i\° 16. Jeudi, 48e ANNÉE. 23 Février 1888. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQOIRIT EONDO Conseil Communal d'Ypres. Séance du 18 Février 1888. Sont présents MM. Vanheule, Bourgmestre; Bossaert et Cornette, Echevins de Stuers, Soenen, Brunfaut, Gravet, GaimantVermeulen Poupart, Verschaeve, Yan Daele, Yan Eeckhout, Colaert, Conseillers Gorrissen, Secrétaire. Dès l'ouverture de la séance, M. le Chev. Gust. de Stuers prête serment et est installé. La question de savoir si l'avenir le procès- verbal sera lu ou simplement déposé est débat tue. Une décision sera prise ultérieurement. Le compte 1887 de la société de Secours Mutuels entre les anciens élèves de l'Ecole com munale est pris pour notification. Les recettes se sont élevées fr. 4,598-65 Les dépenses fr. 2,573-35 Excédant fr. 2,025-30 En caisse au 31 Décembre 1887 fr. 20,fi06-93. Avis favorable sur une délibération du Conseil de fabrique de S1 Nicolas qui demande pouvoir vendre un titre de rente belge 3 1/2 Changement de nom de la rue des Récollets. Pourquoi ne ferait-on pas Ypres ce qui se fait dans d'autres villes Ces changements de dénominations présentent d'ailleurs des inconvénients pour le public qui sera souvent induit en erreur. Si on avait proposé une place "Welvaert ou une rue Boone, M. Colaert aurait certainement voté pour avec enthousiasme. Finalement la proposition est votée par 13 voix contre une, M. Colaert s'abstenant. Un crédit de 1000 fr. pour la continuation de la confection des tables des registres paroissiaux. Sapeurs-Pompiers. Dépôt des comptes pour 1887. Renvoi la commission compétente. Hospices. Deux procès-verbaux de ventes d'arbres sont approuvés. Les cahiers des charges pour deux autres ventes àLocre, Wytschaete, etc., sont avisés favorablement et seront transmis la Députation Permanente. L'ordre du jour appelle ensuite l'examen du compte pour 1886 et du budget pour 1888 du Bureau de bienfaisance. La discussion est ouverte sur les compte et budget ainsi que sur les conclusions du rapport. C'est là, d'après l'honorable membre, un scandaleux abus de pouvoir qu'il importe de faire cesser au plus tôt. Un projet de loi destiné réprimer ces abus est actuellement soumis la Législature et son adoption permettra la justice de mettre un terme une situation des plus malheureuses pour les indigents. Répondant M. Colaert, M. le Président émet l'avis que le débat soulevé par celui-ci anticipe quelque peu sur les discussions qui auront lieu prochainement la Chambre et qu'il ne faut pas transformer le Conseil en petit Parlement. Il n'entre, ajoute-t-il, dans la pensée de per sonne de contester le principe que le pauvre doit être aussi libre que le riche, mais il n'a pas trop de confiance dans le but que veut atteindre M. Woeste. Ce projet de loi est dicté moins par amour de la liberté du pauvre que par haine des écoles officielles. Cette loi, sous le masque de protectrice de la liberté, n'a en réalité pour but que de réduire l'impuissance les adminis trations libérales qui ont lutté et continueront de lutter contre ceux qui travaillent la ruine de ces écoles. La liberté du pauvre doit être respectée, mais si l'on veut sincèrement qu'elle le soit, il faut que la loi atteigne tous les abus, d'où qu'ils viennent. Telle est l'opinion de tous les hommes impartiaux et c'est dans ce sens que s'est expri mé, si mes souvenirs sont exacts, l'honorable Ministre d'Etat M. Pirmez. Qui ne se rappelle la pression scandaleuse exercée sur les parents par certaines associations et par le clergé pour les forcer retirer leurs enfants des écoles offi cielles Et on voudrait que cette pression restât permise et que le Bureau de Bienfaisance fut forcé d'assister les bras croisés l'écroulement des écoles qui jouissent de sa confiance On semble oublier que la mission des mem bres des Bureaux de bienfaisance ne se borne pas distribuer le pain matériel; qu'ils ont aussi veiller sur la conduite des personnes qui re çoivent des secours, et notamment sur l'éduca tion des enfants des familles pauvres. Ils ont donc le devoir de leur donner des conseils, de les engager envoyer ces enfants aux écoles soumises un contrôle sérieux et qui méritent leur confiance. Ils ont aussi pour devoir d'assister les pauvres, de les défendre contre la pression scandaleuse quisurtout pendant ces dernières années, leur enlevait toute liberté. Ils ne de vaient pas tolérer non plus l'exploitation de la charité et contribuer par leur inaction réduire les administrations publiques jouer le rôle de dupes. Mais il ne résulte pas de là que le Bureau de bienfaisance doive adopter une règle absolue, et en notre ville aucune mesure de ce- genre n'a été prise. Les, membres agissent selon leur con science, ils usent de leur influence selon les lieux, les temps et les circonstances. La conduite qu'ils ont tenue a été dictée par l'intérêt des pauvres; par l'obligation morale qui leur in combe de les défendre contre une odieuse pres sion, et loin de les blâmer, il y a lieu de leur en savoir gté. Il ne s'agit pas de savoir si des abus ont été commis par des administrations charitables d'au tres localités appartenant l'opinion adverse et d'excuser les actes de pression commis Ypres par des abus de pouvoir constatés ailleurs. L ho norable membre blâme les excès, d'où qu'ils viennent et appelle sur les uns comme sur les autres les sévérités de la loi. On ne peut pas plus justifier l'intervention abusive et illégale des Bureaux de bienfaisance par l'intervention des associations privées et du clergé celle-ci n'a que faire dans le débat. Ces associations ne peuvent tomber sous le coup de la loi elles agissent comme de simples particuliers et elles peuvent librement comme ces derniers, subordonner l'allocation de secours ou de faveurs la condition de la fréquentation d'une école déterminée. Mais il en est autrement du Bureau de bienfai sance appelé gérer un patrimoine qui est celui des pauvres et auquel ceux-ci ont droit sans se soumettre une condition quelconque une obligation de quelque nature qu'elle soit. En imposant une condition, en pesant sur l'in digent qui sollicite des secours, le membre du Bureau de bienfaisance abuse de son influence et de son mandat. Et pour ce qui concerne l'intervention du clergé, elle est légitime et ne peut être critiquée. On est libre d'appartenir ou de ne pas apparte nir telle ou telle religion mais du moment où l'on en a fait choix, il va sans dire que l'on doit subir les conséquences de sa conduite et que le LE PROGRES ABONNElMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligue un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. M. le Bourgmestre rappelle les rétroactes de l'affaire et M. de Stuers revient sur les considéra tions qu'il a émises dans une précédente séance au sujet de la nouvelle appellation proposée rue Carton. M. Colaert ne peut approuver cette proposition qu'il trouve au moins prématurée. Laissons la postérité, dit-il, le soin de reconnaître les servi ces rendus par nos contemporains et de don ner leurs noms nos rues et nos places publiques M. Brunfaut appuie la proposition de Stuers et pense que l'opposition de M. Colaert n'est déterminée que par des considérations politiques. M. Colaert désire interpeller le Collège sur le renvoi de plusieurs hommes de ce corps com munal. Mle Bourgmestre lui répond que d'après le règlement d'ordre intérieur, toute interpellation doit être annoncée au Collège au moins deux jours d'avance. M. Colaert se conformera cette prescription réglementaire mais il tient, dit-il, ce que l'in terpellation soit faite en séance publique. M. le Bourgmestre c'est une question qu'il appartient au Conseil seul de trancher. M. l'Échevin Cornette donne lecture du rapport de la 3e commission dont les conclusions tendent l'approbation des documents soumis. M. le Conseiller Colaert expose qu'il est sa connaissance que le Bureau de bienfaisance pratique ce qu'on est convenu d'appeler la traite des pauvres, c'est-à-dire que les membres de cette administration abusent de leur situation et de leur influence pour contraindre les indigents envoyer leurs enfants dans les écoles officielles. Il pourrait citer de nombreux parents auxquels on a refusé toute assistance parce que ceux-ci, voulant faire usage de leur liberté, prétendaient maintenir leurs enfants dans les écoles catho liques. M. Colaert demande si le Conseil approuve la conduite tenue par le Bureau de bienfaisance et il désire que le Conseil émette le vœu que les membres de cette administration charitable s'abstiennent l'avenir de toute pression illé gale sur les pauvres. M. le Conseiller Colaert se défend de vouloir transformer le Conseil en assemblée législative et il objecte qu'on semble vouloir déplacer la question.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1