26. Dimanche, 49e ANNÉE. 51 Mars 1889, JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. L'Eau et l'Industrie. VIP SUITE. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypres, le 30 Mars 1889. C'est ainsi que, si nous calculons comme le fait M. Annoot, p. 145, nous arrivons obtenir les pressions disponibles dans les différents quar tiers de la ville, la faveur d'un réservoir. M. Annoot indique ces pressions, abstraction faite des pertes de charge dans la canalisation inté rieure, 1° lorsque l'étang de Zillebeke alimente seul toute la ville 2° lorsque l'étang de Dicke- busch alimente seul toute la ville, comme il le fait dans l'état actuel, c'est-à-dire sans réservoir nous y ajouterons une troisième hypothèse, celle où l'étang de Dickebusch alimente seul la ville au moyen d'un réservoir et nous obtenons ainsi le tableau suivant POINTS Rue des Bouchers Id. au Beurre Id. du Temple Id. d'Elverdinghe Grand'Place Rue de Lille Id. S4-Jacques Id. de Menin ld. de Dixmude 23,40 22,37 21,65 20,24 20,00 20.03 21.04 21,04 17,96 0 0,98 1,70 3,11 3,35 3,32 2,31 2,31 5,39 0 0 0 0,43 0,67 0,64 0 0 2,71 2,35 3,38 4,10 5,51 5,75 5,72 4,71 4,71 7,79 Disons, par paranthèse, pour donner une idée de ce que serait la pression disponible, si l'étang de Zillebeke était doublé d'un réservoir, que les chiffres de la troisième colonne seraient respec tivement remplacés par 1,35 2,38 3,10 4,50 - 4,75 - 4,72 - 3,71 3,71 6,79. D'où il résulte clairement que la pression exer cée par les eaux de Zillebeke avec réservoir n'atteindraient jamais celle exercée par celles de Dickebusch muni de ce réservoir. Ceci dit reprenons notre démonstration. Ce qui ressort toute évidence de ce tableau c'est la supériorité, au point de vue de la pres sion, de la reconstruction d'un réservoir pour Dickebusch sur le raccordement de Zillebeke. On objectera peut-être que les chiffres de la 5me colonne du tableau ci-haut indiquent des pressions initiales qui ne se réaliseraient qu'au moment où le niveau dans le réservoir serait le même que celui de l'étang, mais nous répondrons que nous comptons pour arriver ce chiffre sur le débit maximum, 40 litres par seconde, et sur la hauteur minima de l'étang (25m,75), deux cir constances extrêmement défavorables et qui ne se sont pas encore réalisées jusqu'à préspnt,puis que, Dickebusch comme nous l'avons établi précédemment, les eaux se maintiennent en moyenne, et toujours pendant la majeure par tie de l'année, environ 0m,70 au-dessus de cette côte minima. Or, on ne doit pas perdre de vue que lorsque le débit reste le même, un mètre de hauteur supplémentaire Dickebusch représente un mètre de pression supplémentaire en ville. Dans nos calculs de perte de charge, nous avons en outre admis avec M. Annoot l'impor tante perte de charge de 5m,08 entre Dickebusch et Ypres, pour un débit de 40 litres par seconde, conformément ce qu'expose l'auteur p. 133, où il dit que la perte de charge augmente du sim- pie au double, mais seulement après une pé- riode de 10 15 ans, selon le cas, et nous ajoutons et surtout selon la composition ou la nature des eaux. Ce dernier point est d'une importance capi tale. Quand M. Annoot rappelle ce principe qui est d'une justesse dont on ne saurait assez tenir compte, c'est qu'il prévoit que la perte de char ge en ville doit aller en croissant mesure que des dépôts inorganiques, s'accumulant sur les parois des tubes, en obstruent insensiblement l'orifice. Pour lui cette obstruction ne fait pas de doute et les calculs auxquels il se livre pour donner ses tube3 un diamètre déterminé sont faits pour obvier, dans la mesure du possible, aux inconvénients de cet encroûtement et par suite cette perte de charge. Que cette éventua lité préoccupe l'auteur de l'Eau et de l'Indus trie nrien de plus naturel, car si cette obstruction devait se produire, même lentement, ce serait désespérer d'une bonne distribution d'eau. Non seulement on aurait craindre, dans un avenir plus ou moins éloigné, l'arrêt complet du systè me, mais dès les premières années, disons au bout de dix ou quinze ans, on serait exposé voir cette distribution entravée, annulée dans les tuyaux de troisième ou quatrième dimension, et d'autant plus rapidement qu'on aurait affaire aux tubes extrêmes. Des tuyaux qui s'encroû tent par l'incrustation de dépôts solides, ce serait une vraie misère, et on peut dire que toute la distribution serait manquée. En attendant le renouvellement total des con duites, ce qui serait d'une dépense sans fin, que de déboires préalables, que d'incertitudes et de privations dans le débit Mais cette noire perspective est-elle notre lot final Est-ce cela qui nous attend? Ici la théorie doit s'effacer devant l'expérience. Hâtons-nous de le dire, l'expérience a parlé et elle nous est favorable. Pas do dépôt adhérent aûx parois, pas de rétrécissement du diamètre intérieur. Voilà huit ans que les tuyaux fonctionnent, et pas de trace de ce mal entrevu et tant redouté par quelques-uns. L'obsérvat;on'| en a été faite sur plus d'un tuyau et, quel ,en soit le diamètre, tous les tuyaux qui ont été enlevés jusqu'ici sont sortis de cette épreuve purs et indemnes. Il y a plus, loin de marcher vers l'obstruction, il y a plutôt agrandissement par suite d'érosion, de corrosion du fer. Au début surtout l'oxydation a été forte et les parois des conduites ont cédé de leur substance, mais ce phénomène tend di minuer graduellement, comme d'ailleurs on peut le constater d'été en été. L'usure inégale et la rugosité des parois au ront-elles plus tard pour conséquence d'ajouter aux pertes de charge C'est possible l'avenir seul pourra nous édifier cet égard. Nous pré voyons bien quelle est l'obj ection qu'entraînera ce phénomène. On ne manquera pas d'opposer cet inconvénient celui signalé plus haut et qui est la conséquence de l'obstruction. Perte de charge par obstruction, dira-t-on, ou perte de charge par érosion, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. Non pas la première fait sentir ses effets tout de suite, lesquels vont s'aggravant jusqu'à annihilation complète de la substance sur laquelle ils se font sentir, et ces effets sont certains la seconde n'a pas ces inconvénients préalables et d'une durée désespérante, si toute fois ce qu'on craint se réalise, ce qui n'est pas démontré et s'il y a érosion, il y a aussi aug mentation de diamètre, et par conséquent jus qu'à un certain point compensation cette perte de charge résultant d'une augmentation de frot tement. Nous n'avons donc jamais craindre d'ob struction de tuyaux de diamètre restreint et c'est là un point d'une importance extrême. Comme nous tenons ne rien avancer au hasard et qu'une preuve l'appui de ce qu'on soutient ne peut jamais gâter la cause que l'on défend, nous dirons que récemment on a enlevé des tuyaux en fonte qui se trouvaient dans le fossé dit Boter- plas et qui servaient fournir l'eau de Dicke busch l'hôpital militaire, si nous ne nous trom pons Or malgré que les eaux de Dickebusch avaient avalé dans ces conduites pendant une quinzaine d'années environ, aucune trace de dépôt adhé rent aux parois n'y a été constatée. Ces tuyaux étaient intacts. Pourrait-on en dire autant des eaux de Zille beke Hélas, non Et nous verrons tout de suite comment. Avant l'établissement de la distribution ac tuelle, les eaux de Zillebeke traversaient l'Yper- lée sous la Porte de Lille, au moyen d'une conduite en fer, pour aller alimenter le quartier de l'Arsenal. Cette conduite avait un diamètre inté rieur de 8 centimètres. En l'an 1800, elle avait été posée là en remplacement d'un tuyau en plomb. En 1866, la suite de plaintes provo- quées par le manque d'eau et croyant une ob struction ou une rupture accidentelle de la conduite, on résolut de l'enlever et d'en visiter l'intérieur. On constata que'ce tuyau était tell^w ment encrassé et chargé de dépôts qu'il restait' peine une ouverture libre de 3 centimètres. Les dépôts tenaient si fortement aux parois qu'il a fallu chauffer les tubes et employer des moyens énergiques pour parvenir les nettoyer. LE PROGRÈS VIRES ACQUIRIT ECHUO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligue ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. DE LA VIIjLE. COTES DE NIVEAU- Pression disponible au niveau de la rue, lorsque l'un des étangs alimente toute la ville. étang de Zillebeke. Etang de Dickebusch sans réservoir. Etang de Dickebusch avec réservoir.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 1