48e ANNÉE. 11 Octobre 1888 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Résumé politique. Les mainmortes religieuses. lV> 82. Jeudi, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Le président de la République française est décidément un président voyageur, c-e qui le différencie de son prédécesseur, M. Grévy. On sait en effet que le célèbre beau-père ne dépen sait pas un rouge liard en excursions et conver tissait régulièrement en bonnes rentes sur l'État les irais de voyage que lui allouait le bud get. M. Carnot, lui, est presque toujours par voies et chemins en ce moment, il déambule officiellement dans le midi. Samedi dernier il était Lyon, où il a reçu de la population, au tant que nous en pouvons juger par les dépêches, un accueil assez froid on parle même de quel ques manifestations boulangistes qui se seraient produites sur son passage. En lui présentant les officiers de l'armee, le général Davoust a pro noncé un discours qui semble comme une réponse indirecte aux belliqueux hoch hoch! poussés quelques jours auparavant Vienne par les em pereurs François-Joseph et Guillaume. Vous portez, a dit l'honorable général, un nom parti culièrement cher l'armee il rappelle de gran des victoires sur l'Europe coalisée. Votre ancêtre a mis la défense du territoire au-dessus de tout. 11 avait une confiance inébranlable dans les mau vais jours et une confiance absolue dans les des tinées de la patrie ce sont là des souvenirs, M. le Président, dont nous nous inspirerons le jour où la France étant menacée, le gouverne ment de la République nous enverra la fron tière. En répondant un toast du maire de Lyon, M. Carnot a fait allusion aux menées monarchis tes et boulangistes dont il a proclamé l'impuis sance, et il a ajouté La démocratie qui veut la paix et la sécurité du pays, qui répudie les divi sions et les rivalités de personnes pour faire appel l'union et la concorde dans l'intérêt suprême de la patrie, sera entendue de la France entière. L'empereur d'Allemagne et l'empereur d'Au triche ont été faire une partie de chasse en Styrie. Ace sujet, nous lisons dans une corres pondance Ou a été-très frappé des mesures de précau tion prises daus un pays très peu habité dans cette saison. Les gares de Muerzzuschlag et de Neuberg étaient fermées non seulement au pu blic, maismême aux employés quin'étaient pasde service. Lesgendarmes se promenaientsurle quai et dans les couloirs, tandis que d'autres surveil laient les quelques habitants du pays. La même surveillance était exercée sur la route, très pit toresque, qui, travers les montagnes,conduit de Neuberg Muerzsteg. Ces mesures étaient moti vées par des rapports pouvant faire craindre des manifestations de la part des nationalistes de Gratz, qui pouvaient se livrer ici aux désordres que leurs confrères de Vienne ont dû renoncer faire. Les mesures en question pourraient également avoir été provoquées par des lettres de menaces qui ont été adressées d'Allemagne, de Suisse et même d'Amérique l'empereur Guillaume. On a pris de grandes précautions dans le Wurtembergen Bavière et en Autri che, et on va en prendre davantage encore, paraît-il, en Italie. Une des lettres qui paraissent avoir soulevé le plus de craintes vient de Genève. Elle est conçue sous la forme d'un décret con damnant mort l'empereur et elle est signée Le Comité exécutif. Ypres, le 10 Octobre 1888. M. le procureur général Mesdagh de Ter Kiele a traité, dans sa mercuriale, de la légiti mité de confiscation des biens du clergé et de la suppression des mainmortes religieuses. Voici l'analyse de TIndépendance Il a retracé les précédents de cette mesure, les principes de droit public qui non seulement la justifient, mais la légitiment, montrant com ment, depuis les premiers temps de l'Eglise, le pouvoir laïque a toujours maintenu la distinc tion entre le domaine temporel et le spirituel. 11 a rappelé les mesures des premiers empereurs chrétiens, les principes appliqués sous l'an cienne monarchie française, lorsque les evéques juraient aux souverains foi et hommage du chef des biens qu'ils tenaient de l'autorité tempo relle; les nombreuses suppressions d'ordres et decorporations, entraînant retour la couronne des richesses détenues par elles, décrétées avec l'approbation des pontifes romains. D'ailleurs, l'Eglise elle-même, a dit remi nent magistrat, s'est bien gardée de protester lorsque les empereurs lui ont attribué les fon dations érigées en l'honneur des divinités de Olympe dont elle n'a pas songé détruire les temples. Il n'y a pas de propriété de droit divin, dans le chef de l'Eglise, sur les biens dont elle avait la détention. Et ceux qui soutiennent que la mesure prise par la Constituante est une confis cation, un détournement sacrilège envers Dieu, donnent une singulière idée de leur connais sance des enseignements de l'histoire et des principes du droit public. Cette allusion des discussions récentes n'a pas passé inaperçue. La conclusion du savant discours de Téminent magistrat est que le décret de la Constituante a été une œuvre de jus tice et de raison, commandée par la plus impé rieuse nécessité, et autorisée de l'exemple des anciens monarques et du Saint-Siège lui- même. L'Etat a repris possession des biens ecclésias tiques, non par leffet d'une confiscation, mais en vertu du principe que du jour où ces biens avaient été affectés une destination spéciale, ils n'avaient jamais cessé pour cela de rester dans le domaine public. Ets'il était besoin d'une justification l'orateur a rappelé le décret de Marie-Thérèse, après la suppression de l'ordre des Jésuites (autre mesure qui s'imposait), en déclarant solennel lement Les biens des ci-devant Jésuites ne sont pas des biens vacants. En résumé, reformer les institutions et les mœurs du clergé, rétablir la discipline, mettre fin des déprédations regrettables, des abus et régler l'emploi des ressources superflues, abattre le faste et l'orgueil des grands prélats et amé liorer la situation du bas clergé qui touchait l'indigence, rendre l'Eglise sa véritable mis sion et la renfermer dans son domaine, telles ont été les aspirations de la grande assemblée.» Il est, en effet, une mission qui lui restera éternellementdans le temps comme dans l'étendue,celle «d'enseigner toutes les nations», de distribuer aux fidèles les secours de la reli gion, de frapper les contempteurs du dogme de peines purement spirituelles tout autre do maine, celui du for extérieur, lui échappe. Nous aurons sans doute l'occasion de revenir sur ce magistral discours qui il n'est pas be soin de le dire a fait sensation. M. Woesle, qui écoutait le front appuyé sur la main, paraissait soucieux. L'éminent magistrat, qui rappelle le souvenir de ces grands parlementaires dont le gallica nisme intraitable s'alliait la sincérité des convictions, a lu sa harangue d'une voix nette et calme, avec la sérénité d'un homme con sciencieux, indépendant et cherchant unique ment, comme un magistrat doit le faire, la vérité. 11 n'a pas voulu exposer une thèse personnelle, mais résumer les faits et les prin cipes qui éclairent une controverse n'ayant que trop duré. La solution de celte question est, en effet, aujourd'hui acquiseet le discours de M. Mes dagh de Ter Kiele la consacre définitivement avec l'autorité qui s'attache sa parole. A propos de l'élection législative du 22 Oc tobre, on écrit de Bruxelles au Précurseur d'Anvers Les nécessités du journalisme nour forcent de nous occuper de nos élections législatives, mais franchement, si c'était possible, le mieux serait de laisser les Bruxellois se débrouiller tout seuls, sans intervention de n'importe qui, car la situation qui existe ici est tellement diffé rente de celle qui existe ailleurs qu'il est dif ficile de la comprendre et de l'apprécier sainement sans être au milieu de l'action. L'esprit public, Bruxelles, manque de vigueur; il ne sait plus s'élever au-dessus des rivalités individuelles et des ambitions personnelles il perd la conscience et des principes et du devoir; il ne sait plus faire l'intérêt général les sacri fices qu'il réclame. LE PROGRÈS vires acqu1rit euniio. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. 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