de contrôle et trop souvent de moralité faites donc voir aux contribuables un état détaillé des dépenses publiques; donnez leur la justification du don de cinq millions fait l'évêché cle Tournai faites- leur comprendre que des évêchés qui disposent de cinq millions ne réclament plus le concours pécunier de l'Etat; dites-leur que pour protéger nos industriels surchargés d'impôts et nos ou vriers condamnés au chômage, on veut comman der des canons en Allemagne.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1