48e ANNÉE
5 Août 1888.
6 FltAJVCS PAR AAT.
JOUR A AL D APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
l\° 65. Dimanche,
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acquirit eunih)
Y près, le 4 Août 1888.
Le pivot sur lequel tourne toute notre poli
tique, c'est l'immixtion du prêtre dans nos
affaires publiques et privées. Nous nous per
mettons de qualifier celle-ci d'abus. Elle
n'existe ce degré dans aucun pays civilisé du
monde.
Cette intervention irrégulière, illégale, pou
vons-nous dire, doit naturellement provoquer
des ressentiments qui mettent directement en
cause ceux qui sont les auteurs de ces abus et
qui, par le fait même, sont les seuls coupables.
La religion, dont ils se déclarent les apôtres, est
la première qui doit en recevoir des atteintes.
Le dogme est le propre, le domaine de l'uni
versalité des croyants. Il ne peut appartenir
ses ministres d'en exclure des membres, parce
que, en matière civile, ceux-ci n'adoptent
point leur manière de voir.
Tous les peuples civilisés l'ont compris ainsi;
les lois ont été faites en conséquence.
Aussi la situation actuelle, telle que nous la
fait le prêtre en ce pays, sert-elle de risée
l'Europe entière. Au plus que cet état de choses
se maintiendra ou se raffermira, au plus la
responsabilité du prêtre politique sera lourde.
C'est donc tort, que le clergé par ses jour
naux tâche de rejeter cette responsabilité en se
faisant passer pour une victime des haines de
l'opinion libérale. Si victime il y a, c'est certes
la société civile, laïque, seule, qui a le droit et
le devoir de faire entendre des plaintes.
Nous l'avons suffisamment fait ressortir dans
notre réponse aux cris de Jérémie, proférés par
1 e Journal d'Ypres dans son article relatif au
fléau du jour, en indiquant les motifs pour les
quels il y a lieu de s'attaquer ceux qui sont la
cause de celte situation anormale, tout en pré
disant les conséquences inévitables que celle-ci
doit produire.
Pour être plus complet, nous croyons qu'il
peut être utile de faire une comparaison entre
nos ministres du culte et ceux des autres pays.
Nous pourrions en dire long sur ce qui se
passe ailleurs, mais le pays citer, pour servir
de point de comparaison, est certes notre voi
sine, la France.
Quelle est donc la conduite du prêtre dans ce
pays, signalé par les Papes comme la fille aînée
de l'Eglise
Certainement tout autre qu'en Belgique.
Nous n'avons jamais entendu dire qu'en
France le pouvoir civil soit la merci du prêtre,
comme il l'est ici. Tout au contraire, depuis le
grand évèque jusqu'au plus humble des vicai
res, tous se soumettent aux lois de leur patrie
et les observent scrupuleusement.
Jamais nous n'y avons vu de ces révoltes,
comme nous en avons constaté ici lors de l'ap—
Ïilication de la loi sur l'enseignement primaire,
ci on ne se contentait pas seulement de se ré
volter contre l'Etat, mais encore on se permet
tait d'excommunier tous les instituteurs, tous
les citoyens avec leurs familles, parce qu'ils
exécutaient une loi de leur pays, c'est alors que
nous avons vu tous ces refus d'absolution, de
consécration de mariages, de première com
munion et autres actes de vengeances, dignes
d'une peuplade sauvage.
Nous avons vu encore, quand il s'est agi de
célébrer un anniversaire national, le cinquan
tenaire de notre indépendance, les évèques
comme les simples prêtresse refuser d'y pren
dre la moindre part cause de la loi sur
l'enseignement primaire et parce que le Gou
vernement était aux mainsYles libéraux.
En France, les catholiques ont supplié le
Gouvernement de leur donner la même loi sur
l'enseignement inférieur comme en Belgique.
On la leur a refusée. La religion doit s'enseigner
dans l'église, rien que dans l'église et malgré
cela les évèques comme les prêtres, dans les
tournées de M Carnot, Président de la Répu
blique, dans les voyages des ministres, accou
rent au devant des représentants du pouvoir
pour souhaiter la bienvenue et protester de leur
fidélité, de leur attachement au Gouvernement
de la République, aux institutions de leur pays.
Les louanges et les congratulations n'ont pas
été marchandées de leur part.
Quel contraste avec notre pays où nos prêtres
n'ont qu'un but Posséder le pouvoir tous les
degrés par personnes interposées Pour y arri
ver peu leur importent les moyens. C'est en vertu
de ce principe dissolvant, qu'en temps d'élec
tions, nos églises sont converties en salles de
meetings et que toutes les cérémonies religieu
ses sont dirigées vers cette politique.
Jamais on ne vit pareilles manœuvres en
France. Le prêtre y est prêtre dans l'intérêt de
la religion. Là dans les sermons au lieu de po
litique on enseigne la morale de l'Evangile. On
ne peut pas dire de lui comme ici, qu'il est le
véritable courtier électoral.
Dans ces dernières années lorsque les persé
cutions de nos curés et vicaires ne connais
saient pas de bornes, bien des personnes se sont
rendues en France pour l'exercice de leur
culte. On les y a reçues bras ouverts.
Signalons encore qu'au début de la campagne
électorale dans les années cinquante et suivan
tes c'était pour la lecture d'un journal libéral,
la présence dans une société d'agrément ou
d'utilité publique, que les sacrements de l'église
étaient refusés
Et dire que ceux qui provoquent ainsi légè
rement une révolution sociale, qui font la
guerre leurs concitoyens, leurs ouailles
d'une manière si injuste, sont payés et salariés
par le pays entier Ils sont les fonctionnaires
d'un gouvernement, qu'ils combattent et con
spuent ouvertement, dès qu'il n'exécute pas la
politique qu'on lui impose, dès qu'il veut ad
ministrer d'une manière indépendante dans
l'intérêt de la patrie, mais sans le concours des
évèques.
Ces quelques comparaisons et exemples suffi
ront pour constater le contraste frappant qui
existe entre les deux pays, comment on y pra
tique la religion d'une manière différente. On
dirait vraiment qu'en France le dogme est
autre que celui en Belgique. Cependant nous
avons tous les deux le même Pape, le même
Dieu.
Jamais les efforts des casuistes ne pourront
justifier cette différence.
Quoique l'on fasse, quoique l'on écrive, cette
conduite irrégulière du prêtre doit recevoir
un jour son châtiment. S'il y a des bâtards ou
des compères par intérêt, pour supporter, même
approuver l'état d'esclavage dans lequel nous
sommes tombés, il existera toujours assez de
Belges libres pour mener le bon combat. Pour
prêcher et écrire la parole de la vérité et pour
provoquer un jour la réaction. X.
Nous avons, propos des scandales de Citeaux,
fait ressortir les dangers que court l'enfance
auprès d'un personnel enseignant qu'une éduca
tion grossière est incapable de prémunir contre
les défaillances déplorables de notre fragile na
ture. Nous avons demandé si ceux qui sont, dans
une grande mesure, responsables des fautes
commises par leurs subordonnés, apportent tou
jours au choix de ce personnel tous les soins que
comporte une question aussi délicate
Le Journal d'Ypres, reconnaissant ainsi la jus
tesse de nos observations, nous a naïvement
répondu, et nous avons rendu hommage sa
sincérité, que vu le grand nombre de petits
frères qu'exigent les écoles catholiques, il est
impossible de se montrer difficile, faisant ainsi
entendre qu'on était bien obligé de prendre les
sujets qu'on trouvait et de s'en contenter.
Cette déclaration, faut-il le dire, a quelque
chose de révoltant. Il n'entre pas dans les habi
tudes de la presse pieuse de faire des aveux de ce
genre et de prime abord on se demande si on a
réellement bien compris. Aussi pour en avoir le
cœur net, nous avons relevé cette déclaration,
provoquant ainsi une explication, mais en nous
attendant en recevoir une comme Basile sait en
donner. Nous nous attendions donc, si non une
justification complète, au moins quelque finas
serie qui eût donné plus ou moins satisfaction
l'opinion publique justement alarmée.
Est-ce cela que le Journal d'Ypres a hâte de
consacrer ses soins? Hélas non. Et que fait-il
Selon sa louable habitude, quand il veut par
ler sans avoir rien dire, il taille dans nos arti
cles quelques mots des plus saillants, les accole
L E
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