N° 44. Jeudi,
48e ANNÉE.
51 Mai 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Élections Provinciales du 27 Mai 1888
Résumé politique.
Nouvelles locales.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
inscrits
Nombre de votants.
Bulletins nuls
Votes valables
Majorité absolue
MM. BIEBUYCK, Louis
V de PATIN de LANGEMARCK, Carlos
de THIBAULT de BOESLNGHE, Ernest
1WEINS d'EECKHOUTTE, Henri
STRUï Ë-BROERS, Aloïs
TOTAL
3,366
593
284
356
1,233
49
39
9
97
1,136
569
386
229
293
908
525
229
301
1,055
374
226
304
904
377
234
297
908
377
226
293
896
Que le discours de M. Tisza, ministre-président
hongrois, n'ait surpris personne Paris, nous
voulons bien l'admettre puisqu'on nous l'assure,
mais on n'en a pas moins beaucoup parlé, et il
était naturel de s'y attendre seulement la presse
française, qui s'en occupe aussi, tomberait peut-
être dans un piège habilement tendu si elle se
laissait aller manquer de modération.
Certes, ce n'est pas par la modération, au fond
et dans la forme, qu'a brillé M. Tisza, mais
l'habileté de la presse française consistera préci
sément montrer un calme absolu, et celle du
gouvernement français, qui jusqu'ici a le beau
rôle et tous les bons procédés de son côté, se
retrancher dans cette position si avantageuse
pour lui.
L'incident, sans doute, n'est pas pour en de
meurer là et M. Tisza jugera sans doute utile et
opportun de donner une explication polie de ses
paroles, notamment sur le péril que pourraient
courir les objets exposés Paris en cas de guerre.
L'objection est peu de chose au fond.
Il serait dommage devoir deux grandes nations
s'éloigner l'une de l'autre pour des raisons de
cette force. Quant aux commémorations histori
ques, il n'est guère d'Etat qui n'ait les siennes
il y a un peu de tout dans les souvenirs de la
Révolution française on en prend et on en
laisse. L'Angleterre, où le ministère semble aussi
faire ses réserves avec la France, doit se rappeler
de quel prix elle a payé la conquête de ses
libertés, et ce n'est certes pas elle, qui ne peut
avoir oublié Charles Ier, de repousser les souve
nirs de la Révolution française. Les révolutions,
comme les religions, ont leurs martyrs, et M.
Tisza, qui est ministre de Hongrie, doit le savoir
mieux que personne
Quand les glaives sacrés sont tirés du fourreau,
déplaise M. Tisza, fourvoyé ses sympathies.
Tous les historiens ont glorifié la prise de la
Bastille.
Mais admettons que tous ces souvenirs soient
devenus importuns et qu'un vent peu favorable
au libéralisme ait soufflé sur l'Europe, qui re
viendrait peu peu au régime de la compression
comme en matière douanière elle revient la
protection et en matière de police au passeport,
lequel n'a jamais servi qu'à gêner les honnêtes
gens. Mais, cependant, les gouvernements enti
chés de réaction doivent prendre garde. Il y a
des souvenirs, dans l'histoire des révolutions,
dont des politiques sages doivent faire leur profit,
ne fût-ce que pour épargner aux princes eux-
mêmes de tristes épreuves et des heures
douloureuses.
Ypres, 30 Mai 1888.
La journée de Dimanche, si elle n'a pas été
brillante et si elle n'a pas donné tout ce qu'elle
devait donner, n'a pas été en somme mauvaise
pour le libéralisme. Les journaux catholiques
s'en réjouissent cependant comme s'ils avaient
emporté partout la victoire. Ils se contentent
de peu. 11 est vrai qu'ils ont renversé la Dépu-
lation permanente du Luxembourg. C'est quel
que chose, c'est même beaucoup pour celte
province. Mais considérer l'ensemble du pays,
ils ont perdu des hommes et plus que les libé
raux. En effet si les catholiques ont gagné 9
sièges, les libéraux en ont gagné 29 et ils ont
introduit d'un coup dans le Conseil de la pro
vince d'Anvers 21 des leurs, malgré le rema
niement des circonscriptions fait au profit des
cléricaux. Cela compte. Maintenant il reste le
ballottage où Namur saura se tirer d'affaires
avec honneur et où les indépendants de Saint-
Josse-ten-Noode recevront Dimanche prochain
leur congé définitif. Les journaux bien pensants
ne parlent pas de cela, oh! non, puisqu'il faut
qu'ils chantent victoire contre vent et marée.
Enfin qu'ils soient heureux, puisqu'ils le sont
ce prix.
Les Flandres, hélas 1 n'ont apporté ce con
tingent aucun appoint. Au contraire, le seul
libéral en cause, M. Depuydt de Nieuport, a
échoué avec 100 voix de minorité. C'est la pre
mière fois depuis 1830 que Nieuport aura
l'honneur d'être représenté Bruges par un
conseiller clérical. M. Depuydt, fatigué et aspi
rant au repos, y est pour quelque chose.
A Ypres tout s'est passé au milieu du calme
le plus complet. La lutte, ne se faisant pas entre
libéraux et catholiques, s'est portée entre ca
tholiques. C'est une nouvelle maniéré de s'en
tretenir la main. Dans cette campagne, le
comte de Patin a fait preuve d'une jolie torce.
Il a distancé ses concurrents de 159 et de 147
longueurs. Pas mal tapé, pour un coup d'essai.
Il ira loin, ce benjamin du Conseil provincial.
Mais que diront de cela MM. Iweins et Bie-
buyck? C'est qu'il est dangereux, le camarade
de Patin. Il donne la chair de poule. Aussi
motus sur toute la ligne. Ni drapeaux, ni fifres,
ni tambours, ni clairons, ni trompettes, ni fu
sées, ni lampions, ni lampées Un morne si
lence et partout l'image de la mort. Les cuivres
étaient commandés, les virtuoses du Cercle ca
tholique étaient leur poste au signal donné,
cuivres et virtuoses rentrent chacun dans sa
gaine et la nuit couvre ce triomphe de ses om
bres épaisses.
Et pendant qu'on maudissait ici le sort, le
vainqueur du Derby cantonal recevait Lange-
marck les félicitations de ses féaux sujets.
Voilà des lauriers épines.
La musique des Sapeurs-Pompiers a fait, Di
manche dernier, une excursion Bergues (Nord),
pour y prendre part au festival, organisé l'oc
casion de la kermesse.
Une nombreuse députation, ayant sa tête
M. le Commandant des Pompiers de Bergues et
M. Delarroqua, chef de musique, attendait les
excursionnistes la gare.
Conduits la Mairie, ils y furent reçus par
M. Claeys, Sénateur-Maire, qui, au nom de la
ville dont il est le premier magistrat, leur sou
haita la bienvenue et parla en termes élogieux
de la ville d'Ypres, cette noble cité de Flandre,
cette cité libérale qui fait honneur laBelgique
et dont lesBerguois ont gardé un si bon souvenir.
Messieurs, dit-il en terminant, je bois la
santé de votre honoré président, la vôtre tous
et la prospérité de la bonne ville d'Ypres.
Nos pompiers furent ensuite conduits l'Hôtel
du Cheval blanc, lieu de réunion de la musique
municipale de Bergues, où, grâce l'obligeance
de M. Delarroqua, un excellent dîner leur fut
servi.
A 3 heures, le Maire, accompagné de ses ad
joints, de plusieurs notabilités et d'officiers de
l'armée française, passa en revue les 25 sociétés
participantes, rangées autour de la Grand'Place.
Puis eut lieu le cortège, lequel, après avoir par
couru les principales rues de la ville, arriva la
Grand'Place où il se dispersa.
Deux kiosques étaient établis.
Les sociétés y. exécutèrent tour tour deux
morceaux de leur répertoire. Notre musique des
pompiers fit entendre, sur le kiosque de la
Grand'Place, une fantaisie sur Guillaume-Tell
LE PROGRES
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les lr et 6e
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6* SUREAU
dépouille
les 5e et 3e
BUREAUX.
des
VOTES.
Lie droit tous les vaincus reviennent au bourreau,
a dit un poète contemporain. Il nous semble que,
dans cette grande Exposition commémorative,
la France a bien choisi. Mais peut-être déplaira-
t-il quelques hommes d'Etat que la Bastille
figure parmi les souvenirs qu'on évoque au
jourd'hui. Il faut pourtant convenir que le gou
vernement français, en la faisant revivre dans
une fête de la France actuelle, n'a pas, n'en