Nouvelles locales. Ecce homo! ingrats les faits, les actes, les réussites, les mal chances d'un jeune médecin passent par le crible de la critique, et malheur celui qui, par suite de compétitions ou de ces critiques, se trouve sur la langue d'un public d'ordinaire peu géné reux; le jeune praticien s'en trouve abattu, perd courage, et dès lors n'a le plus souvent qu'à par tir de .l'endroit où il croyait trouver le bonheur et la fortune, pour se rendre dans une localité plus appréciatrice de sa science et de son dévouement. Tel ne fut pas le sort de Charles Lannoy. A l'époque où il aébuta, il y avait trois différents grades dans la carrière médicale. On nommait des officiers de santé et des chirurgiens- accoucheurs au chef-lieu de province, et des docteurs en médecine dans les universités. D'ap rès la loi de 1818, l'un ne pouvait empiéter sur les fonctions de l'autre, sans encourir une pénalité. Le grade le plus estimé et le plus ho noré, était bien celui de docteur en médecine. Charles Lannoy, homme studieux, b'adonna, par des études privées, l'étude de la médecine, et, fort et confiant dans le but atteindre, se pré senta devant le jury de l'Université de Liège et fut proclamé docteur en médecine le 8 Août 1833. Au comble de ses désirs, il pensa sa ville natale il y vint s'établir. Reconnu bon prati cien, l'administration des Hospices, le nomma successivementmédecin de la fondation Wavrans, de l'hôpital Notre-Dame et de l'hospice Belle. Attaché cette administration pendant une période de plus de 30 ans, le gouvernement le récompensa par la croix de mérité de première classe. Comme on avait toujours reconnu chez lui des principes politiques invariables, il fut proposé et élu membre du Conseil communal. Tant que dura son mandat, il le remplit conscien cieusement, mais par suite de son grand âge, désirant le repos, il donna sa démission, accep tée avec regret par tous ses collègues. Pendant une existence de près de 90 ans, s'il a eu des jours de bonheur et ae contentement il en a eu aussi de déboires et de mécomptes qui ont exigé de sa part de la patience et du courage. H a dû éprouver de ces alternatives et de ces péripéties que comporte la vie humaine. Ayant fait le choix d'une epouse dont le caractère sym- Sathisait si bien avec le sien, il devait se consi- érer certes comme un homme heureux il eut la satisfaction de la paternité il eut une fille. Mais derrière ce bonheur était cachée la plus grande des déceptions qu'un père puisse éprou ver. Une crueUe maladie lui enleva sa fille, âgée peine de 25 an3, la joie de la maison, le sou tient de son vieux père. 11 me semble, Messieurs, encore les voir arriver l'Hospice B Belle, lui au bras de son enfant, pour y visiter les malades auxquels nous donnions nos soins. Après une perte pareille, l'existence pour Charles Lannoy ne devait plus avoir de charmes, la tristesse devait l'accabler, et pour comble de malheur, son épouse fut atteinte de cécité complète. La fin de ses jours devait être pour lui bien amère... Conservant son intelligence jusqu'au dernier moment, il ne cessa de prendre des consolations et des distractions dansla lecture de ses livres. Les médecins de l'arrondissement et de la pro vince, perdent en lui leur plus ancien collègue. a Au nom de nous tous,Charles Lannoy, je vous adresse un dernier adieu Fils de vos œuvres, quand il s'agira de zèle, de dévouement et d'ab négation dans nos fonctions, nous aurons votre exemple. a Adieu Collègue Adieu Chaules LANNOY Que la terre vous soit légère. Adieu La séance du Conseil communal du 18 Février a été intéressante sous plus d'un rapport. Rien 2u'à voir M.Colaert étaler sa théorie sur la façon e distribuer les secours aux pauvres, cela vaut son pesant d'or et il faut lui savoir gré de la franchise avec laquelle il avoue les prétentions de son parti. Si M. Surmont et sa suite qui s'é taient rendus là pour contrôler leur contrôleur, ne sont pas satisfaits du zèle et de l'audace de leur porte-voix, ils n'ont plus qu'à lui demander de réclamer au profit exclusif (les curés la gestion des biens des pauvres. Cela viendra, nous le sa- 1 mais les temps ne sont pas encore entière- mûrs pour tenter cette absorption de la bienfaisance publique, en attendant on se con tente de réduire l'état de mannequins plus ou moins bien articulés les membres des administra tions charitables, avec mission pour eux de veil ler la caisse des pauvres, de distribuer du pain, du charbon et des secours de nature diverse, sans ouvrir les yeuxsans prononcer une parole chapeau bas et très-heureux, si après cela, ils échappent l'amende ou la prison. Cette théorie, le Conseil ne saurait l'admettre et nous félicitons M. le Bourgmestre de sa ré ponse claire, sage et énergique. Notre premier magistrat n'admet pas, et cela ne se tait pas, qu'on violente le pauvre, qu'on le prive de se cours urgents et indispensablesmais il prétend que les secours soient distribués avec intelli gence et discernement, que c'est aux membres au Bureau de bienfaisance, au courant des be soins, de la conduite, de la moralité de leurs administrés, qu'il appartient et qui sont seuls ca pables d'examiner chaque cas particulier et de s'arranger en conséquence, dans le sens du plus frand bien général. Mais refuser toute liberté 'action, toute appréciation libre aux administra teurs des pauvres et d'un autre côté permettre tous les abus aux amis de M. Colaert, cette du perie est inadmissible. Il ne faut pas des yeux de lynx pour voir que le nouveau projet de loi dont MColaert a donné la primeur la séance du Conseil communal n'est qu'un instrument de tyrannie dirigé contre les écoles officielles qui ont résisté jusqu ici la tourmente scolaire. Mais dit le conseiller l'âme pure j prouve la pression d'où qu'elle vienne. X e re pression d'où qu'elle vienne. Je vise les Bureaux de bienfaisance parce que j'ai de l'action sur ces institutions; elles sont régies par la loi, tandis que les congrégations, les sociétés de S1 Vincent de Paul comme les curés et les marguillers y échappent. J'en suis navré, mais je n y puis rien. Cela revient dire que la plus grande sévérité doit être déployée 1 égard des administrateurs officiels il faut les ligoter, les étrangler s'ils n'envoient pas les enfants chez les petits frères et les petites sœurs. Au contraire, aux curés et toute la sainte clique, liberté pleine et entière, pression, menaces, abus de toute sorte. C'est, pour la bonne cause. M. Colaert va même jusqu'à prétendre qu'il n'est pas permis aux administrateurs du Bureau de bienfaisance d'engager les parents envoyer leurs enfants telle école ou telle autre. Le mot est tout au long dans le compte-rendu de la séance. L'avocat des petits frères aurait beau dire que cela lui est échappé dans la chaleur de la discussion, si l'intention ne germait pas au fond de son âme, le mot ne lui échapperait pas. C'est donc bien là qu'il voudrait en venir s'il le pouvait. N'est-ce pas qu'il en faudrait quinze de cette force pour gérer les affaires de la ville De toute cette comédie le public ne saurait être dupe. Lorsqu'il fut question en France de l'abolition de la peine de mort, Alphonse Karr disait que Messieurs les assassins commencent. N ous en disons autant. Si Messieurs les cléricaux veulent tout prix et sincèrement la liberté de fréquentation des écoles, qu'ils prêchent d'exem ple, nous les suivrons et volontiers. Mais nous serions coupables si nous assistions les bras croisés au dépeuplement de nos écoles qui ont toute notre confiance au profit de celles que bourreraient sans vergogne nos adversaires par les moyens les plus inavouables. Et qu'on ne vienne pas arguer de l'impuissance de la loi pour mettre un frein aux abus du genre de ceux qu'on dénonce et que nous prétendons exister sur une échelle infiniment plus grande chez les cléricaux que chez les libéraux, les in fluences étant incontestablement plus fortes chez les premiers que chez les seconds, uoub répon drons si vous êtes réellement ami de la liberté, retirez votre projet de loi, votre odieuse loi d'exception et faites en une qui atteigne égale ment tout le monde. Inspirez-vous de la loi électorale qui édicté des peines contre quiconque entrave la liberté de l'électeur, le trompe ou le corrompe. Pourquoi n'assureriez-vous pas la liberté du père de famille aussi bien devant le particulier que devant ce pauvre Bureau de bienfaisance, objet de toutes vos malédictions Si c'est difficile, votre mérite sera d'autant plus grand si vous y parvenez. Mettez-y le temps et la réflexion, mais ne vous hâtez pas pour faire une œuvre mauvaise, une loi d'exception, une loi tyrannique qui n'est qu'un abus de la force. On dit que le contrôleur pendant qu'il s'adon nait dans la discussion sur le Bureau de bienfai sance tous ses éclats de voix et toute sa rhétorique boursoufflée, lança, de temps en temps, avec un petit sourire mal dissimulé, un clin- d'œil aux amis de la galerie et même plus près de lui. Ce n'était donc pas sérieux toute cette élo quence tornituante On se plaint beaucoup en ville et dans l'arron dissement de la façon dont se fait la vérification des poids et mesures. Nous ne sommes pas même de vérifier la chose, mais si ces plaintes sont fondées,il ne serait que juste qu'on s'arran geât de manière ce qu'elles cessassent sans re tard. Le commerce n est déjà pas si prospère pour qu'on ne le turlupine pas par des caprices ou des fantaisies qui n'apportent aucun avan tage la chose publique. On nous prie d'annoncer que le bal, d'abord fixé au Samedi, 7 Avril, reste maintenu cette date. SALLE DE L'AIGLE D'OR. Mozart, op. 18. c. Adagio, Schumann, op. 41, n<> 1. On commencera midi. La première représentation de ce théâtre, com posé d'une troupe entièrement nouvelle d'acro bates de gymnasiarques, etc., sous la direction de M. Th. Spriet, aura lieu demain Dimanche. Dans cette séance, M. Delboss y fera ses dé buts. Cet artiste n'a qu'une jambe et exécute les tours les plus prodigieux. La salle est grande et spacieuse et tout le monde est parfaitement placé pour suivre les exercices. Les représentations commenceront tous les soirs, à8neures. Les Dimanches et Jeudis, deux grandes séan ces 3 heures de l'après-midi et 8 heures du soir. La ménagerie Miss Coryzandre vient s'installer sur notre champ de Foire, Grand'Place, en cette ville, en face de l'hôtel des Trois Rois, pour huit jours seulement. Cette ménagerie, qui a obtenu dans toutes les villes où elle a séjourné le plus grand et le plus légitime succès, renferme les fauves les plus re doutables que l'on puisse voir. Il faut Miss Batistina une rare audace pour pénétrer dans les cages de l'hyène et du loup cervier. On frémit en voyant cette Demoiselle, en dompteuse émérite, plonger successivement le bras, puis la tête dans les crocs de la terrible bête. Une autre dompteuse n'est pas moins au dacieuse dans ses exercices, particulièrement dans sa chasse aux lions et panthères. Nul doute que cette ménagerie ne reçoive chaque jour de nombreuses visites. Prix des places Premières, fr. 1-00 Secon des, 0-50 c. Troisièmes, 0-30 c. Sont nommés membres des commissions provin- Société la Concorde. Séance de Musique de chambre du 26 Février 1888. PROGRAMME a. Allegretto, j b. Minuetto, c. Allegretto, a. Introduzione, b. Scherzo, 0 d. Presto. Théâtre des Attractions. Ménagerie Miss Coryzandre. COMMISSIONS PROVINCIALES D'AGRICULTURE.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 2