Les marrons du feu. Le pensionnat est le complément nécessaire de tout établissement d'instructionEcole Moyenne, Athénée ou Collège. Il existe dans les nombreuses communes de l'arrondissement, des familles peu aisées, parfois déchues, qui désirent faire donner leurs enfants les bienfaits de l'instruction dans un établisse- ment officiel. C'est principalement pour ces familles que la ville d'Y près a maintenu son pensionnat et elle y accueille, en leur accordant des bourses de 150 200 francs, les enfants qui se destinent aux études supérieures. Nous voilà loin encore une fois de la gratuité absolue dont on nous entretenait tantôt. Voilà les sacrifices que la ville s'impose pour le pensionnat. Eh bien, ce sont là des sacrifices utiles. Il est de bonne démocratie de venir ainsi en aide aux petits et aux humbles, et il y a d'autant plus de raison de continuer, marcher dans cette voie, que c'est précisément dans cette petite bour- j geoisie laquelle nous tendons la main que l'on rencontre les plus belles intelligences, les tra- i vailleurs les plus assidus. Voyez les professions i libérales, les administrations. N'y a-t-il pas par tout, au premier rang, des hommes sortis de cette classe de la population qui se distinguent entre tous par leur savoir et leurs talents? N'y en a-t-il pas la Chambre, et en cherchant un peu, n'en trouverait-on pas jusque sur les bancs même du Sénat Au surplus, l'État fait la même chose. Lui, aussi, il accorde des bourses d'études.Et quant i la province, elle reconnaît, elle aussi, cette né cessité. A preuve que jusque dans ces dernières années elle accordait de son côté, des bourses quelques-uns des internes de notre collège. Mais ces subsides, elle les a supprimé l'an dernier. Quoiqu'on soit le motif, c'est là une des causes du déficit du pensionnat. Mais côté de celle là, il y en a une autre le petit nombre de pensionnaires. Il est en ce mo ment de 12. Et ce propos, on ne peut perdre de vue que jadis (il n y a pas bien longtemps de cela) le pensionnat comptait 40 élèves. Alors le compte j se clôturait par un excédant que l'on versait la caisse communale. De telle façon que si l'on faisait la récapitulation des excédants et des i manquants, on arriverait probablement encore un bénéfice en faveur de la ville. Quoiqu'il en soit, il y a un moyen bien simple de porter remède la situation actuelle, c'est que tous nous fassions de la propagande en faveur du pensionnat et que nous unissions nos efforts pour augmenter le nombre des internes. Après tout, le chiffre de l,278-<)0 est trop peu important pour mériter des critiques aussi vives. C'est relativement peu de chose, dans le budget, et ce n'est vraiment pas la peine de s'y arrêter si longtemps. Il n'est pas partisan, dit-il, d'une façon absolue de la maxime l'Etat hors de l'école dont vient de parler M. le Président. Il estime que tout gouvernement,en Belgique, devra tenir compte, dans une large mesure, de l'état de division des esprits. Les uns veulent l'enseignement officiel, par l'Etat d'autres n'en veulent aucun prix. Dans l'état actuel des esprits, l'enseignement officiel est donc une nécessité et la réalisation de la théorie l'Etat hors l'école n'est pas possible mais ce n'en est pas moins la théorie de l'avenir. L'honorable membre maintient l'exactitude des chiffres de fr. 111,000-00, qu'il a cité tantôt et il ne peut admettre cette distinction que l'on établit entre les subsides de l'Etat et de la pro- j vince et lés subsides payés par la caisse commu nale. En définitive, si l'Etat et la province accordent des subsides, c'est l'aide des contri butions que nous payons tous. C'est donc notre argent aussi, nous contribuables Yprois, que l'Etat et la province nous rendent sous forme de subsides. Le chiffre de 111,000 fr. qu'il a cité reste donc debout, dit-il. A propos des traitements. M. Colaert regrette de ne pouvoir traiter la question en séance pu blique il est lié par une décision prise en comité secret. Mais il déclare n'avoir jamais critiqué les traitements des petits dont la situa tion demanderait peut être une amélioration; mais il a visé certains abus et l'on a dans une certaine mesure reconnu le bien fondé de ses critiques sans toutefois vouloir y donner suite. L'honorable membre revient sur la question du pensionnat. Il reconnaît avec M. Bossaert qu'il faut venir en aide aux petits et aux humbles et faciliter aux enfants qui se distinguent par une intelligence supérieure les moyens de poursuivre leurs étu des et de se créer une position. Mais il estime qu'il faut plutôt laisser ce soin aux particuliers les pouvoirs publics doivent intervenir le moins possible dans ces questions. La Province donnait des subsides dit-on. Et bien, la Province en les retranchant, donne l'exemple de l'économie et d'une sage adminis tration des deniers publics. Que la ville d'Ypres suive cet exemple Qu'elle fasse chaque année une économie et on arrivera au bout de temps subvenir tous les besoins du service de l'instruction avec la moi tié des fonds actuellement consacrés cet objet. Et pour commencer que l'on suive l'exemple de la ville de Gand Que l'on supprime le pen sionnat dont le maintien ne se justifie en aucune façon. Si on le maintient, ne pourrait-on pas dire que ce n'est que pour assurer quelques elèves en plus au Collège Communal Ce dernier argument ne prouve rien, dit-il. On pourrait le retourner et dire que ceux qui pro posent la suppression du pensionnat n ont en vue que la suppression du Collège. Quant l'exemple donné par la ville de Gand, il est peu probant. Nous ne sommes pas Gand et nous sommes par conséquent mal placés pour apprécier ce qui s'y fait et ce qui s'y passe. L'Administration communale a été probablement guidée par des considérations dont l'importance et le bien fondé nous échappent complètement Cette considération n'a donc que faire dans le débat. Quant aux traitements dont on a tant parlé, nous avons tous, dit M. Bossaert, souci de les réduire pour autant qu'ils sont trop élevés mais encore n'en a-t-on cité qu'un seul et l'a-t on surfait en exagérant la valeur du logement. Mais en définitive,il n'y a là ni perte, ni aggrava tion de charge pour la ville. Il est de règle que les chefs d'institution aient une habitation dans les locaux de l'école ou at tenants l'école l'État lui aussi procède de cette façon et il impose même aux Administra tions Communales l'obligation de fournir une habitation aux Directeurs des écoles moyennes. On critique, continue l'orateur, les bourses d'études attribuées des élèves d'un établisse ment officiel mais la même chose n'existe-t-elle pas dans des établissements privés. Certaines ad ministrations communales n'accordent-elles pas des subsides aux élèves de ces établissements. Et elles ont raison d'agir ainsi Que le Collège communal d'Ypres vienne disparaître par suite de l'avènement l'Hôtel- de-Ville du parti dont M. Colaert est ici le repré sentant, les crédits affectés actuellement notre établissement d'enseignement moyen n'iraient- ils pas en partie au Collège S1 Vincent de Paul Et les libéraux, devenus minorité,ne se seraient- ils pas dépouillés l'avance du droit de faire leurs adversaires le reproche que ceux-ci nous font aujourd'hui. lic: Au surplus, ajoute l'honorable échevin, la province agit exactement comme nous. Nous trouvons son budget un crédit de 18,000 fr. mis la disposition de la Députation permanente pour être distribué par les soins de ce Collège des jeunes gens qui se destinent suivre des cours d'enseignement moyen dans des établissements libres ou officiels. Où va cet ar gent, si ce n'est aux établissements libres puis que la ville d'Ypres ne reçoit rien sur ce crédit, alors qu'elle paie cependant près de 30,000 fr. en taxes et impositions provinciales. Tout ce que la ville reçoit de subsides de la province pour le service de l'instruction publi que se réduit un subside de fr. 834 pour l'en seignement primaire. Il faut avouer que c'est peu, très peu même Suit un échange d'observations entre ce der nier, M. de Stuers et M. Bossaert. Après quoi i M. l'Echevin Cornette résume le débat en quel- i ques mots. Nous avons pour mission, dit-il, de j maintenir intactes toutes nos institutions d'en seignement et par suite les charges qui en déri vent pour l'administration, t/est un devoir auquel nous ne faillirons pas. Votre rôle vous est de désorganiser et de supprimer. Le but que vous poursuivez est la suppression du Collège communal chacun sait cela. Après quelques paroles de M. l'Echevin Bos saert, la discussion générale est close et le Conseil aborde l'examen des articles. Mardi, la Chambre a salue de ses plus vigou reux applaudissements le rapide exposé que M. Beernaert lui a présenté, dans sa dernière séance, de notre situation financière. Je dis la Chambre, et non pas la droite seulement, parce que la gauche, bien qu'elle n'ait pas applaudi, compte aujourd'hui pour si peu de chose dans la délibération qu'il est permis de la considérer comme une quantité négligeable. Superbe, magnifique, admirable, notre si tuation financière 1 Figurez-vous, pour vous en donner une simple idée, que le budget de 1887, qui, d'après les prévisions premières, ne devait laisser 2u'un excédant d'environ 1,500,000 francs, sol- eraen boni de 14,300,000 francs, chiffre rond. Et ne croyez pas que cet excédant soit dû un heureux concours de circonstances fortuites. Non, M. Beernaert a pu donner la Chambre la positive assurance que le budget de 1888 se clôturerait par un boni supérieur encore celui de 1887. La Chambre a applaudi de toutes ses forces. Convenez que ce n'était pas sans raison. Il est bien vrai que l'augmentation des re cettes de la douane et des chemins de fer entre pour une part enorme dans les excédants accu sés par M. notre Premier et des malavisés ne manqueront sans doute pas d'en conclure qu'il n'appartient pas M. Beernaert de mettre cette plume-là sur son chapeau. Mais qu'importe d'où vient l'argent L'es sentiel est qu'il y soit. Or, il y est et, par con séquent, tout est pour le mieux dans la meilleure des administrations possibles, et si la Chambre a acclamé M. Beernaert, elle n'a fait que lui rendre justice. Constatons toutefois, non sans regret, qu'elle ne s'est montrée juste qu'à moitié. Car enfin, cet excédant de quatorze millions, dont elle a accueilli la nouvelle avec tant d'enthousiasme, c'est M. Graux qu'elle en est redevable. Sans les odieux sans les infâmes im- Sôts que M. Graux a fait voter en 1884 et que I. Beernaert a combattus avec toute la droite, les budgets de 1887 et 1888, au lieu d'accuser un excédant de quatorze millions, se solde raient en déficit. Ces impôts, ces odieux, ces infâmes impôts de 1884 rapportent actuellement au Trésor de seize dix-sept millions et l excédant annoncé par M. Beernaert est de quatorze déficit net M. Colaert revient sur ses précédentes observa tions. MColaert invoque l'appui de sa thèse, l'au torité de M. Jules Simon dont nul ne contestera l'autorité. M. PÉchevin Bossaert répond. M. Colaert revient encore sur ses observations et maintient tous les chiffres qu'il a cités. M. Colaert proteste contre cette interprétation donnée ses paroles et reproche M. Cornette de lui faire un procès de tendances. M. Cornette s'en défend. On vient d'insinuer, dit-il, que nous ne voulons maintenir le pension nat que pour pouvoir maintenir le Collège Com munal. Nous répondons cela que l'on ne veut faire décréter la suppression du pensionnat que pour arriver plus facilement dans l'avenir supprimer le Collège. (Suite, et fin au prochain n°).

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 2