N° 94. Dimanche, 27 Novembre 1887. JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 3 M. Bara désarçonné. Statistique. 47e ANNÉE. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Tout nouvel abonné d'un an au PRO GRÈS recevra gratuitement le journal jusqu'au 1" Janvier prochain. CHEMIN DE EER. Le vent est l'union. Espérons qu'on ne fera Eas dévier la girouette et qu'elle atteindra ientôt le beau-fixe. Union implique concession. Celui qui voulait le plus doit se contenter d'un peu moins, et celui qui craint le trop doit savoir augmenter la ration désirée. Entre la course au pas et la course au galop, il y a la marche au trot qui nous conduit plus sûrement au but. C'est toujours la fable du lièvre et de la tortue. On a souvent défini le progrès comme une montagne qu'il faut gravir. Un groupe occupe la base. Ce sont ceux dont la mission est d'im mobiliser la société quand ils ne peuvent pas la faire reculer. Une autre fraction veut empor ter la cime d'assaut, travers tous les obstacles accumulés sur la route, prenant en pitié les prudents qui évitent les broussailles, les préci pices, et ne veulent pas faire de sauts dans l'in connu. Le but est le même pour tous les voyageurs. 11 s'agit seulement de s'entendre; un peu moins d'impatience chez les uns et de retenue chez les autres, et l'on arriverait en même temps, au moment opportun, et la main dans la main, sur la plate-forme où il est bon de s arrêter quel que fois, pour reprendre haleine avant de recommencer la marche ascensionnelle. Le parti libéral est, en Belgique, dans cette position. Longtemps il s'est querellé au lieu de s'entendre. Cependant, il semble que nous tou chons une entente entre lesgroupes que divise seulement une question d'allure dans leur marche. Nous signalons comme un des signes du temps les plus favorables, le vœu que là Jeune Garde vient de faire parvenir l'Association libéraleen faveur de l'union. Si la jeunesse elle-même conseille la modé ration, elle d'ordinaire si impatiente, espérons que des concessions mutuelles permettront de réaliser, sans humiliation et sans abdication pour aucun des deux partis, une réconciliation ue désirent les bons citoyens, après laquelle il n'y aura plus que des amis qui, au lieu de s'affaiblir par leurs divisions, opposeront une force compacte leur ennemi commun. Nous saurons bientôt s'il en sera ainsi. En dépit, ou plutôt cause de la guerre in cessante qui lui est faite, la presse libérale belge continue jouir de la santé la plus florissante. Les journaux pieux sont eux-mêmes forcés de l'avouer, n'ayant d'ailleurs en cela d'autre mérite que de ne pas nier l'évidence. C'est ainsi que le Patriote constate avec dou leur que tous les jours il part de Bruxelles pour la province 120,000 journaux libéraux, tandis qu'il ne s'expédie que 50,000 journaux cléri caux. El la feuille pieuse met ses amis politiques en demeure de rétablir l'équilibre entre la pres se impie et la presse sacrée en multipliant pour icelle les abonnements gratuits. Triste système, que les cléricaux emploient d'ailleurs depuis longtemps et qui ne leur a jamais réussi. On ne lit guère les journaux que l'on a pour rien. Le fait peut paraître singulier mais il est incontestable. Sans compter que bien des gens n'aiment pas qu'on leur fasse des charités de ce genre et qu'on leur envoie une feuille gratis comme on jetterait un sou un mendiant. L'abonnement gratuit est donc un piteux moyen de propagande. Il reste une tentative faire: payer les gens pour lire les journaux qu'on leur enverrait l'œil. C'est une idée nous la livrons nos pieux et bien-aimés confrères pour le prix d'un abonnement gratuit la rigueur, les caisses diocésaines pourraient intervenir; elles sont assez riches pour leur donner les moyens de tenter la chose. j*— Nous lisons dans l'Economie de Tournai Nous avons dit quelques mots du prodigieux article d'une feuille cléricale racontant ses lecteurs que, dans le débat de Vendredi, la Chambre, M. Bara avait été «désarçonné» par le Mirabeau renaisien, M. De Malander. Dussions-nous faire de la peine nos saints confrères, nous sommes forcés de constater aujourd'hui que les principaux organes de la presse belge reviennent sur le discours de l'ora teur désarçonné et le considèrent comme un des plus remarquables qu'il ait prononcés dans le cours de sa carrière politique. Voici, par exemple, ce qu'en dit Indépen dance, laquelle avait fait, dès le début, ses réserves, au point de vue juridique et consti tutionnel, sur la proposition du député de Tournai Nous ne reviendrons pas sur la question juridique et constitutionnelle. 11 est certain que M. Bara a motivé son opinion avec beaucoup de force, et qu'il a fait valoir des arguments de nature impressionner vivement ceux-là même qui ont des doutes sur la légitimité de nouvel les conditions d'éligibilité parlementaire. Mais la question n'en est moins controversée, et si nous ne rentrons pas dans la controverse, c'est que nous voulons espérer, peut-être est-ce une illusion, qu'après un débat aussi gênant, la droite s'efforcera de ne plus s'exposer pareille humiliation. Si la thèse de M. Bara peut être encore discutée, son discours n'en est pas moins un régal d'amateur, et il le montre en possession de toutes ses qualités natives aiguisées et affi nées par l'expérience. Nous nous rappelons ses débuts. Dire qu'il y a déjà de cela quelque vingt-cinq ans Il nous semble encore assister son maiden- speech, consacré, si nous nous rappelons bien, une critique de la législation civile relative aux étrangers. II avait affaire forte partie. Le ministre ae la justice d'alors, M. Victor Tesch, est de ces juristes qu'on ne prend pas sans vert, et l'élan de son jeune émule ravivait sa science et stimulait sa ténacité. Puis vint le grand dé bat sur les bourses d'études, et la lutte du rap porteur de la section centrale contre les plus fortes têtes de la droite. M. Bara dès lors était ferré sur les plus difficiles problèmes du droit civil et du droit administratif, et il avait ces dons précieux du debater politique, le mouve ment, l'animation, la verve, la joie dans le solennel même, la bonne humeur, jusque dans la colère et surtout une promptitude de riposte absolument déconcertante. Malheur qui l'in terrompt et pense le prendre l'improviste l'imprudent est aussitôt désarçonné et cloué par terre ne plus s'en relever... Puis deux minis tères 65-70 et 78-84... Mais il ne s'agit pas ici de retracer sa carrière. Nous avons voulu seulement, propos de son dernier discours, saluer l'orateur dont l'autorité grandie n'a pas déprimé l'entrain, et rendre hommage l'hom me politique auquel un passé déjà considérable laisse encore un long et brillant avenir. Sur les 26 grandes communes comptant plus de 20,000 habitants, les libéraux en admi nistrent 20 les catholiques 6 seulement. Les communes libérales sont Bruxelles, Anvers, Gand, Liège, Mons, Namur, Schaer- beek, Molenbeek, Ixelles, St-Gilles, Louvain, St-Josse-ten-Noode, Anderlecht, Laeken, Os- tende, Verviers, Seraing, Jumet, Charleroi et Tournai. Les 6 catholiques sont Malines, Bruges, Courtrai, St-Nicolas, Borgerhout et Alost. Le dernier recensement montre qu'il y a 39 communes qui ont de 10,000 20,000 habi tants. Les libéraux ont la majorité Lokeren, Gilly, Ypres, Tirlemont,Montigny-sur-Sambre, Marchiennes-au-Pont, Boom" La Louvière, Huy, Hasselt, Quaregnon, Wasmes, Dison, Mouscron HerstalCourcellesLedeberg Jemmapes, Chàtelet, Pâturages, Douret Marci- nelle, soit dans 22 communes. LE PROGRES VIRES ACQDIR1T EUNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Heures de départ cf Ypres pour Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4-00 6-26 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-25. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Comines, 5-30 - 8-05 - 8-20 9-58 10-10 11-16 2-41 2-53 5-20 8-58. Comines-Armentières, 5-308-0511-162-53.-8-58. Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-30. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Courlrai, 5-30 - 8-20 9-58 11 16 2-41 5-20. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20. Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. Ypres, le 26 Novembre 1887.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1