UNE
DU 17 MARS 1889.
POPERIN GHE
Budget de 1889
Fêtes de la Philharmonie.
A POPERIN GHE.
le 15 Mars 1889.
Les Poperinghois ont beau crier, lempester
et protester, les sieurs Vanden Berghe et Félix
ne donnent pas signe de vie.
Espérons que, maintenant quils n'auront
plus s'occuper de contrecarrer sous main la
fête de bienfaisance qui. leur grand dépit, a
des mieux réussi, ils daigneront s'occuper des
affaires de la ville.
En attendant, ce que les Poperinghois ont de
mieux faire, c'est de chanter, en pensant
leur budget Il viendra Pâques
ou la Trinité
La soirée de Lundi était consacrée des
choses plus sérieuses et cependant le plaisir,
d'un tout autre genre, n'a pas été moins grand.
M. Pelerken, répondant une invitation de
notre dévoue Président, a bien voulu nous
faire partager les impressions que lui avaient
fait un voyage tout recent la République Ar
gentine.
Après avoir décrit d'une manière charmante
la traversée de Gênes Buénos-Ayres et avoir
signale le peu de changements survenus dans
les villes de Rio de Janeiro et de Monte Video,
depuis son dernier voyage en 1882, il nous a
montré la capitale de la République Argentine
tellement embellie que, maintenant encore, il
est tenté de douter de ce qu'il y a vu. On ne se
fait pas d idée en Europe, dit-il, des change
ments qui se produisent en quelques années
dans les villes transocéaniennes et il cita encore
comme exemple la ville de la Plata, de création
toute récente et qui est composée presque ex
clusivement de Palais et de Villas.
Buénos-Ayres est la capitale de la Républi
que Argentine et la* Piala est le chef-lieu ou la
capitale de la Province de Buenos-Ayres. La
ville de Buénos-Ayres et ses environs (10,000
12,000 hectares) forme un terrain neutre où
se trouve le siège du Gouvernement.
Chaque Province fait un tout autonome qui
se gouverne et s'administre lui-même mais qui
ressort de la capitale.
La Republique Argentine dont la population
n'est pas plus nombreuse que celle de la ville
de Londres (4,200,000 habitants) est grande
comme la France, la Belgique. l'Angleterre,
l'Espagne, la Hollande, l ltalie, l'Autriche et la
Hongrie réunis.
Il n'y a pas longtemps encore, la civilisation
était presque nulle dans ce grand pays et ce fut
Sarmiento, un modeste instituteur d'une petite
ville qui, comprenant que l'instruction seule
pouvait sauver sa patrie, parvint faire com
prendre ses concitoyens que leur ignorance
était l'unique cause du peu de développement
de la prospérité nationale. Après avoir été pen
dant quelque temps ambassadeur de la Repu
blique Argentine Washington, Sarmiento fut
nommé Président et réussit faire décréter
l'instruction laïque et obligatoire.
Il existait une autre cause encore de malaise,
général. Chaque Province avait son armee
elle et dans ces diverses armées il y avait
tout moment des prononciamentos faits par des
généraux ambitieux. Un homme d'un caractère
viril et énergique, le général Bocca, qui fut
Président de la République Argentine quelques
temps après Sarmiento, résolut de faire dispa
raître cette plaie de l'Etal Argentin. Il réussit et
c'eswlepuis lors que date la prospérité de cette
belle Republique.
Le Gouvernement actuel, persuade que la po
pulation restreinte de l'Etat Argentin est la
seule cause du peu de développement de l'in
dustrie et de l'agriculture,fit un appela Iimmi
gration. Il est convaincu que tous les hommes
énergiques qui répondront cet appel pourront
trouver dans la République Argentine d'amples
moyens de subsistance et une seconde patrie.
Tout en racontant ainsi I hisloire contempo
raine et en décrivant les institutions politiques
du peuple Argentin, le conférencier réussit
captiver son auditoire par de nombreux traits
de mœurs qu'il narre avec humour.
Il décrit entre autre la manière dont se célè
brent les mariages et se font les enterrements
dans la ville de Corrientes quiI a longtemps
habitée et qui se trouve dans une dés parties
les moins civilisées du pays. H donne aussi un
aperçu de la manière dont on vit Buénos-
Ayres et du luxe effrene de la capitale, et cite,
ce sujet, les représentations données par la
Patti pour lesquelles les fauteuils d'orchestre se
payaient loi) francs.
Le caractère des habitants de ce splendide
pays est présenté sous un jour des plus favora
bles. M.^Peterken, qui parle en connaissance
de cause, ne tarit pas d'éloges sur l'hospitalité
qu'on reçoit des Argentins et sur leur sobriété.
Il rappelle combien il est heureux chaque fois
qu'il revoit le pays qu'il nomme sa seconde pa
trie et où une partie de son existence s'est
•écoulee.
Il est inutile de dire que présenter de cette
façon l'histoire d'un peuple et de ses institu
tions politiques, devait intéresser le public;
aussi tout le monde regrettait-il de voir finir
sitôt cette charmante conférence.
M. Van Merris, se faisant l'interprète des
nombreux auditeurs, a remercié en termes
chaleureux M. Pelerken. Lepublica ratifié les
paroles de notre dévoué Président et a fait une
ovation M. Pelerken dont la conférence lais
sera tous le meilleur souvenir.
Par suite d'un bien pénible accident arrivé
M. Bouwmeester, gravement blesse la main
dans une représentation donnée Gand, le pro
gramme de la soirée flamande du Mardi a dû
être modifié et la principale pièce De laatste
rid van een oad poslitjon n'a pu être donnée.
Malgré ce contretemps regrettable la soirée a
été pleine d'attraits. De Lichttoren ad
mirablement joué, a été un grand succès pour
M. Bans qui a été superbe dans le rôle de Hugo
Scott. Ses partenaires l'ont parfaitement se
condé et une magnifique ovation leur a été
faite après le troisième acte.
Celait juste et nous ne pouvons assez félici
ter M. Vandoeselaer sur la manière brillante*
dontdirige le théâtre flamand et qui lui vaut
partout les succès les plus mérités.
L'orchestre aussi a bien mérité du public.
Nons avons vu avec plaisir qu'il a complète
ment renouvelé son répertoire et nous avons
pu constater que le meilleur goût avait présidé
aux choix des nouveaux morceaux qui le com
posent.
Nous serions des ingrats si avant détermi
ner nous ne remercions pas M. Van Elslande,
notre zélé chef d'orchestre qui a organisé ces
fêtes musicales et nous a fait passer si agréa
blement les soirées du Carnaval.
Comme nous l'avons prévu, la Cavalcade de
Dimanche a été, pour les sociétés réunies sous
le nom de fédération de bienfaisance, un grand
et légitime succès.
Les tristes personnages qui avaient décidé de
faire avorter cette généreuse entreprise, ont dû
se ronger le cœur quand ils ont vu l'accueil
sympathique fait par la population ceux que,
depuis trois semaines, ils ne cessaient de mau
dire avec le plus grand entrain.
Le cierge surtout, qui avait tout mis en œu
vre pour décourager les courageux citoyens qui
n'avaient en vue que l'intérêt de la ville et le
soulagement des malheureux, a dû éprouver
une bien profonde déception, en voyant com
bien peu de cas l'on faisait de ces foudres de
fer blanc.
Nous avons été heureux de voir, qu'à Pope-
ringhe où malheureusement pour notre pauvre
cité, les prêtres ont toujours réussi faire pas
ser leurs créatures l'énergie et la virilité re
venait la population quand il s'agissait de
faire le bien.
Nous espérons qu'un jour nos concitoyens
ouvriront les yeux et qu'ils finiront par voir où
se trouvent leurs vrais amis.
Nous n'essayerons pas de décrire le cortège
cela nous mènerait trop loin. Tout devrait y
être loué; depuis les Philharmonistes, habilles
des riches costumes de gardes royaux de Louis
XV jusqu'au char du Congo, tout était une fête
pour les yeux.
Les chars bien conçus et parfaitement exé
cutés et les groupes aux riches et frais costumes,
excitaient partout la plus vive admiration. Les
étrangers n'en revenaient pas et enviaient la
petite ville dePoperinghe une fête si bien or
ganisée.
Le corps de musique composé d amateurs de
la ville, en fanfare de la Hanse du XIV8 siècle,
a obtenu un succès aussi vif que mérité.
Il y avait foule Poperinghe les deux jours
de la sortie de la Cavalcade. Le Dimanche sur
tout le monde était accouru en masse et la re
celte a dû être fructueuse. Merci, pour les
pauvres, tous ceux qui ont. bien voulu appor
ter ici leur obole.
Nous avons pu constater, le deuxième jour,
que la reconnaissance n'est pas vain mot et
nous avons été heureux de voir que tous ceux
qui faisaient partie du cor^gç ont rendu un
hommage mérité au zélé Président de la Phil
harmonie et ont exprime en passant devant sa s
maison la gratitude qu'ils éprouvaient pour le
concours si biènveillajat qu'il leur avait prodi
gué.
p ,7«-
Nous devons menlion-nêr aussi un épisode
émouvant qui'h eu lieu'sur la place au moment
où le cortège s'est romjpu
La Philharmonie êt la musique composée
d'amateurs de la ville, avant de se quitter, for-
SUPPLÉMENT AD PROGRÈS D'YPRES
(suite et fin).
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