Nouvelles locales. X Dans une situation où le devoir commande si impérieusement, quel libéral oserait prendre sur lui de refuser sa voix M. Vanlerberghe M. Vanlerberghe professe, dit-on, en matière économique des opinions hostiles au libre- échange. On l accuse notamment d'être favora ble au rétablissement du droit d'entrée sur les blés étrangers. Tant pis, si c'est vrai Personne né regrettera plus vivement que nous les nécessités électo rales qui auront imposé nos amis de Tournai lobligation de fixer leur choix sur un candidat protectionniste. Mais que faire cela Si les libéraux tour- naisiens se sont résignés ce sacrifice, c'est qu'apparemment il leur était dicté par les exigences de la lutte, et qu'ils avaient de justes sujets de craindre qu'en portant leur choix sur un candidat libre-echangiste, ils n'amoindris sent jusqu'à les compromettre gravement leurs chances déjà bien incertaines de victoire. Se sont-ils trompés, c'est possible. Nous n'avons pas, quant nous, la prétention de connaître mieux que les Tournaisiens eux- mêmes l'état de l'opinion dans l'arrondissement de Tournai. Mais qu'ils se soient trompes ou non, le devoir impérieux, évident, de tous les libéraux tournaisiens est de voter pour M. Van lerberghe, et ce ne sont pas les objurgations de la Réformequoiqu'elle s'en flatte en secret, qui les empêcheront de le remplir. Sous prétexte d'obtenir des explications de M. Vanlerberghe, la Réforme pousse tout dou cement labstention, cest-à-dire la victoire du candidat clérical. Ce vilain jeu ne lui réus sira pas Tournai, pas plus, d'ailleurs, qu'il ne lui réussira Bruxelles s'il lui plaît de le re commencer chez nous. A Bruxelles, on nous l'a faite la revi sion, il y a deux ans, et sous prétexte que les candidats libéraux ne s'étaient pas déclarés pour la revision immédiate, on a fait, par l'ab stention, la partie des cléricaux. Aujourd'hui, c'est une autre chanson. On prêche sourdement l'abstention aux libéraux tournaisiens sous prétexte que le candidat libé ral est protectionniste, et on cherche la leur faire au libre-échange. La querelle est différente, mais le but est le même forcer la main au parti libéral et le contraindre subir la loi d'une infime minorité sous peine de subir celle des cléricaux. Les libéraux tournaisiens sauront montrer prochainement qu'ils ne sont d'humeur ac cepter ni l'une ni l'autre. {Gazette). Dimanche dernier, a eu lieu, en la Salle Bleue de l'Hôtel-de-Ville, l'installation d'un Comité local de la Société antiesclavagiste Ce Comité se compose de MM. Iweins-du Chastel, Président; Bossaert et Baron de Vinck, Vice-Présidents Struye (Aloïse), Gravet, Baron Mazeman de Couthove et Iweins (Emile), ce der nier Secrétaire. MM. le Baron Surmont de Volsberghe et le Doyen Boone sont Présidents d'honneur. Un nombreux public d'élite, parmi lequel plusieurs dames, remplissait la Salle, lorsque, vers les quatre heures et demie, le Comité a fait son entrée accompagné de M. Scarsey, membre délégué du Comité central de Bruxelles, et de M. Gustin, ex-directeur de la Justice Borna,* ancien élève de notre Collège communal, le fils de l'honorable docteur Gustin bien connu Ypres, où il a été médecin de garnison. M. Gustin était accompagné d'un jeune et beau nègre de la tribu des Banauas. M. le Président Iweins a ouvert la séance en exposant, en quelques mots, l'objet de la réu nion, invitant ensuite M. Scarsey procéder l'installation du Comité. M. le Délégué de Bruxelles, après avoir fait cette installation, a, dans un excellent discours, indiqué los grandes lignes de l'oeuvre entreprise ar Monseigneur Lavigerie, le célèbre Evêque 'Alger, et fait ressortir, en même temps, la grande part que la Belgique a toujours prise dans toutes les missions civilisatrices qui ont eu l'Amérique et l'Afrique pour objectif Après ce discours, M. le Président a donné la parole M Gustin qui avait bien voulu se char ger de faire une conférence sur la traite des noirs en Afrique. Le jeune et sympathique conférencier, dans un vigoureux et émouvant langage, a raconté ce que c est que cet. odieux trafic des nègres par les Arabes cette abominable chasse l'homme qui a pour but de fournir des esclaves des deux sexes l'Orient Musulman. Il a décrit tour tour et ces scènes d'attaque et de capture et ces transports de captifs de l'intérieur la côte et le sort que l'on réserve ces malheureux ar rivés destination tous ces récits empreints d'une égale horreur. Ces épouvantables prati ques, dit l'orateur, èn s'étayant des témoignages de Livingstone et de Stanley, ne tendent rien moins qu'au dépeuplement du noir continent, où déjà d'immenses régions, d'une fertilité ex traordinaire, sont complètement privées d'êtres humains. Or, il faut que cela finisse, et que les droits des pauvres nègres la liberté et la vie cessent d'être méconnus et violés par ces horri bles bandits qui s'appellent marchands d'escla ves L'honneur de l'humanité, l'honneur du XIXe siècle l'exige. Cela n'a duré que trop longtemps Et en finissant, dans une énergique et tou chante péroraison, l'orateur a supplié son audi toire ému, et les dames plus spécialement, de tendre la main tous ces martyrs du continent Africain et de leur venir en aide en soutenant la frande, la sainte oeuvre de délivrance et de ré- emption conçue par l'éminent apôtre d'Alger. Ce discours, fréquemment interrompu par des marques de vive approbation, a été chaleureu sement applaudi. M. Iweins-du Chastel s'est levé alors et a pris la parole son tour. L'honorable Président, se fesant l'interprète de l'assemblée, a commencé par remercier M M. Scarsey et Gustin du dévouement dont ils avaient fait prouve pn venant prêter leur précieux con cours l'installation du Comité local d'Ypres. Après cela, examinant l'organisation de la Société antiesclavagiste dans ses mobiles et dans son but, il a tenu établir qu'il ne s'agissait en aucune façon, comme certains ont affecté de le croire, d'une manifestation de politique inté rieure ou de parti. Il n'est question ici, a-t-il dit, que d'une œuvre humanitaire, exclusivement conçue et poursuivie dans un intérêt de civilisation et de solidarité humaine. A preuve les adhésions, qui, de tous côtés, et d'hommes appartenant des opinions et des cultes différents, sont venues, Bruxelles, Liège, Namur et ailleurs, se grouper autour de 1 entreprise... Au surplus, a- t-il ajouté, ma présence ici doit, elle seule, prouver qu'il n'y a aucune préoccupation poli tique enjeu. Habitué, comme magistrat ju diciaire, vivre en dehors des luttes des partis, dans les sereines régions du droit et de la justice, je me fusse refusé toute manifestation qui au rait eu un intérêt de parti pour objet. Non, Messieurs, a poursuivi l'orateur, l'intérêt que nous avons en vue n'est point tel. Il est d'un ordre absolument supérieur c'est l'humanité que nous voulons servir dans la personne des pauvres habitants dp l'Afrique, livrés presque sans défense aux plus féroces brigands qui se puissent imaginer. Mais cette noble et grande cause, a continué M. le Président, a aussi un caractère national. La Belgique est évidemment intéressée ce que le nouvel Etat du Congo vive et prospère. Tou tes choses marchant bien, il y aura la, dans un avenir plus ou moins prochain, un immense dé bouché et une source de richesses pour l'in dustrie et le commerce de notre vaillant petit pays. Or, l'Etat naissant ne peut bien s'organiser et se développer qu'à, la condition qu'il lui soit donné de vivre en paix et en sécurité, l'abri notamment des incursions des marchands d'es claves qui, là où ils ne pourront exercer leur atroce métier, chercheront pousser les indigè nes se révolter contre les blancs. Donc,l'œuvre nouvelle, en combattant l'esclavagisme, aura encore pour effet nécessaire d'éloigner les pires ennemis de toute civilisation. Et là dessus, entrant dans certains détails des projets de défense médités par l'Administration Congolaise, M. le Président a prouvé qu'il s'était mis parfaitement au courant et de la situation géographique des lieux, et de tout ce qui se rat tache l'organisation du nouvel Etat. En terminant, il a, comme MM. Scarsey et Gustin, vivement sollicité la générosité de tous les hommes de cœur et de bonne volonté, sans distinction d'opinion. Comme ces Messieurs aussi, il a été chaude ment applaudi. La séance a été levée vers six heures. A sept heures, M. le Président a réuni en un banquet, chez lui, tous les membres du Comité, outre MM. Scarsey, Gustin et quelques autres notabilités. Le jeune Congolais, Léopold Widi, était aussi au nombre des convives, et l'on dit merveille de la façon dont ce garçon, qui, jusqu'au mois d'Août dernier, n'avait jamais vu un blanc, s'est comporté en cette occasion. Comprenant et par lant déjà assez convenablement le français, un Monsieur qui lui demanda s'il aimait les blancs, il répondit instantanément et vous, Monsieur, aimez-vous les noirs Eh oui mon enfant, nous aimons les noirs, et d'autant plus qu'ils sont plus misérables et plus opprimés Aussi viendrons-nous tous au se cours de vos malheureux frères, chacun dans la mesure de ses moyens. C'est la fois un devoir d'homme civilisé, de chrétien et de belge que tous les belges voudront comprendre. g exa - Le Collège échevinal informe le public que l'ouverture de l'Ecole de Natation se fera cette année le Mardi 14 Mai. L'excellente musique de Poperinghç se rendra aux fêtes données le 3 Juin Calais en l'honneur de la visite de M. le président de la République. La municipalité de Calais ayant demandé M. Van Merris, l'honorable président de cette so ciété, quelle somme il fixait l'indemnité de dé- Slacement, celui-ci, avec le désintéressement ont il est coutumier, a répondu qu'il ne de mandait rien, qu'il comptait prendre tous les frais sa charge, trop heureux du bon accueil et des applaudissements que reçoit la musique de Poperinghe toutes les fois qu'elle a l'honneur de jouer devant un public français. On écrit de Comines, le 27 courant Deux contrebandiers belges avaient passé la frontière française, se dirigeant vers Lilie, avec une charrette, attelée d'un cheval, dans laquelle se trouvaient quatre cents kilos de tabac. Arrivés Quesnoy-sur-Deule, nos individus furent rencontrés par des douaniers français; les fraudeurs, se voyant pincés, reprirent dare dare le chemin de la Belgique. Mais de nouveaux dé boires les attendaient. Comme ils passaient bride abattue la fron tière Warnelin, les gendarmes belges se mirent leur poursuite après avoir préyenu leurs col lègues de Comines, et les contrebandiers furent bientôt arrêtés pour avoir introduit en Belgique du tabac sans payer les droits d'entrée La voiture,le cheval et les quatre cents kilos de tabac ont été confisqués et les fraudeurs écroués la disposition du parquet. Dans une petite maison située au hameau de Ten-Brielen, près de Comines, vit seule une mendiante septuagénaire, la veuve Degryse elle passe pour posséder quelque argent. L'avant-dernière nuit, deux malfaiteurs se sont introduits dans la maison par une fenêtre. La vieille dormait. Où est ton argent lui dit un des indivi dus. Mais vous savez bien que je n'en ai pas se récria la pauvre femme. Société antiesclavagiste. Communiqué). Ecole de Natation. La musique de Poperinghe Calais.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 2