N° 90. Jeudi, 8 Novembre 1888. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Résumé politique. Il canne. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Le Matin fait aujourd'hui quelque lumière sur un incident soulevé naguère par le député bou la ngiste Naquet, et qui intéresse les relations diplomatiques entre la France et la Russie. Dans une réunion en province, M. Naquet avait révélé qu'à une certaine époque, le gou vernement français avait repoussé des ouvertu res que lui avait faites le gouvernement russe en vue de la conclusion d'un traité d'alliance. Selon le Matinle député boulangiste aurait commis, dans ses révélations de grosses erreurs matérielles de date et de personnes. Seulement, le fait en lui-même serait vrai, et notre confrère parisien le raconte ainsi Dans l'été de 1879, le prince Gortschakolf, chancelier de Russie, profondément irrité de la politique alors suivie par l'Allemagne, conçut l'idée de conclure une alliance avec la France. A cet effet, il envoya Paris, en mission particulière et confidentielle, le général Obrout- scheff, qui vint s'entretenir avec M. Wadding- ton, alors ministre des affaires étrangères, et lui fit comprendre que la chancellerie russe était toute disposée àentrer en pourparlers aveclegou- vernement français en vue de la conclusion d'un traité d'alliance. Notre ministre s'abstint naturellement de toute réponse immédiate, se réservant d'en ré férer ses collègues. Mais M. Waddington, très Anglais de tem pérament et partisan acharné de l'alliance franco-anglaise, laquelle exclut l'alliance franco russe eut l'idée de prendre conseil du cabinet de Londres. Ce dernier le dissuada d'entrer dans les vues de la Russie et lui représenta qu'il avait une bien plus belle partie jouer: Prévenez le prince de Bismarck des ouvertures que le prince Gortschakoff vous a fait faire, répondit-on de Londres; il vous saura tant de gre de cette attention délicate, qu'il vous offrira en échange l'alliance de l'Allemagne. Et alors toutes les inquiétudes de l'avenir disparaîtront, la paix sera assurée pour longtemps. M. Waddington écouta et suivit ce conseil de l'Angleterre: il fit avertir le prince de Bis marck. Le chancelier d'Allemagne se montra fort touché et surtout fort heureux de l'avis, mais il se borna, dans l'expression de sa reconnaissance, charger le prince de Hohenlohe, alors ambas sadeur Paris, de remercier spécialement M. Waddington de sa conduite loyale en cette affaire. Si ce fait est exact, il faut convenir que M. Waddington, aujourd'hui ambassadeur de France Londres, est un diplomate bien naïf. Aussi comprend-on qu'il soit question de lui retirer son poste pour y mettre M. de Montebello, l'ancien ministre de France Bruxelles, qui a le mérite de n'avoir point mérité les compliments de M. de Bismarck. Vpres, le 7 Novembre 1888. On nous lavait dit: le Journal d'Ypres n'ac ceptera pas votre défi; 500 fr.cela compte. II veut bien ergoter, calomnier, mentir, pourvu 3ue cela ne lui coûte rien, mais quand il s'agit e cracher au bassinet, nenni, plus personne la maison. Soit, c'est entendu, le Journal est jugé et dorénavant nous saurons et le public aussi, ce que c'est que ce matamore, ce redresseur de griefs et d'abus une espèce de capitaine Fra casse, un baron Crac, un sergent Top, tous plus ou moins, et plutôt plus que moins, cousins de Don Quichotte de la Manche. Quand On veut les arrêter dans leurs ex ploits, leur éternel refrain est Ce moulin, je vais le démolir Mais non, attends, je vais d'abord partir. Notre appréciation au sujet de l'attitude de certains incorrigibles de l'hôtel Continental n'a pas eu l'heur de plaire tous les représentants de la politique de l'an de grâce 2088. Nous en sommes fâché, sans nous en éton ner, et nous en demandons humblement par don au correspondant de la Réforme. Si nous avions su, comme il appert par les docu ments parus dans l'Etoile et signés Nélis, etc., que M. Gilisquet est la plus haute expression du radicalisme en votant et travaillant au profit des candidatures cléricales, certes nous Nnous serions bien gardé de taxer de malades ces sauveurs du libéralisme, mais nous l'avouons notre honte, nous n'étions pas encore parvenu saisir le ressort secret qui fait agir ces esprits transcendants; maintenantque nous savons que voter pour MM. Powis ou Woeste est le paran gon de l'avenir, nous nous inclinons et dans la suite nous saurons apprécier avec tous les égards qui leur sont dûs ces vaillants athlètes du libéralisme progressif, honnête et pratique. Mise en appétit par l'élection du candidat de M. Woeste Bruxelles, la presse cléricale en joint au ministère d'en finir une bonne fois pour toutes avec le libéralisme. Il faut qu'on lui mette le talon sur la nuque et qu'on l'écrase. Ainsi le veut la pieuse Gazette de Liègeet toute la presse ultramontaine fait naturelle ment chorus. Il y a encore quarante libéraux la Chambre et dix-huit au Sénat c'est là une situation intolérable pour le parti du contrôle et de la représentation des minorités. Il ne doit plus y avoir au Parlement que des cléricaux bon teint, marqués l'estampille épiscopale. Toute besogne cessante, le cabinet Beernaert doit se consacrer la réalisation de celte œuvre sainte. Il y est décidé, paralt-il. Du moins, l'on raconte et le Précurseur se fait l'écho de ce bruit que M. Woeste a exigé la présentation de son projet de réforme électorale pendant la prochaine session et que M Beernaert s'est in cliné devant cette injonction du grand chef de la droite. Le Roi seul pourrait donc s'opposer désormais au scandaleux coup de parti préparé par M. Woeste, et la Flandre libérale semble croire que l'on peut espérer encore, dans ces graves circonstances, l'intervention du souverain Sa Majesté ayant négligé de nous faire ses confidences, nous ne savons jusqu'à quel point la confiance de la feuille gantoise est fondée. Tout ce qu'il y a pour le moment retenir de son article, c'est que la présentation du projet Woeste créerait en Belgique une situation ré volutionnaire. Le mot est gros mais il est par faitement en situation. Grâce la réforme en question, il y aurait, par exemple, dans l'ar rondissement de Gand, 7,000 électeurs campa gnards contre 5,500 électeurs citadins la proportion serait la même pour Anvers et Bruxelles Liège même, du moins les cléri caux l'espèrent, la situation ne serait plus tenable pour les libéraux. Donc, la proscrip tion des grandes villes, l'anéantissement de tout contrôle dans les Chambres, tout un parti traite en paria et systématiquement écarte des affaires publiques, la moitié de la nation frappée d'indignité politique, voilà en peu de mots quelles seraient les conséquences de la réforme élaborée par nos maîtres, Si ce n'est pas là une situation révolutionnaire, il faut changer la signification des mots, et quelque graves que soient les paroles da la Flandre libérale, on doit reconnaître que ces paroles n'ont rien d'exces sif et que la feuille gantoise n'exagère nulle ment en disant que le projet Woeste intéresse et menace la royauté autant et plus encore que le parti libéral lui-même. 48e ANNÉE. LE PROGRÈS VIRES ICQUIRIT EUNIK). ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.'INSERTIONS Annonces: la ligue ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Idem. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. j Marché aux Herbes. Pftiir le restant du Davs 7-00 insertions Judiciaires la ligne un franc. 'Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Heures de départ d'Y près pour Popennghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4-00 6-42 - 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20 7-50. Comines, 5-30 - 8-05 8-20 - 9-58 10-10— 11-16 2-41 2-53 5-20 7-50 8-58. Comines-Armentières, 5-30 8-0511-16—2-538-58 Roulers, 7-45—10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42 Langemarck-Ostende,7-16 -9-5712-17 3-56 6-21 8-14. Courlrai, 5-30 - 8-20 9-58 - 11-16 2-41 5-20 7-50. Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20. Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. ioja^agadanni. n t Avec le système imaginé par MM. Woeste et Jacobs, les grandes villes libérales seraient ligottées jamais et ne devraient plus espérer faire élire un seul représentant de leur choix. Mais un tel état de choses ne saurait évidemment durer qu'un nombre déterminé d'années lors même que Léopold II, oublieux du sage précepte de son auguste père, consentirait sanctionner une mesure destinée assurer la suprématie d'un parti sur l'autre, les sentiments populaires, comprimés outrance, finiraient bien un jour par triompher des obstacles et par renverser, au besoin violemment, les barrières élevées par les ennemis de tout progrès. Mais nous doutons que le roi consente jamais don ner son adhésion une mesure destinée propager dans le pays les germes d'une émeute ou même d'une révolu tion, laquelle pourrait mettre en péril, certains jours, l'existence même de la royauté. Celui qui n'a pas craint de re tirer àMM.WoesteetJacobsleurs porlefeuillesde ministres, n'hésitera pas refuser de signer un projet élaboré dans l'ombre, et qui pourrait nous mener droit la guerre civile.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1