L'élection de Charleroi. La séance du Sénat. Nouvelles locales. Que nos intérêts agricoles et industriels ces sent d'être protégés par une armée de fonction naires qui, sous tous prétextes, parcourent le pays pour donner des conférences non suivies, mal étudiées, parfois incompréhensibles pour organiser ces champs d'expériences dont les résultats sont encore démontrer, le tout for mant une organisation dont le plus clair est d'absorber des millions sans profit pour l'agri culture; Que la personnification civile, la main-morte ne puissent être établies en faveur des institu tions du clergé, érigées uniquement pour servir d'arme politique; Que le cimetière ne devienne un instrument pour opprimer et scandaliser des familles, que cette arme, ayant la portée d'une destruction sociale, ne puisse être mise entre les mains d'un parti politique Que nos braves militaires ne soient placés sous le joug de l'aumônerie militaire aux fins de ne pas devoir ressentir l'influence de la main cléri cale telle que nous la ressentons en Flandre. Voilà un faible côté de notre situation. Que ceux qui se proclament libéraux le méditent. Le programme du combat doit contenter les plus exigeants, si bien entendu leurs convictions sont sincères. X. Lundi, 21 Mai, second jour de la Pentecôte, l'attention du parti catholique se partageait entre Gourtrai et Anvers. A Courlrai un ministre, M. Vandenpeere- boom, un sénateur, M. Lammens, étaient obli ges de se défendre devant l'Associo/ion cléricale, comme des accusés. A Anvers, M. Victor Jacobs et l'honorable Jean De Laet étaient acclamés par la foule de leurs admirateurs réunis pour fêter le vingt- cinquième anniversaire de leur entrée au Parlement. Le rapprochement de ces deux événements politiques est édifiant. Le crime de MM. Vandenpeereboom et Lam mens était la sympathie qu'ils prétendaient conserver pour le service personnel et leur refus d'accepter un mandat impératif. On leur a reproché de manquer de loyauté et, au poil, bien qu'ils n'eussent pas de concurrents, un grand quart des membres de Association cléricale leur a, en signe d'hostilité, refusé ses suffrages. Cela apprendra ces messieurs se permettre d'avoir une opinion indépendante sur une question de justice et d'obéir aux impul sions de leur conscience plutôt qu'au mot d'ordre électoral de M. Woeste. Que ne faisaient-ils comme les jubilaires d'Anvers? Voilà des hommes politiques comme il en faut au parti catholique et les honneurs extraordinaires partagés entre MM. Jean De Laet et Jacobs sont parfaitement mérités. Aussi, pas une voix discordante dans le con cert d'acclamations qui a salué ces héros clé ricaux et qui se répète aujourd'hui dans la presse cléricale. MM. Jacobs et De Laet ont été, en effet, en tout et toujours, les fidèles serviteurs de leur parti. Jamais ils n'ont invoqué leur consci ence pour se refuser ce qu'on attendait d'eux, et comme ils ont toujours été dociles, ils reçoivent la récompense qui leur est due. On les a proclamés grands citoyens, on a épuisé pour eux toutes les hyperboles les plus lauda- tives, et peu s'en est fallu qu'on ne les portât en triomphe I Les injures, l'hostilité pour deux honnêtes gens qui ont la singulière prétention de rester honnêtes gens, des couronnes pour Jean De Laet, tout est dans l'ordre. A ce bel exemple de justice distributive, reconnaissez le grand parti catholique I Dans ce parti, soyez Jean De Laet et l'on vous couvrira de fleurs mais soyez Vanden peereboom, et l'on vous accusera de déloyauté. [Flandre Libérale Voici ce que nous lisons dans la Chronique du 25 Mai Nous étions anxieux, hier midi, parce que nous ne savions ce qu'il fallait appréhender ou ce qu'on pouvait espérer du résultat de l'élec tion législative de Charleroi. Allions-nous être obligé de constater un dou loureux statu quo Le torrent réactionnaire qui avait balayé en 1884 les députations de Bruxel les, de Nivelles, de Namur, de Philippeville, et en 1886 les représentants libéraux de Gand et de Waremme, avait-il enfin cessé de faire ses ravages Ou bien le corps électoral était-il résolument rentré dans les voies libérales Qu'allait prédire l'élection partielle de Char leroi une nouvelle défaite pour le 12 Juin, ou bien un triomphe Cruelle incertitude... L'honorable M. Giroul, ex-président de 1\4$- sociation libérale de Charleroi, ancien doctrinaire rallié récemment aux idées progressistes, repré sentait bien la moyenne du parti libéral, et il avait lutter contre M. Michel Levie,un clérical carré par la base, sans masque indépendant, sans oripeaux, sans déguisement d'aucune sorte. On avait donc en présence un libéral et un clérical. Qui l'emporterait A quelle politique se rallierait l'important arrondissement de Char leroi Nos amis de là bas se disaient certains de la victoire cependant les plus optimistes n'al laient pas jusqu'à espérer une majorité de 300 voix, malgré l'adhésion sincère des libéraux de toutes les nuances la candidature de M. Giroul. Aussi la dépêche qui, vers deux heures, nous a appris que seize bureaux sur dix-huit don naient au libéralisme une majorité de 634 voix nous a-t-elle plongé dans une stupeur fortement mêlée d'enchantement il est inutile de le dire. Les personnes qui attendaient les nouvelles dans la salle où nous affichons les dépêches n'osaient en croire leurs yeux, et toutes attendi rent l'arrivée du télégramme officiel avant de témoigner leur joie. Elles craignaient une mys tification. Quelques minutes après, elles apprenaient, et cette fois il n'y avait plus conserver le moin dre doute, la victoire de M. Giroul plus de sept cents voix de majorité C'était absolument inespéré jamais aucun libéral, dans ses songes les plus échevelés, n'au rait rêvé un pareil revirement en notre faveur Désormais, notre triomphe est certain pour l'élection du 12 Juin Bruxelles, Nivelles, Namur, Philippeville, dans le Luxembourg et Ostende... Il nous est permis de tout espérer Anvers et peut-être ailleurs encore. L'existence du ministère clérical ne tient plus qu'à un cheveu... Il est bon que les libéraux se rendent un compte exact du résultat de la journée électorale d'hier, et nous avons relevé les chiffres obtenus !>ar les deux partis dans les élections qui ont eu ieu précédemment Charleroi. Disons d'abord que, aussi loin que nous avons pu fouiller, nous n'avons'vu une majorité aussi formidable. Jamais les libéraux n'ont obtenu autant de suffrages, jamais les catholiques n'en ont eu moins. En 1882, tous les libéraux étaient élus et obte naient de 2,700 2,828 voix. Les candidats cléricaux en réunissaient de 2,423 2,612. En 1886, les libéraux en avaient de 2,468 2,638, et les deux catholiques, respectivement, en avaient 2,734 et 2,481. M. Drion était élu en tête, et M. Noël venait au ballottage. Au second tour, il battait M. Mondez, qui avait 2,466 voix, tandis que lui se voyait oc troyer 2,554 suffrages. On voit par les chiffres de ces élections que la moyenne des électeurs libéraux était de 2,720 en 1882, de 2,500 seulement en 1886. Aujourd'hui, ce chiffre est porté 2,880 La moyenne catholique, de 2,430 en 1882, est montée 2,500 en 1886, et tombe, le 24 Mai 1888, 2,174 Nous avions donc bien fait de l'espérer, le torrent clérical a disparu complètement. Ses ra vages sont finis, absolument finis, et nous sommes maintenant tout fait rassuré sur le résultat des élections du 12 Juin prochain. Messieurs les ministres, gare là-dessous Clôture de la session. Elle n'a pas été longue, au Sénat, la discussion des crédits destinés 1 érection des fortifications de la Meuse quelques observations anodines de MM. de Brouckere et de Lhoneux et une courte réponse de M. Pontus, résumant les déclarations faites la Chambre. Les crédits civils et militaires ont été adoptés par 35 voix et 7 abstentions. Les abstention nistesMM. de Coninck, Vaucamps,Montefiore, Vanden Bemden, Legrelle, de Lhoneux et Bethune ont tous motivé leur vote en se dé clarant hostiles aux fortifications nouvelles. Le Sénat, après un court débat, a approuvé ensuite l'unanimité la loi établissant la libéra tion et la condamnation conditionnelles. L'assemblée s'est séparée, selon l'usage, aux cris de Vive le Roi après avoir entendu la lecture de l'arrêté royal qui déclare close la ses sion ordinaire de 1887-1888. Pour remplir ses colonnes, le Journal d'Y près nous prend partie propos d'un article sur la manifestation Bara pour nous prêter des inten tions que nous n'avons jamais exprimées ni eues. Parce que nous blâmons l'intrusion abusive du clergé dans nos affaires temporelles,il en conclut que, si nous en avions le pouvoir,nous enverrions l'échafaud ou ferions fusiller, au choix, tous les tonsurés grands et petits. Nous avons dit que nous faisions une distinc tion entre la religion et ses ministres que nous respectons et que nous considérons comme né cessaires et le prêtre qui use et abuse de son pouvoir spirituel pour étouffer tout sentiment national au profit de la théocratie romaine. Le Journal n'admet pas cette distinction. Il nous reproche de ne pas être au courant de la théolo gie. Et le Journall'est-il Oh ça, oui. C'est pourquoi il soutient que les membres du clergé sont les ministres autorisés du culte et quedès lors, les fidèles leur doivent respect et soumis sion. Jusqu'où vont ce respect et cette soumission? Vous ne le savez pas? Hébien, selon la théologie, cela va l'infini Et pour que nous le comprenions bien, le Journal fait une comparaison la portée de notre faible entendement. Ainsi, dit-il, que penseriez- vous u d'un homme qui tiendrait peu près ce langage: Moi je suis profondément respectueux de la justice. J'admets que la justice est favo- rable même nécessaire la société humaine, a Mais pas déjugés, n'est-ce pas? Je ne veux pas en entendre parler, a Et pour nous écraser de manière qu'il n en reste plus rien, le théolo gien du Journal nous demande encore ce que a nous penserions d'un homme qui dirait Moi a je suis militariste. L'armée est indispensable a pour la défense nationale. Mais je ne veux pas a d'officiers et si j'en avais le pouvoir, je les a ferais tous fusiller a Ce que nous penserions de ces hommes qui parleraient ainsi, c'est qu'ils n'auraient pas le sens commun. Mais savez-vous ce que nous pen serions d'un juge qui voudrait nous régenter en dehors de ce qui le regarde, c'est que tout en respectant la justice, nous tournerions le dos ce juge et nous en ferions autant l'officier qui sortirait de ses attributions, tout militariste que nous pussions être. Cela n'est peut-être pas tout- à-fait conforme la théologie, mais c'est comme cela que nous le concevons. Nous avons annoncé dans un précédent nu méro que M. de Patin remplacerait M. A. Struye, comme candidat au Conseil provincial. Dans l'ordre moral et religieux,

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 2