6 N° 2. Jeudi, 48e ANNÉE. 5 Jauvier 1888 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acquir1t e0nd0 CHEMIN DE FER. Revue politique. Salut l'année 1888. Espérons que les oracles parleront et dissiperont les appréhensions de guerre qui persistent, malgré la révolte de toute l'humanité Contre une conflagration injustifiée. S'il faut en croire des bruits diplomatiques, les ambassadeurs de Russie auraient reçu l'ordre de rassurer hier les gouvernements sur les inten tions pacifiques du Czar. Acceptons ces bruits pour ce qu'ils valent et attendons. Inutile de recommencer tous les jours le tra vail de Pénélope, c'est-à-dire broder la trame de la guerre le matin et la débroder le soir. Il fau drait toute la patience de cette honnête femme de l'antiquité pour ne pas s'irriter contre cet ennuyeux labeur. Il est vrai qu'elle attendait le retour d'Ulysse, qu'elle adorait. Nous, nous attendons la paix que nous aimons parce qu'elle est la source de tous les biens, mais les monarques, qui peuvent nous l'envoyer nous semblent jeter dans les roues de son char bien des bâtons qui en arrêtent la marche. Puisse cependant 1888 voir se fermer le tem ple de Janus qu'on n'ouvrait Rome que lors qu'il s'agissait de se donner des torgnioles soignées avec les barbares. Puissions-nous enfin nous vanter d'être moins bêtes et moins sanguinaires que nos aïeux qui avaient pour excuses de n'avoir ni l'instruction, ni le libre examen, ni le droit de réunion, ni la liberté de la presse, ni le droit de nommer leurs députés et d'administrer eux-mêmes leurs affai res Si, malgré ces brillantes conquêtes moder nes dont nous sommes si fiers, nous nous laissons ruiner et conduire la boucherie comme des imbéciles d'un autre âge, c'est que nous ne va lons pas quatre sous. Sur la proposition de M Monteil, le Conseil municipal de Paris a décidé la laïcisation de tou tes les maisons de secours de la capitale. Aujourd'hui, en vertu de cette décision, les soeurs de Saint-Vincent de Paul du XIVe arron dissement ont été expulsées. Demain la laïcisation des hôpitaux Saint- Louis et de la Charité sera un fait accompli, Un grand nombre des expulsées sont parties pour Constantinople, les autres rentreront la maison-mère de la rue du Bac, sans compter celles qui arriveront en Belgique, où le besoin de nonnettes se faisait vivement sentir. Ypbes, le 4 Janvier 1888. Nos souhaits. L'année 1887 s'en est allée où s'en vont les antans et, avec l'espoir en l'avenir, nous inau gurons une année nouvelle. Lecteur, que celle-ci vous soit favorable. Mais si, par impossible, les vœux que je for me pour vous ne devaient point se réaliser, ne m'en gardez pas rancune considérez plutôt Sue, comme l'a dit quelque part le grand orneille Impossible de commencer l'année sans des souhaits Mon vœu le plus cher est de voir le parti libéral comprendre enfin que les déchire ments auxquels il est en proie ne peuvent le mener qu'à la ruine de la noble cause qu'il défend. Songeons que le flot de l'obscurantis me, de l'ultramontanisme monte chaque jour l'assaut des libertés modernes. Voulons-nous les maintenir intactes? Eh bien, sachons oublier nos querelles, nous faire des concessions, aban donner nos prétentions mutuelles une sorte d'infaillibilité, pour ne nous souvenir que d'une chose, c'est qu'au-dessus de nos discussions acerbes plane la grande idée du progrès dont nous devons être les champions. Toute défail lance de notre part est un encouragement pour nos adversaires, qui, unis dans une même pen sée de réaction, savent profiter de toutes nos fautes. Souhaitons donc du plus profond de notre cœur, qu'éclairés par nos revers, nous compre nions enfin que le salut de notre drapeau ne peut être obtenu qu'en marchant tous au com bat la main dans la main. N'ai-je point d'autres vœux formuler Si que dans toutes les manifestations de la pensée humaine, on ne rencontre point d'intransi geance. Souhaitons aussi au monde industriel et com mercial de voir les affaires reprendre leur essor. 11 me reste enfin un désir particulier for muler Puissiez-vous me lire longtemps I Cette phrase toute simple qu'elle paraisse n'en ren ferme pas moins de multiples souhaits. Cher chons bien Cela vous suppose d'abord une longue existence et une bonne santé, car est- on malade on n'a plus guère le courage de lire. Voilà pour ce qui vous concerne. Tout pour l'église, rien pour l'ouvrier. Lorsque le pays était en émoi par suite des grèves dans le pays wallon, les cléricaux qui nous gouvernent promettèrent de s'occuper des 3uestions sociales et de les résoudre au profit e la classe ouvrière. On nomma de suite de grandes commissions qui tinrent des séances publiques et spéciales où tout le monde pouvait donner des conseils et présenter des propositions. Il est vrai que deux projets de loi furent votés, des projets qu'on prétendait être faits en faveur de la classe ouvrière, mais dont aucun ouvrier n'a jusqu'à présent ressenti l'effet. Depuis, tout est tranquille. On n'entend plus parler de questions sociales mais le ministère s'occupe activement placer ses créatures, détruire l'enseignement public et enrichir encore davantage les couvents et les églises. Les instituteurs communaux sont d'abord mis au maigre traitement d'attente, mais bien tôt, sous des prétextes que nos jésuites gouver nants trouvent facilement, on leur retire cette dernière ressource. Vous vous imaginerez peut-être que le mi nistère fera d'énormes économies pour les con sacrer des travaux d'utilité publique Mille fois non, vous êtes en erreur Il y a des personnes auxquelles, nos bons ministres ne peuvent, ni ne savent rien refuser. Tandis que des milliers d'ouvriers se trouvent sans travail, tandis que des centaines d'insti tuteurs sont sans ressources, le Moniteur Belge Ïmblie chaque jour quelque petit arrêté en aveur d'une église ou d'une congrégation religieuse quelconque Ainsi, dans le Moniteur du 24 Décembre, les églises et les couvents reçoivent ensemble la bagatelle de 193 mille 477 'francs 30 cent. Voilà certes un petit cadeau de Noël qui n'est pas dédaigner. Nous nous demandons avec effroi ce que comportera le cadeau du Nouvel An Nous pouvons donc avec raison conclure Tout pour l'égliserien pour les malheu reux....* Simples réflexions. Une double préoccupation domine les ré ponses que le Roi a faites aux discours des pré sidents de la Chambre et du Sénat, lors de la réception du Nouvel An. Au président du Sénat, il a rappelé les de voirs patriotiques auxquels la Belgique est tenue pour la sauvegarde de son indépendance. Répondant au président de la Chambre, il a particulièrement insisté sur l'obligation qui s'impose aux pouvoirs publics de s'appliquer sans relâche l'amélioration du sort des classes ouvrières, disant que, sous ce rapport, l'Alle magne avait donné au monde un exemple que nous devons nous montrer jaloux d'imiter. Or, il n'est pas sans intérêt de constater que, sur ces deux questions capitales, la pensée per sonnelle du Roi se trouve en plein désaccord avec celle de son gouvernement et de la majo rité parlementaire. 11 n'a pas été possible d'obtenir du ministère qu'il prît l'initiative d'un projet de loi consa crant le principe du service personnel, qui domine toute la question militaire, et quand M. d'Oultremont s'est hasardé porter sa pro position devant la Chambre on se rappelle comment elle y fut reçue par l'immense majorité de la droite. LE PROGRES ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre,^ INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Heures de départ cTYpres pour Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4-00 6-26 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-25. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Oomines, 5-30 - 8-05 - 8-20 9-58 10-10 11-16 2-41 2-53 5-20 8-58. Comines-Armentières, 5-30—8-0511-162-538-58. Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-30. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Courtrai, 5-30 - 8-20 - 9-58 - 11 16 - 2-41 - 5-20. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20. Courtrai-Gand, 5-30 8-20 - 11-16 2-41 5-20. Le ciel, sur nos souhaits, ne règle pas les choses.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1