Mensonges pieux. Le procès de Mons. Nouvelles locales. Vous voyez bien que le Journal ne sait pas compter. Nous le lui prouverons encore plustôt qu'il ne pense. Il ajoute que quand on compare cela ce que fut la fête d'inauguration du drapeau de la garde catholique, ce n'est pas encore cela qui sauvera le parti libéral Yprois. Ça, par exemple, Journalce ne sera pas né cessaire. Et qu'il y ait une différence entre les deux cortèges et les deux drapeaux, c'est indé niable. Le drapeau de la Lyre n'a pas été béni, c'est peut-être un grand malheur, et le cortège, nous le reconnaissons, n'était pas formé de ces malandrins, ce que vous appeliez, il n'y a pas bien longtemps, vloovangers, et qui faisaient le plus bel ornement de votre' grand cortège qui, lui, doit sauver votre parti. Dieu de miséricorde wft/wirss.\ -• Dans la séance de la Chambre des représen tants du 8 Mai dernier, M. Visart a demandé au Gouvernement pourquoi on ne mettait pas en adjudication l'exploitation du chemin de fer vicinal Ypres-Furnes La question, il faut bien l'avouer, est assez bizarre, après deux adjudications qui ont déjà eu lieu. Nous attendons la réponse du ministre. Sera- t-elle tout aussi bizarre Et M. Colaert, si pressé quand il s'agit de trams, permettra-t-il de nouveaux retards, insé parables d'une nouvelle adjudication, alors qu'on peut marcher en avant avec les adjudica tions qui ont déjà tranché la question Sous ce titre, nous lisons dans la Chronique Le Progrès d Ypres s'est élevé, avec toute raison, contre lïncurable superstition qui règne encore dans les campagnes et qui consiste faire le pèlerinage de Saint-Hubert quand on a été mordu par un chien enragé. (Superstition soigneusement entretenue, du reste, par notre admirable clergé). Là-dessus, 1 eJournal d Ypres, feuille cléri cale, prend le Progrès partie et imprime ce qui suit Nous en sommes bien fâché pour le Jour nal d Ypres mais il n'y a pas un mot de vrai dans sa petite histoire... Jamais aucun chien enragé part certains folliculaires calotins) n'a mordu aucun rédac teur de la Chronique et jamais de la vie aucun rédacteur de la Chronique n'est allé en pèleri nage Saint-Hubert. Si le confrère yprois croit avoir fait une bonne malice en servant cette légende ses lecteurs, il se trompe absolument il n'a fait qu'un mensonge ridicule, et nous nous plaisons croire qu'il confessera sa bourde. N'avions-nous pas raison de dire qu'on ne peut ajouter aucune foi aux racontars du journal des petits-frères. Le spectacle que donne au pays la Cour d'as sises de Mons devient de plus en plus étrange. Ce sont les accusés et leurs avocats qui sont devenus les accusateurs, et, de leurs bancs, mènent les débats grand vacarme. Le minis tère public a l'air de plaider pour lui les circon stances atténuantes. Le président, abasourdi, laisse faire et aller. Il saule aux yeux que l'accusation est en pleine déroute, bile n'a pourtant pas été prise au dépourvu. Le pétard qu'on lui a jeté dans les jambqsjiti pas pu la surprendre elle devait y b prépar être irçe. Mais la magistrature, chez nous, a l'habitude et l'amour des voies droites, ouvertes, des be sognes loyales. Elle a, en faisant l'instruction, obéi aux ordres qu'on lui avait donnés d'en haut. Aujourd'hui, en face du jury, du public, elle est deroutee; elle soutient avec peine, avec un visible embarras, le rôle nouveau qui lui a été assigne et cet embarras fait en somme son éloge. En attendant, l'affaire tourne en gâchis, la débandade. Elle fait scandale. Elle menace de conduire de très grosses conséquences. Nous avons,étè de ceux qui ont cru, au pre mier jour, que le coup porte par les accuses l accusation serait bientôt pare, que l'echa- faudage si longuement prépare avait quelques bases solides, que, l'ayant édifié, et sachant sur quel terrain il reposait, quelles attaques il aurait subir, on s'était préparé repousser l'assaut qu'on avait des armes... Mais les audiences se suivent, sans amener le démenti des allégations de la défense. Celle d'hier, où a été entendu l'employé de la Sûrete publique qui a négocié avec les agents provo cateurs, les a en grande parti confirmées. Et la Kremiere impression, qui pouvait être un em- allement de l opinion, se fortifie, se répand, se déchaîne. Des agents provocateurs 1 Une nouveauté dans nos mœurs il faut des mouchards la justice. On com prend que si elle avait seulement, pour proté ger l'ordre public et la sécurité, laide dagents signalés par une tenue voyante lattention des gens surveiller, si par délicatesse, elle refusait d écouler et de payer les trahisons, elle ne sau rait rien et ne pourrait surprendre aucun com plot, ni ceux qui menacent la paix de l'Etat, ni ceux qui menacent la vie ou la propriété des particuliers. 11 y a toujours eu des mouchards il y en aura toujours. 11 en est des mouchards comme des filles patentées c'est une saleté nécessaire. Un honnête mouchard irait trouver des vo leurs de profession, les provoquerait en leur proposant un beau coup et les ferait arrêter, leur échelle en main, au pied du mur qu'ils s'apprêtent escalader, on ne s'indignerait pas. Mais qu'un gouvernement fasse, par ses agents secrets, fomenter des troubles et préparer des attentats ou qu'il les laisse agir, c'est honteux. On dira que le gouvernement avait défen dre lEtat contre des menées révolutionnaires trop réelles malheureusement,qu'il a adresse ses excitateurs des révolutionnaires de mé tier, que, s'il est des brebis innocentes côté des loups, sur le banc de la Cour d'assises de Mons, elles ont élé trop faciles la tenta tion pour être tout fait blanches... On dira ce qu'on voudra. Il y aura jusqu'au bout de ce procès, si maladroitement engagé, quelque chose de plus fort que tous les raison nements des gens de loi. C'est le dégoût de celte honteuse accointance des ministres, des chefs de l'Etat, descendant aux basses be sognes de la police, organisant eux-mêmes avec des mouchards une agitation la réalité de laquelle le pays devait croire, qui l'a agité, ému, qui a troublé les affaires, arrêté le tra vail, fait des victimes parmi les crédules popu lations du Hainaut, dont on s'est empare l'étranger pour calomnier nos institutions, pour représenter la Belgique comme un foyer d'a- narchisme et de révoltes. Quel que soit le but poursuivi, ce sont là de tristes moyens de gouvernement, qui, en Bel gique, doivent froisser la conscience publique. Et si cet incroyable procès aboutit un triomphe pour le parti révolutionnaire, si de dangereux agitateurs y trouvent une absolu tion arrachée la réprobation de tels moyens, si le régime légal et la justice y perdent de l'autorité encore et de la dignité, c'est au ministère qu on le devra. [Gazette.) Peu de inonde la représentation de Vendre di. Le Bel Alphonse, comédie en trois actes d'Alexandre Dumas, fils, est cependant une char mante pièce, et l'on sait que les artistes qui l'ont jouée sont les mêmes qui nous ont donné le monde où l'on s'ennuie. C'est dire que l'interpré tation a été excellente. Esquissons grands traits la pièce d'avant-hier. Un jeune parisien vicieux, Octave, a séduit une jeune fille, Ray monde, et l'a rendue mère. L'enfant, une fillette de onze ans, le gêne pour se marier, il craint que sa fu ture ne finisse par en découvrir l'existence, et il veut s'en débarrasser en la confiant Raymonde qui, depuis sa faute, a épousé M. de Montaiglin, commandant de marine. Raymonde craint, en ayant son enfant chez elle, de devoir mentir chaque heure du jour son mari, un brave et honnête homme qu'elle adore. Octave avoue lui- même au commandant, ancien ami de son père, qu'il a une fille dont la mère est morte et le prie de s'en charger. Le commandant, après avoir fait la leçon Octave, y consent. Octave amène sa fille, Adrienne, qui sait que Raymonde est sa mère, mais qui a déjà assez d'empire sur elle- même pour dissimuler sa tendresse. L'enfant ne connaît son père, Octave, que sous le nom de Monsieur Alphonse. Arrive Madame Guichard, la future d'Octave, ancienne servante d'auberge, enrichie par son mariage avec son patron. Octave, comme on le devine, ne veut épouser cette fem me vulgaire que pour ses écus. Depuis trois ans, il est son amant, et de plus son obligé. Mais Madame Guichard, qui connaît son Octave, qui le connaît menteur et dépravé qui cepen dant l'aime pour son élégance, l'a surveillé et l'a vu amener une jeune fille chez le comman dant. Elle fait avouer Octave que c'est sa fille. Alors, croyant la mère morte, elle veut se charger de l'enfant de son 'futur mari. Elle ex pose ses intentions M. de Montaiglin qui avertit Raymonde. Cette pauvre femme déjà habituée au bonheur d'avoir sa fille auprès d'elle, est frappée au cœur. Au milieu de ses san glots, elle trahit son secret, et M. de Montaiglin apprend qu'Adrienne est la fille de sa femme. Comme depuis son mariage, Raymonde s'est tou jours montrée un modèle d'épouse, comme sa faute n'a été que le résultat d'une infâme séduc tion, il pardonne et reconnaît l'enfant de sa femme. Madame Guichard de son côté, croyant agir avec générosité, a reconnu Adrienne. Elle 6st stupéfaite quand elle apprend que le com mandant est le père. Mais comme Octave est loin d'être franc dans seB réponses, elle soup çonne qu'on lui cache quelque chose. Elle use d'un subterfuge pour connaître la vérité. Elle feint de voir l'enfant faire une chûte en courant. Au cri déchirant poussé par Raymonde, Madame Guichard a reconnu en elle la mère. C'est le dé nouement. Il est admirable. Madame Guichard sait maintenant ce que c'est qu'Octave ou mieux Monsieur Alphonse. De la part de la jeune fille qu'il a séduite, il y a eu ignorance. De sa part, ruse, attentat, violence, trahison avant, abandon après. L'amour de Madame Guichard est éteint du coup et elle chasse son odieux fiancé. La pièce contient des situations fort pathéti- 3ues qui ont été parfaitement bien interprétées, oinme nous le disions tantôt, la scène du dé nouement est admirable. Le 2e bataillon et l'école régimentaire du 3e de ligne composant notre garnison, sont partis Vendredi matin, vers 6 heures, pour le camp de Beverloo, où ils vont exécuter leurs exercices de tir. La chambre de conseil a maintenu l'arresta tion de l'assassin d'Elverdinghe. Le coupable nie avoir tué la servante. Ces jours derniers, le cadavre de Désiré Seys, de Staden, a été trouvé dans un ruisseau Hooghlede. Le parquet d'Ypres a ouvert une en quête, car on ne croit pas la mort accidentelle de Seys. Des soupçons assez graves pèsent même sur deux personnes de la localité. Les saints de glace ne mentiront pas leur réputation. La chaleur tropicale dont nous étions L'opinion du Progrès n'est certainement pas celle d'un rédacteur de la Chronique oui, de la Chronique, horreur! qui, mordu jadis par un chien enragé, alla bel et bien Saint-Hubert... et revint complètement guéri. Théâtre. 2 '-=S Lglic-

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 2