Les coins du poêle étaient tenus par les sous-
lieutenants Jonclieere, des Pompiers, Iweins,
de la Garde Civique, de Vleschouwer, du 3' de
ligne, Tridant, de l'artillerie, Jeidels, du 2e
Guides et le lieutenunt-véterinaire Hébrant,
professeur d'hippologie l'Ecole.
Derrière le cercueil marchaient la famille et i
tous les officiers de la garnison. Le Colonel
commandant la place, le major Van Iseghem,
le major Laloux la tète de leurs officiers fai
saient escorte au défunt ainsi que les officiers
pensionnés et la Société des ex-sous-officiers
de l'armée conduits par leur président d hon
neur, Monsieur le colonel Parsy, officier de
l'ordre de Léopold.
Le corps des officiers de la Garde Civique et
des Pompiers avait tenu cœur de prendre
place dans le cortège.
Nous avons remarque parmi la foule nom
breuse, toutes les autorités communales, M. le
Bourgmestre et M. le Commissaire d'arrondis
sement Merghelynck, M. le Président Iweins
du Tribunal de première instance, et beaucoup
de fonctionnaires supérieurs des diverses ad
ministrations, de l'enregistrement, de l'ensei
gnement, etc., etc.
Un peloton d'honneur composé d'artilleurs
sous les ordres du sous-lieutenant Giron for
mait la haie.
Après une première salve tirée l'hôpital
militaire dont la façade était voilée de crêpe et
ornee de ses drapeaux en berne, le cortège
s'est rendu l'église où les absoutes furent
chantées. Après cette cérémonie, le corps a été
dirigé ensuite vers la gare, au milieu d'une
foule recueillie et attristée et déposé dans le
wagon mortuaire qui devait le transporter
Vézin, (province de Namur) où habile la 1
famille du défunt Une députation d'officiers
l'accompagnait.
Plusieurs discours ont été prononcés dans la
gare avant la douloureuse séparation par M.
ïe Major Van Iseghem au nom de l'Ecole
d'Equitation, par le Lieutenant-Colonel Van-
dervaet au nom du 2* d'artillerie, par le Com
mandant Vandervecken au nom de la 14e
batterie montée, par le sous-lieutenant Orth
au nom de la 46" promotion de l'Ecole mili
taire, par le lieutenant Loiselet au nom des
officiers-élèves de l'Ecole d'Equitation
Discours prononcé par M. le Major Van
Iseghemau nom de l'Ecole d'Equitation.
x Tous, nous restons anéantis devant ce coup j
fatal du sort nous nous refusons croire que j
notre jeune camarade gît là inanimé, alors qu'il
y a quelques jours nous le voyions participer
nos travaux avec l'énergie et le goût qu'il ap
portait tout ce qui pouvait développer ses
belles qualités militaires.
x Hélas nous ne prévoyions pas qu'un acci
dent malheureux devait briser une carrière qui
semblait s'annoncer si belle. Avec qu'elle anxiété
n'avons-nous pas suivi les phases de sa doulou
reuse maladie nous abandonnant des lueurs
d'espoir pour arriver au dénouement funeste qui
a brisé nos cœurs.
s Ni les soins les plus intelligents et les plus
dévoués, ni l'affection la plus grande n'ont pu
arracher notre jeune ami la mort impitoyable,
qui déjà l'avait marqué de son sceau fatal.
x Nos regrets sont cruels tous nous avons pu
apprécier le sous-lieutenant Beauraind nature
d elite, intelligence vive, jugement essentielle
ment droit il réunissait ces qualités qui lui
attiraient tous les cœurs et qui permettaient
ses chefs de "lui prédire l'avenir le plus brillant.
L'estime et l'amitié qu'il sut mériter pen
dant le temps hélas trop court qu'il a passé
parmi nous seront pour sa famille éplorée une
source précieuse de consolation aux regrets de
cette perte irrépaiable elle pourra opposer, pour
calmer sa douleur, le souvenir de l'affection que
tous lui portaient.
Au moment d'une séparation cruelle et na
vrante, tout effort de consolation reste sans effet;
dans l'adieu que nous adressons au sous-
lieutenant Beauraind, au nom de l'Ecole
d'Equitation, de tous ses amis, de tous ses
camarades frères d'armes, mêlons nos larmes
aux sanglots de ses chers parents et de sa famille
si cruellement éprouvés.
Adieu, Beauraind la voix d'un chef qui
vous aimait vous dit un dernier et suprême
adieu
Discours prononcé par M. Loiselet, lieutenant
d'artillerie, au nom des ol/iciers-élèves.
C'est un bien triste devoir que celui qui
m'est échu aujourd'hui d'apporter notre pau
vre ami Beauraind le dernier adieu de ses
camarades de l'Ecole.
Ceux qui le connaissaient de longtemps l'ont
toujours aimé, et, nouveau venu ici, il avait su
acquérir de suite l'estime et l'affection de tous, j
L'émoi que nous a causé son fatal accident,
l'angoisse avec laquelle nous avons suivi le cours
de sa maladie, les efforts qui ont été tentés pour
le sauver, les soins assidus qui l'ont entouré et
les regrets si vifs que nous éprouvons, tous peu
vent dire, mieux que toutes paroles, ce qu'était
Beauraind pour nous.
De ses qualités, de sa haute valeur, d'autres S
feront l'éloge mais je ne veux penser qu'à l'ami
dévoué que nous perdons, dont le cœur si aimant j
forçait celui des autres, et cause, aujourd'hui
hélas tant de regrets sincères.
Il vivra désormais en nos pensées comme un
souvenir tristement doux, car il était si bon, et
tous nous l'aimions tant.
Une consolation nous est donnée pourtant,
et moins amère nous est notre douleur par la
suprême récompense qui est due tout homme
de bien et qui certes l'attend là haut.
Repose en paix, ami Beauraind, et pour la j
dernière fois, au nom de tous tes camarades, j
adieu
Discours prononcé par M. le Lieutenant-Colo- i
nel Vandervaetau nom du 2J Régiment
d'Artillerie.
Avant de quitter pour toujours les restes de
notre regretté camarade Beauraind, permettez-
moi de fui adresser au nom des officiers du 2e i
régiment d'artillerie, auquel il appartenait,
quelques paroles d'adieu.
Il y a quinze jours peine le camarade
Beauraind était victime d'un grave accident i
quand la nouvelle nous est arrivée, le régiment j
était vivement impressionnén'ayant aucun
doute cependant sur son rétablissement au bout I
de peu de temps. Sans nouvelles pendant plu- j
sieurs jours,nous pensions qu'il guérissait et que
tout allait pour le mieux quand tout-à-coup nous
apprenons que par la suite une maladie grave
s'est déclarée et qu'il y a peu d'espoir de le sau
ver. Je ne puis pas vous exprimer l'émotion
profonde produite alors parmi nous. Nous sa
vions cependant que tous ses amis qui étaient
autour de lui avaient tout tenté pour nous le
conserver; hélas! les soins et l'art furent impuis
sants, la maladie fit de rapides progrès, il suc
comba.
x Deux années peine qu'il avait passée au ré
giment avaient suffi pour apprécier les belles
qualités du sous-lieutenant Beauraind c'était
un brave et digne officier, un cœur d'or, un ca
ractère charmant, il était aimé et estimé de nous
tous.
Nous l'avions fêté, il y a quelques mois,
quand il est parti pour se rendre au Cours
d'Équitation et nous attendions avec impatience
le moment de son retour. Ces espérances, mal
heureusement, ne devaient pas se réaliser.
C'est bien triste de mourir si jeune au début
d'une carrrière et d'une position acquise après
tant de journées de travail et la suite de grands
sacrifices.
S'il est possible d'apporter un soulagement
la douleur de la famille, douleur qui doit être
grande car elle perd en lui un fils bien-aimé, un
frère, un protecteur, un soutien peut-être, ce
n'est qu'en lui disant que nous l'aimions autant
qu'elle et que son souvenir restera gravé dans
notre mémoire.
Discours prononcé par M. le Commandant
Vanderveckenau nom de la 14e batterie du
2" Régiment d Artillerie.
x Vous parlerai-je du camarade, de l'ami? Af
fable et bon, cœur loyal, nature honnête et dé
vouée, il était estimé de tous et ceux qui le
connaissaient intimement, n'hésitaient pas lui
vouer une sincère amitié.
x Une poignante tristesse s'empare du cœur,
un sentiment de révolte se glisse dans notre âme
lorsqu'on voit la mort avec son hideux cortège
venir s'abattre sur tant de jeunesse et de maie
beauté.
x Cependant, inclinons-nous, les desseins de la
volonté divine sont impénétrables; nous devons
nous soumettre ses décrets.
x Puissent les marques de sympathie qui lui
sont données en ce moment suprême apporter
quelques soulagements la douleur profonde
d'un père et d'une mère qu'il chérissait, d'une
famille entière qu'il aimait tant. Puissent-ils
aussi puiser quelques consolations dans la pen
sée que celui qu'ils pleurent, recevra dans un
monde meilleur, la j uste récompense de ses ver
tus et de ses mérites.
x Adieu Beauraind, adieu mon cher cama
rade,'la 14e Batterie montée, toute entière, te
porte par ma voix un dernier adieu x
Discours prononcé ptir M. le sous-lieutenant
Orthdu 4" régiment d'artillerieau nom de
la 43" promotion d'armes spéciales.
x Nous tous, Messieurs, qui avons connu et
apprécié la valeur de Beauraind, nous venons
lui apporter ici un juste tribut de regrets. Mais,
pour nous, ses amis, les anciens élèves de la 43e
promotion, qui avons débuté avec lui dans la
carrière militaire, vient s'ajouter une douleur
plus poignante, celle que l'on éprouve lorsqu'on
fierd un frère, un ami, avec lequel on a vécu par
es bons et mauvais jours.
x C'est l'Ecole militaire que nous avons pu
apprécier le cœur d'or, le caractère sympathique
et dévoué de notre ami Beauraind c est pen-
Messieurs,
r C'est le cœur ému, l'âme attristée, que je
viens au nom de l'Ecole d'Equitation apporter
sur ce cercueil l'expression de notre douleur, le
tribut de nos regrets et rendre un dernier hom
mage la mémoire du sous-lieutenant Beau
raind qu'une mort inattendue vient d'enlever
l'affection de sa famille, de ses chefs et de ses
nombreux amis, quand tout lui promettait un
brillant et heureux avenir.
Messieurs,
Messieurs,
x Beauraind, mon brave camarade, au nom
de tous les officiers du régiment, adieu. x
Messieurs,
x Sous l'empire d'une indicible émotion, je
viens dire un eternel adieu celui qui fort et
bien portant, il y a si peu de jours encore, vivait
heureux et plein d'illusion, confiant dans l'ave
nir qui lui apparaissait si brillant. Je viens ren
dre un juste tribut d'estime et de regret un
excellent officier, et donner un dernier témoi
gnage d'affection au camarade, l'ami qu'une
mort cruelle et prématurée vient de nous ravir.
x Le sous-lieutenant d'artillerie Beauraind
montra dès son arrivée au 2e régiment de l'arme
les qualités les plus brillantes. D'une conduite
exemplaire, intelligent, actif, dévoué, il poussait
le sentiment du devoir jusque dans ses limites
les plus extrêmes son zèle ne tarissait pas, un
j ugement sain le guidait dans ses études qu'il
avait cœur d'étendre et de perfectionner. Il
consacrait tous ses instants son service avec un
dévouement et une abnégation au-dessus de tout
éloge. Vous l'avez connu, Messieurs, vous avez
pu vous convaincre par vous-même, combien
Beauraind était consciencieux; avec quelle éner
gie il savait vaincre les difficultés d'une tâche
laborieuse ou ingrate et quels résultats il avait
su obtenir de son application qui ne se ralentis
sait jamais.
Messieurs,
x Lorsque la mort vient fermer les yeux d'un
vieillard, qui a terminé sa carrière, on s'incline
et on pleure. Mais lorsqu'on voit un homme
jeune, une nature d'élite brusquement enlevée
la vie par un funeste accident, on se sent le
cœur oppressé par un sentiment de douloureuse
révolte. On pense ce brillant avenir impitoya
blement fauché par la mort, ces remarquables
qualités du cœur et de l'esprit subitement plon
gées dans le néant.