N° 7. Dimanche, 48e ANNÉE 22 Janvier 1888. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Intérieur. Réforme électorale. Le budget en Prusse. Nouvelles locales. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. 4-00 6-26 9-05 9-58. Ypres, le 21 Janvier 1888. A en croire les indiscrétions de la presse clé ricale, notre Premier se déciderait répondre aux sommations que les pointus de la droite lui ont adressées depuis certains temps, en saisissant la Chambre dans le courant de la session actuelle, d'un projet de loi de réforme électorale non dénué d'importance. Nous ne pouvons guere croire cette nou velle; toute réforme électorale faite par le parti clérical, doit avoir pour unique but, doit être inspirée de la seule idée d'étendre le droit de suffrage dans les campagnes, où le clergé est tout puissant. Telle était la réforme électorale préconisée par Jules Malou. Dans les circonstances actuelles, en présence du mouvement intense qui se produit dans le pays en faveur d'une extension du droit de suffrage éclairée, c'est dire basée sur la capi- cité et non sur le sens, le ministre se gardera bien de braver les grandes villes et les centres industriels par un projet de loi, qui accorderait, uniquement le droit de suffrage des cam pagnards ignorants et fanatiques. Que les cléricaux appellent de tous leurs voeux une loi pareille, nous n'en doutons point, ils sentent combien leur situation devient dangereuse.Les faveurs du public,qu ilss'étaient si adroitement acquises par l'exploitation des plus petits griefs et par les nombreuses pro messes auxquelles ils ont si scandaleusement fait faillite, se détournent d'eux. Incapables de gagner encore loyalement, ils voudraient bien recourir aux dés pipés. Mais le pays a les yeux ouverts et les empêchera de tricher au jeu. Le ministre des finances du royaume de Prusse a présenté le budget pour 1888-89; il en résulte que les dépenses et les recettes se balan cent agréablement pour le trésor, mais avec une augmentation de recettes provenant naturelle ment d'une certaine somme d'impositions qui se chiffrent par 121,693,708 marcs, ou 152 mil lions 117 mille 135 francs. Sur ce budget, il y a une augmentation de 20 millions de marcs 25 millions de francs pour l'enseignement primaire. Ce détail fera sans aucun doute hausser les épaules nos éminents hommes d'Etat, qui reçoivent le mot d'ordre de l'autorité ecclésias tique. L'Eglise a pour principal appui et pour principale ressource l'ignorance dans laquelle elle cherche maintenir les peuples toutes les mesures qui tendent secouer le joug de l'igno rance doivent être considérées par nos minis tres comme oeuvre imprudente, inconsidérée et perverse. L'intelligence des laquais ne va pas au-delà de cette conception étroite et égoïste. Dans son remarquable article de Mercredi, 4 Janvier, sur la présence du contrôleur au Conseil communal, le très catholique Journal d'Ypres, avec l'aplomb qui le caractérise, a avancé ceci Nous saurons désormais ce qui se trame dans ces conciliabules que nos maîtres multiplient plaisir et qui durent parfois des heures entières. Il paraît que les huis clos du Conseil communal empêchaient nos bons cléricaux de dormir désormais, c'est le Journal d'ïpres qui en fait la déclaration, il n'y aura plus de secret pour eux. Pour que la feuille orthodoxe tienne un pareil langage, il faut nécessairement qu'elle y ait été autorisée par quelqu'un même de la renseigner. Or, la publicité de certaines questions est in terdite de par la loi communale, on est donc en droit de se demander jusqu'à quel point un con seiller communal, ce conseiller fut-il contrôleur, peut divulguer des faits que la loi prescrit de tenir secrets. Nous attendons le Journal d'Ypres la besogne. Vous demandez humblement, pour dernière frâce, qu'on veuille vous écouter un instant, ous cette humilité feinte et ironique, perce la certitude anticipée d'une réfutation victorieuse. Mais, que votre défense est donc niaise Vous commencez par renvoyer au Progrès le terme de cannibale dont il s'était servi votre adresse. Et cela pourquoi D'après vous, le Progrès est cruel, parce que, il y a un mois, il rendait justice l'honorabilité, au zèle et au dévouement d'un fonctionnaire, (qui, ce mo ment, méritait absolument et sans restrictions les éloges du Progrès), et que, maintenant, le même Progrès dit incidemment que l'homme a fait fausse route et que sa chute est méritée Nous avons constaté, il est vrai, avec tristesse, un fait regrettable. Où y a-t-il là insulte Où y a-t-il là cruauté de notre part Votre raisonne ment est inepte, Journal d Ypres Vous soutenez ensuite que vous n'avez pas voir si, derrière l'homme frappé, il n'y a pas une femme dans la désolation, des petits enfants qu'attend, peut-être, la misère que ce sont-là des considérations qui auraient dû toucher M. Vanheule. Sotte comparaison entre votre vilenie et la conduite de M. Vanheule. Nous ne vous re prochons pas d'avoir causé cette misère, nous vous reprochons de ricaner devant cette misère. Qu'est-ce que M. Vanheule a de commun avec votre joie féroce M. Vanheule a cru de son devoir de supprimer un fonctionnaire fautif, il a agi selon sa conscience, ne pouvant se laisser arrêter par la prévision des conséquences d'un acte de rigueur et de justice. Cela prouve que, dans le parti libéral, on sait sacrifier un serviteur qui a failli. Ce n'est pas comme chez vous, Jour nal d'Ypres. Pourvu qu'on appartienne votre parti, on est impeccable. Vos brebis galeuses, vous les érigez au rang de martyrs, et vous leur faites des ovations. Puis, vous vous apitoyez sur un fonctionnaire de votre bord, toujours pour démontrer que c'est nous qui sommes cruels, et qu'il ne s'agit pas d'attaquer votre charité cléricale. Votre pauvre diable de fonctionnaire aurait été ren voyé subitement du Commissariat d'arrondisse ment quoiqu'il eût femme et enfants Seulement, ce pauvre diable gagnait environ 2,500 francs dans les assurances et il a aujourd'hui pignon sur rue. Enfin, pour le bouquet, vous comparez l'hom me que vous insultez après sa chute, cet homme qui, tout fautif qu'il soit, n'a jamais tué ni dé robé et est resté honnête, vous le comparez, dis- j el'assassin Vandersmissen Votre comparaison est honteuse Ah vous ne voulez pas qu'on vous reproche votre cruauté On en serait presque se deman der si c'est le même petit Monsieur qui, le 1er Janvier, a écrit les calmotades sucrées suivantes Depuis l'aurore jusqu'à la nuit, soit que nous mangions ou buvions, soit que nous flânions ou écrivions, toujours votre chère image est n présente notre espritQue pouvons-nous v en échange de tant de bienfaits Vous aimer toujours davantage, chercher toujours davan- tage vous plaire prier chaque jour le Tout-puissant.... etc. et qui, maintenant, j écrit dans son exultation cruelle Mouchard est reconnu coupable, mouchard est exécuté Adieu képi, rotonde, bottes àl'écuyère!...» Tartufle, va Quoique vous disiez, quoique vous fassiez, petit Monsieur du Journalvous n'aviez Sas le droit de piétiner ainsi un homme terre, e vous montrer gratuitement méchant, vous d'ordinaire si confit en dévotion Mais, c'est, comme toujours, le cas de dire Un mot encore au sujet du fonctionnaire exécuté. Le Journal d'Ypres pour se disculper du repro che que lui a adressé le Progrès d'avoir insulté un homme tombé, n'a rien trouvé de mieux que de nier purement et simplement. Tel est l'argument péremptoire du pieux Journal. Accuser le Journal d'Ypres d'avoir jamais manqué de charité chrétienne envers son pro chain fi, quelle horreur Mais relisez donc votre article, digne fila d'Escobar, et dites-nous si de la première phrase où vous traitez ce fonctionnaire de rosse en ter mes peu déguisés, celle-ci: mouchard est exécuté, OG ES VIRES ACQUIRIT EUNRO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Heures de départ d'Ypres pour l'operinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-25. Houthem, 5-30 8-20 11-16 - 5-20. domines, 5-30 - 8-05 - 8-20 9-58 10-10 11-16 2-41 - 2-53 5-20 8-58. Comines-Armentières, 5-30—8-0511-162-53—8-58. Roulers, 7-45 10-45 12-20 - 4-10 6-30. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Courtrai, 5-30 - 8-20 - 9-58 11 16 - 2-41 - 5-20. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-58 -11-16 2-41 5-20. Courtrai-Gand, 5-30 8-20 - 11-16 - 2-41 5-20. Les huis dos du Conseil communal. DÉDIÉ AU JOURNAL D'YPRES. Journal d'Ypres, mon bon, vous avez donc été blessé au vif par l'accusation de cruauté que nous vous avons lancée Il y avait de quoi en efiFet. Tant de fiel entre-t-il dans l'âme d'un dévot Nous n'avons pas commis ni pu commettre un pareil acte de cruauté.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1