La réforme électorale. Nouvelles locales. telles sont les causes multiples et variées qui ont amené la triste situation que nous venons de constater. (p. 3-4.) En envisageant froidement et impartialement la situation, nous pensons, et plus d'un sera de notre avis, que ce qui a manqué le plus aux Yprois, si bien classés sous tant de rapports, ce n'est pas l'eau mais un peu d'initiative pour uti liser cette eau. Il faut voir les choses sous leur jour véritable, et sans vouloir médire le moins du monde de nos concitoyens, doués d'ailleurs de tant de qualités, il faut bien reconnaître qu'ils n'ont avec les Jacquart et les Lié vin Bouwens que des affinités très éloignées. Donnez-leur un Océan, ils le contempleront avec une douce jouissance, mais ils ne seront pas pressés de le convertir en vapeur et en fait d'Océans, ils préféreront longtemps encore, moins que cela ne change, l'Océan Pacifique au Cap des Tem pêtes. L'eau ne nous a donc jamais fait défaut et ce n'est certes pas la nouvelle distribution qui en a diminué la quantité, au contraire. Il ne faut pas perdre de vue que le nouveau système n'a jamais eu d'autre but ni d'autre prétention que de four nir des eaux potables pour les usagesdomestiques et les petites industries dont les produits se con somment sur place; telles sont les brasseries, etc., et envisagé dans ces termes, il faut, convenir que le problème n'a pas été trop mal résolu. Jamais il n'a été question d'établir une distribution d'eau industrielle et c'est, certes, quelque peu dépla cer la question que de la critiquer, ce point de vue, en lui reprochant de ne pouvoir mettre la disposition d'une industrie qui n'existe point des millions de mètres cubes d'eau. D'ailleurs, malgré cela, ne voyons-nous pas la ville fairo tout ce qui dépend d'elle pour en- çourager l'industrie Qu'un établissement se fonde et demande des eaux des fossés des an ciennes fortifications, les eaux de Zillebeke, les eaux de l'Yperlée, nous sommes persuadé qu'on n'hésiterait pas encourager ces efforts. On ob jectera qu'on a décrété en principe la suppres sion des fossés de la ville. En effet on a en ce moment cédé un courant. On réclamait cor et cri cette suppression.et M. Annoot lui-même déclare avoir préconisé cette idée et aujour d'hui encore il est loin de vouloir la combattre (p. 87) Il y a des raisons en faveur de cette sup pression et il y en a qui la condamnent. Quoi qu'il en soit et pour ne pas trop nous étendre sur ce sujet, nous est avis que cette décision de la part de nos édiles ne dit pas grand chose c'est une arme préparée pour les besoins éven tuels et dont on se sert en raison des circonstan ces. S'il est finalement démontré que ces fossés ne sont d'aucun usage, on les supprimera si au contraire leur utilité en devient manifeste au profit du développement de l'industrie, qui son gerait les combler Nous avons dit que ces fossés sont la dispo sition de l'industrie et nous avons vn ÏYproise en bénéficier Sous disons plus dans la mesure du possible, la ville ne concède-t-elle pas l'eau de la nouvelle distribution aux grands consom mateurs La blanchisserie de toile sur la j-oute de Bailleul, n'absorbe-t-elle pas journellement une quantité énorme d'eau Et son ancienne voisine, la farineris A vapeur, n'a-t-elle pas j oui du même avantage;? Et la station du chemin de fer, qui est-ce Hui lui fournit tous les jours, et cela sans rémunération aucune, 100 mètres cubes d'eau, arrvfninîmum Leur a-t-il manqué un litre même en 1887 N'est-ce pas encore au Boterplas que s'aliiçéjîtait la scjerie mécanique de M. Lapiere. Et MmeTBecuwe n'a-t*elle par; été autorisé^^||Bfl^ prise d'eau ce même réser voir Est-ce'fa faute de la ville vaient relier la fabrique ce fossé se sont obstinés ne pas faire leur ser vice Invoquer l'exemple des grandes cités indus trielles du Nord de la France et les immenses sacrifices' faits par ces opulentes municipalités pour mettre des quantités considérables d'eau la disposition des fabriques, pour faire le pro cès notre distribution d'eau, ce n'est pas seule ment dépasser la mesure (la grenouille ne doit jamais singer le bœuf), c'est encore se tromper de point de vue, c'est confondre la cause et l'ef fet. N'oublions pas, bon Dieu que partout et toujours ce sont les industriels qui ont provoqué les distributions d'eau et non les distributions d'eau qui ont fait naître ceux-là. Avant le bar rage de la Gileppe, l'industrie était-elle incon nue Verviers Et cet ouvrage gigantesque n'est-il pas l'effet de la grande industrie Vervié- toise Et plus près de nous, pour prendre l'exemple cité par M. Annoot, Roulers, la con struction des réservoirs d'emmagasinement des eaux de la Mandel est-elle la cause ou la consé quence du développement industriel de la ville En industrie, plus qu'en toute autre chose, c'est l'initiative privée donner l'élan, les pou voirs publics doivent ensuite encourager et sou tenir ce mouvement, dans l'intérêt du bien-être général, et dans cet ordre d'idées, nous ne voyons pas que la ville d'Ypres resterait en re tard et hésiterait un seul instant s'imposer les plus lourdB sacrifices. C'est d'ailleurs le rôle des communes de venir en aide tout ce qui peut intéresser le bien-être général, mais elles ne peu vent cependant se substituer aux intérêts parti culiers et faire supporter par l'ensemble des citoyens des dépenses problématiques et discu tables pour la généralité. C'est cependant ce principe que paraît mécon naître M. Annoot quand il préconise les trans formations profondes notre régime des eaux. Modifier de fond en comble, c'est très bien cela prête même des conceptions grandioses mais comme chacun doit pouvoir boire dans son verre, (en paraphrasant le mot d'A. Musset), mieux vaut améliorer ce qui est. Tel est notre humble avis. D'ailleurs la situation est loin d'être aussi mau vaise, aussi désespérée que se plaît le dire notre sympathique auteur de "L'eau et de l'Indus trie. Nous avons démontré que ses calculs ne reposent que sur une base extrêmement fragile, et que l'année 1887,d'une aridité exceptionnelle, loin d'avoir privé les habitants d'eau nécessaire aux usages domestiques, leur en a laissé une ré serve suffisante pour alimenter la ville pendant plusieurs mois, de même que la blanchisserie, la station et l'usine B. Le projet de réforme électorale au "élabore en ce moment le ministère supprimera, cest ré solu, les capacitaires (Je droit et maintiendra !es autres les électeurs par examen. Ces capacitaires de droit sontj pour les trois quarts, des avocats, des médecins, 'es magis trats, des ingénieurs, des professeurs d univer sités, d'athénées ou d'académies, des fonction naires publics, etc., tous habitant la ville et, ce seul titre, suspects de libéralisme. Inutile de chercher ailleurs la raison vraie de l'ostracisme dont ils sont menacés. Ce prétexte, on l'a trouvé, et la presse cléri cale, mise au courant, s'est empressée de le formuler dans cet axiome Pas de privilèges. La Constitution, a-t-elle dit, n'admet pas de privilèges. Or, c'en est un, et des plus évidents, que le droit électoral attribue certains ci-r toyens, a raison de leur seule qualité de méde cins, d'avocats, ingénieurs, etc. 11 y aurait lieu de discuter la valeur de cet argument si la réforme annoncée enlevait leur droit d'electeurs tous les capacitaires sâns distinction. Mais dès quelle le maintient en faveur de ceux qui consentent subir l'examen électoral, l'absurdité du prétexte saute aux yeux. Ce n'est pas, en effet, raison de leur qualité d'avocats, de médecins, d'ingénieurs, etc., que ces capacitaires de droit ont été reconnus com me électeurs par la loi de 1883. C'est parce quêt pour devenir ingénieurs, médecins ou avocats, ils ont du passer par toute une série d'examens qui justifient de leur instruction, et qu'ayant subi toutes ces epreuves, il eût été ridicule de les soumettre un examen électoral incompa rablement plus élémentaire que ceux qu'ils avaient subi déjà. S'il en est ainsi, comment pourrait-il se faire qu'on rayât ces capacitaires de droit des listes électorales, alors qu'on y maintiendrait les autres, ceux dont la capacité ne se justifierait que par un examen unique et d'ordre inférieur? Ce serait le comble de l'absurde. Pretend-on que l'attribution du droit de suf frage la capacité constitue un privilège? Soit! et, si on l'ose, qu'on l'enlève tous les capaci taires sans distinction. Mais qu'on le retire aux uns en le conservant aux autres, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible, et cela se fera cepen dant. Supprimer d'un seul coup tous les capa citaires serait jouer gros jeu. Puis, les élections ont prouve qu'il y avait parmi eux de bons élé ments, qu'on pourrait améliorer encore, tandis que les capacitaires de droit, pris en masse, ne sont que trop légitimement suspects. On frappera donc ceux-ci, au nom de l'éga lité, et l'on amadouera les autres. Après quoi, si les libéraux ne sont pas con tents, tant pis pour eux I Ce n'est pas pour les contenter que les cléricaux sont au pouvoir. AVIS. Nous venons de recevoir une communication écrite en caractères d'imprimerie. Ce n'est pas la première correspondance de ce genre qui nous Survient et chaque fois nous la mettons de côté, n comprend facilement qu'il nous est impossi ble de donner l'hospitalité un homme dont le premier soin est de se déguiser. La fête de charité organisée par la Fédération de Bienfaisance de la ville de Poperinghe a réussi au-delà de toute attente. Les tristes sires qui s'étaient mis en tête de contrecarrer cette généreuse entreprise et le clergé surtout qui avait mis tout en œuvre pour faire avorter cette fête ont dû se ronger le cœur en voyant l'accueil sympathique fait par les Po- peringhois et par les nombreux étrangers aux organisateurs de la Cavalcade. Honneur vous, vaillants chefs Honneur vous, M. le Président de la Philharmonie qui avez sû mener cette entreprise bonne fin Les pau vres de la ville de Poperinghe vous béniront Nous engageons nos lecteurs lire le compte- rendu de cette œuvre de Bienfaisance que nous donnons la 5e page sous forme de supplément. Mercredi, 13 courant, vers 9. heures du soir, le nommé Verdruye, Charles, domestique chez M. Ghekiere, marchand de bois au Kalfvaert, revenait, en compagnie d'un autre domestique, le nommé Vandevyvere, Henri, de Vlamertin- ghe, avec un chariot chargé de bois. Les deux hommes marchaient, en causant, en tête de la voiture. Arrivés au passage niveau (territoire de Vlamertinghe) Verdruye glissa et tomba. La roue de devant lui passa contre la jambe droite et le blessa. Son camarade le reconduisit son domicile et le lendemain, dans la matinée, il fut admis l'hôpital. (A continuer). Mais cette raison, impossible qu'on l'avoue. II a donc fallu inventer un prétexte.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 2