L'instruction en Belgique
et en France.
Nouvelles locales.
organisation et de la totalité des services qu'elle
rend aux populations.
A l'enseignement public toutes les avanies,
l'enseignement congréganiste toutes les fa
veurs, telle est la politique qui prévaut.
Elle est près d'atteindre aux dernières limites
de l'odieux et de la déraison.
La loi de 1884 accorde aux communes le droit
d'adopter et de subsidier les écoles libres, et l'on
sait s'il a été fait un large usage de cette exor
bitante faculté. Plus de quinze cents écoles con-
gréganistes émargent au budget de l'Etat.
Les serviteurs des évêques veulent faire un
Sas de plus. Ce qui n'était qu'une faculté va
evenir une obligation, et le droit de toutes les
écoles libres aux subsides officiels va être pro
clamé comme une conséquence de la liberté
d'enseignement
Déjà cette prétention s'était fait jour, au cours
de la discussion de la loi de malheur; elle s'était
même traduite en un amendement auquel M.
Thonissen n'eut pas honte de prêter son appui
mais la Chambre et le gouvernement, faisant
preuve d'une modération relative, ne s'y étaient
pas ralliés.
Aujourd'hui on n'a plus de ces fausses pu
deurs, et c'est le ministre de 1884, l'auteur de
la loi et l'adversaire de l'amendement Thonissen,
âui vient lui-même demander que l'adoption
evienne le droit commun et que les communes
soient tenues de subsidier l'école libre au même
titre que l'école publique.
On a peine en croire ses yeux; on croit
rêver quand on assiste ces singulières applica
tions du principe de l'autonomie communale,
mais tout cela n est que trop réel et les paroles
de M. Jacobs, la séance au 22 Mars dernier,
sont exemptes d'équivoque. Partout où il y a
des écoles libres adoptables, il convient que
les communes adoptent. Si elles se montrent
récalcitrantes, il faut agir sur elles par le re-
trait des subsides.
C'est-à-dire qu'il faut mettre l'enseignement
Ïiublic la portion congrue, et jeter en pâture
'avidité des couvents tout ce dont on réduira sa
dotation.
Et voilà comment les tristes sires qui gouver
nent la Belgique sont en train de confirmer la
parole si vraie de Michel Brealu La Belgique est
le seul pays du monde où le gouvernement
conspire contre les progrès de l'instruction.
M. de Kerckove, député d'Ath, a fait justice
la Chambre, de la légende des gaspillages
scolaires, du temps du ministère libéral, et des
économies inaugurées sous le régime de nos
Maîtres.
En 1883, sous les libéraux gaspilleurs, l'en
seignement primaire coûtait l'Etat aux
provinces et aux communes la somme de
SEIZE MILLIONS 427 mille francs.
En 1887, le même enseignement, sous le
régime des cléricaux économes, coûte encore
SEIZE MILLIONS 329 mille francs.
La ditférence en moins est de 97 mille francs.
97 mille francs moins que le subside alloué
pour le dôme de l'Eglise de S"-Marie.
Et c'est pour opérer cette misérable écono
mie, qu'on a bousculé le pays, bouleversé et
abaissé l'enseignement public, traqué, comme
des fauves, d'excellents instituteurs et d'hon
nêtes pères de famille, compromis l'avenir des
fénérations et rendu la Belgique la risée de
Europe 1
Il est vrai que, sur le budget actuel de l'en
seignement, 2 millions vont aux couvents et
aux richissimes caisses diocésaines et que
grignotent 638 congréganistes, 1,300 religieu
ses^ plupart sans diplôme sérieux) et quantité
d'aumôniers.
Bref, les congrégations, les caisses diocésai
nes et l'ignorance profitent seules de l'exécrable
loi anti-scolaire, flétrie par M. Michel Bréal.
Quant aux contribuables, ils sont joués et
volés. [Union libérale.)
Les curés émargent tous les budgets, même
celui de la marine, bien que la marine belge
n'existe guère, sauf peut-être comme prétexte
traitement pour les aumôniers.
Cela a fourni la semaine passé la Chambre
l'occasion d'un joyeux incident, affaibli singuliè
rement aux annales parlementaires, mais rap
porté comme suit au compte-renclu analytique.
C'est le R. P. qui parle
Vous le verrez Les deux aumôniers du petit
aviso feront encore des petits, tout aussi indis
pensables qu'eux-mêmes.
Il y a de l'argent
Du reste, les curés semblent avoir une spécia
lité pour la marine.
Lisez plutôt ces lignes de la Chronique sur
l'école des mousses Ostende
En effet. Du moment que les mousses vont
chez l'aumônier...
On écrit de Bruxelles YOrgane de Mons
a On a reparlé ces jours-ci de suppressions
d'écoles projetées par nos maîtres. Mais
ceux-ci rencontrent maintenant chez le roi une
énergique résistance; et voilà deux mois déjà
que M. Devolder attend vainement des nou
velles de certains arrêtés relatifs cette oeuvre
antipatriotique de destruction scolaire les
arrêtés reposent, au palais, dans un tiroir où
ils moisiront apparemment.
Le roi est aussi effrayé qu'écœuré de l'en
treprise abominable du ministère. Et il ne s'en
cache pas nos ministres gouvernants.
Il parait que la gauche est décidée faire
justice des boniments financiers de Fontana-
rose.
On écrit de Bruxelles au Journal de Liège
Avant la clôture de la session législative,
nous aurons un débat sur la situation finan
cière, débat dans leqùel on montrera sous son
vrai jour le génie financier de l'illustre person
nage qui a été proclamé, par ses amis politi
ques, le grand ministre.
L'Etoile annonce que M. le chevalier de
Moreauaussi indisposé physiquement c^ue
politiquement, est parti pour l'Allemagne ou il
va faire une cure, et que ses collègues du cabi
net n'espèrent ou ne comptent guère le revoir
la Chambre au cours de la session actuelle.
des nombreux admirateurs et amis de l'éminent
représentant.
La Vérité de Tournai annonce que plus de
800 personnes assisteront, le 13 Mai prochain,
au banquet du 25* anniversaire parlementaire
de M. Bara, et que le cadeau qui lui sera offert
par souscription publique sera superbe et digne
Le Moniteur contient de nouveau aujourd'hui
l'annulation de dix décisions de la Deputalion
permanente du Conseil provincial du Hainaut
concernant les budgets des fabriques d'églises.
-
La discusion qui vient d'avoir lieu la
Chambre belge est très-intéressante. Les faits
signalés par MM. Buis, Magis, Hanssens et le
comte de Kerchove sont bien faits pour émou
voir l'opinion publique et donner aux étrangers
une triste idée de l'intérêt tout spécial que
nos maîtres portent l'enseignement public.
Là où l'on peut, on traque les instituteurs
officiels, on les affame, en ne leur payant pas
leur traitement on supprime les écoles com
munales pour avoir l'occasion d'adopter des
écoles libres. Et il se trouve des représentants
de la nation pour applaudir ces actes haineux,
demander que l'on fasse plus encore en faveur
de l'enseignement libre ou congréganiste, pour
réclamer des économies dans le budget de
l'instruction publique et la diminution du
nombre des écoles normales
En regard de tous ces agissements, qui fini
ront par révolter tout le pays, il n'est pas sans
intérêt de montrer ce qu'on a fait dans ces
dernières années, dans une nation voisine de la
nôtre, en faveur de l'enseignement populaire.
Il s'agit de la France. Dans un discours récent,
irononcé le 8 Mars la Chambre des députés,
e ministre de l'instruction publique a fourni
es renseignements que voici
Il a été, pendant la première période, du
1" Juin 1878 au 10 Juin 1885, construit 15,733
écoles il en a approprié 6,964, et on a acquis
des mobiliers concurrence de 6,169, La dé
pense totale s'est élevée 448,222,080 fr. 85.
Je puis ajouter que la part contributive des
communes dans celte somme a été de
266,788,454 fr les sacrifices départementaux
ont été de 13,160,568 fr., et enfin la subvention
de l'Etat, sous le régime de la caisse des écoles,
et je cite ce chiffre en y insistant, parce qu'on
a parlé du milliard puisé dans les caisses de
l'Etat pour alimenter les constructions scolaires
qui ont, dit-on, couvert de palais la surface du
pays, les sacrifices de l'Etat pendant cette
période se sont élevés 168,273,028 fr. 85.
Ici, c'est par centaines, au contraire, que l'on
compte les écoles supprimées et les instituteurs
jetés sur le pavé par un gouvernement réaction
naire.
Heureusement, les élections de Juin sont
proches, ce qui permettra au corps électoral de
renvoyer les maîtres qu'il s'est donnés dans un
jour de malheur.
Chaque son tour, comme dit M. Van
Wambeke.
Le projet de loi qui modifie la législation sur
les tabacs réduit de moitié l'accise sur la culture
indigène (1 1/2 centime par plant, au lieu de 3
centimes, chiffre de la loi de 1883); maïs il res
treint notablement les cas d'exemption d'impôt
prévus par cette loi. On avait 125 et même 150
plants sans impôt sur 2,000 (maximum); on n'en
aura plus que 80, et encore la condition de
n'en pas cultiver un de plus. C'est-à-dire que
l'exemption ne vise que la culture strictement
individuelle, et que le planteur qui cultiverait
par hasard 81 plants payerait tout l'impôt sans
un centime de rabais.
Dans l'exposé des motifs, M. Beernaert assure
Sue le système des exemptions de la loi de 1883
onna lieu, sinon des fraudes, du moins de
petites malices qui faussent le jeu de la loi au
préjudice du trésor.
Quanta l'affirmation dcM. de Stuars qu'il n'y a au chemin
de fer de l'argent que pour le clergé, je ferai remarquer
que l'aumônier de l'aviso ne touche que 1,000 fr. par an.
M. de Stuers. Pourquoi en nommer un second
M. de Kerchove de Denterghem. Parce qu'il y avait
de l'argent (On rit gauche.)
M. Vandenpeereboom, ministre des chemins de fer,
postes et télégraphes. Il a été constaté que le service
d'un seul aumônier était insuffisant.
M. de Stcers. ÏI n'a été que vingt-cinq jours en mer
M. Vandenpeereboom, ministre des chemins de fer,
postes et télégraphes. Il a été malade. (On rit.) D'anciens
marins, obligés de faire six mois de croisières, ont vu leur
santé ébranlée Un second aumônier était indispensable.
(Exclamation gauche.)
L'autre jour, l'issue de la séance de la Commission de
la pêche, Ostende, les membres de cette Commission ont
visité l'école des mousses.
Ils ont demandé voir le règlement.
On leur a répondu qu'il n'y en avait pas
Ils ont demandé alors voir le commandant de l'école.
On a dû leur dire qu'il n'y avait pas de commandant
Les enquêteurs ont demandé les instructeurs.
On leur a répondu qu'il y en avait deux, mais qu'ils
étaient malades
Les visiteurs se sont enquis alors des occupations des
élèves de l'école, et ils ont appris qu'ils se rendaient trois
ou quatre fois par semaine chez l'aumônier.
La Commission s'est retirée enchantée.
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