48e ANNÉE.
11 Novembre 1888
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
l\° 91. Dimanche,
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Marché aux Herbes,
i
Ypres, le 10 Novembre 1888.
Je ne m'attarderai pas me défendre contre
les inoffensifs coups d'épingle du Journal
d'Ypres. L'hospitalité que m'accorde le Progrès
dans ses colonnes m'encourage amplement
poursuivre mes appréciations au sujet de la
politique générale de mon pays et cela me
suffit.
Deux jours peine nous séparent de l'ouver
ture de la session législative, laquelle se fera,
d'après les dernières nouvelles, sans discours
royal.
En 1884, lors du renouvellement de la Cham
bre, par suite des dissidences de l'opinion libé
rale, les cléricaux sont parvenus se créer une
Eosition formidable au point de vue du nom-
re. Cette situation leur a permis de produire
et de faire voter une loi anti-sociale, anti
nationale en supprimant d'un trait de plume
l'enseignement primaire dans la généralité des
communes et dans bien des villes.
Aujourd'hui qu'à la suite de nouvelles élec
tions et par les mêmes causes, cette majorité
s'est consolidée, même agrandie, nous devons
nous demander ce que ces mêmes hommes se
permettront de perpétrer pour assouvir leur
haine contre toute idée de progrès.
L'arsenal du cléricalisme est bondé de lois
anti-patriotiques. Nous verrons bientôt si sa
hardiesse sera assez forte pour en faire voter
par une Chambre docile, entièrement la dé
votion d'un clergé, insatiable de la soif de
domination et imbu d'idées de vengeance
contre tout ce qui appartient au libéralisme.
Nous verrons s'il sera assez osé pour présenter
une loi de parti pour mettre l'opinion libérale
dans l'impossibilité, non-seulement de regagner
le pouvoir, mais encore de lui donner le moin
dre espoir de reformer un jour, ce qu'on aura
produit de néfaste contre l'indépendance du
pouvoir civil.
On a toujours considéré comme une utopie
la réalisation du programme clérical. Nous
avons vu l'homme, l ame de l'ultramontanisme,
M. Malou, chaque descente du pouvoir, se dé
clarer satisfait d'avoir vécu.
Que nous sommes loin de cette heureuse
époque. On ne se contente plus de vivre, on
agit. Les voeux des cléricaux fougueux sont en
train de devenir une réalité par suitede laferme
volonté d'hommes d'energie, qui ne rêvent que
la suprématie du clergé sur la société civile.
L'opinion conservatrice est passée de mode
c'est le cléricalisme tout court qui regne en
maître souverain.
La dernière élection de la capitale en est une
preuve indéniable. Là on ne se contente plus
d'une élection indépendante, on y veut un cléri
cal tous crins.Et malgré cette outrecuidance les
intransigeants y prêtent main forte pour faire
réaliser ce que le pays entier considérait comme
une utopie.
M. Woeste, fort d'une lutte fratricide, a pu
braver la décision d'abstention du parti conser
vateur et indépendant. Il a imposé un candidat
de son choix et l'a fait élire.
Fort de ses succès il ira plus loin encore,
quoique puisse faire le ministère Beernaert.
Celui-ci sera obligé de donner satisfaction aux
revendications cléricales d'une manière com
plète.
Nos intransigeants réclament tort et tra
vers une extension du droit de suffrage. A cette
fin ils ont marché la main dans la main avec
leurs plus mortels ennemis pour réaliser ce
desideratum en combattant avec acharnement
leurs amis alors au pouvoir. La récompense ils
l'ont attendue longtemps, mais aujourd'hui
paraît—il, leur rêve sera réalisé.
Car, si nous pouvons en croire les feuilles
cléricales, la loi électorale, dont on désire doter
le pays, n'est autre que la résurrection du pro
jet de feu Malou elle appellera aux urnes
cette masse d'électeurs ruraux entièrement la
dévotion de la puissance terrienne et du clergé.
On éliminera les capacitaires de droit pour
former un corps électoral Contre lequel l'intelli
gence des villes et des centres populeux ne
saura désormais plus prévaloir. Far cette loi de
parti on fera disparaître toute velleité au libé
ralisme d'arriver au pouvoir. Désormais la
société civile sera administrée et conduite
d'après les règles du Syllabus.
La voie est prise, on ne s'arrêtera pas en
chemin. Les autres lois réactionnaires, dont on
nous menace continuellement, verront égale
ment le jour.
Et pourquoi ne le ferait-on pas
L'opinion libérale, qui eût pu, lors des élec
tions de cette année, faire sortir de terre un
mur infranchissable, est minée et affaiblie par
la discorde. Les hommes qui se targuent de
progressisme, loin de combattre l'idée cléricale,
lui donnent la main pour faire échouer nos
candidats. Jamais gouvernement despote n'eut
plus belle occasion pour faire sentir son bras
en faveur de la réaction.
L'histoire de tous les temps a été le guide des
hommes politiques. Cette vérité est devenue
aujourd'hui un mensonge.
Malgré la destruction de renseignement pri
maire,premierélément de touteprospéri té d'une
nation civilisée, nous voyons les radicaux en
courager le vandalisme alors que cette destruc
tion eût dû soulever la conscience du pays tout
entier.
Mais non, pour MM. les intransigeants ce
sont là les bagatelles de la porte. Il leur faut
une chose impossible réaliser pour le mo
ment, la révision de l'art. 47 de la Constitution.
Cette revision, qu'ils réclament cors et cris,
ils la rendent par leurs propres fautes de plus
en plus impossible. Ils prennent continuelle
ment la proie pour l'ombre.
En 1884 ils ont rendu possible l'éclosion de
l'enseignement des ignorantins, aujourd'hui en
pleine prospérité, grâce aux finances commu
nales, uniquement placées sous le contrôle du
clergé. Présentement, ils viennent de provo
quer volontairement la revision des lois élec
torales contre l'opinion libérale, c'est-à-dire
contre eux. Comme conséquence inévitable le
peuple sera façonné cléricalement.
Il est craindre que nous verrons trop tard
le joug odieux sous lequel nous sommes tombés
par les fautes du radicalisme. X.
-~WVAATJVjV.
Notre correspondant X donne sur les nerfs
au Journal d'Ypresla sainte feuille ne le dis
cute pas, elle ne le réfute pas; elle bougonne et
lantiponnant sur l'accessoire elle néglige com
plètement le principal. Chez le Journal
d'Ypresparler est un besoin et quand il n'a
rien dire, quand il est comme il l'avoue,
bout de copie, il jacasse et jabote. Ce jeu est
dangereux, car courir après l'esprit on attrape
la sottise.
Exemple, 1 e Journal imprime: Feu IÉcho
du Parlement que M. Rogier en son vivant
appelait le journal des imbéciles et qui sem-
ble avoir légué Mr X. son fonds de maga-
sin, avait encore un certain style.
Mettons que Ie Journal ait entendu ce propos
de la bouche de M. Rogier et que par conséquent
il dise vrai, (une fois n'est pas coutume), tout
autre écrirait M. Rogier de son vivant, etc.,
et ce serait français. Et si, pour honorer la mé
moire de cet homme d'Etat, quelqu'un s'avisait
de retracer sur sa tombe ses titres, il dirait
l'ancienne manière, (cela ne se fait plus) M.
Rogier, en son vivant, membre de la Chambre
des Représentants, etc., comme on lit sur les
mausolées
Ci-gît
Monsieur Z.
en son vivant Notaire et Marguillier.
Le Journal d! Ypres saisit—il la nuance T
Et poussant plus loin la critique, il demande
rait au Journal s'il était bien nécessaire, en
rappelant ce qu'a dit Rogier, d'apprendre au
public que quand Rogier parlait, c'était de son
vivant
Ah M. de la Palisse I
Enfin savourant jusqu'au bout la littérature
du Journalil demanderait ce sagace épileur
d'ecrevisses, ce raffiné, ce que signifie cet
encore» la fin du paragraphe avait encore
un certain style
On a beau chercher, on ne trouve pas. Cet
encore est jete là, on ne sait comment et pour
quoi. Ou bien le Journal a-t-il voulu dire que
du moins l'Echo du Parlement avait un cer
tain style?» alors il fallait dire, en mettant
encore sa place encore avait-il un certain
style.
Voilà où nous en sommes avec cet Aristarque
quand on le regarde la loupe, et nous n'avons
jusqu'ici que la première phrase.
Faut-il continuer? Bah! oui encore un
coup pour démontrer la perspicacité du Journal
qui reste la bouche largement ouverte devant
nous avions trop préjugé de l'avenir. Le bon
sens et la syntaxe, réplique—t—il, eussent voulu
que Mr X nous fît savoir en quel sensbon ou
mauvais, il avait trop préjugé.
Dans quel sens
Mais malheureux, l'ensemble de la corres
pondance ne l'indique—t—il pas surabondam
ment Le bon sens pour cela suffit, mais il
LE PROGRÈS