48e ANNÉE
26 Août 1888
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
6 FRANCS PAR AN.
VinES ACOUIBIT El'NlH)
L'événement du jour, c'est l'entrevue de M.
de Bismarck et de M. Crispi. Le chef du cabinet
italien est arrivé Mardi soir Friedrichsruhe. Il
est accompagné d'un secrétaire particulier et
d'un rédacteur au chiffre du ministère des affai
res étrangères de Rome. Naturellement les cor
respondants bien informés font feu de toutes
pièces. D'après le Figaro, il s'agit de décider la
nature des compensations qui seront données
l'Italie D'après une autre'version, on se bor
nerait régler certaines questions d'étiquette
relatives au voyage de Guillaume II Rome.
Selon la Riformail serait question d'établir un
accord entre l'Allemagne et l'Italie pour la réu
nion d'un Congrès européen chargé de régler
l'amiable la question bulgare ce serait la paix.
Mais, la question bulgare une fois résolue, on
ferait revenir sur l'eau la proposition d'un désar
mement général, et si la France n'y adhérait pas,
comme c est probable, ce serait la guerre. On
voit qu'il y en a pour tous les goûts dans les
suppositions et commentaires auxquels donne
lieu l'entrevue du prince-chancelier et de M.
Crispi.
Une feuille autrichienne, la Politik, de Prague,
commente le discours de Guillaume II Franc
fort-sur-l'Oder, et dit que l'empereur est allé
Pétersbourg pour obtenir l'assurance de la
neutralité de la Russie en cas de guerre de
l'Allemagne contre la France. Son discours de
Francfort prouve que cette assurance n'a pas été
obtenue et que la Russie ne laisserait pas écraser
la France.
Cette appréciation de la Politik a son impor
tance cause des relations avérées des vieux-
Tchèques avec les cercles officiels russes.
Un bon mot de la Pall Mail Gazette, au sujet
du toast prononcé Francfort-sur-l'Oder par
Guillaume II Si ce prince doit parler souvent,
l'Europe fera bien de se mettre du coton dans
les oreilles.
Parmi les nouvelles contradictoires qui vien
nent de divers côtés, nous en détachons une qui
Erésente pour la Belgique un intérêt particulier.
'est un article du journal la Germania qui nous
l'apporte.
Il s'agit de l'entrevue de Péterhof, un souve
nir déjà lointain, mais un incident sur lequel la
lumière n'a pas encore été officiellement faite.
La Germania n'est pas un journal officiel, mais
c'est un organe officieux reconnu. A ce titre, on
peut, et même on doit être attentif ce qu'il
publie.
Or, la Germania nous dit que le principal objet
de la visite de l'empereur Guillaume Péterhof
n'a pas été atteint
u L'empereur Guillaume II se proposait de
réaliser un projet que le prince de Bismarck ca
ressait depuis longtemps une alliance défensive
entre l'Allemagne, la Russie, le Danemark et la
Belgique.
Le Danemark a fait échouer cette tentative
en déclarant franchement qu'il fallait tout d'a
bord régler la question du Schleswig.
Il est bon de se rappeler ce sujet ce mot du
Dagblad, de Copenhague 11 est évident que le
Czar est avec son beau-père dans toutes les ques
tions qui intéressent le Danemark.
Y pues, le 25 Août 1888.
Le discours de M. Woeste Bruges fait de
nouveau les frais d'une grande polémiqué dans
tous les journaux sans aucune exception de
nuance.
On discute perte de vue pour découvrir, si
c'est M. Woeste ou bien M. Beernaert, chef du
cabinet, qui est le maître pour diriger la politi
que cléricale au sein du parlement ou pour
marquer la ligne de conduite suivre lors de la
prochaine session législative.
A notre modeste avis, c'est M. Woeste et non
M. Beernaert, qui dirige la politique cléricale,
qui est le maître de la situation. La raison en
est bien simple. M. Woeste est l'expression
aussi fidèle que possible des prétentions épisco-
pales, les seules qui prédominent e,t qui préva
lent au camp de nos adversaires.
Cette politique ultramontaine ne pouvait re
cevoir meilleure incarnation.
lin effet, M. Woeste, de puritain protestant
est devenu puritain catholique. Ses idées ver
satiles en matière religieuse lui ont fait trouver
son chemin de Damas en s'enrôlant sous la ba-
nière catholique romaine. Ce néophyte res
semble tous ses aînés. Tous veulent se
distinguer par un absolutisme aveugle, qui
exclut toute controverse. M. Woeste agit de
même. Cest un jésuite laïque, il est l'alter
ego de nos maîtres, les évèques. Il faudrait re
culer bien loin pour trouver son égal en fana
tisme. S'il était arrivé au XV* ou XVI" siècle, il
aurait probablement donné des points l'in
quisiteur espagnol, Thomas de Torquémada ou
au duc d'Albe.
M. Woeste est le panégyriste par excellence
de toutes les encycliques passées, présentes et
futures. Sa politique n'a d'autre but, d'autre
tendance que de provoquer des lois en toute
matière pour arriver une soumission passive
et aveugle de la société civile l'église. La
gloire de celle-ci avant celle de la Patrie.
Telle est la position qu'occupe M. Woeste.
Par conséquent il a parfaitement raison d'affir
mer une fois de plus, l'union intime et la
solidarité du parti conservateur. La politique
cléricale et rien que cléricale peut seule exister.
Elle ne laisse place aucune autre tendance ou
groupe qui puisse représenter une extrême
droite ou un centre droit quelconque.
L'élection de tous les membres de la droite
porte un vice originel. Elle provient de l'in
fluence du sacerdoce catholique par son ingé
rence dans nos affaires politiques. Les représen
tants cléricaux reflètent fidèlement le pouvoir
occulte du clergé dans notre pays. Par consé
quent ils doivent être unis. Impossible de
représenter une nuance dissidente quelconque.
Ceux qui voudraient ou tenteraient de montrer
des velléités d'indépendance seraient immédia
tement cassés aux gages, commencer par M.
Beernaert pour finir avec M. Berlen. Tous les
articles du Journal de Bruxelles pour démon
trer que la majorité jouit d'une certaine liberté
ne sont écrits que pour amuser la galerie ou
user le tapis. Tout ce jeu n'est qu'une pure co
médie. Tous ces anciens libéraux, tels que M
Beernaert, M. Lejeune, etc. ne sont admis,
n'ont été et choisis comme ministres, que pour
rendre la comédie plus complète encore. Ceux
qui jadis se présentaient sur la scène, lorsque
nous étions au pouvoir, étaient de faux joueurs
pour briser l'harmonie de notre musique. Au
jourd'hui ils ont complètement disparu, on
n'entend plus qu'un seul instrument, celui la
clef cléricale.
Jamais nous n'avons vu sortir de la cervelle
ministérielle une détermination qui put dé
montrer, que noire gouvernement avait sa
façon de penser et d'agir lui, aux fins de prou
ver qu'il a des tendances indépendantes.
Les principes du libre échange, du service
personnel, des fortifications, etc. les ont-ils
jamais soutenus aux détriments de leurs porte
feuilles Certainement non. Ils pratiquent con
stamment la stratégie de la chauve-souris,
lorsque pour ne pas être croquée elle s'écrie
C'est M. Woesle qui, dans les assemblées
pour le redressement des griefs catholiques,
dans la Revue généraledonne le ton. Lui seul
représente la force, lui seul a le droit de rap
peler chacun son devoir et de marquer la
direction suivre.
Pas n'est besoin pour M. Woeste de nous
dire que le parti clérical n'a qu'un seul pro-
l\° 69. Dimanche,
LE PROGRÈS
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Je suis oiseau, voyez mes ailes.
Je suis souris, vive les rats.