N° 95. Dimanche,
48e ANNÉE.
25 Novembre 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
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Ypres, le 24 Novembre 1888.
En règle générale les excès ne durent pas.
Ils ont leur action sur la scène de la vie, mais
disparaissent sans laisser d'autre souvenir, que
la perturbation qu'ils ont provoquée. Toute ac
tion humaine doit représenter la raison et se
baser sur la modération.
Pour ces motifs nous avons constamment
envisagé la règle de conduite, admise par les
radicaux de Bruxelles comme violente, irregu-
lière, partant ne pouvant être admise par la
généralité des libéraux du pays.
Loin de partir d'un principe raisonnable, les
propagateurs de l'idée intransigeante ont com
mencé par excommunier tous ceux qui, jus
qu'alors, avaient représenté l'opinion libérale et
Îui continuent faire sa gloire aujourd'hui.
es pères de cette nouvelle école politique,
non satisfaits d'avoir coopéré renverser le mi
nistère libéral, se sont mis ouvertement
l'œuvre et n'ont épargné aucune peine pour
chasser de l'Hôtel—de—Vaille de Bruxelles cette
phalange d'hommes libéraux, tout court, qui
avaient constamment donné des preuves d'une
conduite politique, sans avoir jamais com
mis de défaillances, marquée au coin d'un
progressisme, certainement capable de con
tenter les plus difficiles.
Disons-le son honneur, jamais le corps
électoral de la capitale n'a voulu suivre jusqu'au
bout les nouveaux messies. Mais, nonobstant
cette répugnance visible, nonobstant la déser
tion d'un grand nombre de membres, l'aberra
tion des idées a été poussée si loin, qu'il a fallu
l'arrivée d'un clérical pour faire dessiller les
yeux.
Le chef de cette nouvelle école, M. Janson,
sentant sans doute la grande responsabilité
qu'il assume, vient de se raviser et s'adressant
au bureau défunt, demande la réunion du
congrès libéral progressiste, aux fins de voir
décider, qu'à l'avenir, toutes les forces libérales
se réunissent dans une action commune pour
hâter la chûle du gouvernement clérical et pour
léguer au second plan la revision des articles
47 et 56 de la Constitution aussi longtemps que
l'accord, pour provoquer cette revision, n'exis
tera pas dans tous les arrondissements, mais en
préconisant le principe de la représentation
proportionnelle au sein du parti libéral.
Tout le monde est d'accord sur ces principes,
Ce modus vivendi a été prêche satiété par
tous les journaux libéraux du pays. A notre
avis il était inutile de convoquer un congrès
défunt pour obtenir pareil résultat, mais si par
cette reunion on peut trouver le joint au moyen
d'une formule quelconque, pour contenter tout
le monde, nous applaudirons au résultat, qui
aura été obtenu. Seulement nous nous permet
tons de demander pour l'avenir un peu de cette
sagesse en affaires publiques, que les progres
sistes n'auraient jamais dû perdre de vue et
qu on veuille se penetrer de cette vérité, que le
premier devoir de tout libéral est de coopérer
par tous les moyens en son pouvoir, pour faire
disparaître les cléricaux, ennemis déclarés de
toute idée de progrès.
Nous devons de plus faire remarquer que de
tout temps les idées progressistes ont été re
présentées dans la capitale, mais disons-le
l'honneur des représentants de cette école, tous
ont été constamment gouvernementaux. Il a fallu
l'arrivée de MM. Janson, Feron, Robert pour
voir pratiquer une politique de casse-cou, de
couteau sur la gorge, en opposition ce que
dicte la logique des choses. Malheureusement
cette clairvoyance radicale n'a eu d'autre résul
tat que de provoquer l'arrivée au pouvoir des
cléricaux avec une majorité si formidable, que
notre histoire parlementaire n'en donne pas
d'exemple. La citadelle libérale de la capitale
par surcroît est tombée aux mains de l'ennemi,
nonobstant l'emploi d'armes roui liées, qu'on
prétendait tout jamais remisées dans les mu
sées d'antiquités.
Aujourd'hui nos radicaux commencent voir
que ces armes rouillées ont décimé nos légions
et que le tribut de guerre, que nous payons par
la destruction de renseignement primaire, est
si calamileux, qu il faudra une nouvelle géné
ration pour réparer cet amoncellement de rui
nes dans tout le pays.
Il n'est jamais trop tard pour revenir de ses
erreurs, mais en présence du passé, en pré
sence de l'appel fait par toutes les Associations
libérales avant les élections du 12 Juin, en
Êrèsence surtout de la seconde proposition-
>emeur, pouvons-nous avoir une confiance en
tière dans l'avenir de la proposition-Janson
Lui, qui est la cause de tous les maux, dont
nous souffrons, aura-t-il assez d'ascendant
pour faire admettre la saine raison, dont jamais
on n'eut dû se départir
Il serait souhaiter qu'il en fût ainsi, mais si
la conciliation de toute la famille libérale ne
peut se faire sur des bases durables, il est pré
férable que nous continuions lutter avec nos
propres forces jusqu'à unification complète par
la victoire.
La lutte fait perdre un temps précieux, mais
nos pertes sont plus sensibles encore, lorsque,
maîtres du pouvoir, nous sommes obligés de
combattre la fois les radicaux et les cléricaux.
Dans ces conditions nous faisons le travail de
Pénélope, qui recommence toujours. X.
Depuis quelques jours courait en ville le
bruit, assez vague du reste, de la démission de
M. Vanheule, comme Bourgmestre d'Ypres.
Aujourd'hui cette nouvelle est confirmée. M.
Vanheule a envoyé au Roi sa démission de
Bourgmestre, pour motifs de santé.
La page de M. Vanheule, dans l'histoire des
Bourgmestres d Ypres, ne sera pas une page
blanche, mais bien l'une des plus belles et des
mieux remplies. Plein d'activité, l'œil tout,
il n'acheva un travail que pour en entamer un
aufre, marchant de l'avant, sans s'inquiéter des
obstacles.
La ville a subi sous son administration une
transformation complète.
Zola dirait de lui: c'était un mâle; nous
dirons, nous, c'était un rude chef.
II avait un grand défaut, il ne savait pas
plaire au Journal d'Ypres dont il se souciait
comme le lion des jappements du roquet.
La jeune garde catholique a reçu de son
président un drapeau qu'elle a promené Di
manche dernier dans les principales rues de la
ville elle s'est rendue ensuite l'église S'
Nicolas où un capucin quelconque, lavé pour
la circonstance, a béni le drapeau au milieu
d'une assistance nombreuse composée de la fine
fleur de la calotte et d'un lot de voyoucrates
orthodoxes.
Tout ce monde se conduisait là, comme la
Tuindag les joueurs de la Schaart'je knip, au
Zaalhof. C'étaient des cris, des oh I oh I des
potins, des rires, des va-et-vient, des gestes
et des inconvenances de toutes sortes qui mon
trent bien quel degré d'abaissement sont
tombés ces lieux, autrefois refuges de la prière
et de la sainteté. C'était un spectacle écœurant,
cette profanation du temple de Notre Seigneur I
Des âmes pieusesdu bon vieux temps
prétendent que S4 Maurice détournait les yeux,
la vue de cette débauche politique.
Sur tout le parcours du cortège il n'y a eu
ni huées, ni sifflets dit \e Journal d'Ypres,
dans sa naïveté. Ceci est tout l'honneur de
nos amis. Nous en félicitons les libéraux ils
ont fait preuve de modération et de savoir-
vivre. On n'en peut pas dire autant des cléri
caux qui ne sauraient voir un cortège libéral
sans se livrer toutes les grossièretés si fort en
honneur parmi la gent sacro-sainte.
Les Pompiers, l'ex-Gouverneur de la Flandre
occidentale, etc., etc. en savent quelque chose.
Il n'y a pas jusqu'à certain cortège funèbre
qu'elle ne sut pas même respecter.
Enfin le drapeau de la jeune garde est béni
Le présage est-il bon Et la "fabrique de la
porte de Menin, elle aussi, n'a-t-elle pas été
Dénie
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