Le Progrèsclérical.
Il est temps
traverser la plaine d'exercice vers la rue du
Temple.Un second tube de 30 centim., partant du
réservoir, se dirigerait vers le nouveau Quartier
comme l'indique M. Annoot, en passant devant
la maison Peirsegaele et la Station. A ce dernier
endroit, on y embrancherait le tuyau de la rue.
des Bouchers qui,de cette manière, recevrait les
eaux, non plus comme maintenant, de la con
duite de la rue du Temple d'où elles doivent
remonter mais pour ainsi dire de première
main et d'amont. Les avantages de cette dispo
sition sautent aux yeux on éviterait le déplace
ment et le remplacement des conduits posés
et, ceci est très important, on aurait au point de
jonction des deux tuyaux, celui venant de la
Plaine et celui de la rue des Bouchers, un con
fluent de deux courants qui, en s'ajoutant et se
fusionnant, y exerceraient une pression de nature
compenser la perte de charge subie dans les
tuyaux depuis le réservoir jusqu'à ce point de
jonction. Ce serait en quelque sorte un effet
égal celui qu'on aurait si le réservoir était
transporté en cet endroit.
Sans donner cette solution comme la plus
parfaitenous croyons qu'elle mérite d'être
prise en considération.
D'autres questions très intéressantes ont fait
l'objet des savantes recherches de l'infatigable
auteur de L'Eau et de l'Industrie. Il en est qui
ne sont pas de notre compétence et on nous ex
cusera de ne pas nous y arrêter.
Notre but, en faisant une excursion dans le
beau livre de notre concitoyen, a été, tout en en
faisant ressortir ce qu'il contient de plus palpi
tant et de plus actuel, d'attirer l'attention sur
quelques points qui s'éloignent de notre ma
nière de voir. M. Annoot a rempli un devoir, un
grand devoir, nous avons fait ce que nous avons
pu.
Nous avons tâché de démontrer que dans l'état
présent des choses, l'industrie n'est pas impos
sible Ypres que si elle est revêche, ce n'est
pas l'eau qui en est la cause
Nous avons, pensons-nous, démontré que
l'étang de Dickebusch pouvait suffire l'alimen
tation de la ville que ses eaux sont plus abon
dantes, meilleures et mieux placées que celles de
Zillebeke
Nous avons enfin montré d'une façon qui nous
parait décisive que le raccordement de Zillebeke
serait une faute.
A l'appui de cette dernière démonstration
nous avons apporté des arguments de plus d'un
genre et parmi ceux-ci, le dernier qui paraît
rendre inutiles tous les autres. Il est en effet tel
lement décisif, cet argument l'encroûtement
des tubes que le lecteur, pressé d'arriver
une solution et peu enclin se laisser traîner par
les méandres d'une thèse dont la queue ne voit
plus la tête, pourrait bien nous dire comme Na
poléon Ier ce maire de village, s'excusant au
près de Sa Majesté de n'avoir pas tiré le canon,
pour plusieurs raisons la première, c'est qu'il
n'y avait pas de canon. La raison est excel
lente, dit l'Empereur, et elle vous dispense de
donner les autres. Et le maire se tut.
De même le lecteur pourrait nous dire Pour
quoi pas tout de suite l'argument de l'encrasse
ment
Mais nous n'avons pas comme ce maire de vil
lage nous incliner devant un signe du maître
et baisser pavillon au premier signe de son re
gard. Le lecteur, comme le grand Empereur,
nous aurait dispensé de notre surcroît de preu
ves, qu'encore nous l'aurions remercié de sa
bonté grande, sans toutefois en tenir plus comp
te. Nous avons considéré comme un devoir de
dire, sur cette question particulière, toute notre
pensée, et de donner notre soutènement quel
ques développements, au-d'elà du strict néces
saire, d'abord, parce que quod abundat non viciât,
et ensuite, et c'est là notre raison majeure, par
déférence pour le judicieux auteur de l'Eau et
l'Industrie.
Le moins que nous pussions faire en présence
d'un travail aussi soigné, aussi profondément
fouillé et aussi ingénieusement agencé, c'était de
lui faire les honneurs d'une réponse qui marquât
par sa forme et son développement en quelle es
time nous tenons son auteur. Non pas que nous
ayons eu la prétention d'avoir opposé l'étude
complète et savante 'de M. Annoot une étude
parallèle et analogue trop de points importants
émaillent son livre qui restera un monument
d'aperçus ingénieux et de technique spéciale;
tout ce que nous avons cru avoir faire et
devoir faire, c'est de chercher dans cet écrin
de pierres précieuses celle dont le brillant
fût le plus de nature jeter un éclat trompeur
auxyeux des amoureux du neuf, et nous en avons
extrait cette perle la question de Zillebeke
que l'artiste a sertie avec un art auquel nous
rendons volontiers hommage, mais dont l'éclat
fascinateur pourrait éblouir au grand dam de la
vérité. Fidèle serviteur de celle-ci, nous avons
cru devoir mettre en garde contre toute illusion
trompeuse ceux qu'un exposé, habilement con
duit et dextrement amené, pourrait égarer, et
nous avons tenu remettre en son vrai jour le
côté obscur de cette question. Il nous a paru
que la part faite l'étang de Zillebeke était trop
belle et nous avons trouvé bon, d'un intérêt gé
néral, celui qu'affectionne avec tant d'ardeur M.
Annoot, de restituer l'étang de Dickebusch la
place qui lui revient dans la distribution d'eau
et que l'auteur avait quelque peu rognée. En ce
faisant, nous n'avons en rien voulu diminuer le
mérite de l'œuvre du vaillant professeur il est
homme supporter cette chiquenaude son
talent ne saurait en souffrir, il en a d'ailleurs
revendre,et nous ne désespérons pas devoir qu'il
sera le premier,lui le pionnier dévoué de sa
ville natale qui lui en sera toujours reconnais
sante, faire son profit, s'il les trouve fondées,
des timides observations que nous nous sommes
permises.
Dans tous les pays civilisés les gouver
nements se font un honneur de protéger l'en
seignement public, d'en multiplier les établis
sements et en 1878, la Belgique proclamait
hautement, par l'organe de son Roi, que «/a
culture intellectuelle d'un peuple est plus que
jamaisau temps présent, la source essentielle
de sa prospérité.
Mais les cléricaux sont venus, et, comme des
barbares ils ont changé tout cela.
Il y a quelques jours, dans une conférence
donnée au Cercle S'-Ambroise, de Liège, en
présencedelevèque, M. DoutreIoux,M. Woesle
s'est félicité, comme d'un bienfait inscrire
l'actif du parti clérical
1,000 écoles communales supprimées.
1,000 écoles d'adultes et gardiennes suppri
mées.
La moitié dés écoles d'adultes supprimées.
250 communes affranchies de l'obligation-
d'avoir une école publique.
A dette énumération des méfaits de l'admi
nistration Beernaert contre la prospérité de la
Belgique, les ténébreux ont battu des mains.
Le propos de M. Beernaert, appliqué l ses
bons amis d'aujourd'hui, n'est pas dénué de
sens les cléricaux destructeurs de l'enseigne
ment public ont le chauvinisme rebours.
Ajoutons que la sauvage destruction de l'édi
fice scolaire, élevé avec tant de peine, tant de
persévérance et tant d'argent de 1842 1884
n'a pas encore réalisé les desiderata de M.
Woeste.
L'homme funeste s'est écrié avec une sorte
de regret
Je ne prétends pas qu'on n'aurait pas pu
faire mieux.
En effet, quelques ecoles publiques ont
échappé aux coups des vandales et puis les
mauvaises écoles cléricales ne vivent pas toutes
aux dépens du trésor public, il y a 1,400 ecoles
congréganistes adoptées, plus trente écoles nor
males épiscopales.
Ce n'est pas encore assez au vœu de Monsieur
Woeste
Je suis de ceux, a-t-il ajouté, qui pensent
que dans cet ordre d'idées, on pouvait faire
plus.
Qu'on détruise donc tout ce qui reste de l'en
seignement public, et qu'on fasse de tous les
ignorantins quelconques les pensionnaires du
trésor public; celte condition seule, le mo
déré M. Woesle sera satisfait et les evèques
aussi.
Le projet d'imposer les grains étrangers
leur entrée en Belgique, dont s'est occupée ré
cemment la Fédération des ligues agricoles, ne
rencontre guère de faveur chez les hommes du
gouvernement.
Le Journal de Bruxelles, organe en titre du
ministère Beernaert, echo fidèle de ses tendan
ces et de ses aspirations, est le premier com
battre les idees protectionnistes de M. T'Ser-
stevens et consorts.
Au nom du cabinet tout entier, il annonce
que le vote des jjfopositions, dont M. Dumont
a promis le prochain dépôt la Chambre, mar
querait I heure de la retraite du ministère. Il
n admet pas la panacee de la protection, ceservi-
teur dévoué du gouvernement; écoutez plutôt
La crise dont souffre l'agriculture comme
l'industrie en général et le commerce, dit-il,
doit être apaisée par d'autres moyens tout
tarif protecteur, en matière de céréales, ferait,
dans les circonstances actuelles, hausser le
prix des objets de première nécessité et par
conséquent les salaires et le taux des prix de
revient industriels, même pour [industrie
agricole.... Mais ne nous engageons pas dans
une discussion théorique sur les tarifs, bor-
nons-nous dire que la proposition annoncée
est inopportune ce n'est pas la fin d un
hiver de disette comme celui - ci qu'elle aurait
quelque chance d'être appuyée par l'opinion
publique.
Au point de vue politique, ladite proposi-
tion est tout aussi inopportune. Le cabinet
actuel a itèrativèment manifesté ses sentiments
hostiles. Fendant la discussion de la loi sur
fen'ree des viandes et du bétail, M. le minis-
tre des finances a nettement déclaré qu'il ne
consentirait pas l'extension de droits analo-
gues l'entrée des céréales. La proposition
acclamée par la Fédération des ligues agri-
col es ne pourrait donc être votée quau prix
de la chute du ministère et nous ne croyons pas
que la majorité actuelle consente y faire
un sacrifice de ce genre. Ce serait une folie.
Cette ferme volonté de combattre, avec la
dus grande énergie, les projets de droits sur
es grains étrangers avait été antérieurement
ormellement exprimée par M. le ministre de
'agriculture lui-même, au milieu d'une assem-
>lée de cultivateurs.
Le 11 de ce mois, au banquet annuel de la
Société agricole de la Flandre orientale, M. De
Bruyn, fiinistre de l'agriculture, se proclamait
adversah 3 d'un droit d'entrée sur les céréales
ce droit ne pouvait, ses yeux, contribuer en
rien la cessation de l'état de crise dans lequel
l'agriculture continue se débattre. De l'avis du
membre du cabinet, ce droit, pour l'immense
majorité de nos cultivateurs, était, chaque an
née, tout au plus, susceptible de se traduire par
une majoration de recette de quelques francs.