X0 28. Jeudi,
48e ANNÉE.
5 Avril 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Revue politique.
Intérieur.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ d'Ypres pour
Ypres, le 4 Avril 1888.
Cette fois-ci, la crise ministérielle n'aura pas
été longue en France. M. Floquet, président de
la Chambre, a accepté la mission de former un
nouveau cabinet, et il s'est rapidement tiré d'af
faire, grâce au concours de MM. de Freycinet,
Goblet et Lockroy, qui ont accepté respective
ment les portefeuilles de la guerre, de l'instruc
tion publique et du commerce.
Le ministère Floquet se présentera probable
ment aujourd'hui devant les Chambres et leur
exposera son programme. La Chambre procé
dera ensuite l'élection de son nouveau prési
dent, qui sera probablement M. Brisson; après
quoi la session sera close, et les honorables s'en
iront en vacances, pour la plus grande satisfac
tion du pays qui n'est jamais plus tranquille que
lorsque ses hurluberlus de gouvernants ne s'oc
cupent pas de lui.
"Un incident assez amusant a été soulevé Sa
medi la Chambre française. M. Dugué de la
Fauconnerie a conseillé ses collègues de s'en
aller
Le pays, a-t-il dit, ne veut plus la continua
tion du gâchis dans lequel nous pataugeons.
En présence de l'impuissance et du discrédit
dans lequel nous sommes tombés, nous n'avons
qu'une chose faire, ce que font les honnêtes
gens quand ils se sentent au-dessous de leur
tâche, ce que font les vieux comédiens quand
ils ne veulent pas être chassés par les sifflets.
(Bruit).
Ces paroles ont soulevé un assez joli tapage sur
les bancs de la gauche: adroite, on a fort ap
plaudi.
Le budget de l'Instruction publique.
Nos maîtres poursuivent, avec une opiniâtre
ardeur, la guerre sans merci qu'ils ont déclarée
l'enseignement public.
La loi de 1884, avec son long cortège de ruines
et d'abus, ne suffit plus aux convoitises de leur
fanatisme, et déjà ils songent a en outrer les
dispositions et en étendre les conséquences.
Les volontés de l'épiscopat, ce double point
de vue, viennent d'être signifiées au ministre de
l'intérieur par les deux chefs de la majorité:
Messieurs Woeste et Jacobs.
Ces impitoyables sectaires s'irritent de voir
l'œuvre de destruction, entamée par eux, subir
un temps d'arrêt il faudrait que chaque jour
apportât l'enseignement public quelque nou
velle mutilation et que sur les ruines déjà
amoncelées vinssent sans cesse s'en accumuler
d'autres.
Notre recul vers la barbarie n'est pas assez
accentué la domination et le monopole des
couvents ne se sont pas suffisamment affermis
l'influence du moine et l'ignorance publique, ces
deux fléaux parallèles, n'ont pas atteint leur
maximum d'intensité.
Il faut détruire, détruire encore: il faut amon
celer les ténèbres l'horizon intellectuel de la
patrie il faut préparer ces générations de crétins
dont un ministre clérical redoutait naguère
l'avènement.
Neuf cents écoles primaires ont été suppri
mées, douze cents instituteurs démissionnés et
proscrits. Dans plus de deux cents communes de
notre pays, l'enseignement public est mort, et
l'école n'y est plus qu'une succursale du couvent.
Dans presque tous les villages du pays flamand,
les écoles primaires de filles, les écoles d'adultes
et les jardins d'enfants ont été emportés par la
tourmente réactionnaire.
C'est trop peu, au gré de ceux qui ont rêvé de
faire de la Belgique la Béotie de l'Europe.
Il faut que ce mouvement s'étende et s'accen
tue, et M. Woeste demande de nouvelles héca
tombes.
Le prétexte? C'est qu'il y a encore,de-ci de-là,
des écoles publiques trop peu fréquentées, et
Îue l'Etat ne doit tolérer que les ecoles abon-
antes et prospères.
Singulier sophisme, qui partout ailleurs que
dans notre malheureux pays, serait conspué et
flétri
Ainsi donc, c'est dans les communes où l'en
seignement public a le plus besoin d'être énergi-
quement soutenu contre de fatales influences,
c'est sur les points du pays où le progrès intel
lectuel est le plus compromis, que le gouverne
ment a le devoir de déserter sa mission civilisa
trice
Telle est la théorie de nos maîtres. Elle
Ïiroclame le droit de l'Etat d'encourager les
îaines d'un clergé fanatique et l'aveuglement de
populations abusées
Quand, force de mensonges et d'abus de pou
voir, un curé de village sera parvenu faire le
vide dans l'école officielle et en éloigner
momentanément le gros de la population, il se
trouvera un ministre de l'instruction publique
pour donner raison ce curé et sanctionner ses
indignes manœuvres.
Voilà où nous en sommes voilà les odieuses
tendances qui viennent, brutalement et cynique
ment, s'étaler au parlement Belge
Il ne suffit pas de démolir; il faut prendre des
mesures pour entraver la reconstruction.
- C'est là le secret de la campagne dirigée contre
les écoles normales.
Six de ces écoles ont déjà disparu les survi
vantes, si on écoutait M. Woeste, seraient sup
primées demain.
Ne faut-il pas empêcher dè3 maintenant, par
une perfide stratégie, la régénération de l'ensei
gnement public laquelle le parti libéral, rede
venu majorité, aura pour premier devoir de se
consacrer
Quel triomphe pour la réaction, quel invincible
obstacle toute rénovation scolaire si, pour
peupler ses écoles rouvertes, le gouvernement
libéral ne trouvait plus d'instituteurs dignes de
ce nom
Voilà pourquoi les suppôts de l'ultramonta-
nisme rêvent la destruction de notre enseigne
ment normal, et veulent rendre impossible le
recrutement d'un corps d'instituteurs capables
et dévoués. Voilà pourquoi, par la limitation
exagérée du nombre d'admissions, par la sup
pression des bourses d'études, par le retrait des
subsides jadis alloués aux normalistes,ils essaient
de décourager nos aspirants-instituteurs et de les
détourner ae la carrière vers laquelle les pous
sent leurs aptitudes et leurs goûts
L'encombrement qu'ils invoquent, la pléthore
pédagogique dont ils s'arment, ne sont qu'un
vain et fallacieux prétexte. Car s'il était vrai que
nous eussions trop d'instituteurs, pourquoi donc
adopter, l'une après l'autre, les innombrables
écoles normales cléricales que l'épiscopat a se
mées sur tous les points du pays? Et alors qu'on
entrave, par tous moyens, la collation de diplô
mes sérieux et la formation de maîtres intel
ligents, pourquoi favoriser l'éclosion d'une légion
de petits frères
Après l'enseignement primaire, l'enseignement
moyen. Les écoles moyennes, ces foyers d'intel
ligence et de savoir où se forment les enfants de
la bourgeoisie, offusquent le fanatisme igno-
rantin.
Là aussi, il faudrait porter la cognée au pied
de l'arbre et abattre impitoyablement.
Si l'enseignement du peuple a été sacrifié aux
vengeances de la sacristie, pourquoi celui de la
bourgeoisie ne le serait-il pas la concurrence
monacale
C'est encore M. Woeste qui s'est fait le porte-
voix des revendications ultramontaines. Quinze
écoles moyennes devraient, d'après lui, dispa
raître immédiatement.
Le motif invoqué par ce dernier l'appui de
ses réquisitions destructrices, c'est que les éta
blissements dont s'agit ne sont en réalité, pour
les quatre cinquièmes de leur population, que
des écoles primaires supérieures, et que leurs
sections moyennes proprement dites n'ont
qu'une trop faible importance.
Et quand cela serait, en serait-il moins établi
que les écoles répondent des réels besoins, que
la faveur du public les entoure, et que la puis
sance publique qui les a créées a pour devoir de
les maintenir
Que font ici les distinctions et les subtilités,
et cette démarcation, administrativement exacte
mais pédagogiquement insaisissable, entre l'en
seignement primaire supérieur et l'enseigne-
jnent moyen Arrière ces disputes de mots et
ces mauvaises chicanes La nécessité d'une école
et son droit l'existence ne se déduisent pas du
nom qu'elle porte, ni de l'importance relative de
ses divers éléments, mais de l'ensemble de son
LE PROGRÈS
VIRES ACQUIRIT EUNIK).
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
4-00 6-26 9-05 - 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-25.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
domines, 5-30 8-05 8-20 9-58 10-10 11-16
2-41 - 2-53 5-20 8-58.
Comines-Armentières, 5-308-0511-162-53 8-58.
Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-o0.
Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22.
Courtrai, 5-30 - 8-20 - 9-58 - 11 16 - 2-41 - o-20.
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
Allons-nous-en, allons-nous-en, allons-nous-
en! Ce sera la première bonne chose que nous
aurons faite elle nous fera peut-être pardonner
leB autres.
ne-