19. Dimanche,
48e ANNÉE
4 Mars 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Revue politique.
Intérieur.
L'enseignement clérical.
Fontanarose-Beernaert.
Manifestation Bara.
Nouvelles locales.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ cTYpres pour
Ypres, le 3 Mars 1888.
L'admission de l'Italie dans l'alliance austro-
allemande a eu une conséquence assez inattendue
et qui, cependant, n'a rien d'illogique ni d'éton
nant le gouvernement italien aurait profité de
la circonstance pour faire reconnaître officielle
ment par les puissances Rome comme capitale
de la péninsule.
Voilà, du coup, le pape bien loti. Lâché par
l'Autriche, l'Allemagne et l'Italie, il aura beau
revendiquer l'indépendance du saint-siège. Ce
sera comme s'il faisait des bulles... de savon.
La situation est grave pour le chef de l'Eglise
catholique. Si une guerre éclate entre l'Italie et
une autre puissance, il ne pourra rester Rome
sans compromettre son indépendance.
Où va-t-il aller? A Jérusalem, Malte, en
Suisse, en Belgique Si on lui donnait l'île de
Caprera, restée sans propriétaire depuis la mort
de Garibaldi
C'est que, il n'y a pas dire, la légende de la
prison du Vatican est finie un crétin du Valais
n'y croirait plus, après les extravagances fas
tueuses du cinquantenaire.
Que va faire le pape On annonce pour Ven
dredi, au Vatican, une réunion de cardinaux
Sour une consultation importante Ce mot
e consultation ne peut pas avoir, dans le
langage pontifical, le sens que nous lui attri
buons dans le langage ordinaire. Le pape, qui
s'est fait déclarer infaillible par ses cardinaux,
ne peut pas décliner jusqu'à les consulter.
Attendons cette réunion de Vendredi prochain,
moins que, d'ici là, la presse ultramontaine,
qui nous paraît bien indifférente en présence
de cet événement considérable, ne nous fasse
connaître le plan, l'ordre et la marche de cette
nouvelle hégire du chef des croyants.
Le ministre de l'agriculture et M. Dumontse
sont félicités, la Chambre, des 1,250,000 fr.
reçus par la douane sur un article de consom
mation nécessaire, et de la diminution notable
des importations du bétail et de la viande.
Ils auraient bien dû faire remarquer, en même
temps, que ces 1,250,000 fr. ont été payés par
les habitants des villes qui, seuls, mangent des
viandes importées, et cela sans aucun profit
pour les cultivateurs qui ont, au contraire, dû
vendre meilleur marché leurs produits des
étables. La diminution des importations n'est
pas due aux droits, mais exclusivement au bon
marché du bétail elle se serait produite tout
aussi bien sans les droits, par cette unique et
fiuissante raison mais, comqV- nous l'avons
ait remarquer, quand les cultivateurs devront
repeupler leurs étables, ils devront, leur tour
payer les droits l'importation, droits qu'ils ne
pourront récupérer qu'en attirant, par la cherté
du bétail, de nouvelles importations qui leur
feront concurrence.
Ce que n'ont pas dit, non plus, ni le ministre,
ni M. Dumont, c'est de combien ont diminué
nos exportations de bétail, et nos recettes de
douane sur d'autres articles que la viande et les
bêtes vivantes.
Il est très probable qu'il y aura compensation
s'il n'y a pas perte pour le trésor.
La presse cléricale rappelle avec horreur les
dépenses de l'Etat pour l'instruction publique
sous les libéraux. Vingt-huit millions et demi!
Est-ce exact Nous ne voulons pas vérifier.
Mais si actuellement l'Etat paie quelques
millions de moins, les communes en revanche
paient quelques millions de plus.
Qu'est-ce que les contribuables y ont gagné?
Ce qu'ils ont perdu au contraire, le voici
Au lieu de bonnes écoles, placées sous la
direction de maîtres éprouvés, ils ont, dans une
foule de localités, 2,000 capucinières dirigées
par des religieux et des religieuses, la plupart
sans diplômes et sans instruction.
Il est vrai que les 2,000 cupucinières ont
gagné au nouveau régime de beaux subsides.
Et dire que notre Belgique se met sottement,
sans même un avantage pécuniaire apparent,
troquer ses bons instituteurs d'autrefois contre
un ramassis d'éducateurs de valeur plus que
douteuse, quand l'Allemagne, par l'organe de
son premier ministre, attribue hautement la
supériorité qu'elle acquiert dans tous les
domaines et sur les peuples, la supériorité de
son enseignement public.
La Prusse, malgré ses accablantes charges
militaires, et ses embarras financiers, vient
d'augmenter d'un coup de 20 millions de marks
(25 millions de francs ou près d'un franc par
habitant) son budget de l'instruction afin de
venir en aide aux communes.
En Belgique, nos ministres préfèrent aug
menter le budget des cultes de cinq cent mille
francs.
Il est vrai qu'ils se croient de grands hommes
d'Etat et qu'ils sont bien capables de prendre
M. de Bismarck pour un misérable politiqueur.
Pendant que les revenus des curés, des vicaires
et des desservants ont été majorés de toute
manière sous le gouvernement de la prospérité
nationale, les petits employés sont loin d avoir
se louer du régime actuel et se voient enlever
tout espoir d'augmentation de traitement et
d'amélioration de position.
La Flandre libérale insiste sur ce point dans
un de ses derniers articles
«A diverses reprises déjà, dit-elle, les
plaintes des employés subalternes de l'admi
nistration des postes et des chemins de fer ont
été portées aux Chambres, et chaque fois
l'honorable M. Vandenpeereboom a laissé
entendre que les intéressés n'avaient rien
espérer. En vain a-t-on fait valoir que plusieurs
centaines d'expéditionnaires ne recevaient,
depuis 5 ou 6 ans, qu'un traitement annuel de
fr. 600: le Révérend Père qui dirige le départe
ment des chemins de fer a, chaque fois, lait la
sourde oreille.
Les mêmes faits se produisent dans pres
que toutes les administrations, et si tous étaient
connus, on verrait que les instituteurs officiels
n'ont pas étéles seuIs pâtir de l'arri vôeau pouvoir
des hommes-liges du clergé, mais beaucoup de
ceux qui souffrent n'osent pas se plaindre, de
peur de s'attirer la haine de nos gouvernants,
et de se voir priver du maigre emploi qui leur
sert de gagne-pain. Tous ceux-ci attendent
avec une véritable anxiété le résultat des futures
électidhs législatives, et le renversement du
ministère clérical serait réellement pour eux le
soulagement universel.
M. Beernaert a servi la Chambre une nou
velle édition du discours qu'il prononce chaque
année pour déclarer moaestement qu'il est le
plus grand financier des temps modernes et
même de tous les temps.
M. Beernaert réalise bonis sur bonis deux
millions en 1886, douze millions en 1887, neuf
millions pour la présente année, ce qui ne
l'empêche pas de maintenir tous les*impôts qu'il
déclarait inutiles avant son arrivée au pouvoir.
Le comité organisateur a fixé au Dimanche
13 Mai la date de la manifestation destinée
célébrer le 25e anniversaire de l'entrée de M.
Bara la Chambre des Représentants, mani
festation qui avait dû être remise par suite
d'un deuil de famille. Communiqué
OU mène le mandat impératif.
Dans notre numéro du 26 Février dernier,
nous avons fait ressortir ce qu'il y a de venin clé
rical dans le discours de l'Apulée de notre Con
seil communal, revendiquant pour le père de
famille la liberté de fréquentation des écoles.
Nous avons fait voir que toute cette sollicitude
pour le pauvre n'est que la continuation déguisée
de la guerre faite nos écoles officielles. M. Co-
laert nous permettra d'y revenir et de lui consa
crer encore quelques lignes, car M. Colaert a
voulu attirer l'attention sur lui et remplir avec
tout le zèle imposé sa difficile mission le rôle
impossible que lui ont confié ses trop naïfs
amis. Qu'il soit donc servi souhait. Mon
Dieu, chacun a sa marotte et la plus singulière est
de chercher du bruit autour de son nom. Eroe-
LE PROGRES
vires acqoirit ednik).
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