48e ANNÉE. 11 Novembre 1888 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. l\° 91. Dimanche, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQtJIRIT ECNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, i Ypres, le 10 Novembre 1888. Je ne m'attarderai pas me défendre contre les inoffensifs coups d'épingle du Journal d'Ypres. L'hospitalité que m'accorde le Progrès dans ses colonnes m'encourage amplement poursuivre mes appréciations au sujet de la politique générale de mon pays et cela me suffit. Deux jours peine nous séparent de l'ouver ture de la session législative, laquelle se fera, d'après les dernières nouvelles, sans discours royal. En 1884, lors du renouvellement de la Cham bre, par suite des dissidences de l'opinion libé rale, les cléricaux sont parvenus se créer une Eosition formidable au point de vue du nom- re. Cette situation leur a permis de produire et de faire voter une loi anti-sociale, anti nationale en supprimant d'un trait de plume l'enseignement primaire dans la généralité des communes et dans bien des villes. Aujourd'hui qu'à la suite de nouvelles élec tions et par les mêmes causes, cette majorité s'est consolidée, même agrandie, nous devons nous demander ce que ces mêmes hommes se permettront de perpétrer pour assouvir leur haine contre toute idée de progrès. L'arsenal du cléricalisme est bondé de lois anti-patriotiques. Nous verrons bientôt si sa hardiesse sera assez forte pour en faire voter par une Chambre docile, entièrement la dé votion d'un clergé, insatiable de la soif de domination et imbu d'idées de vengeance contre tout ce qui appartient au libéralisme. Nous verrons s'il sera assez osé pour présenter une loi de parti pour mettre l'opinion libérale dans l'impossibilité, non-seulement de regagner le pouvoir, mais encore de lui donner le moin dre espoir de reformer un jour, ce qu'on aura produit de néfaste contre l'indépendance du pouvoir civil. On a toujours considéré comme une utopie la réalisation du programme clérical. Nous avons vu l'homme, l ame de l'ultramontanisme, M. Malou, chaque descente du pouvoir, se dé clarer satisfait d'avoir vécu. Que nous sommes loin de cette heureuse époque. On ne se contente plus de vivre, on agit. Les voeux des cléricaux fougueux sont en train de devenir une réalité par suitede laferme volonté d'hommes d'energie, qui ne rêvent que la suprématie du clergé sur la société civile. L'opinion conservatrice est passée de mode c'est le cléricalisme tout court qui regne en maître souverain. La dernière élection de la capitale en est une preuve indéniable. Là on ne se contente plus d'une élection indépendante, on y veut un cléri cal tous crins.Et malgré cette outrecuidance les intransigeants y prêtent main forte pour faire réaliser ce que le pays entier considérait comme une utopie. M. Woeste, fort d'une lutte fratricide, a pu braver la décision d'abstention du parti conser vateur et indépendant. Il a imposé un candidat de son choix et l'a fait élire. Fort de ses succès il ira plus loin encore, quoique puisse faire le ministère Beernaert. Celui-ci sera obligé de donner satisfaction aux revendications cléricales d'une manière com plète. Nos intransigeants réclament tort et tra vers une extension du droit de suffrage. A cette fin ils ont marché la main dans la main avec leurs plus mortels ennemis pour réaliser ce desideratum en combattant avec acharnement leurs amis alors au pouvoir. La récompense ils l'ont attendue longtemps, mais aujourd'hui paraît—il, leur rêve sera réalisé. Car, si nous pouvons en croire les feuilles cléricales, la loi électorale, dont on désire doter le pays, n'est autre que la résurrection du pro jet de feu Malou elle appellera aux urnes cette masse d'électeurs ruraux entièrement la dévotion de la puissance terrienne et du clergé. On éliminera les capacitaires de droit pour former un corps électoral Contre lequel l'intelli gence des villes et des centres populeux ne saura désormais plus prévaloir. Far cette loi de parti on fera disparaître toute velleité au libé ralisme d'arriver au pouvoir. Désormais la société civile sera administrée et conduite d'après les règles du Syllabus. La voie est prise, on ne s'arrêtera pas en chemin. Les autres lois réactionnaires, dont on nous menace continuellement, verront égale ment le jour. Et pourquoi ne le ferait-on pas L'opinion libérale, qui eût pu, lors des élec tions de cette année, faire sortir de terre un mur infranchissable, est minée et affaiblie par la discorde. Les hommes qui se targuent de progressisme, loin de combattre l'idée cléricale, lui donnent la main pour faire échouer nos candidats. Jamais gouvernement despote n'eut plus belle occasion pour faire sentir son bras en faveur de la réaction. L'histoire de tous les temps a été le guide des hommes politiques. Cette vérité est devenue aujourd'hui un mensonge. Malgré la destruction de renseignement pri maire,premierélément de touteprospéri té d'une nation civilisée, nous voyons les radicaux en courager le vandalisme alors que cette destruc tion eût dû soulever la conscience du pays tout entier. Mais non, pour MM. les intransigeants ce sont là les bagatelles de la porte. Il leur faut une chose impossible réaliser pour le mo ment, la révision de l'art. 47 de la Constitution. Cette revision, qu'ils réclament cors et cris, ils la rendent par leurs propres fautes de plus en plus impossible. Ils prennent continuelle ment la proie pour l'ombre. En 1884 ils ont rendu possible l'éclosion de l'enseignement des ignorantins, aujourd'hui en pleine prospérité, grâce aux finances commu nales, uniquement placées sous le contrôle du clergé. Présentement, ils viennent de provo quer volontairement la revision des lois élec torales contre l'opinion libérale, c'est-à-dire contre eux. Comme conséquence inévitable le peuple sera façonné cléricalement. Il est craindre que nous verrons trop tard le joug odieux sous lequel nous sommes tombés par les fautes du radicalisme. X. -~WVAATJVjV. Notre correspondant X donne sur les nerfs au Journal d'Ypresla sainte feuille ne le dis cute pas, elle ne le réfute pas; elle bougonne et lantiponnant sur l'accessoire elle néglige com plètement le principal. Chez le Journal d'Ypresparler est un besoin et quand il n'a rien dire, quand il est comme il l'avoue, bout de copie, il jacasse et jabote. Ce jeu est dangereux, car courir après l'esprit on attrape la sottise. Exemple, 1 e Journal imprime: Feu IÉcho du Parlement que M. Rogier en son vivant appelait le journal des imbéciles et qui sem- ble avoir légué Mr X. son fonds de maga- sin, avait encore un certain style. Mettons que Ie Journal ait entendu ce propos de la bouche de M. Rogier et que par conséquent il dise vrai, (une fois n'est pas coutume), tout autre écrirait M. Rogier de son vivant, etc., et ce serait français. Et si, pour honorer la mé moire de cet homme d'Etat, quelqu'un s'avisait de retracer sur sa tombe ses titres, il dirait l'ancienne manière, (cela ne se fait plus) M. Rogier, en son vivant, membre de la Chambre des Représentants, etc., comme on lit sur les mausolées Ci-gît Monsieur Z. en son vivant Notaire et Marguillier. Le Journal d! Ypres saisit—il la nuance T Et poussant plus loin la critique, il demande rait au Journal s'il était bien nécessaire, en rappelant ce qu'a dit Rogier, d'apprendre au public que quand Rogier parlait, c'était de son vivant Ah M. de la Palisse I Enfin savourant jusqu'au bout la littérature du Journalil demanderait ce sagace épileur d'ecrevisses, ce raffiné, ce que signifie cet encore» la fin du paragraphe avait encore un certain style On a beau chercher, on ne trouve pas. Cet encore est jete là, on ne sait comment et pour quoi. Ou bien le Journal a-t-il voulu dire que du moins l'Echo du Parlement avait un cer tain style?» alors il fallait dire, en mettant encore sa place encore avait-il un certain style. Voilà où nous en sommes avec cet Aristarque quand on le regarde la loupe, et nous n'avons jusqu'ici que la première phrase. Faut-il continuer? Bah! oui encore un coup pour démontrer la perspicacité du Journal qui reste la bouche largement ouverte devant nous avions trop préjugé de l'avenir. Le bon sens et la syntaxe, réplique—t—il, eussent voulu que Mr X nous fît savoir en quel sensbon ou mauvais, il avait trop préjugé. Dans quel sens Mais malheureux, l'ensemble de la corres pondance ne l'indique—t—il pas surabondam ment Le bon sens pour cela suffit, mais il LE PROGRÈS

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1